Maltraitance de la personne âgée en ambulatoire

GOLSTEIN CHARLOTTE
Maltraitance de la
personne âgée en
ambulatoire :
RSCA 1
GERIATRIE MONTFERMEIL
Novembre 2011 Avil 2012
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SOMMAIRE
I Situation clinique : ................................................................................................................................. 3
II Les problèmes posés qui rendent la situation complexe : ................................................................. 6
1La dépendance de la personne âgée ................................................................................................. 6
1.1 La dépendance à la fois cause et conséquence d’une situation complexe en ambulatoire : ... 6
2 La place du médecin traitant dans le dépistage de maltraitance : ................................................. 7
2.1 Définition de la Maltraitance et Epidémiologie : ...................................................................... 7
2.2. Facteurs de risque : .................................................................................................................. 8
2.2.1 Facteurs liés à la victime : .................................................................................................. 9
2.2.2 Facteurs liés à l’auteur : ................................................................................................... 10
2.2.3 Les facteurs liés à l’environnement : ................................................................................ 10
2.3 Les conséquences et signes d’alarmes au cabinet : ............................................................... 11
2.3.1 Les bonnes questions à poser : ........................................................................................ 11
2.3.2 Le comportement des aidants et ses relations avec la victime : ...................................... 12
2.3.3 Maltraitance Physique : .................................................................................................... 12
2.3.4 Maltraitance psychique : .................................................................................................. 12
2.3.4 Maltraitance civique et financière : ................................................................................. 12
2.3.5 Négligences par l’aidant : ................................................................................................. 12
3 La problématique des aidants ........................................................................................................ 13
3.1 DEFINITION. ............................................................................................................................. 13
3.2 L’aidant NATUREL, un rôle complexe et difficile à MAINTENIR.............................................. 13
III Les solutions trouvées aux situations complexes : ............................................................................ 15
1 Aide à la dépendance, un exemple : le Plan Alzheimer ................................................................. 15
1.1Evaluation de la dépendance : ................................................................................................. 15
1.1.1Evaluer le cout de la dépendance : ................................................................................... 16
1.2Le Plan d’aide : ......................................................................................................................... 16
2 Les Démarches à suivre devant une situation de maltraitance : ................................................... 17
2.1L’obligation de porter secours à une personne en péril et le secret professionnel : .............. 17
2.2Comment procéder ? ............................................................................................................... 18
2.3.1Alma France : ..................................................................................................................... 19
3 Soutenir les aidants : ...................................................................................................................... 20
3.2.1Formation des aidants : ..................................................................................................... 21
3.2.2 Développement et diversification des structures de répit : ............................................. 21
IV CONCLUSION : ................................................................................................................................... 22
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I Situation clinique :
Toute nouvelle interne de premier semestre en gériatrie aigue à l’hôpital de Montfermeil, dans un
service de 21 lits avec à peu près 5 sortants / entrants par jour.
J’attendais comme tous les jours mes nouveaux patients de la journée. Installée dans le poste
infirmier en train de revoir des prescriptions, arrive un brancardier accompagnant Mr V. venant des
urgences.
Mr V est sur un brancard, contentionné et semble agité, il est accompagné par son fils : une
cinquantaine d’année d’aspect franchement débraillé.
Comme à chaque entrée, j’attends que le patient soit installé dans sa chambre, que l’inventaire des
affaires soit fait, que le patient soit pesé, etc... Pour m’atteler au dossier.
Sauf que ce jour la, la chambre de Mr V n’était pas prête, le patient allait devoir attendre dans le
couloir au moins une demi heure. Cela m’arrangeait beaucoup car j avais encore une longue liste de
choses à revoir pour d’autres patients …
C’est au cours de cette demi heure que j’ai été confrontée pour la première fois à ce que j’appellerai
par la suite « agression verbale, maltraitance morale et maltraitance institutionnelle ».
Mr V était donc sur son brancard en chemise d’hôpital, sondé, perfusé, contentionné en plein milieu
du couloir (je précise ici que je ne voyais pas la scène de la ou j’étais, j’entendais seulement) :
beaucoup de facteurs réunis pour un monsieur de 88 ans pouvant expliquer une agitation et
désorientation. Son fils debout à coté de lui : ton agressif, parlant fort, ordonnant à son père de se
taire d’arrêter de s’agiter, le menaçant « je me tire si tu te calmes pas, et je reviendrai plus te
voir ».
A plusieurs reprises les infirmières et aides soignants ont essayé de parler avec le fils , lui expliquant
que dans un hôpital , on ne crie pas , on ne menace pas Le fils se montrant opposant à appliquer
les conseils de l’équipe paramédicale et voulant parler « au toubib » , j’ai fini par m’approcher tout
d’abord du patient pour essayer de comprendre ce qui se passait .
A première vue, Mr V était dans un était d’incurie assez flagrant : cachexique, recouvert
d’hématomes, sentant très fortement l’urine. Le contact était difficile à établir : complètement
désorienté, confus. Mais absolument pas agité ! Je me retourne vers son fils, pour lui expliquer qu’l
n’a aucune raison de crier contre son père, que la situation pour lui n’est pas facile et que tous les
tubes et contentions sont déjà assez des éléments perturbants pour ne pas aggraver les choses en se
montrant agressif avec lui, réponse catégorique du fils (très opposant à toute discussion) « vous
vous faites manipuler comme tout le monde ».
Je fini par lui demander de sortir du service, le temps que j’examine son père et de revenir plus tard,
pour discuter de la situation. Le fils décide de s’en aller pour revenir le lendemain.
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Plutôt perturbée par ce premier contact, je commence à examiner Mr V et essayer de décortiquer le
dossier des urgences.
Motif d’hospitalisation : adressé par le médecin traitant pour altération de l’état général, chutes à
répétition, perte d’autonomie, maintien à domicile impossible.
Le patient a été vu initialement aux urgences, est resté au service porte 24 h, arrivé dans un état
d’incurie, recouvert d’hématomes, cachexique un bilan de débrouillage a été réalisé :
TDM cérébral : montrant une leucoariose, atrophie cortico sous corticale stigmate d’une très
probable maladie neurodégénérative sous jacente.
Dénutrition clinique et biologique sévère, Déshydratation globale.
Rétention aigue d’urine sur fécalome ayant nécessite un sondage.
Pose de contention … sans aucune notion d’agitation aux urgences.
Mon examen clinique conforte le bilan des urgences, je décide de retirer les contentions pour le reste
de la soirée, ce qui me semble beaucoup moins agressif et plus dans l’esprit « gériatrique » et plus
fidele aux recommandations HAS (la première cause de Désorientation chez la personne âgée en
milieu hospitalier n’est elle pas justement la contention ??).
Jusqu'à mon départ le patient ne s’est absolument pas montré agité et les contentions n’ont
d’ailleurs plus jamais été remises
Première interrogation ce soir la : qu’en est il du mode de vie de Mr V ? Quel est la place de ce fils
plutôt virulent dans la prise en charge de ce patient.
Quelle est la cause de ces « chutes à répétition » : extrinsèque ? Intrinsèque ? Mécanique ?
Les hématomes d’âges différents sont ils les conséquences de ces chutes ?
L’état incurique du patient, sa dénutrition sont ils totalement attribuables à une démence évoluée,
ou n’y a-t-il pas ici une cause extérieure lié au fils ?
Dans le cas d’une participation extérieure, à quelle mesure doit-on évoquer une maltraitance en vers
son père, ou est la différence entre maltraitance et surmenage de l’aidant, incapacité à gérer la
situation ?
Dans quel cas un signalement doit il être réalisé ? Les faits cliniques et biologiques objectifs retrouvés
par le médecin référent doivent il être forcement la source d’un signalement ou doit on d’abord
passer un entretien poussé avec l’aidant avant de s’engager dans une procédure lourde de
conséquence.
Le Lendemain matin, comme tous les jours toute l’équipe médicale et paramédicale comprenant
assistante sociale, psychomotricienne, psychologue, infirmiers, aides soignant fait un point sur les
patients hospitalisés. Lorsque nous en venons à Mr V, l’avis général est que le comportement du fils
la veille était fortement suspect et excessif.
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Nous décidons alors de nous entretenir avec le fils (PH, Interne, Psychologue, Assistance sociale, et
Cadre de santé).
L’entretien a eu lieu au cours de la journée, entre temps j’essaye de me renseigner au près de
l’assistance sociale concernant la procédure, et surcout j’essaye de savoir si ce genre de situation
est fréquente, ma crainte était d’exagérer les faits … car regard naïf, indignation face à ce premier cas
complexe et perturbant, jamais rencontré auparavant.
L’assistante sociale m’explique que c’est une situation plutôt fréquente, que le plus souvent
l’entretien débouche plutôt vers une conclusion telle qu’un état complètement dépassé par les
événements des aidants, que la maltraitance physique est rare et donc les procédures de
signalement absentes, remplacées par des mesures sociales/ médicales : renforcement des aides à
domicile, institutionnalisation. Grosso modo le signalement c’est une procédure longue, couteuse,
lourde de conséquence et on préfère l’éviter
L’entretien a permis de mettre des choses au clair :
Père et fils vivent ensemble depuis plusieurs années suite au décès de la mère et au divorce +
chômage du fils.
Le niveau socioéconomique du foyer semble bas, les moyens faibles. Le fils a du mal à s’en sortir et
l’exprime parfaitement (il nous fait même comprendre par des sous entendus son éthylisme
chronique).
Le fils semble très affecté par la situation, être dépassé, ne plus pouvoir gérer les soins à réaliser, et
avoir abandonné ces derniers temps : toilette, soins corporels, il ne réussit plus à lutter contre son
père qui refuse de s’alimenter.
La relation entre père et fils est visiblement très fusionnelle (le père a passé sa journée à réclamer
son fils).
La conclusion de l’entretien est faite par le fils qui exprime clairement son désir d’institutionnaliser
son père car il n’en peut plus et à conscience que ca devient terrible pour tous les deux.
Suite à cela, assistante sociale, psychologue et mon PH ont décide de ne pas faire de signalement.
J’avoue avoir été perturbé par cette décision, mais difficile de faire sa place âpres deux semaines de
stage … quand les intéressés gèrent ce type de situation depuis plusieurs années, je m’en suis remise
donc à leur décision. Le patient par la suite a été placé en SSR en attendant une maison de retraite
avec aides sociales.
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