Néanmoins, il y a des divergences entre la situation linguistique et culturelle des
apprentissages informels entre l’environnement urbain et l’environnement rural. L’aspect
communautaire joue un rôle important aussi pour la promotion des langues des minorités
nationales, les associations s’engageant activement dans la découverte et la préservation des
valeurs et traditions liées à leur langue-culture.
En revanche, dans l’environnement rural, les échanges linguistiques ont lieu dans la
communauté restreinte du village dont la population appartenait à une minorité nationale.
Cette observation confirme notre hypothèse sur l’existence des affordances culturelles:
l’apprentissage du hongrois, du serbe ou du bulgare témoigne d’une résistance linguistique
et culturelle historiquement ancrée dans un environnement hybride.
3.2 L’anglais – langue à statut particulier
Après l’enseignement et l’apprentissage du russe, imposé par le régime communiste,
l’anglais a été rapidement accepté comme langue présente à plusieurs niveaux: dans les
programmes scolaires (apprentissage formel), dans l’offre des écoles de langues, des écoles
maternelles, du réseau d’ « after-schools » ou des espaces pour les jeunes (apprentissage
non-formel) ou en dehors de l’école grâce à la musique, au cinéma, à la télévision
(apprentissage informel).
L’anglais est la langue étrangère qui se distingue le plus dans les préférences linguistiques
des élèves, le côté affectif devenant prioritaire: 43% des collégiens du G2 veulent apprendre
l’anglais tandis que 58% du même groupe pensent que l’apprentissage de l’anglais est « très
important » pour eux. Les entretiens menés ont mis en avant le rôle utilitaire de l’anglais car
son apprentissage facilite la compréhension des chansons et/ou des films, la communication
avec les autres lors des séjours à l’étranger, l’utilisation de l’internet, etc.
L’analyse des données met en évidence le degré d’autonomie dans l’apprentissage des
collégiens roumains vu que 77% du G2 mentionnent l’appel à une autre personne,
l’enseignant à l’école ou membres de la famille et amis en dehors de l’école. Par ailleurs,
61% des répondants utilisent d’autres ressources, qu’ils trouvent surtout sur internet.
L’essor de l’anglais est dû au croisement de son apprentissage dans les environnements
formels, non-formels et informels, soutenu par sa dimension affective pour les apprenants
et encouragé par les demandes de la société tant au niveau linguistique, que culturel et
professionnel. Le caractère obligatoire de l’anglais dans l’environnement formel a des
conséquences sur la participation plus active des élèves dans des communautés dans
lesquelles ils utilisent l’anglais pour atteindre d’autres objectifs. Les collégiens interrogés
affirment qu’ils utilisent des mots ou des phrases appris en dehors de l’école dans les
évaluations scolaires, ceci ayant un impact sur l’obtention de notes. Au contraire, la
diminution de l’impact des langues minoritaires est aussi liée à leur absence de
l’environnement formel, ce qui ne conduit pas pourtant à leur disparition du paysage
linguistique du contexte. Cette analyse de l’état de lieu de la région indique une diminution
dans l’apprentissage des langues des minorités nationales puisque les apprenants ne voient
pas leur utilité dans leur répertoire langagier par rapport à l’anglais qui répond mieux à une
variété des besoins cognitifs et affectifs.