Du Chevalier défunt qui apparut à Humbert de Beaujeu
Trois siècles après le déferlement de l’Islam en Méditerranée, les chrétiens
partent à la reconquête des terres perdues. Le mouvement commence en Espagne où
la « Reconquista » écarte définitivement de la majeure partie de la péninsule la
domination Musulmane.
Puis à l’extrême fin du XIè siècle, c’est vers la méditerranée Orientale que se
dirigent les Chevaliers Chrétiens d’Occident pour tenter de délivrer la Terre sainte
du joug des infidèles.
Organisé par l’Eglise, la 1ère Croisade débute en 1096. La Chevalerie Française
y participe en grand nombre. C’est l’âge d’or des Chevaliers, grands seigneurs du
royaume Capétien
En effet, en France, la seigneurie et la féodalité ont pris le pas sur la Royauté,
créant des territoires quasi-indépendant, gérés par de grands seigneurs locaux.
Ayant sous leurs ordres des chevaliers Vassaux, les grands suzerains peuvent
disposer d’eux en cas de conflits armés
Dans ce texte, extrait du « Di Miraculis » de Pierre le Vénérable, nous sommes
en présence d’un récit concernant un seigneur suzerain, Humbert III de Beaujeu,
hanté par les apparitions d’un des ces chevaliers vassaux décédé, Geoffroy D’Oingt,
et ce dans la première moitié du 12ème Siècle
Problématique :
« Au travers de l’apparition énoncée dans le texte, nous pouvons nous demander qu’elles
étaient au XIIème siècle, les relations religieuses et mystiques entre la Chevalerie et
l’Eglise Catholique »
I) La Chevalerie et l’Eglise : entre Croisades et pénitence
Au travers de l’exemple des Croisades, nous pouvons montrer l’interjonction
croissante entre la Chevalerie Capétienne et l’Eglise Catholique
1) Les Croisades religieuses
Depuis 636, Jérusalem (ligne 98 : « Chemin de Jérusalem ») était aux mains des
Infidèles. Cependant, jusqu’à la fin du XIème siècle, aucun pape, aucune autorité
d’Occident ne s’était inquiétée du sort des Chrétientés d’Orient, dissidentes et
hérétiques, nul n’avait songé à la reconquête des Lieux Saints
Individuellement, des hommes animés d’une foi ardente avaient continué à se
rendre en pèlerinage à Jérusalem pour mieux assurer leur salut personnel
Car la Croisade originelle reste avant tout un acte de foi, le prolongement du
pèlerinage en Terre Sainte.
En effet, la fin du XIème siècle est une période de grande effervescence
religieuse, où naissent de nouveaux ordres, mais aussi où l’angoisse du salut
personnel tend à faire de la visite du St Sépulcre un véritable « Rite de pénitence »
(L98 : Vénérer le Sépulcre du Seigneur)
L’idée d’un pèlerinage armé, d’une lutte contre l’infidèle, dans laquelle le
danger couru renforce le mérite du pénitent, est sans doute né en Espagne dans le
courant du XIème siècle (L5 : L’année ou je suis aller en Espagne)
A l’appel de la papauté (1063 / 1072 / 1095), les Chevaliers d’Occident, et
surtout les Français, étaient venus aider les Aragonais dans leur lutte contre les
Musulmans. Ces Croisades Espagnoles préparaient les Chevaliers à la conquête de
Jérusalem : il apparut alors que tout vrai Chevalier se devait de combattre les
Infidèles
En premier lieu, il fallait chasser ceux-ci des Lieux Saints : tout au long du
11ème siècle, la chrétienté tout entière n’avais cesser d’espérer le millenium, le terme
des 1000 ans ou le Christ devait revenir régner sur la terre.
La papauté est alors intervenue pour prendre en charge l’idéologie populaire,
pour la canaliser ; la Croisade a été organisée par l’Eglise (L97 : Pour faire pénitence).
Elle se distingue donc des opérations isolée menées par des chevaliers ou des
pèlerinages qui ont un caractère individuel
Dès le milieu du 11ème siècle, les initiatives prises à propos du problème
Espagnol annonçaient ce nouvel aspect de la politique pontificale : en encourageant
les chevaliers Chrétiens à la lutte contre les infidèles, Grégoire VII prend déjà la
direction d’une guerre Sainte.
En même temps, il veut affirmer la souveraineté de l’Eglise sur les pays
arrachés à l’Islam. Le Pontife ne réussit pas à imposer ses prétentions en Espagne
mais l’idée d’établir en Terre Sainte de nouveaux Etats de l’Eglise, ou du moins une
souveraineté pontificale ne fut pas étrangère à la décision annoncée par Urbain II en
1095 de lancer une expédition vers les Lieux Saints (Concile de Plaisance)
Cependant, pour l’Eglise, la croisade représentait l’espoir de réunir dans la
lutte contre les infidèles la chrétienté d’Orient et celle d’Occident.
2) Entre Chevalerie et Templiers
Les Templiers, ordre monastico-militaire, réalisèrent l’idéal de cette double
vocation apparemment contradictoire de moine et de soldat. Ils répondirent à un
besoin particulier de l’Eglise à une époque ou celle-ci s’efforçait d’humaniser la
guerre et où la lutte entre 2 civilisations (Chrétienne et Musulmane), exigeait l’action
d’une élite.
Les Templiers furent avant tout chose des religieux et des soldats, mais
également des administrateurs, des diplomates, des financiers mais surtout le fer de
la lance Chrétienne contre l’Islam s’installant sur les Terres Saintes
Fondé par Hugues de Payens et Geoffroy de St Omer en 1119, l’Ordre des
Pauvres Chevaliers du Christ, que l’on appellera plus tard l’Ordre du Temple, se met
au service des mendiants et de l’Eglise
En mars 1139, le pape Innocent II confirme l’institution des moines
combattants par sa bulle « omne Datum Optimum »
Cette Confirmation favorisa le développement de l’Ordre, devenu véritable
bras armé dans l’Eglise
A l’apogée de l’Ordre, on dénombrait plus de 3400 forteresses de par l’Orient
et l’Occident fidèle aux Templiers.
L’Histoire des Templiers se confond avec celles des Croisades et de la
Reconquista. En effet, les Templiers seront présents en tant que militaire en Espagne
puis en Orient
La relation entre Humbert de Beaujeu et les Templiers trouve sa source dans
les années 1140 et cette mystérieuse apparition.
Humbert III vis l’apparition du fantôme d’un de ses chevaliers, Geoffroy
d’Oingt, mort deux mois plus tôt au combat, le suppliant de ne pas se joindre à
l’expédition que son beau père Amédée III de Savoie allait engager contre le Dauphin
s’il tenait à rester en vie. [L79 à 95]
Pour résilier cet engagement, un voyage à Jérusalem [L98] évita toute
explication. Ainsi fut décidé, laissant sans maître le territoire le plus influent et
florissant de la région, avec une épouse éplorée à charge de deux enfants en bas âge :
Guichard et Humbert. Humbert III de Beaujeu partis 7 ans en Terre Sainte
Lorsque Humbert part à Jérusalem, il rejoint les Templiers dès son arrivée,
ceci supposant qu’il était déjà «initié» et partait pour une «mission» particulière
malgré ses 25 ans. Par ce voyage inexplicable à Jérusalem, Humbert III participe à
«la légende des templiers»
Pendant ces démarches par un revirement dont on ne sait la cause exacte,
Humbert III réapparaît en 1147 à Beaujeu alors qu’on ne pensait plus le revoir. Aussi,
la joie des uns égale la consternation des autres. Il rétablit son autorité et réduit
rapidement le Comte de Mâcon et le Vicomte
Cluny a besoin d’Humbert III en absence d’autorité du roi, face à tous ces
suzerains roitelets. On comprend qu’un templier, héritier d’un grand nom possédant
une immense baronnie soit pour Cluny le seul puissant à conserver à tout prix.
Cluny l’aida à régler ses comptes avec l’Eglise et les Templiers. Le pape Eugène III le
releva de ses vœux contre une réparation publique, ce fut Belleville et son Abbaye
construite entre 1168 et 1179 qui devint la nécropole de la maison de Beaujeu.
3) L’exemple de Guichard : Cluny, terre sainte des confessions Chrétiennes
Cluny, Crée en 909 par Guillaume Ier,alors comte de Macon, l'abbaye
de Cluny est directement placée sous la protection temporelle et
spirituelle de l'Eglise
Guichard est le seigneur local du Beaujeulai, qui se trouve à
porximité de Cluny. C'est au travers de l'exemple de sa vie que nous
pouvons mettre en evidence la forte influence de l'abbaye sur les régions
environnantes, notammenet celle du Forez
Guichard III, fils ainé de Humbert, fut le 1er a avoir des biens
dans le pays qui portera le nom de Beaujeulai. Les Chattellenies de St
Trivier, de Montmerle, de Ricotiers et les chateaux aux alentours furent
les domaines qu'il posseda dans cette contrée.
Guichard III surpassa ses ancetres en puissance et en reputation.
L'Histoire ne rapporte de lui que des traits honorables
En 1115, il fonda le prieuré de Joug-Dieu, qui fut érigé en abbaye
en 1137
En 1117, Guichard et l'abbé d'Hugues, son frère, par une Charte du
25 Juillet, engagèrent tout ce qu'ils possèderent a droit et a tort, « Just
oel Injuste » dans le village d'Avenac en Beaujeulai
Il fit de plus de nombreux dons à Cluny notamment de l'argent, de
l'or, des terres et bien sur sa protection
En 1129, Guichard recu dans son château le Pape Innocent II
lorsqu'il retournait à Rome, d'où l'anti-Pape l'avait obligé de sortir,
pour venir chercher un asile en France.
Le Pontife fit la dédicasse de l'Eglise St Nicolas de Beaujeu,
cérémonie dont la mémoire se célebre le 11 Février
Guichard était fidèle à l'Eglise et à Cluny, qu'il protégeait des
autres seigneurs locaux
Guichard étant tombé malade et se voyant sans esperance de
guérison, prit l'habit de religieux (moine) à Cluny, suivant la dévotion du
temps et y mourut en 1137
Guichard a aider Cluny durant tout sa vie, il a même été
recompenser par la présence du Pape en son chateau.
De caractère pieu, il décide de chasser ces péchés, de faire
communion avec la foi en abandonnant son ancienne vie lorsqu'il se sent
faibliret mourir. [L18/23]
Il devient simple moine sous l'abbatiat de Pierre leVénérable [L19]
et excomunie sesces fautes.
Guichard n'est pas le seulseigneur a venir terminer sa vie en
abbaye, ici Cluny. Cela est une pratique courante au 11/12/13ème siècle que
de venir demander pénitence au Seigneur avant son dernier souffle
CONCLUSION DE PARTIE :
Pierre le Vénérable n'est pas intreansigeant dans son récit. Il ne met en
valeur que le coté vaniteux et festif de Guichard alors que celui ci a
oeuvre avec Cluny a de nombreuses occasions (dons notamment)
Mais dans lasuite du récit, Pierre le Vénérable se contente de rapporter
les faits de l'apparition,expliquant que la Doctrine de l'Eglise est voie
de véritée, tant pourlesquestionsde foi, des moeurs que pour les appartions
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