Dysphagie (308) -4-
œsophage. Dans les autres troubles moteurs de l’œsophage, le transit peut montrer des
anomalies de la propagation des ondes de contraction.
La manométrie œsophagienne, qui étudie les ondes de contraction du corps de l’œsophage
(morphologie, pression) et leur propagation, ainsi que le sphincter inférieur de l’œsophage
(tonus de base, relaxations), doit être faite quand on suspecte un trouble moteur de
l’œsophage après élimination d’une cause organique par l’endoscopie. C’est l’examen qui fait
le diagnostic du type d’anomalie motrice de l’œsophage.
1- Obstacles organiques
a- Cancer de l’œsophage (cf question 152 sur le cancer de l’œsophage)
Le cancer de l’œsophage est une des causes les plus fréquentes de dysphagie par obstacle
organique. La dysphagie révèle le cancer dans 90% des cas. Elle est souvent intermittente et
discrète au début, le malade ayant l’impression d’un accrochage lors du passage des aliments
solides dans l’œsophage. Puis elle devient rapidement permanente, d’abord aux solides (pain,
viande), puis à la fois aux solides et aux liquides. Spontanément le malade va progressivement
modifier son alimentation et n’absorber que des aliments de moins en moins solides.
L’amaigrissement est rapide. A un stade tardif, on peut noter une aphagie avec sialorrhée,
douleurs rétrosternales, régurgitations alimentaires, fausses routes, hoquet, dysphonie
(pouvant témoigner d’une atteinte du nerf récurrent gauche par extension médiastinale).
Neuf fois sur 10, il s’agit d’un carcinome épidermoïde, généralement situé dans le tiers moyen
ou le tiers supérieur de l’œsophage ; 1 fois sur 10, il s’agit d’un adénocarcinome,
généralement situé dans le tiers inférieur.
Le carcinome épidermoïde est le plus souvent lié à une consommation excessive d’alcool et
de tabac. L’adénocarcinome se développe sur une muqueuse de Barrett (encore appelée
endobrachyoesophage), conséquence du RGO (cf question 280 sur le RGO).
L’endoscopie digestive haute visualise la tumeur (bourgeonnante, ulcérée ou infiltrante), son
pôle supérieur et son pôle inférieur, évalue son extension en circonférence, le degré de
sténose, recherche d’autres tumeurs œsophagiennes, une muqueuse de Barrett et permet de
faire des biopsies pour examen anatomopathologique. En cas de sténose infranchissable, il est
possible de la dilater lors de l’endoscopie, ce qui permet d’examiner la sténose et la muqueuse
sous-jacente et de faire des biopsies.
b- Cancer du cardia
Le cancer du cardia (adénocarcinome de la jonction oeso-gastrique) se manifeste de la même
façon que le cancer du bas œsophage. On considère d’ailleurs que la majorité des
adénocarcinomes du cardia sont développés sur des petites languettes de muqueuse de Barrett.
De même, les cancers de la partie haute de l’estomac peuvent s’exprimer par une dysphagie
s’ils envahissent la jonction oeso-gastrique.
c- Sténose peptique de l’œsophage (cf question 280 sur le RGO)
La sténose peptique de l’œsophage est une des complications les plus graves, mais rare, du
RGO (grade 4 de la classification des œsophagites de Savary-Miller). La dysphagie est
souvent ancienne, intermittente, modérée, aux solides, d’aggravation lente et rarement
accompagnée d’un amaigrissement important. Il n’y a pas toujours des symptômes de RGO
associés (pyrosis, régurgitations acide) alors que le RGO est souvent sévère. Il existe souvent