Universitatea din Craiova Facultatea de Litere Specializarea : Româna / Limba străina Invăţământ la Distanţa PROGRAMA ANALITICA Disciplina : LFC (Lexicologie), curs opţional Specializarea : Română / Limba străină Anul : III I.D. Semestrul : I Titularul disciplinei: lect. dr. Dorina Pănculescu I.OBIECTIVELE DISCIPLINEI : 1. Dobândirea noţiunilor teoretice ale domeniului lexicologie şi lexicografie. 2. Formarea competenţei în folosirea flexibilă a lexicului limbii franceze contemporane. 3. Conştientizarea modelelor existente în limbă de construire a cuvintelor derivate şi compuse. 4. Aplicarea cunoştinţelor dobândite în didactica limbii franceze ca limbă străină. 5. Dobândirea obişnuinţelor corecte de consultare a dicţionarului explicativ al limbii franceze. II. TEMATICA CURSULUI 1.Notions préliminaires. Objet, principes et méthodes de la lexicologie. La morphologie lexicale et la sémantique lexicale. Les rapports de la lexicologie avec les autres disciplines linguistiques. 2. Le lexique, système ouvert et dynamique. 3.Arbitraire et motivation (relative) du signe lexical 4.Concepts de base en lexicologie: lexème (morphème lexical), unité lexicale (mot), morphème (grammatical—affixe), lexie complexe (phrasème), champ lexical. 5. Le mot comme unité fonctionnelle. Critères d’identification et de délimitation de l’unité lexicale. Sens référentiel et sens grammatical. 6.Procédés internes et procédés externes de création lexicale.La dérivation, source d’enrichissement et d’assouplissement de la langue. Les paradigmes dérivationnels— typologie. La dérivation paradigmatique/vs/ la dérivation syntagmatique. La suffixation— la nominalisation du verbe. La dérivation syntagmatique suffixale. La 1 préfixation—critères de classification des préfixes; valeurs sémantiques des préfixes. La composition—française et allogène. Les procédés abréviatifs- typologie des abréviations. 7.Les emprunts- définition, langues d’emprunt, typologie. Le fonds latin du français. 8.La stratification du lexique— facteurs de la variété lexicale. Lexique et vocabulaire(s). Le vocabulaire fondamental. 9. La lexicologie appliquée—la lexicographie.Typologie des dictionnaires. Le TLF.L’article de dictionnaire (l’entrée lexicographique). Typologie des définitions. Critique des définitions de dictionnaire. III. EVALUAREA STUDENTILOR Forma de examinare este examenul scris şi oral. Li se va cere şi un referat pe un subiect de lexicologie teoretică. IV. BIBLIOGRAFIE GENERALA 1.Cuniţă, A., 1980, La formation des mots. La dérivation lexicale en français contemporain, EDP, Bucarest 2.Désirat, C.,Hordé,T.,1976, La langue française au XX-ème siècle, Bordas, Paris Guilbert, L.,1971, Introduction au Grand Larousse de la Langue Française,vol.I, pp.ICX, Paris, Larousse 5.Guilbert, L., 1975, La créativité lexicale, Larousse, Paris Guiraud, P,1966, Les mots savants, PUF, coll. Que sais-je?, Paris 6.Mitterand, H.,1963, Les mots français, PUF, Paris 7.Molinié,P.,1991, Le français moderne,PUF, Que sais-je?,Paris 8.Picoche, J.,1992 ( !977 1-ère éd.), Précis de lexicologie française, Paris, Nathan 9.Rey, A.,1970, La lexicologie, Klincksieck, Paris 10.Rey, A.,1977, Le lexique: images et modèles. Du dictionnaire à la lexicologie, Armand Colin, Paris 11.Mortureux, M.F.,1997, La lexicologie entre langue et discours, SEDES, Paris 12.Măgureanu, A.,1984, La sémantique lexicale, TUB, Bucureşti 13. Simionica, I., 1970, Limba franceza contemporana. Lexicologie, EDP, Bucuresti 2 UNIVERSITATEA DIN CRAIOVA FACULTATEA DE LITERE SPECIALIZAREA : ROMANA / LIMBA STRAINA INVATAMANT LA DISTANTA SUPORT DE CURS DISCIPLINA Limba franceza contemporana (LEXICOLOGIE), curs opţional ANUL III ID Semestrul I - 2004 / 2005 TITULARUL DISCIPLINEI : lect. dr. Dorina Panculescu I.PREZENTAREA CURSULUI (teme, subteme) 1. TEMA :LA LEXICOLOGIE a.L’objet, les principes et les méthodes de la lexicologie. La lexicologie descriptive—morphologie lexicale et sémantique lexicale b. Les concepts de base en lexicologie : lexème, unité lexicale (mot, lexie), mot simple / mot construit, morphème (affixe), champ lexical ; mot plein / mot vide c. Le mot comme unité fonctionnelle. Critères d’identification et de délimitation de l’unité lexicale. d.L’arbitraire et la motivation (relative) du signe lexical e. Le lexique, système ouvert et dynamique 2. TEMA : LA MORPHOLOGIE DERIVATIONNELLE a.Concepts de base en lexicologie: mot / lexème / vocable; affixe / morphème grammatical / allomorphe / « morphe porte-manteaux »; mot simple (lexie simple) / mot construit (lexie complexe : mot dérivé / mot composé / synapsie b. Critères d’identification et de délimitation du signe lexical c. Arbitraire et motivation du signe lexical 3. TEMA : LA CREATION LEXICALE a.La dérivation paradigmatique suffixale b. La dérivation syntagmatique. La suffixation, la préfixation et la composition c. Les procédés abréviatifs 4.TEMA : MOTS CONSTITUTIFS (HERITES) ET EMPRUNTS a.Le fonds latin du français. b. Les doublets et les supplétismes. 3 c.Les emprunts. Typologie des emprunts d. Les langues qui ont prêté des mots au français. Domaines d’emprunt. II. CURSUL 0.1. Objet de la lexicologie. Principaux problèmes Les fondements scientifiques de la lexicologie comme discipline linguistique ont été mis assez récemment, il y a quelques dizaines d'années. Pourquoi si tard? Parce que son domaine d’étude – la totalité des mots ou le lexique d’une langue existant à un certain moment de son évolution – est presque illimité et le moins structuré de tous les autres sous-systèmes d’une langue naturelle: phonologique, morphosyntaxique, sémantique. Elle a pour objet l'étude scientifique du lexique. Le lexique représente la totalité des mots existant à un moment donné dans une langue historique et les règles de bonne formation des unités lexicales, propres à cette langue. Le lexique est un composant de la grammaire, il a un caractère abstrait et il est concrétisé dans les vocabulaires (les mots du discours, appelés aussi vocables). Le terme lexicologie vient du gr. lexis "mot"+ logos "science, parole". En réalité, définir la lexicologie n’est pas aussi simple qu’il paraît, à cause de la difficulté qu’on a à définir le mot. Les principaux problèmes de la lexicologie concernent : la description des mécanismes internes de la langue qui permettent la création de nouveaux mots, appelés néologismes, qui peuvent présenter une nouveauté de forme et / ou de sens ; la définition de l’unité lexicale ou mot; la description des acceptions des mots en langue (leur signification) et de leurs sens ( qui sont contextuels, manifestés en discours) ; la description des vocabulaires spécialisés, des registres de langue et de leurs rapports avec le lexique général; l’étude des rapports de forme ou de signification existant entre les mots et de la valeur de chaque unité lexicale qui en résulte; l’étude des distributions de chaque mot et des collocations qui lui sont spécifiques (allant du mot composé jusqu’aux locutions et aux unités figées de plus grande dimension, à expression prédicative, appelées expressions ou phraséologismes) ; l’élaboration et l’initiation à l’utilisation des dictionnaires de langue, qui rassemblent le plus grand nombre d’informations sur le lexique général de la langue. Les difficultés qui font entrave à une description systématique du lexique viennent du fait que celui-ci est un ensemble qui présente des zones structurées et des zones non structurées. Située au carrefour des autres branches de la linguistique, la lexicologie entretient des rapports étroits avec : la syntaxe, pour les propriétés combinatoires des mots ; la phonologie et la morphologie pour la forme des mots ; la sémantique pour leur signification . Une autre difficulté vient du fait que le lexique n’est 4 pas un système au sens strict, formé d’un nombre fini d’éléments unis par une loi de fonctionnalité, mais il reste un ensemble ouvert, dans lequel les mots apparaissent et disparaissent sans cesse ou se voient attribuer des significations nouvelles. Comme le dit Joëlle Gardes- Tamine (1990 : 99), on ne peut avoir que des descriptions partielles et complémentaires, selon le point de vue adopté : au niveau paradigmatique, qui envisage les classes (les paradigmes) de termes identiques ou semblables, on aura une description morphologique ( dans le cadre de la dérivation) et une description sémantique (dans le cadre de la sémantique lexicale, qui étudie les relations sémantiques entre les mots) ; sur l’axe syntagmatique du discours(au niveau des combinaisons) on fait une description des relations que les morphèmes et les mots entretiennent entre eux par enchaînement contextuel, pour exprimer certains rapports logiques complexes (la syntaxe interne du mot et la syntaxe de l’énoncé). La distinction faite par F. de Saussure entre langue et parole justifie le fait que la lexicologie doit s’en tenir, dans ses analyses, „entre la langue et la parole“ (M. F. Mortureux, La lexicologie entre langue et discours, 1997), entre le système abstrait qu’est le lexique et les usages de la langue, qui procurent les vocabulaires et les mots nouveaux. Les fondements théoriques de la lexicologie se retrouvent dans les théories anciennes (la rhétorique antique ou l’art oratoire, la grammaire cognitive de Port-Royal, la grammaire historique et la linguistique comparée du XXe siècle, etc.) et modernes (la philosophie du langage, la logique formelle, la psycholinguistique, la sociolinguistique, etc.). La lexicologie, discipline interdisciplinaire, a aussi pour tâche la description des vocabulaires spécifiques de chaque domaine d’usage (les domaines de l’activité humaine). La perspective choisie pour la description du lexique peut être synchronique ou diachronique. En synchronie, perspective décidément descriptive, on analyse les unités lexicales existant à une certaine époque de l'évolution d'une langue donnée, par exemple le lexique du français classique, le lexique du français ancien ou celui du français contemporain. En lexicologie synchronique ou descriptive, on applique avec succès les méthodes structurales et générativistes, pour expliquer la formation et la structure interne des unités lexicales (des mots). Cette démarche raisonnée cherche à découvrir et à expliquer les mécanismes internes de fonctionnement de la langue, en tant que système abstrait et collectif (règles intériorisées existant dans la conscience de tous les locuteurs natifs d’une langue) et en tant que réalisation discursive individuelle, apte à la nouveauté lexicale. F. de Saussure a affirmé avec justesse que le fonctionnement de la langue est indépendant de son histoire, car la langue est « un système de pures valeurs que rien ne détermine en dehors de l’état momentané de ses termes » (F.de Saussure, Cours de linguistique générale, p.115). Cette affirmation doit être nuancée, par une juste compréhension des rapports que la langue entretient avec les phénomènes sociaux.(v.G. 5 Matoré, La méthode en lexicologie, 1953). Le lexicologue se donne pour tâche de décrire aussi les ensembles lexicaux existant dans le système abstrait de la langue et les lois internes de distribution des éléments dans l'ensemble. La description objective de ces mécanismes permet: a) la mise en évidence de certains modèles de formation des mots et des ensembles de mots; b) b) la constitution de l'inventaire des unités lexicales simples et complexes et des ensembles lexico-sémantiques existants. La perspective historique ou diachronique offre le tableau des transformations subies par les unités lexicales et par les (micro) - systèmes lexico-sémantiques au cours du temps, autant sous l’aspect de la forme que du sens. Elle étudie les causes des changements linguistiques et les lois de l’évolution interne de la langue. Les mots, comme les langues, naissent, se développent et dépérissent (v. A. Darmesteter, La vie des mots étudiés dans leurs significations, 1885). Sur cette conception est fondée la sémantique structurale diachronique, qui étudie, par exemple, l’évolution des acceptions des mots tels viande (le sens initial : « produit qui sert à nourrir » ; sens actuel : « chair des animaux de boucherie ») ou fortune (sens originaire : « hasard, sort, chance » ; sens moderne : « les biens ou les richesses d’une personne »). Les micro-ensembles lexicaux peuvent changer aussi, lorsqu’un mot du micro-système acquiert des acceptions nouvelles, ce qui détermine le changement des rapports entre tous les mots de l’ensemble, situation mise en lumière par les travaux de plusieurs linguistes, dont G. Matoré (La méthode en lexicologie, 1953), G. Gougenheim (Les mots français dans l’histoire et dans la vie, t.II, 1966) ou Kr. Nyrop (Grammaire historique de la langue française, 1899—1930). Dans notre cursus, la perspective sur la langue française contemporaine restera synchronique et descriptive, avec des renvois à des faits historiques là où il sera absolument nécessaire. 1.1. La lexicologie synchronique et descriptive : morphologie lexicale et sémantique lexicale La lexicologie descriptive (synchronique) étudie les mots existant en langue à un moment donné de son évolution à la fois du point de vue de la forme (dans le cadre de la morphologie lexicale) et du sens (dans le cadre de la sémantique lexicale). D'après les buts envisagés, ou conçoit plusieurs types d'études lexicologiques. 1. La morphologie lexicale (morpho-lexicologie ou morphologie dérivationnelle) étudie la composition formelle du mot (la syntaxe interne du mot). 6 Tandis que la grammaire décrit les mécanismes de la variabilité du mot dans le discours et les classes fermées des marques grammaticales (désinences verbales et marques de l'accord), la morpholexicologie étudie la structure de la partie invariable du mot — les caractéristiques et les rapports mutuels des éléments de cette structure: radicaux et affixes, bases de composition, qui forment des séries ouvertes, illimitées. À partir de ces observations, la morpho-lexicologie identifie les schémas de dérivation et de composition existant en langue (les modèles productifs de création lexicale, fondés sur une syntaxe interne du mot, intégrant les règles de la dérivation et les règles de la composition), qui permettent à tout moment l’enrichissement lexical par de nouvelles unités. Il existe des cas où la frontière entre morphosyntaxe et morphologie lexicale ou dérivationnelle est difficile à tracer : certains affixes semblent avoir un rôle purement grammatical comme le suffixe verbal–ant ou les suffixes de féminin –esse, -eresse. Cela n’empêche de définir les deux domaines d’analyse comme des domaines distincts. 2. La sémantique lexicale étudie avec les méthodes du structuralisme ou du structuralisme fonctionnel (v.A. Martinet, 1960) le sens et la signification des mots. On a accepté, depuis F. de Saussure(CLG, 1916), la vision biplane sur le signe linguistique: tout mot est formé d'un corps physique (accoustique ou graphique) appelé signifiant (Sa) et d'une signification qui lui est attachée constamment en langue, appelé signifié (Sé). À l'instar du signe linguistique, le système linguistique est formé d'un rapport d'implication réciproque entre un plan de l'expression et un plan du contenu. Les deux plans de la langue ont une structure isomorphe, qui peut être analysée (cf. A.Măgureanu, La sémantique lexicale, 1984 :13) . Le sens de l'unité lexicale ne se confond pas avec le concept. Le concept est la représentation mentale d'un objet, réel ou imaginaire, appartenant à la réalité extralinguistique. Il englobe des éléments de nature psychologique et des représentations collectives qui n’entrent pas nécessairement dans le sens du mot. Le sens (nous ne faisons ici la distinction entre sens et signification) est une description du référent au niveau strictement linguistique par des traits définitoires minimaux de nature sémantique appelés sèmes, ou en logique, par des conditions nécessaires et suffisantes qui assure sa catégorisation (son appartenance à une catégorie d’objets ayant les mêmes propriétés). Ainsi, lors de la communication verbale, le mot sert-il à référer à quelque chose, à un objet particulier différent du signe linguistique et en même temps à une classe d’objets identiques ; d’autre part, il signifie quelque chose en langue par le fait d’avoir un sens analysable (une synthèse des conceptions sur le sens offre Ch. S.Peirce, in Collected Papers, 1935-1966). C’est la relation de référence qui unit le mot à son référent et la relation de signification qui distingue le mot d’autres mots de sens voisin. 7 Le sens lexical ne se réduit pas uniquement à la fonction référentielle du signe. Il résulte aussi de la valeur que le signe possède dans le système linguistique grâce aux rapports syntagmatiques et paradigmatiques qu'il entretient avec les autres unités lexicales (v. F. de Saussure, CLG, 2-e partie, ch. IV: La valeur linguistique ) : rapports de synonymie, d’antonymie, d’hyperonymie / hyponymie,etc. Sémantique, syntaxe et pragmatique contribuent ensemble à l'étude du sens, dans le cadre plus large de la sémiologie, science générale des systèmes signifiants (il existe des codes de signes non verbaux comme l’alphabet Morse). La sémantique lexicale établit, par une confrontation des contextes-types d'un mot, les principales acceptions de celui-ci en langue, en partant de l’identification de ses sens contextuels ou discursifs). Elle décrit aussi les réseaux associatifs dans lesquels les mots s'inscrivent, en fonction de leurs valeurs en langue. Les lois spécifiques qui ordonnent soit l'organisation des mots en micro-systèmes notionnels(les noms des couleurs, les noms des sièges,etc) soit la combinaison des éléments formels pour la création des mots sont des lois internes, propres au système linguistique, qui ne sauraient expliquer en même temps la structure de la réalité nonlinguistique, du monde des référents. 3. La lexicologie appliquée utilise à des fins pratiques les données théoriques offertes par la lexicologie descriptive et les vérifie aussi expérimentalement. Le côté applicatif de la lexicologie s'est matérialisé en plusieurs branches de la lexicologie appliquée: La lexicographie, science et art de l'élaboration des dictionnaires, conçus comme inventaires artificiels du matériel lexical offert par la langue, organisé sur des critères formels, le plus courant étant l’ordre alphabétique. Créés d'abord d'une façon empirique, sans support théorique, les dictionnaires (glossaires ou lexicons) ont devancé les bases théoriques, jetées beaucoup plus tard, quand des méthodologies lexicographiques ont été élaborées (v. A. Rey, Le lexique: images et modèles. Du dictionnaire à la lexicologie, 1977). L'histoire de l'élaboration des dictionnaires en France est longue, c’est pourquoi nous y reviendrons dans un autre chapitre. Aujourd'hui la lexicographie bénéficie des méthodes informatisées : dépouillement automatique des documents authentiques, traitement des données par l’ordinateur1. La lexico-stylistique facilite des études objectives sur les textes littéraires et sur les autres types de discours où se manifeste la subjectivité du locuteur ou les caractéristiques formelles du « français fonctionnel »(A. Vigner). L'index et la concordance permettent au 8 commentateur de comparer rapidement les uns aux autres les contextes immédiats de chacun des mots-clefs ( mots essentiels pour l’univers artistique d’une œuvre littéraire) . Il devient ainsi possible d'établir l'idiosémie du texte considéré, puis de construire un véritable dictionnaire de l'œuvre, qui permette au critique littéraire de contrôler ses impressions de lecture concernant les thèmes entrelacés et les images utilisées, de suivre d'œuvre en œuvre les variations thématiques et stylistiques d'un écrivain, sans plus tomber dans la pure critique impressionniste. La terminologie s'est imposée ces derniers temps comme une application très utile des méthodes et des principes lexicologiques à la constitution des vocabulaires de spécialité. Cette orientation a été initiée par L. Guilbert («La formation du vocabulaire de l'aviation», 1965) ; et P.-J. Wexler («La formation du vocabulaire des chemins de fer en France», 1945). De nos jours, il existe quelques milliers de domaines pour lesquels on a mis au point les terminologies dans les langues de grande circulation. Les glossaires terminologiques sont en général bilingues ou plurilingues et leur réalisation pose des problèmes de transcodage. Sur un lexique panlatin de l'environnement 1 en 7 l'Internet, on peut trouver, par exemple, langues, dont aussi le roumain. 1.2. Les méthodes en lexicologie Science encore neuve, la lexicologie ne dispose pas de méthodes propres. Elle emploie les méthodes générales de la linguistique moderne. 1. La statistique lexicale est une méthode de base employée en lexicologie à des buts divers. Elle a permis de dresser la liste des termes les plus fréquents, d'étudier les traits formels des unités de signification ou les réseaux contextuels d'un terme (la totalité de ses distributions). L'étude sur un corpus de textes ou sur une base de données ne peut plus se passer aujourd'hui de la statistique lexicale, inaugurée au Canada par Francis Mackey. En France, des études statistiques ont été réalisées par Ch. Muller (Initiation à la statistique linguistique, 1968). Bernard Quémada a introduit eu France la mécanisation des inventaires. L'emploi des calculatrices électroniques pour le dépouillement des textes a permis la comparaison rapide de milliers de fiches et la réalisation de documentations complètes monographiques concernant l'oeuvre d'un auteur ou un courant littéraire. La "machine à traduire" est un ordinateur électronique dont la mémoire a été équipée de programmes qui permettent la comparaison de deux systèmes linguistiques différents (deux 1 Lexico Panlatino de Terminologia do Ambiente (en portugais, catalan, espagnol, français, italien, roumain, anglais) coordonné par Maria Teresa Lino et Maria Rute Costa, Eds. Lidel, Lisboa, 1999 9 langues); on a réussi partiellement à faire la transposition automatique d'un texte donné dans une autre langue, surtout dans le cas des textes très typés, comme le bulletin d’informations et météo, par exemple. 2. L'enquête lexicale, à base de questionnaires - tests, a été empruntée à la méthodologie de la linguistique géographique (des atlas linguistiques) pour étudier, par exemple, les mots disponibles du français élémentaire. 3.Les méthodes structurales employées aussi en morphosyntaxe, comme la substitution et la distribution, permettent d'étudier des aspects lexicaux divers, comme: la puissance d'inclusion d'un terme lexical (son aptitude à se substituer à d'autres termes ; les définissants logiques sont les inclusifs par excellence, comme SIÈGE pour chaise, fauteuil, tabouret, etc) et les répertoires analogiques; l’étude de la distribution d'un terme lexical permet d'établir son aptitude à entrer dans des ensembles stables, allant des composés réunis par le trait d'union aux groupes de mots plus élargis (locutions et expressions verbales). 4. l'analyse sémique (componentielle) employée surtout en sémantique, est inspirée de la méthode structurale fonctionnelle appliquée premièrement en phonologie descriptive par Troubetzkoï et l'école de Prague. Cette méthode, utilisée, parmi les premiers, par B. Pottier pour l'analyse du sens permet de dégager les plus petits traits de signification à valeur distinctive au niveau de l'unité lexicale ou d'un ensemble lexical. Bernard Pottier (Linguistique générale. Théorie et description, 1974) a appliqué cette méthode à l’analyse de l’ensemble lexical des sièges, sur la base d’un sème commun, « pour s’asseoir », et de sèmes différenciateurs , comme le montre le schéma suivant : Lexèmes S1 “pours’asseoir” S2 S3 S4 S5 S6 “sur pieds” « pour une “avec “avec bras” “en matière personne” dossier” rigide « Chaise + + + + _ + Fauteuil + + + + + + Tabouret + + + _ _ + Canapé + + _ + + + Pouf + _ + _ _ _ Pottier appelle lexèmes les mots dont le sens est formé de « paquets de sèmes » qu’il nomme sémèmes. J. Greimas (Sémantique structurale, 1966) introduit le conditionnement syntagmatique du sens, faisant la distinction entre figure sémique ou nucléaire, formée de traits sémiques 10 nommés classèmes , qui sont des traits combinatoires de grande généralité sémanticofonctionnelle tels : animé / inanimé, concret / abstrait, nombrable / non nombrable et de traits descriptifs spécifiques et sémèmes : le sémème est un ensemble de sèmes évoqués par un mot dans le cas d’une occurrence particulière de celui-ci. Un même mot peut actualiser plusieurs sémèmes ou signifiés dans des contextes différents. Ce type d’ analyse s’avère aussi utile: pour l'élaboration des définitions lexicographiques des mots dits „à sens plein“(substantifs, adjectifs, verbes) qui forment l'objet d'un dictionnaire. La définition donnée par les dictionnaires énumère les propriétés de la chose (du référent), qui constituent la signification du terme. Par exemple, le terme ARMOIRE est défini dans le PR (Petit Robert) ainsi : ARMOIRE (...), no. 1 (vieux). Placard pratiqué dans un mur. (Moderne) Meuble haut et fermé par des battants, servant à ranger le linge, les vêtements, les provisions, etc (les bahuts, les buffets, les vaisseliers étant réservés à d'autres usages)… Un telle définition contient des traits encyclopédiques, c’est-à-dire un ensemble de connaissances relatives à une certaine réalité extralinguistique, décrite en sémantique lexicale à l'aide d‘un métalangage: chaque trait définitoire s'appelle sème (comme «objet fabriqué», «meuble», «fermé par des battants», «servant à ranger le linge, les vêtements», dans le cas du terme armoire) et la totalité des sèmes forme un sémème (le sens du terme armoire). Apprendre des mots étrangers ou maternels c'est assimiler la fonction dénominative de chaque terme et sa valeur dans le cadre d’un microsystème. Le mot armoire fait donc deux choses au moins lorqu'il est prononcé: il désigne tel meuble précis et particulier en la circonstance et il le fait en évoquant les propriétés de toute armoire. D'autres termes lexicaux, comme les articles, les conjonctions, les prépositions, les auxiliaires ne réfèrent pas; cela ne signifie pas qu'ils n'ont pas de sens; remplacer des par une change le sens de la phrase. Mais le sens de ces mots est d'un autre type, qui n'évoque aucune réalité distincte dans l'esprit des locuteurs — c'est le sens relationnel ou grammatical, comme dans le cas des désinences et des flexions, avec lesquelles les mots-outils grammaticaux énumérés plus haut ont une forte affinité. Pour l'élaboration des ouvrages terminologiques bilingues, où la correcte définition du mot permet de trouver le meilleur équivalent dans une autre langue. dans l'étude des relations sémantiques que chaque terme entretient avec d'autres mots dans le cadre du lexique (relation de synonymie, d'antonymie, d’homonymie, 11 d'hypéronymie / hyponymie), avec lui - même (la polysémie) ou avec un ensemble associatif (champ lexico - sémantique) dans l'étude de la combinatoire syntagmatique - le sens des unités complexes (mots composés, lexies ou locutions) - n'étant pas réductible à la somme des sens des composants. dans l'explication des changements de sens et des « figures de style » ou tropes artistiques, qui sont conçus comme des procès d’actualisation sémique (v. A. Măgureanu, La sémantique lexicale, 1984). 5. L’index et la concordance sont des instruments employés surtout en lexicologie stylistique. L’index est une liste de termes-clefs, spécifiques pour un auteur, avec l’indication des pages où ils apparaissent. La Concordance indique chaque occurrence (présence) d’un terme dans une ou plusieurs lignes de contexte et la page. Ce sont d'excellents instruments de travail pour ceux qui mènent des études sur les oeuvres littéraires, sur les genres littéraires ou sur la langue d'une époque donnée. Leur avenir dépend du développement de l'informatique et de la micro-fiche. 6. La lexicologie diachronique fait appel aux méthodes du comparatisme historique pour mettre en lumière les changements de forme ou de sens subis par les mots à des époque différentes. On peut comparer des unités lexicales isolées ou des ensembles de termes qui constituent des champs notionnels (associatifs). L’étymologie lui met à la disposition les étymons, les mots anciens dont proviennent les termes français modernes. G. Matoré (« La méthode en lexicologie »,1953) propose une lexicologie sociale, influencée par la phénoménologie et la sociologie moderne. Partant de l’observation du concret linguistique, elle se propose l’explication des états de la société. Dans le champ notionnel « d’Art et de Technique vers 1765 », il relève la présence des mots-témoins ou néologismes correspondant à des notions nouvelles qui apparaissent au sein de la collectivité à un moment particulier de son histoire, comme ésotérique en 1755, qui marque le début d’une réaction contre le rationalisme des Lumières. Quant aux mots-clés, ce sont des mots qui, tel honnête homme au XVII- ème siècle, philosophe au XVIII-ème siècle, désignent „ un être, un sentiment, une idée, vivants dans la mesure même où la société reconnaît en eux son idéal “. Le risque de cette lexicologie socio- phénoménologique est d’ignorer les lois spécifiques de l’organisation des mots dans le système de la langue et d’essayer de déduire de l’examen des mots les structures de la réalité non linguistique. 12 1.3. Les principes de la lexicologie Les principes que le lexicologue doit suivre dans ses démarches concernent : la réalité psychique de l'unité lexicale. Le concept qu'elle exprime (le signifié) n'existe que dans la pensée et dans la mémoire des locuteurs. Les valeurs expressives, stylistiques du terme n'apparaissent qu’à la suite de certains procès d'actualisation sémémique (v. A. Măgureanu, op. cit.), de nature intellectuelle. C’est le principe psychologique. La connaissance des principes qui gouvernent l'acte de la parole (les lois du discours) est aussi indispensable au locuteur (la langue est une institution sociale, dont la principale fonction est de permettre l'échange d'informations entre individus appartenant à la même communauté socio-culturelle : cette échange est facilitée par certains rites de la prise de parole et de l’interruption de parole). le principe de l'utilité et de la fréquence d'emploi des mots. Il y a des mots indispensables à tout échange verbal (surtout les mots-outils grammaticaux) et d'autres mots qui se situent à la périphérie du lexique: archaïsmes, mots techniques, néologismes, mots populaires, mots argotiques, régionalismes. L'intérêt pratique du pédagogue doit viser premièrement l'enseignement des mots fondamentaux et les méthodes appropriées d'approche pour les autres catégories (problèmes de synonymie lexicale de niveau, étude de l'expressivité marquée du français populaire, etc.). le principe stylistico-fonctionnel étaie l'étude stylistique des unités lexicales, appartenant au niveau de la langue commune ou aux différents registres, sur l'observation de leurs caractéristiques lexicales et de leurs structures spécifiques (style juridico-administratif, style épistolaire etc.). le principe étymologique se fonde sur l'histoire des mots. Chaque terme a une origine, que le lexicologue doit trouver à l'aide des méthodes historiques (attestations, datations, comparaisons) et des lois de l'évolution phonétique. L'étude des racines latines et grecques productives en français contemporain et des emprunts à diverses langues modernes permet de rendre compte de l'existence de nombreux termes savants qui complètent les termes hérités directement du latin populaire (les doublets, les dérivés sur des bases savantes et de nombreux néologismes). L'étude de l'histoire des mots, de l'évolution de leur forme et /ou de leur sens incombe à la lexicologie diachronique. le principe sémantique accorde au mot une fonction référentielle, ce qui limite le champ d'étude du lexicologue uniquement aux unités à «sens plein» qui ont un référent dans la réalité : substantifs, adjectifs, verbes, adverbes. 13 1.4. La lexicologie entre langue et discours Le mot est une unité fonctionnelle de la langue, ce qui situe la lexicologie, comme étude des mots, entre la langue (système abstrait, formés des lexèmes) et la parole (réalisation concrète du système), d'où la difficulté qu'éprouve le lexicologue à se situer entre la lexicologie descriptive et la lexicologie appliquée (v. M. F. Mortureux, La lexicologie entre langue et discours, 1997). Le lexème et le vocable sont des unités lexicales à valeur dénominative, ayant une fonction référentielle. Mais la différence qui les distingue consiste dans le fait que le lexème appartient au lexique de la langue, réalité abstraite et virtuelle, tandis que le vocable est l’actualisation d’un lexème dans un discours. Quand cette distinction est ignorée, on emploie indifféremment le terme neutre mot, qui désigne toute unité lexicale à valeur dénominative. Les lexèmes sont perçus à travers les vocables, de même que le lexique est formé de la totalité des vocabulaires. Un vocabulaire est un discours prononcé par un locuteur donné dans des conditions discursives données. Les dictionnaires ont comme tâche de convertir les vocables en lexèmes, suite au dépouillement d’un ensemble de textes effectivement réalisés, appelé corpus. L’analyse des textes relève du fait que des vocables de forme identique mais ayant des sens contextuels plus ou moins différents constituent, au niveau du lexique, un lexème polysémique. La polysémie est la propriété d’un lexème (mot de dictionnaire) d’ avoir plusieurs acceptions en langue, c’est–à-dire plusieurs valeurs proches les unes des autres, ce qui justifie le fait qu’à un lexème polysémique on réserve une seule entrée ou article de dictionnaire, avec la description de chaque acception en sous-divisions. A la différence des lexèmes, les vocables sont monosémiques, car le contexte linguistique et situationnel détermine l’acception exacte. Une catégorie différente de lexèmes est représentée par les homonymes, qui sont des mots de formes identiques, mais ayant des significations différentes, entre lesquelles il n’existe aucun lien logique ou référentiel et qui proviennent d’étymons (mots d’origine historique) différents. C’est le cas de vol1 et vol2, auxquels on accorde deux entrées lexicographiques différentes dans Le Petit Robert (1990) : Vol1, n.m. : action de voler ; ensemble desmouvements cordonnés faits par les animaux capables de se maintenir en l’air pour s’y mouvoir. Vol des oiseaux, des insectes. Vol2 , n.m. :le fait de s’emparer des biens d’autrui (du verbe voler2) par la force ou à son insu ; action qui consiste à soustraire frauduleusement le bien d’autrui. Le traitement des unités lexicales en polysèmes ou en homonymes reste un aspect délicat du travail des lexicographes, les solutions adoptées pouvant être différentes d’un dictionnaire à l’autre. Le lexème peut se confondre soit avec les mots simples (table, rouge, dix) soit avec des bases de dérivation, autonomes ou non autonomes (v. Première partie. Morphologie dérivationnelle). Dans une perspective dictionnairique, il y a des lexèmes simples et des lexèmes dérivés, car tout mot de dictionnaire, dépourvu d’actualisation discursive, ayant une référence, constitue un lexème. La plupart 14 des lexèmes les plus courants sont polysémiques, ayant plusieurs acceptions, mais il peut y avoir, plus rarement, des lexèmes momosémiques, ayant une seule signification. La lexicologie étudie les lexèmes et les vocables d’une langue naturelle. Les lexèmes sont étudiés par la lexicographie (art de l’élaboration des dictionnaires comme inventaires de mots abstraits), tandis que les vocables sont analysés par toutes les formes de l’analyse du discours (stylistique classique, linguistique textuelle, lexico-stylistiqueetc.). La grammaire générative considère le lexique comme la partie de la grammaire d’une langue consacrée à l’étude des unités lexicales, le lexique étant un sous-composant de la description linguistique au même titre que la phonologie ou la morphosyntaxe. 1.5. Les rapports de la lexicologie avec les autres disciplines linguistiques La morphosyntaxe étudie les formes du mot - les variations formelles du même terme, en fonction de ses emplois discursifs (de ses relations syntaxiques possibles dans les phrases grammaticales d’une langue donnée). Les flexions, les désinences de genre et de nombre ont une valeur signifiante (leurs réalisations formelles sont des morphèmes grammaticaux ayant un sens relationnel, grammatical). Les séries grammaticales sont closes, comportant un nombre limité d'éléments (par exemple, les marques du genre, du nombre, de la personne), organisées selon les grandes catégories mentales du temps, de la personne, du nombre, etc. Elles sont peu susceptibles de changements et ne permettent aucune création individuelle, si ce n'est à long terme et à la suite de profonds remaniements inconscients et collectifs du système mental des usagers (par exemple, l’apparition du futur synthétique et de l'article dans les langues romanes). Les désinences et les flexions rendent possible la combinaison entre les unités lexicales dans un énoncé (phrase réellement réalisée dans le discours). On considère que les mots variables, qui ont une flexion, possèdent plusieurs formes, appelées mots-formes, qui représentent une seule unité lexicale (un seul mot). Les unités lexicales, objet de la lexicologie, s'organisent en micro-systèmes ouverts, d’après des critères formels et / ou sémantiques, comportant un nombre illimité d'éléments, car soumis à la création continue, individuelle et /ou collective de nouveaux mots. Les microsystèmes lexicaux tolèrent, à côté de la stabilité relative, le renouvellement assez rapide de ses éléments, ce qui peut produire dans le temps des modifications profondes de la structure même du micro-système lexical. La morphologie lexicale étudie les mots construits (dérivés ou composés) et leurs éléments identifiables, qui sont des signes linguistiques minimaux – affixes et radicaux sémantiques–, porteurs d'un sens référentiel et, pour certains affixes, d’un sens relationnel (grammatical) et sémantique à la fois. La morphologie lexicale étudie donc la partie invariable des mots, qui reste inchangée dans n’importe quel emploi discursif. 15 Tandis que le sens des actualisateurs discursifs (désinences et marques) étudiés par la morphologie est purement grammatical, le sens des affixes est sémantique (référentiel) et grammatical à la fois. Tout mot construit dévoile, dans sa structure, des formes et des rapports syntaxiques existant à l'origine entre les éléments générateurs. L’analyse des mots construits prouve l'étroite liaison existant entre la création des unités lexicales et la syntaxe. Les termes composés, tels pomme de terre, arc-en-ciel, abat-jour reflètent les rapports de subordination syntaxique entre les composants dans une phrase profonde génératrice („Cette pomme qui est de la terre“, „Cet arc qui est en ciel“ , „Cet objet qui abat le jour“, etc.) Un terme construit constitue une nouvelle unité lexicale, qui exerce une fonction syntaxique unique dans un nouveau contexte. La sémantique est la discipline linguistique qui étudie le sens des mots, branche de la sémiologie, science générale des codes (des systèmes de signes). Ayant sa source dans l'étude déjà ancienne des changements de sens, elle s'identifie, à l'époque classique, à l'analyse des figures de rhétorique . C'est Michel Bréal qui imposa le terme de sémantique (M. Bréal, Les lois intellectuelles du langage, fragments de sémantique, 1883) pour désigner „la science des significations“. Elle a des rapports étroits avec la logique et la psychologie, dans leur intérét commun pour le sens. La sémantique lexicale emprunte à la sémantique pure les méthodes d'analyse - l'analyse sémique (ou componentielle) du sens, qui lui permet de saisir les éléments constitutifs du sens des unités lexicales. La phonologie. Son objet d'étude sont les phonèmes, qui composent la partie matérielle, sonore des mots (le signifiant). Les phonèmes sont des unités distinctives, mais non - signifiantes, étant mono-planes (sans signifié) ; ils constituent la deuxième articulation du langage (v. A. Martinet, Eléments de linguistique générale,1960). L’opposition minimale des phonèmes o/a permet par exemple de distinguer les signes baraque et baroque, celle de p/b permet de différencier poire de boire, etc. Les phonèmes n'ont aucune valeur sémantique. Chaque langue possède ses habitudes articulatoires, son système phonologique propre (en français, il existe les voyelles nasales, les demi-consonnes, les voyelles fermées et ouvertes, qui font difficulté à l'étudiant roumain). D'autre part, l'écriture phonétique du roumain est bien différente de l'écriture étymologique du français, adoptée à l'époque de la Renaissance, pour laquelle il n’y a pas toujours de correspondance entre la lettre et le son. Par le fait qu’elle étudie aussi le signifiant—la forme des mots, la lexicologie a des rapports avec la phonologie. 16 L'étymologie (gr. Etymos – «sens vrai») est la science du sens authentique. Elle étudie les causes et les formes des changements linguistiques relatifs à la forme et au sens, en remontant au mot originaire appelé étymon. La lexicologie historique étudie l'histoire des mots (les changements de forme et de sens) et l'évolution des ensembles associatifs. Elle prend appui sur l'étymologie pour expliquer la motivation des signes et leur démotivation par l'oubli progressif du sens étymologique (par exemple, aucun locuteur d’aujourd’hui n’analyse barricade comme un dérivé du verbe barriquer „fermer un passage avec des barriques “ ou plafond comme un composé de plat et de fond). Pour la plupart des mots français les spécialistes ont trouvé les étymologies correctes. Il existe plusieurs dictionnaires étymologiques de la langue française, parmi lesquels nous énumérons les plus usuels: O. Bloch et von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF, Paris, 1932, avec de nombreuses rééditions ; Wartburg, W. von, (1922-1970), Französisches etymologisches Wörterbuch, Tübingen, Bâle. Cet ouvrage monumental retrace l`histoire des mots pour les langues romanes ; A. Dauzat, J. Dubois et H. Mitterand, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse, Paris, 1964, avec datations précises des premières attestations documentaires ; J. Picoche, Nouveau dictionnaire étymologique du français, éd. Le Robert, Paris ( 1-re éd. 1971); il regroupe les mots par grandes familles historiques en remontant à l'indoeuropéen et oppose formes populaires et formes savantes. L'histoire détaillée des signifiés, plus complexe que celle des signifiants, a fait l'objet de nombreuses recherches. A. Lerond a effectué le travail de datation des diverses acceptions des mots pour le Grand Larousse de la Langue Française (GLLF), paru entre 1971-1978. De même, le Trésor de la Langue Française (16 vol., édité entre 1971-1994 sous l’égide du CNRS) est le plus grand et complet dictionnaire actuel; il offre, outre d'autres données utiles, des informations sur l'étymologie des mots et leurs datations, à l'intention d’une explication génétique des termes. La Stylistique étudie les moyens expressifs offerts par la langue aux locuteurs natifs. Ch. Bally (Traité de stylistique française, 1951) a fait le premier la distinction entre l'expressivité spontanée (parole affective), objet de la stylistique linguistique, et l'expressivité volontaire, qui inclut l'idée d'art de la parole, étudiée par la stylistique esthétique, qui s'applique à des productions littéraires, oratoires, à des genres littéraires divers. 17 À l'époque classique, sous le nom de rhétorique, elle étudiait les "figures de style" et les règles des grands genres littéraires. Par son côté appliqué, la lexicologie offre des moyens nouveaux de recherche dans l'analyse des thèmes dominants —les mots-clefs de tel ou tel écrivain, l’étude des idiostyles. La lexicologie s'intéresse elle aussi aux variétés de langue qui sont des variétés socioculturelles ou professionnelles (niveaux et registres de langue, idiostyles poétiques), mais aussi des variations dans le temps (les diverses époques de l’histoire du français) et des variétés dans l’espace (le français régional et le français hors la France). 1.6. Le lexique, système ouvert et dynamique Le lexique est la partie la moins stable, car la plus soumise aux changements, la plus influencée par les conditions de l’évolution socio-économique d’une société. Ces changements du système lexical ont des causes internes , dues aux tendances d’évolution des rapports entre les signes, et des causes externes, déterminées par le progrès technique et scientifique, par les nouvelles relations sociales, par l’apparition de nouveaux référents qui doivent recevoir un nom. Le statut linguistique du mot est forcément abstrait, car le concept qu’il véhicule est de nature abstraite (il est formé d’un ensemble de traits spécifiques ou propriétés qui caractérisent une classe d’objets). J. Picoche (1992) affirme : Parler de mots concrets n’est légitime qu’à condition de prendre conscience qu’on considère alors non pas le statut linguistique du mot (nécessairement abstrait), mais l’objet auquel il réfère qui, lui, peut être objet de sensation, ou l’analyse de son signifié, qui peut comporter les traits sémantiques « sensible », « mesurable », toutes choses quel’on peut exprimer par le terme concret. Le langage permet l’abstraction et la catégorisation, opérations essentielles par lesquelles l’homme cherche à comprendre l’univers, y vivre et communiquer avec les autres hommes pendant ses activités. Les linguistes ont observé que chaque langue naturelle a sa manière propre de structurer les concepts qui expriment l’expérience extralinguistique d’une communauté. L’existence des zones mieux structurées à l’intérieur du lexique, organisées autour de certaines notions ou concepts, appelées « champs notionnels » ou « réseaux associatifs » a été observée pour la première fois par l’allemand Jost Trier, en 1931. Il a comparé la totalité du lexique d’une langue naturelle avec une mosaïque ou un filet dont chaque pièce correspondrait à un concept, de sorte que toutes les pièces de la mosaïque recouvrait en totalité le champ du réel, sans laisser de 18 vide ni se chevaucher, comme les pièces d’un puzzle. Tout changement dans la compréhension d’un concept entraîne une modification des concepts voisins et par contre-coup des mots qui les expriment. Mais cette description mécaniciste de la langue ne correspond pas à la réalité de son fonctionnement. Toute langue naturelle a des lacunes lexicales (cases vides), pour certains concepts ou sous-concepts qu’une autre langue a dénommés ; dans toutes les langues il y a des cas de chevauchements, redondances et pléonasmes ; même le phénomène de la synonymie en témoigne. Il semble que les locuteurs créent des termes pour les réalités qui suscitent leur plus vif intérêt à un moment donné. Si la subjectivité individuelle et collective intervient, plusieus termes, dont la plupart sont imagés, peuvent dénommer le même référent. La redondance lexicale, sous l’aspect de la synonymie, s’oppose au phénomène de la polysémie, manifestation du principe d’économie. D’autre part, le lexique est hiérarchisé, d’après le degré d’abstraction des mots. Les lexèmes moins abstraits, ayant une compréhension plus réduite, sont soumis aux mots de sens plus général, dont ils possèdent en intension tous les sèmes définitoires : une tulipe est une fleur, mais une fleur n’est pas nécessairement une tulipe. Les champs lexico-sémantiques comme les noms des couleurs, les noms de l’habitation ou les noms des animaux ont donné l’occasion à des analyses structurales du sens, fondées sur les rapports d’opposition binaire. La valeur, concept linguistique introduit par F. de Saussure, permet d’identifier un mot dans le cadre du système de la langue : un mot est ce que les autres mots de sens voisin, appartenant au même champ notionnel, ne sont pas. Ces autres mots délimitent ses emplois spécifiques. En comparant diverses langues, on observe que tous les co-hyponymes ne possèdent pas un archilexème, c’està-dire il n’existe pas de réalisation lexicale pour le terme de sens le plus général. C’est le cas pour les noms des « objets pour s’asseoir », qui en français possèdent l’archilexème siège, qui n’a pas de correspondant en roumain. L’extension d’un concept peut être différente d’une langue à l’autre. Le terme français parents désigne soit les géniteurs directs, soit des personnes ayant des rapports de famille plus ou moins étroits. Pour désigner la même réalité, le roumain dispose de deux termes différents, qui tire chacun sa valeur par opposition avec l’autre : părinţi et rude. Ce phénomène, mis en évidence aux cours des traductions, a reçu le nom de fourche lexicale. G. Mounin (Les problèmes théoriques de la traduction, 1963) a présenté une multitude d’autres faits de structuration lexématique différente d’une langue à l’autre, en référence à une même réalité. Le lexique est ouvert et illimité. Chaque moment, des mots nouveaux apparaissent et des mots vieillis, dont les référents sont disparus, sortent de l’usage. Les mots qui dénomment des référents nouveaux s’appellent néologismes. La nouveauté lexicale, la possibilité de création de nouveaux mots, soit-elle de forme et / ou de sens, est inscrite dans les lois internes qui régissent le lexique d’une langue. 19 .BIBLIOGRAFIA CAPITOLULUI 1.Coşeriu, Eugeniu, 1975, Vers une typologie des champs lexicaux, in Cahiers de lexicologie, XXVII, II, P. 30-51; trad roumaine Către o tipologie a câmpurilor lexicale, in vol. Lingvistica modernă în texte, TUB, Bucureşti Eluerd, Roland, 2000, La lexicologie, PUF, Paris 2.Gardes-Tamine, Joëlle, La grammaire 1(Phonologie, morphologie, lexicologie), Armand Colin, Paris, 1990 3. Juilland, Alphonse et Juilland, Ileana, Frequency Dictionary of Rumanian Words, LondonThe Hague-Paris:Mouton, 1966 Martinet, André, 1960, Eléments de linguistique générale, Armand Colin, Paris Măgureanu, Anca, 1984, La sémantique lexicale, TUB, Bucuresti 4. Mortureux, Marie-Françoise,1997, La lexicologie entre langue et discours, SEDES, Paris 5. Matoré, Georges, 1953(l-ère éd.), La méthode en lexicologie, Librairie Marcel Didier, Paris 6. Mitterand, Henri, 1963(l-ère éd.), Les mots français, coll. Que sais-je ?, PUF, Paris 7. Muller, Ch., 1979, Langue française et linguistique quantitative, éds. Slatkine, Genève. 8.Neveu, Franck, 2000, Lexique des notions linguistiques, éds. Nathan / HER, Paris 9.Picoche, Jacqueline,1992 (1977, 1-ère éd.), Précis de lexicologie française, éds. Nathan, Paris 10. Saussure, Ferdinand de, 1916, Cours de linguistique générale, Payot, Paris 11.Simionică, Ioan, 1970, Limba franceză contemporană. Lexicologie, Ed. Didactică şi pedagogică, Bucureşti 12.Lehmann, A., Martin-Berthet, Fr., 2000, Introduction à la lexicologie, Eds. Nathan / HER INTREBARI: 1. Pourquoi la lexicologie est-elle apparue plus tard comme discipline linguistique ? 2. Quels sont les objectifs de la lexicologie descriptive ? 3. Expliquez l’utilité de la lexicologie appliquée. 4. Avec quelles autres disciplines linguistiques la lexicologie entretient–elle des relations privilégiées ? 5. Quelles sont les méthodes employées en lexicologie ? 6. Quels sont les objectifs de la lexicologie diachronique ? 20 7. Sur quels principes est fondée l’analyse lexicologique ? 8. Connaissez–vous quelques dictionnaires étymologiques de la langue française ? 9. Définissez le lexique comme sous-composant de la langue. 10. Justifiez l’affirmation que le lexique est un système ouvert et dynamique. II. CURSUL 2. LA MORPHOLOGIE DERIVATIONNELLE Concepts de base en lexicologie: mot / lexème / vocable; affixe / morphème grammatical / allomorphe / « morphe porte-manteaux »; mot simple (lexie simple) / mot construit (lexie complexe : mot dérivé / mot composé / synapsie /expression) ; champ lexical Dans ses analyses, la lexicologie opère avec quelques concepts fondamentaux. Le plus difficile à définir est le mot. Plusieurs théories en témoignent. Depuis l’Antiquité, on a essayé de définir le signe linguistique (le mot). Dans le dialogue platonicien Cratyle, on émet l’hypothèse que le langage dépend du monde, que la justesse du nom procède de la nature de la chose désignée. Il est vrai que certaines catégories de mots–les onomatopées, les interjections, les jeux de correspondance et de mimétisme entre la forme sonore ou graphique du mot et ce qu’il suggère ou signifie, cultivés surtout par les poètes, semblent justifier la conception cratylienne. Mais le plus souvent, l’association constante entre une certaine forme sonore ou graphique et une certaine signification résulte d’une convention sociale entre les usagers de la langue. Pour Aristote, la parole est une représentation de la pensée ; les mots sont les symboles des concepts. L’universalité des signifiés conceptuels pour une langue donnée et même pour plusieurs langues permet l’analyse logique du contenu des mots. Ces conceptions immanentistes se retrouvent plus tard chez les philosophes (les stoïciens, Descartes, Leibniz.), plus récemment chez Husserl (il pose l’existence d’une grammaire a priori), chez le positivisme logique de Carnap et l’Ecole de Vienne, même chez Chomsky (il affirme l’innéisme du système linguistique). Les théories des usages posent qu’il n’existe de stabilité possible du langage que dans l’usage, qui procure les régularités nécessaires à la communication. Peirce et Wittgenstein affirment la primauté de la nature publique et sociale du sens : la signification d’un mot réside dans l’usage que l’on va en faire. Cela ne signifie pas qu’il n’y a rien de psychologique dans le signe, mais ils refusent de fonder le signe linguistique uniquement sur cette dimension, de réduire la communication à un 21 échange exclusif entre deux intériorités. Pour Saussure, „le signe linguistique unit non un nom et une chose, mais un concept et une image accoustique“.(CLG, p.9). Il écarte la question de la représentation du monde. Il affirme que „la langue est un système qui ne connaît que son ordre propre“, ses lois internes d’organisation. Ch. S.Peirce (Ecrits sur le signe, Collected Papers) a développé une conception triadique sur le signe, conçu comme une relation dynamique entre un representamen, qui tient lieu d’un second, son objet, pour un troisième, qui est son interprétant ; le signe, le signe verbal aussi, est un tout, pour lequel representamen, objet et interprétant ne sont pas des étapes ou des termes, mais des fonctions de la semiosis. Le mot ou l'unité lexicale est donc une notion encore sujette aux interprétations, d’où la difficulté à le définir. Combien de mots y a-t-il dans un exemple comme: "Aujourd’hui, Jean va se remettre à son casse-tête habituel “ ? Le typographe, pour lequel le critère d’identification reste l’unité graphique d’un ensemble de lettres, séparé par deux blancs d’un autre ensemble, distingue 11 unités, tandis que le lexicographe en voit seulement sept. La notion de mot manque souvent de précision, observe A. Dauzat (La vie du langage, 1910); elle est le fruit de longues réflexions, qui n'ont pas encore fini de hanter les spécialistes Définition :l'unité lexicale ou le mot est le signe linguistique, vu comme une unité biplane formée d’une forme matérielle (sonore ou graphique) et d’une signification (selon Saussure, d’un Sa —ssignifiant et d’un Sé—signifié) doué d'une référence et capable d'un emploi discursif autonome .Il est une unité morpho-fonctionnelle de la langue. Le mot est la plus petite partie sémantique de l’énoncé, capable d’être employée indépendamment, à laquelle on parvient à l’aide de l’analyse morphosémantique. L’unité dialectique entre sens et forme s’exprime dans la liaison inséparable entre les deux facettes du signe verbal, telles les deux faces d’une feuille de papier, la forme n’étant que le support du sens. A. Meillet ( Linguistique historique et linguistique générale, 1921, p.30) a défini le mot par trois aspects : une forme, un sens et une catégorie grammaticale : „Un mot résulte de l’association d’un sens donné à un ensemble de sons donnés susceptibles d’un emploi grammatical donné “ . Dans l'exemple donné précédemment, va se remettre compte pour une seule unité lexicale (le verbe se remettre est actualisé à la III-ème pers. sing. du futur périphrastique), casse-tête est un mot composé, qui a un seul référent: „problème difficile à résoudre “. Le signifié ou le sens du mot est l'image mentale que la prononciation du signifiant éveille dans notre esprit: „Dans toute langue parlée, le mot est un son ou groupe de sons articulés auquel ceux qui parlent attachent une valeur intellectuelle. C'est un signe sonore, qui rappelle, par suite 22 d'une association, une notion abstraite. L'esprit garde le souvenir constant de ce rapport, et quand paraît le mot, entendu ou lu, il éveille l'idée dont il est le signe. Apprendre le lexique d'une langue consiste justement à graver dans sa mémoire les sons articulés de cette langue dans leurs rapports avec les images et les idée dont ils sont les signes“. (A. Darmesteter, La vie des mots étudiée dans leurs significations, 1895). L'auteur remarque que la langue aurait dû posséder autant de mots que d'idées simples (notions) et créer un terme pour chacune d'elles. Mais les ressources du langage sont insuffisantes pour rendre ainsi les nouvelles idées, et d'ailleurs la mémoire serait écrasée sous le poids du nombre énorme de mots. Le principe de l'économie, qui agit dans la langue, trouve une meilleure solution «L'esprit donne au même mot plusieurs significations », chaque acceptions étant évoquée spontanément dans le contexte discursif spécifique. Il est intéressant que l'actualisation discursive de chaque acception spéciale du terme polysémique se fait indépendamment des autres acceptions, qui ne sont pas actualisées simultanément dans notre mémoire, preuve du fait que "c'est de l'idée, non du mot, que part l'esprit quand il exprime sa pensée», affirme le même auteur. Ces termes polysémiques sont très nombreux dans le lexique actuel. La prononciation d'un mot reste identique, en principe, chez l'adulte pendant toute sa vie. Un des aspects les plus délicats est de cerner la partie purement lexicale, celle qui représente les choses dont on parle, et la partie grammaticale du mot. En latin, langue flexionnelle, un accusatif comme oratorem est un mot, de même que le nominatif sing. lupus. En français marche!, forme de l'impératif II-ème pers., apparaît comme un mot, tandis que tu marches est censé en contenir deux. C'est par pure convention que les substantifs ont la forme du nominatif sing. et les verbes la forme de l'infinitif dans les dictionnaires, car la désinence de ces formes (pour le français, c’est seulement le cas des verbes) est un signe grammatical qui enlève aux mots représentés dans le dictionnaire leur qualité de signe lexical pur. Ainsi ce qu’on appelle mot désigne tantôt un signe purement lexical, sans aucun ingrédient grammatical (loup), tantôt un complexe indécomposable de signes, susceptible de fonctionner dans le discours parce qu'íl est muni d'actualisateurs et de ligaments grammaticaux (Ch. Bally, Linguistique générale et linguistique française, II-e partie, 1932). En fait, le terme français loup est tout aussi peu indépendant que le radical latin lup -, car il ne peut jamais fonctionner à lui seul dans une phrase où il doit remplir une fonction syntaxique; impossible de dire: *Loup est vorace, * je voir loup, * La fable de loup et d'agneau. En français, le syntagme nominal le loup ou le syntagme verbal tu aimes compte pour deux mots. Le formalisme d'une telle interprétation est mis en lumière par la comparaison avec d'autres langues douées de flexions : le latin lupus ou lupo, lupi, le roumain citeşti, iubeşti, etc. 23 M. Bally (idem) propose d'appeler sémantème le signe exprimant une idée purement lexicale, quelle que soit sa forme (radical: aim-, march-, mot simple: loup, rouge, mot suffixal : louveteau, rougeâtre, mot composé: loup-cervier, rouge foncé, etc.). Ce terme s’est imposé en sémantique structurale comme la partie commune (le radical) à plusieurs mots appartenant à des parties de discours différentes, porteuse du même sens référentiel, par exemple: blanc dans blancheur, blanchir, blanchâtre. La linguistique d'aujourd'hui appelle cette partie purement lexicale lexème. Le lexème peut s’identifier avec le mot simple (loup, rouge, table, grand) ou avoir la forme d’une base non autonome, surtout dans le cas des termes latins ou grecs ( -logue, auto-, cyber-, télé-, etc). Dans une perspective dictionnairique, les termes enregistrés par les dictionnaires sont des lexèmes, unités appartenant au lexique, qu’ils soient simples ou construits. Ils ne peuvent fonctionner tels quels dans le discours, car ils sont dépourvus d’actualisateurs discursifs absolument nécessaires (déterminants, prépositions, flexions etc). Le lexème n'a pas une valeur fonctionnelle, discursive, à la différence du mot, qui apparaît comme un conglomérat d'éléments: un lexème (partie porteuse du sens référentiel), un ou plusieurs morphèmes et les marques de la flexion. Le roumain lup est un lexème; lupul, lupului, lupilor, lupi(i) sont des mots. En français, où la flexion casuelle du substantif a disparu, loup est un lexème; le (un) loup, ce loup, un gros loup sont des syntagmes nominaux, où le nom est actualisé dans le discours; cette situation peu satisfaisante s'explique par la confusion entre le critère grammatical et orthographique d'une part et le critère lexical (sémantique) d'autre part. Il est donc plus correct de dire que le français loup, roum. lup sont des lexèmes (des sémantèmes), signes qui figurent dans le dictionnaire et jamais seuls dans le discours. André Martinet (Éléments de linguistique générale, 1960; trad. roum. 1970) a introduit le concept de monème pour désigner toute unité signifiante élémentaire; signe minimal doué d'un contenu signifiant et d'une expression phonique, qu'on ne peut plus analyser en d'autres signes . Les monèmes sont concrétisés en morphèmes lexicaux (lexèmes), signes qui figurent dans le dictionnaire, et en morphèmes grammaticaux (signes qui ont un sens relationnel et une fonction grammaticale), comme les affixes et les désinences. Ils existe des monèmes qui figurent aussi bien dans le dictionnaire que dans la grammaire, mais ils font partie plutôt de la catégorie des morphèmes : les prépositions, les conjonctions, les articles, ayant le rôle fonctionnel d'introduire dans l'énoncé un autre monème lexical qui ne comporte pas dans son contenu sémantique l'indication du support syntaxique avec les autre membres de l'énoncé. 24 Définition : le morphème est l'unité linguistique minimale douée d'une forme (elle est d'ordre morphologique) et d'une signification (grammaticale), résultée de la décomposition du flux sonore des mots, par analyse; elle est formée d'un ou de plusieurs phonèmes associés à une signification (d'ordre grammatical) qui lui prête son caractère de signe linguistique. Le morphème s'oppose au mot, qui est en général analysable en morphèmes, et au phonème (à la syllabe aussi) qui est dépourvue de sens et composant du morphème. Les morphèmes forment l'objet d'étude de la morphologie. Dans la conception d'A. Martinet, le morphème est un monème ayant un sens purement grammatical, dont la place est dans la grammaire et non pas dans le dictionnaire. Il existe des morphèmes segmentaux (les préfixes, les suffixes, les désinences, les articles, les auxiliaires, les adverbes de la structure comparative, les prépositions et les conjonctions), et des morphèmes suprasegmentaux (qui ne sont pas représentés par un segment phonique, mais qui accompagnent un segment et lui donne un certain sens): l'intonation imprime à la séquence qui lui est associée l'idée d'assertion ou d'interrogation ; l'accent d'intensité, fixe en français, marque la dernière voyelle sonore du mot français, qui est oxyton ; par contre, l'accent dit expressif peut frapper n'importe quelle syllabe : C’est extráordinaire ! L'accent, qui peut résoudre des cas d'homonymie en roumain(exemple: cântă,présent/cântă, passé simple) n’a pas une valeur distinctive en français. L ‘analyse segmentale insiste sur l’absence d’autonomie des morphèmes liés (les affixes :suffixes et préfixes) en privilégiant le caractère unitaire du mot construit(v.infra, 2.1). Le morphème lexical est le synonyme du lexème. Il aide à la formation de mots nouveaux, en qualité de morphème lexical de base(dans la terminologie de la grammaire générative et transformationnelle), tel rouge dans rougeâtre, enfant dans enfantin, enfanter, ou en qualité de morphème dépendant, dérivatif, comme les suffixes lexicaux: - âtre, -in, -ier. Les morphèmes grammaticaux réalisent les catégories de genre, de nombre, de personne, de mode de temps, de comparaison. Ils se présentent soit sous la forme d'une désinence (-s, -e) , soit d'un suffixe (-esse, dans tigresse, -eresse, dans vengeresse, etc.), d’une préposition, d’une conjonction ou de certains adverbes. Le suffixe zéro est un morphème sans corps phonique qui existe seulement par le contraste de forme et la différence sémantique entre deux termes lexicaux construits sur la même base: (coupe–coupure), et appartenant à la même classe morpho-sémantique (éclair–éclairage, (le) lever (du soleil) - la levée (de la séance) - (le) levage (du pain), dont seulement un possède un suffixe reconnaissable. L’allomorphe et le morphe porte-manteaux. Il y a des cas où le même concept est porté par des formes diverses, conditionnées par l’environnement syntaxique, sans qu'il s'agisse en fait de mots différents, synonymiques, mais des formes d'un même mot imposées par certains 25 emplois. Par ex, le verbe aller peut recevoir les formes lexématiques all-, v-, i-, qui s'appellent morphes. Les morphes sont plusieurs segments phoniques aux distributions complémentaires et porteurs du même sens. Les morphes du monème «première personne» du pluriel verbal sont ons, -ions-îmes, ceux du monème « article défini » sont le ou la. Ils existe aussi la situation où deux monèmes sont amalgamés, étant exprimés par une forme unique. Elle s'appelle morphe porte-manteau, comme le segment est, qui exprime en même temps le monème « verbe être » et le monème « présent de l’indicatif » ; -eau, (-eau indique la présence d’un nominal masculin au singulier ; étymologiquement, -eau est un suffixe à valeur de diminutif) ; le morphème –ais peut indiquer la première ou la deuxième personne de l’indicatif imparfait singulier). F. de Saussure (CLG, 1916) a affirmé que „le mot, malgré la difficulté qu'on a à le définir, est une unité qui s'impose à l'esprit, quelque chose de central dans le mécanisme de la langue". Le mot est une entité psychologique bien ancrée dans la conscience des locuteurs, malgré la critique des structuralistes qui ont manifesté la tendance à l'obnubiler, reconnaissant comme unités de la langue uniquement les morphèmes et les combinaisons de morphèmes. Mais il ne faut pas oublier que chaque langue possède des règles strictes de combinaison des morphèmes à l'intérieur du mot, règles qui sont tout aussi invariables qui les règles purement grammaticales. J. Dubois (Grammaire structurale du français, 1969) précisait ainsi l'opposition entre morphème et mot: „Le mot est une unité de discours, c'est un terme défini par ses réalisations. Il entre dans le modèle de performance et en conséquence il ne relève pas du seul modèle linguistique. Il est intéressé à la fois par une théorie du sujet et une théorie de la situation, qui entrent aussi dans la constitution du modèle de performance". Le vocable est l'actualisation de l'unité lexicale dans le discours. Dans la terminologie de la statistique lexicale, le terme désigne une unité lexicale-type. Ainsi, les notions de mot et vocable désignent-elles des unités de la parole, tandis que le lexème est une unité du lexique abstrait. L'opposition lexème/vs/vocable (mot) se formule à travers l'opposition entre virtuel (le lexique abstrait de la langue est un code), et actuel (l'emploi discursif du mot). La lexicologie peut être alors définie comme la discipline linguistique qui étudie les vocables et les lexèmes d’une langue. De ce fait, elle se trouve entre la langue comme système abstrait et la parole (l'actualisation discursive de la langue). Les effets de sens contextuels font qu'il y ait des différences notables entre le sens en langue (tel qu'il est enregistré par le dictionnaire) et la signification précise reçue dans le discours (cf. M.F. Mortureux, La lexicologie entre langue et discours, 1997). 26 La lexie. Pour certains linguistes (B. Pottier), la lexie représente un groupement stable de morphèmes constituant une unité fonctionnelle, mais de nombreux morphèmes ont le statut de mots et certains mots répondent à la définition de la lexie. D’autres spécialistes appellent lexies les groupements stables de mots qui doivent être pris et reconnus en bloc et dont le sens particulier ne s’obtient pas en combinant le sens des composants. Il s’agit d’expressions toutes faites, comme l’expression figée faire chou blanc , „échouer“, rompre des lances (se quereller), de locutions comme une femme de ménage ou de proverbes (“Pierre qui roule n’amasse pas mousse“), de formules stéréotypées de politesse ( Comment ça va ?). B. Pottier appellent toutes ces structures lexies complexes. Le Champ. Le champ est le plus complexe mode de structuration sémantique paradigmatique du lexique. Le concept a reçu une définition structurale de la part d’E. Coşeriu et il a été intensément exploité ces derniers temps par plusieurs linguistes (Asprejan, Mounin, BiduVrănceanu, etc.). Définition : le champ est une structure paradigmatique primaire du lexique, constituée par des unités lexicales (lexèmes) qui se partagent une zone de signification continue commune et qui se trouvent en opposition immédiate les unes aux autres (v. E. Coşeriu, Les structures lexématiques,1968). Ce concept s’applique uniquement aux unités lexicales de la langue, celles douées d’un sens référentiel. Tout le lexique d’une langue naturelle peut être envisagé comme un vaste champ ou bien on peut y déceler plusieurs champs. Dans la littérature de spécialité on parle de champs lexicaux, de champs sémantiques, de champs associatifs, de champs génériques et de champs de métaphores.(v. J. Picoche, 1986) . Une difficulté à délimiter le champ consiste dans le fait qu’un même terme peut figurer dans plusieurs champs génériques (notionnels) à la fois, par exemple disque :en sports (lancer du disque), en musique (disque compact), en informatique (disque dur), en mécanique (disque d’embrayage). L’étendue des champs est difficile à établir, un grand nombre sont inclus les uns dans les autres, ce qui s’explique par le phénomène d’hyperonymie / hyponymie (v. Baylon et Mignot, 2000 :117). À l'intérieur du lexique il existe des zones mieux structurées, ensembles organisés entre les éléments desquels il existe des relations durables et constantes d'interdépendance et de détermination logique qui assurent le bon fonctionnement et la cohésion interne de l'ensemble. La langue est une entité autonome de dépendances internes qui se soumet à des "lois" (tendances) spécifiques d'évolution. L'existence des structures formelles et conceptuelles au sein du lexique a été évidenciée grâce à l'observation des "réseaux associatifs" ou des "champs notionnels", comme: le système des noms de couleurs, des noms des animaux, des relations de 27 parenté, des noms de l'habitation, etc. Chaque langue a sa manière propre de structurer les champs notionnels. L'allemand Jost Trier, en 1931, a comparé le lexique en sa totalité à un filet ou à une mosaïque dont chaque pièce (en espèce, chaque concept) correspond à une certaine réalité, de sorte que toutes les pièces du lexique recouvrent tout le champ du réel sans laisser de vide ni se chevaucher, comme les pièces d'un puzzle. Tout changement dans les limites d'un concept entraînerait une modification des concepts voisins et par contre-coup des mots qui les expriment. Cette conception mécaniste n'est pas correcte, car le lexique est classificateur, structuré, les divers termes d'un champ sont hiérarchisés entre eux, ce qui n'existe pas dans le cas des mailles d'un filet. Mais il a le mérite d’avoir introduit, dans l’analyse du lexique, le principe pratique de la segmentation du vocabulaire selon des critères sémantiques. Il met en lumière le fait que chaque langue ou chaque étape historique de l’évolution d’une langue articule à sa manière un certain champ notionnel. Cette idée est reprise par l’hypothèse „Sapir-Whorf“, élaborée à la même époque , qui affirme que chaque langue ou chaque groupe génétique de langues offre une représentation du monde spécifique. Les linguistes ont proposé plusieurs types de champs. Celui qui intéresse la morphosyntaxe interne des mots est le champ morpho-sémantique En général, par champ morpho-sémantique on comprend le réseau d’associations formelles et sémantiques dans lequel s’insère chaque mot. Quand il a une forme simple, il peut constituer la base de dérivation pour plusieurs mots dérivés, qui forme sa „famille de mots” ou „nid lexical”(formes suffixées du féminin, diminutifs, etc) En grammaire générative, on parle de „paradigme dérivationnel”ou champ dérivationnel. Quand on envisage l’histoire d’un mot, il convient de tenir compte des modifications du système (du champ) dans son ensemble (v. Baylon, Christian et Mignot, Xavier, 2000: 221). Pour décrire la structuration du lexique on peut aussi adopter deux points de vue opposés , mais complémentaires: la perspective onomasiologique– on part d’un domaine de signification et l’on examine les mots qui lui correspondent– et la perspective sémasiologique–on part des formes lexicales pour aboutir aux significations et on met en lumière l’organisation de celles-ci (c’est le cas des familles de mots et des termes polysémiques). D’après ces critères, Bidu –Vrănceanu et Narcisa Forăscu (1977) distinguent les catégories suivantes: 1. champ sémantique ou sémio-lexical - mode d'organisation ou de structuration sémique des unités lexicales se partageant une zone de contenu sémique commune et se trouvant en opposition immédiate les unes avec les autres par une différence de sens minimale (un trait 28 sémique différenciateur, sur un axe sémique commun). Ainsi, le système sémique des noms de couleurs, celui des animaux domestiques, des degrés de parenté etc. forment–ils autant de champs lexico-sémantiques à l'intérieur desquels les unités constitutives contractent des relations réciproques basées sur le concept saussurien de valeur. La valeur d'un mot est d'être ce que les autres mots de sens voisin (appartenant au même champ notionnel), ne sont pas; ces autres mots délimitent ses emplois. Les mots nous permettent de conceptualiser et de catégoriser la réalité pour être capables de l'appréhender, et chaque langue opère des découpages conceptuels spécifiques sur le continuum indéterminé de l'univers référentiel. Une langue réalise des systèmes incomplets et dissymétriques coïncidant avec les besoins majeurs de ses locuteurs dans un type de culture donnée. La langue courante nous présente des séries adaptées à une connaissance pratique du même univers... (J. Picoche, 1992: 38). La lexicologie devient ainsi l'étude des unités de signification encyclopédiques (qui ont un référent dans le monde) et de leurs combinaisons en unités fonctionnelles (lexies, mots composés) étudiées dans leurs rapports avec la société dont elles sont l'expression. J. Picoche (op.cit.) donne de nombreux exemples de spécificité de structuration concernant les mêmes champs lexico-sémantiques en diverses langues. Par exemple, la valeur du terme anglais moutton, dont la signification est la même que celle du fr. mouton, est différente de celle du terme français, car dans le cadre du système anglais, ses emplois sont limités, à cause du terme sheep, qui désigne la bête vivante, aux contexte où le terme signifie „la viande de l’animal“, alors que les Français se servent d'un terme unique pour désigner à la fois la viande de l'animal et l'animal sur pied. Les langues font preuve d'une extraordinaire richesse de dénominations dans les domaines caractéristiques de la culture du pays respectif; par exemple, les dénominations des différents aspects de la neige en Eskimo, sans que la notion de « neige » soit nommée, ou des nombreuses espèces d'abres dans la langue d’un pays à climat chaud, à laquelle le terme générique ‘arbre’, en échange, manque. Chaque langue apporte avec elle une "vision du monde" particulière, concept qui trouve son application dans la théorie de la traduction. G. Mounin (Les problèmes théoriques de la traduction, 1963) présente une multitude d'autres faits de structuration lexicale différente de la même réalité1. Le terme générique qui ouvre une série lexicale entretient, là où il existe, des rapports hiérarchiques avec les autres termes, qui incluent son sémème. C'est pourquoi il s'appelle hyperonyme et les termes qui l'implique au niveaux lexical s’appellent hyponymes ; tilleul implique arbre, chaise implique siège. 29 2. champ dérivationnel - est un ensemble de termes lexicaux formés à partir du même lexème / radical, appelé aussi paradigme dérivationnel dans la grammaire générative ou „famille de mots“ dans la grammaire traditionnelle. 1. ________________________________________ Les Latins distinguaient les couleurs d’après l’aspect brillant ou terne ; „blanc“ se disait candidus, pour l’aspect brillant, et albus, pour l’aspect sans brillance ; „noir“ se disait niger pour l’aspect brillant et ater pour l’aspect terne. Cette distinction marquée par des oppositions lexicales semble s’expliquer par le climat méditerranéen ensoleillé. Les langues romanes ont renoncé à ces distinctions. Le français a gardé le terme candidus avec une nouvelle signification, d’origine métaphorique, „candide“, et pour le nom de couleur a choisi un terme francique, blanc.Le roumain a retenu le terme albus–alb. Le terme niger a donné le terme fr. noir et le roum. negru, tandis que le terme ater n’a pas été hérité. En synchronie, l’expression „ famille de mots “ ne réfère pas à une filiation mais à une relation réciproque. Quelques conditions sont nécessaires : le sens de l’élément commun doit être constant (la cohésion sémantique du groupement); les relations entre les termes sont derivationnelles: fragile>fragiliser>fragilité–(cf.A.Lehmann, Fr.Martin-Berthet, 2000) 3. champ sémasiologique - est un mode de structuration lexico-sémantique qui dégage plusieurs unités lexicales à partir d'un même signifiant. Il s’agit des phénomènes d’homonymie et de polysémie. Par exemple, le nom marron dégage plusieurs significations dans des contextes différents: marron 1 (n.m.) - fruit commestible du marronier; marron 2 (n.m.) - adj - nom de couleur (rouge brun); marron 3 (n.m.)- jeton servant à contrôler la présence d'une personne à son poste; marron 4 (pop) (n.m.) - coup de poing; marron 5, adj. - qui se livre à l'exercice illégal d'une profession ou à des pratique illicite; médecins marrons Siège : siège 1 (n.m.) - lieu où se trouve la résidence principale d'une autorité; siège 2 (n.m.) - opération militaire pour prendre une place forte; siège 3 (n.m.) - objet fabriqué, meuble pour s'asseoir. ou Grue : grue 1(n.f.)- oiseau migrateur échassier de grande taille ; grue 2 (n.f) Pop. Femme de mœurs légères. grue 3 (n.f.)–appareil de levage pour soulever Lexis,1992). 30 et déplacer de lourdes charges (apud Nous ne discutons pas ici le problème de l’interprétation de ces termes en polysèmes ou en homonymes ; la décision des lexicographes sur cet aspect détermine l’organisation de l’article de dictionnaire en une seule entrée, dans le cas des polysèmes, ou en plusieurs entrées, dans le cas des homonymes. Le mécanisme de la sémasiologie, basé sur la polysémie, envisage le langage sous l'angle du décodeur (l'auditeur) qui doit déterminer le sens d'un mot qu'il entend prononcer parmi toutes les significations possibles de ce terme. Par contre, le parcours onomasiologique, qui est celui des champs notionnels, part d’une certaine notion pour identifier les moyens linguistiques capables de l’exprimer. Nous présentons ci-dessous la classification des champs proposée par E. Coşeriu (1975) L’opposition immédiate se fonde sur un trait sémique différent et permet l’organisation du champ en paradigmes, par exemple les sèmes ‘espèce’, ‘âge’ et ‘sexe’ différencient les noms des animaux dans le champ des animaux domestiques. Les oppositions internes d’un champ correspondent aux oppositions existantes à l’intérieur d’une catégorie grammaticale (telles singulier / pluriel pour la catégorie du nombre ou masculin / féminin pour la catégorie du genre). Coşeriu distingue des champs sémantiques unidimensionnels, fondés sur un seul archilexème (par exemple ‘oiseau’, ‘poisson ‘) et des champs pluridimensionnels, qui comportent deux ou plusieurs archilexèmes (par exemple, le champ des noms d’animaux est fondé sur plusieurs archilexèmes, qui sont les noms des espèces : mouton, chèvre, cheval, etc). Ils présentent des distinctions successives dans un ordre hiérarchique. Ils sont bidimensionnels (fréquents dans les vocabulaires spécialisés, comme : facile / difficile, léger / lourd) ou multidimensionnels. Dans ces matrices, les champs sont : Corrélatifs : porter–mener, chaque terme étant à son tour sousdivisé en apporter–emporter, amener–emmener. Non corrélatifs : roum . scaun–jeţ–fotoliu, à organisation archilexèmatique et roum. bancă–divan–canapea qui n’a pas d’archilexème; ou bien le champ des noms de couleurs, les adjectifs achromatiques blanc–gris–noir ayant des pôles antinomiques, tandis que les adjectifs chromatiques n’en possèdent pas: rouge–vert–jaune. Les champs unidimensionnels sont de trois types : antonymiques, sériels et graduels. Les champs antonymiques comprennent les antonymes réalisés par des moyens systématiques, tels les préfixes. Les champs graduels organisent les termes selon une dimension scalaire (graduelle), par exemple l’axe de la température est exprimé par les termes froid–frais–tiède– chaud. Les champs sériels peuvent être ordinaux (les jours de la semaine) et non ordinaux (la nomenclature botanique et zoologique : les noms d’oiseaux, de poissons, d’arbres, de fleurs). 31 Le lexique est fini à un certain moment donné, mais il est illimité, car ouvert à la néologie lexicale. Parmi les causes externes de l’apparition de nouveaux mots (de forme et / ou de sens), sont les faits de culture et de civilisation (progrès technique, organisation sociale d’une communauté, etc.) Chaque référent nouveau impose un nom nouveau. Le néologisme apparaît soit par spécialisation ou extension de sens d’un mot déjà existant, soit par emprunt à une autre langue, soit par création lexicale par un procédé dérivationnelinterne.À chaque moment, des mots vieillis, comme des termes régionaux, des noms d’outils ou de métiers disparus sortent de l’usage, tandis que des termes nouveaux apparaissent pour nommer une nouvelle réalité (un nouveau référent). Le lexique est la totalité des lexèmes d'une langue. Il ne se confond pas avec un superdictionnaire; c'est un composant général et abstrait de la langue, qui contient les lexèmes actuels et virtuels, les affixes de dérivation, de même que les règles de leur combinaison. 2.1. Critères d’identification et de délimitation du signe lexical La notion de mot existe dans toutes les langues indo-européennes et les critères qui permettent d'identifier et de délimiter les unités lexicales dans la chaîne parlée ou sonore sont les suivants : I. Le critère phonique Plusieurs éléments permettent une identification plus on moins sûre des limites du mot dans la chaîne sonore. Les contraintes phonologiques sont différentes d'une langue à l’autre. Il existe des phonèmes ou des groupes de sons dont l'apparition est impossible à telle ou telle place du mot, ce qui donne des indications précieuses sur les limites du mot. La présence de [œ] est impossible à la finale absolue. Les groupes de phonèmes - tl -, - dl -, sont rares à l'intérieur du mot (atteler, dodeliner) et impossibles à l'initiale. Leur présence indique avec un forte probabilité la jointure de deux mots: va t(e) laver, prends de l'eau. Ces cas sont plutôt rares. Le français connaît la liaison et l'élision, phénomènes qui contribuent à l'effacement des frontières entre les mots . La liaison est un mode de prononciation qui consiste à unir la dernière consonne d’un mot habituellement muette à la voyelle initiale du mot suivant, comme dans les enfants[lezãfã], ils ont fait [ilzõfε]. Le son [z] marque la liaison, donc la jointure entre deux unités lexicales. L’élision consiste dans la suppression de la voyelle finale d’un mot dans la prononciation ou l’écriture ou dans les deux à la fois, devant la voyelle initiale ou le h muet du mot suivant : il m’aperçoit, l’élève, je 32 l’ai vue. L'hiatus (la rencontre de deux voyelles) marque le refus de liaison entre deux mots, comme dans le onze, le un, le uhlan, surtout dans le cas d'un h dit aspiré: le harnais, le haricot, le héros. De nos jours, on remarque une tendance à l'élimination de nombreuses liaisons facultatives et même obligatoires, en faveur d'un grand nombre d'hiatus à caractère démarcatif. Mais la langue des générations adultes permet encore toutes sortes de liaisons et d'élisions qui effacent la frontière des mots composant un syntagme, d'où la possibilité de nombreux calembours et des fausses coupes, comme le démontrent les premières dictées des enfants et des apprenants du français. Une séquence sonore comme : [tốm différentes : 1. Ton manteau est ouvert. 2. Ton manteau est tout vert. Des exercices de substitutions terme à terme et des jeux de double interprétation des énoncés ambigus sont recommandés pour pallier aux découpages fautifs des débutants : 1. Ton manteau est tout boutonné. 2. Ton manteau est tout noir (neuf). L'accent d'intensité (tonique) est un morphème suprasegmental qui frappe la dernière syllabe prononcée (la dernière voyelle sonore accentuée, à l'exception du e caduc), mais sa valeur démarcative est annulée au cadre du groupe rythmique (groupe de mots étroitement liés du point de vue syntaxique, ou syntagme); c'est seulement le dernier mot du groupe qui porte l'accent, de sorte que l'unité d'accentuation du français est beaucoup moins le mot que le syntagme. Il peut exister aussi un autre type d'accent, expressif, qui marque une intention subjective émotionelle, et qui peut frapper n'importe quelle voyelle. On peut affirmer donc que le rôle démarcatif de l'accent est l'un des plus faibles en français, à la différence d'autres langues, comme le hongrois, le tchèque, où il frappe toujours la syllable initiale. D'autres critères s'avèrent plus sûrs dans la possibilité de délimitation des mots dans la chaîne sonore. II. Le critère syntactico - sémantique A. Les unités morphologiquement complexes et graphiquement simples Un mot n'est pas toujours simple. Des termes comme maisonnette, beauté, dizaine (dixième), repasser ont le même droit à l'inventaire dressé par un dictionnaire que maison, beau, dix, passer. Ces mots dérivés, issus d'un processus dérivationnel, sont formés d'au moins deux composants: 33 1. une partie qui sert de support de la signification (du sens référentiel), appelé sémantème ou lexème, dont la présence indique qu'il s'agit d'un mot à sens plein. 2. un ou plusieurs morphèmes (affixes). Les affixes comprennent d'une part les flexions (classes fermées et homogènes, se présentant dans les langues indoeuropéennes sous la forme de désinences verbales ou de marques nominales du genre et du nombre), et d'autre part les préfixes et des suffixes, qui aident à la formation de nouveaux mots. Les préfixes et les suffixes ne peuvent pas actualiser le mot dans le discours, mais ils déterminent le choix des actualisateurs discursifs qui permettent au mot de recevoir une certaine fonction syntaxique. Par exemple, le suffixe de verbalisation - er attaché à concert donne à celui-ci la possibilité de fonctionner en tant que verbe–concerter et de recevoir les désinences verbales de temps, de mode et de personne ou la marque nominale du pluriel (nous nous concerterons). Le suffixe-tion accorde à un verbe comme inspecter le statut de substantif du genre feminin, inspection, qui peut recevoir la marque du pluriel et l’article. Le lexème n'a d'existence réelle qu'à l'intérieur d'une famille de dérivés (famille de mots) qui ont en commun une certaine valeur sémantique (enfant, enfantin, enfantillage, enfanter) ou à l'intériéur de la déclinaison ou de la conjugaison d'un verbe (chante, chantons, chantais). Il se peut que le lexème ait perdu sa motivation sémantique, il n'a plus de sens pour le locuteur par luimême, mais seulement dans un dérivé (mot morphologiquement complexe et sémantiquement simple) ; par exemple animer (formé du lat. anima „souffle“ , qui a perdu son sens pour le locuteur français actuel) est lié à animateur, animation ; animal est lié à l'adjectif animalier et au verbe animaliser. Entre animer et animal le locuteur de nos jours ne perçoit plus aucune liaison sémantique, ce qui le détermine à interpréter ces mots comme des termes simples et qui n’appartiennent pas à la même famille. Dans un terme forgé comme l'adverbe anticonstitutionnellement, on distingue: un lexème primaire constitu(tion), "ensemble des lois fondamentales d'un Etat"; 3 morphèmes : anti-, qui exprime l'idée de négation ou d'opposition; -el, "conforme à " et-ment-"de façon". Le terme tout entier est paraphrasable par le syntagme „de façon non conforme aux lois fondamentales de l'Etat“, possibilité qui met en évidence la liaison étroite qui existe entre la syntaxe et la formation des mots. La répartition des mots en mots simples (couteau, dix, beau), mots construits ou complexes (dizaine, beauté, pomme de terre) et mots fléchis (donnerons) met ou évidence la 34 fait qui la lexicologie est l'étude des mots simples et des mots construits et non pas des formes morphologiques. Mais un mot flexionnel, comme le verbe français, constitue-t-il un seul mot ou autant de mots qu'il comporte de formes diverses? À cette question, J. Picoche (1992 : 15) répond: „Nous croyons sans inconvénient de considérer le verbe, global et abstrait, comme un mot et de parler, quand on veut mettre en valeur sa diversité morphologique, de formes de ce mot". Les formes donne, donnerons représentent le même verbe donner. La tradition impose d'employer le concept de radical ou base à la place de lexème, quand on se place dans une perspective morphologique dans l'analyse des mots fléchis. Le terme racine est reservé à la perspective diachronique, aux reconstitutions de formes présupposées avoir eu une existence historique, pour expliquer les rapports formels qui existent entre de nombreux mots indo-européens. Par exemple, les noms de parenté ont une origine latine commune en français comme en roumain: lat.filius> fr. fils, roum. fiu ; lat. mater>fr. mère, roum. mamă. B. Les unités graphiquement complexes à signifié unique Il y a des cas où les lexèmes s'associent dans une unité de fonctionnement stable, enregistrée par la langue: pomme de terre, assistante sociale, fer à repasser. On les appelle traditionnellement mots composés, quand ils ont le statut grammatical de substantif ou d'adjectif, et locution, lorsqu'il s'agit d'une association stable de deux ou plusieurs adverbes, prépositions ou conjonctions ; plusieurs éléments nominaux groupés autour d'un verbe – pivot forment une expression ou locution verbale, dont le sens n’est pas prédictible à partir du sens des composants: faire noir, baisser pavillon, avoir peur . Le mot composé est une association stable en langue, destinée à exprimer un concept unique, quoique complexe. Il est interprété comme le signifiant d'un seul concept et non comme l'association d'un déterminé et d'un déterminant, interprétation propre au syntagme libre, de discours (du type le cahier marron, un ciel de glace) et dont la construction formelle peut être absolument identique. Dès 1960, A.J. Greimas remarque que la „praxis historique de la langue déborde largement les cadres majeurs syntaxiques du mot en créant des unités lexicales de type différent" (in Cahiers de lexicologie, 1960, p.50). Il les appelle du nom lexie, déjà employé par B. Pottier dans une acception différente(v. supra, 2.0). 35 Les plus importants tests qui permettent d'indentifier les lexies sont la commutation (la substitution) en bloc avec une unité simple, la fréquence (les nombreux emplois discursifs de ce groupement de mots) et l'inséparabilité des composants. Le critère de la commutation ou de la substitution permet à une unité complexe lexicalisée d'être sentie comme un mot unique et d'entrer dans un réseau d'oppositions avec des unités simple, d'où elle tire sa valeur: Prenez la porte! peut être remplacé par le synonyme Sortez/ et s'oppose à Restez! ; la pomme de terre s’oppose à poireau, radis ou à tout autre nom de légume. La commutation terme à terme n'est pas possible dans le cas des syntagmes lexicalisés. Là où on peut l’appliquer tout de même, c'est que le degré de cohésion entre les termes n'est pas trop grand, comme dans: chemise de nuit, (mais aussi chemise de jour, robe de nuit). En échange, ici joue le critère de l'inséparabilité: on ne peut pas dire: *chemise blanche de nuit mais chemise de nuit blanche. Par son statut lexical, pomme de terre (mot composé), est différent de pomme de terre glaise, où on distingue trois mots– pomme, de, terre glaise–, qui se trouvent dans-une association libre et pour lesquels la commutation terme à terme reste possible: L'enfant a modelé une pomme de terre glaise/une poire en plâtre. Au critère de l'inséparabilité et de la commutation globale s'ajoutent des critères secondaires, comme : l'impossibilité de coordoner ou de reprendre un seul des éléments du composé–le composé ne peut avoir une forme elliptique : *un chemin de fer et de terre, *je préfère le chemin de fer à la route, le chemin étant moins fatigant sont des énoncés fautifs, agrammaticaux . Le fait qu'un groupe de mots soit ou non lexicalisé n'est pas toujours incontestable, l'unité lexicale complexe n'a rien de son aspect formel qui la distingue d'un syntagme libre, les critères ne sont pas toujours convergents et peuvent laisser place à diverses interprétations, affirme J. Picoche( 1977, p.16). Elle exemplifie avec la locution faire peur, commutable en bloc avec effrayer , mais dont les composants sont séparables: faire une peur bleue, cela me fait très peur, faire une peur affreuse et pour lesquels la coordination reste possible: faire peur et plaisir à la fois. Ainsi va-t-on décider du statut adéquat de l'unité complexe en fonction du contexte syntaxique et sémantique. Le plus souvent, dans les unités complexes parfaitement lexicalisées, les termes composants ont perdu leur valeur sémantique indépendante au profit d'un sens nouveau, unitaire: eau de Cologne n'est pas de l'eau et n'a plus de rapport avec la ville de Cologne. Le meilleur critère d'identification de l'unité complexe reste donc de nature sémantique et dépend beaucoup de l'expérience et des connaissances professionnelles du locuteur. Pour le spécialiste, les groupes aiguille aimantée, bacille de Koch sont indécomposables, dénotant une classe d'instruments ou de bacilles, tandis que pour le locuteur habituel et même pour le 36 lexicologue, ces associations peuvent apparaître comme des syntagmes libres, de discours. Il y a une différence formelle entre les mots composés proprement dits, comme gratte-ciel, coupe-papier, chien-loup, écrits avec trait d'union dans les dictionnaires, et des associations plus nouvelles comme assistante sociale, chemise de nuit, fer à repasser, etc. E. Benveniste (Forme nouvelle de la composition nominale, in PLG, II,1966) appelle ces dernières synapsies et les considère spécifiques pour les vocabulaires techniques. Nous allons y revenir à l'occasion de la composition comme procédé d'enrichissement néologique, non sans rappeler les caractéristiques de ce type d'unités syntagmatiques, selon Benveniste: la nature syntaxique (et non morphologique) de la liaison entre les deux composants ; l'emploi des joncteurs à et de pour manifester cette liaison; l'ordre déterminé + déterminant des membres et la possibilité du choix libre de tout substantif et adjectif comme constituant de ces unités ; les possibilités de nouvelles déterminations supplémentaires des deux termes mis en relation, comme : oiseau métallique (un des noms primitifs de l’avion)→ oiseau métallique à ailes battantes ; moteur à réaction→ moteur à réaction en quatre temps, etc. III. Le critère graphique Pour un typographe, un mot est une suite de signes typographiques délimitée par deux blancs typographiques. Dans la graphie des mots français, c'est l'élément de convention qui prédomine : gendarme constitue un seul mot, quoiqu'il fût à l'origine un composé ; arc-en-ciel, mot composé, a une forme semi-conjointe, tandis que le composé pomme de terre a une forme disjointe. Les préfixés connaissent une graphie aussi variable que les composés. Il semble que le degré de soudure graphique est en liaison directe avec l'usage du terme et son ancienneté en langue. Les synapsies, qui sont des formations nouvelles, s'écrivent sans trait d'union: rat de bibliothèque, eau de Cologne, moteur à réaction. 2.2. Arbitraire et motivation du signe lexical Entre le signifiant d'un terme (la suite de phonèmes) et le concept qu'il évoque (le Sé), il n'existe aucune relation naturelle et motivée, quoique leur présence soit indispensable et nécessaire pour que le signe existe, telles les deux faces d'une feuille de papier, le recto et le verso (cf. F. de Saussure, CLG). Le signifié (Sé) et le signifiant (Sa) sont les éléments constitutifs inséparables du signe linguistique. Saussure a mis en évidence le fait que n’importe quel signifiant pourrait correspondre à n’importe quel signifié. Donc, il faut comprendre que le qualificatif d’"arbitraire" ne s'applique guère à la liaison, nécessaire et constitutive, qui unit le Sé au Sa, mais au fait que telle forme sonore spécifiée du Sa n'a aucun rapport naturel (extralinguistique) avec le concept qu'elle exprime. 37 Chaque langue dispose de son propre signifiant pour désigner le même référent, exemple : fr. PAIN, angl. BREAD, all. BROT, russe XЛEБ. Cette thèse fondamentale de l'arbitraire du signe doit être nuancée par l'observation du phénomène appelé motivation, qui revêt plusieurs aspects. 1. Du point de vue diachronique, tout signe apparaît comme motivé par rapport à un mot d’origine, dont il provient. Il s'agit de l'étymologie, qui permet d'établir l'histoire des signifiants et des signifiés, considérés isolément ou en système. L'histoire des signifiants, mieux connue que celle des signifiés grâce au travail érudit mené par les linguistes depuis deux siècles, permet de retrouver l'ancêtre de presque tout mot français actuel. Celui-ci est motivé du point de vue génétique par rapport à son étymon. Le terme fr. père s'explique par le terme latin pater, maison par le latin mansio, mansionem, de manere, « rester » (qui a remplacé en bas latin casa, devenue la préposition chez). Bien souvent, le mot a subi en dehors d’une modification phonétique, une alteration de son contenu sémantique: viande - lat. pop. "vivenda, de vivere, „ vivre", signifiait, avant le XVI-ème siècle, „aliment dont se nourrit l'homme“ ; le sens moderne est celui de „ chair des mammifères et des oiseaux que l'homme emploie pour sa nourriture “, plus particulièrement, „chair des animaux de boucherie“; avec une nuance péjorative, il peut signifier „chair de l'homme, corps“. 2. La motivation phonétique s’applique aux seules formations dont le signifiant a une relation extralinguistique avec le signifié–les onomatopées, les interjections et les cas d’expressivité phonétique, qui se trouvent aussi bien dans le langage des enfants (ludique) que dans les tours poétiques des grands poètes. Les interjections et les onomatopées sont les signes linguistiques les moins abstraits, étant des représentations directes de la réalité et, semble-t-il, les plus anciens en langue .Exemples : chuchoter, clapotis, bouf ! (chute d’un corps) aïe !(douleur physique), frou-frou (bruit d’un tissu), etc. Ch. Bally parle d'une «motivation par le signifiant » et F. de Saussure de «motivation absolue ». Il s’agit des interjections et des onomatopées, du symbolisme phonétique, de l'intonation, de l'accentuation expressive. C'est la question de l'expresivité des sons du langage. C'est un fait reconnu que des onomatopées sont propres à chaque langue et incompréhensibles pour les étrangers, tant elles sont intégrées au système phonologique spécifique à chaque langue. Le coq français chante cocorico, celui anglais cook-a-doodle-doo, celui allemand kikiriki. Chez les poètes, le symbolisme phonétique résulte de certains sons, dont l'emploi répété suggère certains sentiments et sensations. Voilà un exemple de symbolisme phonétique chez 38 Racine : Songe, songe, Céphise /À cette nuit cruelle / Qui fut pour tout un peuple / Une nuit éternelle.(Andromaque). 3. La motivation dérivationnelle. Elle représente le type de motivation relative le plus important et le plus courant. Un mot construit est lié, par la forme et par le sens, au mot dont il est issu, de même qu’aux autres mots formés à partir du même terme. La motivation peut être réalisée par la dérivation et par les figures sémantiques à la fois. Un verbe comme enraciner est motivé par dérivation (racine, déraciner) et par figure sémantique en même temps (au figuré). En classe de langue, l’apprentissage du lexique doit s’appuyer sur ce type de motivation. La motivation dérivationnelle a un caractère pratique et fonctionnel, elle est la prise de conscience des montages, des modèles, que possède le locuteur pour varier et assouplir son expression. Elle est explicite: chaque segment du signifiant apporte de nouvelles déterminations catégorielles aux traits sémiques du signifié: - eur, -ateur, attaché à une base, lui donne le sens de «instrument de l'action». Elle doit avoir la priorité dans l'enseignement, à la différence des recherches étymologiques qui ont un caractère culturel, érudit, dont on peut se passer dans l'apprentisage d'une langue étrangère. On considère comme motivé tout mot qui se rapporte à d'autres termes dans la langue. Ainsi, les mots écrire, écriture, écrivain sont motivés par rapport les uns aux autres et par rapport au lexème écriv-. 4. La motivation sémantique. Les sens originels de beaucoup de mots se sont restreints ou se sont élargis par des procédés sémantiques connus. Un mot employé au sens figuré est motivé par rapport à un autre mot, par exemple colombe est motivé par rapport à femme aimée, nommé terme propre. Les mots qui peuvent acquérir contextuellement des sens figurés sont appelés métasémèmes et appartiennent aux catégories grammaticales suivantes: substantif, verbe, adjectif, adverbe. On emploie métaphoriquement, dans le langage quotidien, pour réaliser des effets expressifs, des noms de métaux (or, argent—une voix d’or), de fleurs (les roses de ses joues, sa blancheur de lys), d'oiseaux (un regard d’aigle, gai comme un pinçon) d'animaux (c’est un ours mal léché, un vrai renard), des verbes comme fleurir, glacer, des adjectifs comme doux (regard doux), aigre (voix aigre), etc. Ces déterminations associatives expressives se réalisent dans le langage quotidien ou dans les textes poétiques. Dans les vocabulaires de spécialité, elles possèdent une fonction purement dénominative, pour désigner certains objets (nom d'outils: queue-derenard, pied-de-biche, noms de plantes: gueule-de-lion, belle-de-nuit, noms d'animaux: 39 cheval marin, demoiselle) là où les termes propres manquent. Elles s’appellent catachrèses. La motivation permet de faire l'économie de définitions. Le contexte, joint à l'étymologie, suffit pour l'intelligibilité du terme dérivé. Les seuls signes qui sont purement arbitraires sur le plan synchronique sont les mots les plus fréquents de forme simple (les mots-outils grammaticaux, comme les pronoms, les prépositions, les conjonctions) qui n’ont pas de fonction référentielle, et les emprunts à d’autres langues, qui sont isolés en français. Ainsi, l'introduction de mots étrangers trop nombreux risquet-elle d'augmenter considérablement le nombre des vocables plus ou moins isolés, considère A. Sauvageot (Français écrit, français parlé, 1962.), car ils ne se rapportent à aucun autre mot français et ils sont immotivés pour le locuteur français. BIBLIOGRAFIA CAPITOLULUI 1. Coseriu, E., 1975, Vers une typologie des champs lexicaux, in « Cahiers de lexicologie », XXVII, II, p. 30-51 2. A. Rey, 1970, La lexicologie, Klincksieck, Paris 3. R. Eluerd, 2000, La lexicologie, PUF, Paris 4..Lehmann, Alise, Martin-Berthet, Françoise, Introduction à la lexicologie, Nathan / HER, 2000 5.A. Martinet, 1960, Eléments de linguistique générale, Armand Colin, Paris : trad. roum. Elemente de lingvistica generala, 1977 6.G. Matoré, 1953, La méthode en lexicologie, Librairie Marcel Didier, Paris 7.M.F. Mortureux, 1997, La lexicologie entre langue et discours, SEDES, Paris 8.A. Sauvageot, 1964, Portrait du vocabulaire français, Larousse, Paris 9.F. de Saussure, 1916, Cours de linguistique générale, Payot, Paris 10.7. H. Mitterand, Les mots français, 1963, PUF, Paris INTREBARI : 1. Avec quels concepts opérationnels opère le lexicologue ? Définissez-les ! 2. Analysez en morphèmes les termes : superconductibilité, réactionnaire, cohabitation, infiniment, événimentiel, circumpolaire, animaliser. 40 3. Appliquez aux syntagmes : eau lourde, moteur à réaction, chaise longue, fer à repasser, chemise de nuit, billet doux des tests syntaxiques pour prouver leur figement comme termes complexes à signifié unique. 4. Quels sont les critères d’identification et de délimitation de l’unité lexicale ? Parlez–en ! 5. En quoi consiste l’arbitraire et la motivation relative du signe lexical ? 6. Donnez des exemples de champs lexico-sémantiques. Indiquez le terme le plus général (l’archilexème) là où il existe. 7. Donnez des exemples de champs dérivationnels. 8. Décrivez le champ sémasiologique des termes polysémiques pièce et aile. 9. Quelle est la différence entre lexème / mot / vocable ? 3. LA CREATION LEXICALE a. Procédés internes d’enrichissement lexical. La dérivation— présentation générale. b. La dérivation paradigmatique avec les suffixes. La nominalisation du verbe. La dérivation à base nominale. La dérivation à base adjectivale. c. La dérivation syntagmatique—suffixale, avec préfixes, par composition. La composition française et allogène. d. Les procédés abréviatifs. Typologie et exemples. CURSUL 3.0. Moyens internes d’enrichissement lexical. Présentation générale La langue est un fait social, elle reflète la structure de la société, les mentalités et les connaissances sur le monde qu’une communauté linguistique possède à un moment donné de son évolution. Tous les sous-ensembles du système linguistique changent en permanence (phonologie, syntaxe, lexique), mais à des rythmes différents. Si les premiers sont plus lents à admettre des transformations (la syntaxe du français s’est stabilisée à l’époque classique), le vocabulaire reste la partie la plus mobile. De nouveaux référents (nouveaux objets, actions ou phénomènes), de nou–velles réalités sociales, de même que le désir d’exprimer ses propres impressions exigent des dénominations nouvelles. Les changements sont perceptibles uniquement dans une perspective diachronique. La néologie lexicale est la possibilité de création de nouvelles unités lexicales, en vertu des règles de production incluses dans le système lexical de la langue (v. L. Guilbert, 1975 : 31). En dehors de cette „ grammaire lexicale “, la néologie lexicale se doit d’identifier et de dater les mots nouveaux apparus dans une période précise de la vie d’une communauté linguistique. Les recherches ont montré que le jugement de néologie est plus sûr dans le cas des néologismes formés par des procédés morpho-syntaxiques (dérivatifs) que dans le cas des termes néologiques dits sémantiques ou d’énonciation. 41 Pour expliquer l’apparition des termes nouveaux, on met en jeu les concepts corrélatifs de langue / parole (Saussure), de compétence / performance (Chomsky), usage / norme. Le terme nouveau de forme et / ou de sens apparaît pour la première fois dans l’énoncé d’un locuteur, d’où il est repris, s’il répond aux conditions d’acceptabilité (utilité, expressivité, grammaticalité, euphonie, etc), dans l’usage général de la langue. Nous nous occupons ici de la créativité au niveau des signes linguistiques ou néologie lexicale.1 Les termes lexicaux nouveaux sont créés suivant certains procédés, qui imposent la typologie suivante : 1. La néologie phonologique. En principe, toute combinaison inédite de syllabes ou phonèmes conformes à la structure phonématique d’une langue peut générer un mot nouveau, si elle est associée à une valeur signifiante inédite. Mais la création ex nihilo, qui illustre le concept de l’arbitraire du signe, est plutôt rare. Les locuteurs préfèrent faire appel aux morphèmes de la langue-mère (le latin) pour créér un mot nouveau. Les onomatopées (imitation des bruits de la nature et des cris des animaux) et les interjections (expression des sentiments et des sensations) donnent le mieux l’impression qu’elles imitent la nature des choses exprimées. F. de Saussure a critiqué cette théorie cratyliste, démontrant que chaque langue possède des onomatopées propres pour décrire les mêmes bruits de la nature, selon ses propres habitudes articulatoires. L’onomatopée et l’interjection s’analysent, comme tout signe linguistique, par la relation entre un signifiant sonore et un signifié, en référence à une chose, par leur insertion syntaxique dans l’énoncé (ce sont souvent des mots-phrases). Les bulles des bandes dessinées font preuve d’une riche invention d’onomatopées correspondant à une nouvelle situation (bip-bip,bruit du premier spoutnik, boum, bruit d’une forte explosion), etc. De telles formations lexicales peuvent constituer des bases de dérivation pour des mots dérivés , surtout des verbes : faire zappzapp> zapper (passer rapidement d’un programme de télévision à un autre, à l’aide de la télécommande); faire frou-frou>froufrouter ( en parlant du bruit produit par un tissu); faire zig-zag>zigzaguer,etc.). Les diverses manipulations du signifiant (jeux phonologiques, paronymies, allitérations) mettent en jeu l’expressivité des sons pour produire des effets de sens inattendus. 2. La néologie sémantique. Il y a néologie de sens lorsqu’une signification nouvelle, inédite est associée à un signifiant déjà existant en langue. A la différence des autres formes de néologie, la substance signifiante utilisée (le Sa) ne subit aucune modification morphophonologique. D’après la perspective envisagée –synchronique ou diachronique–, les significations nouvelles apparaissent soit comme des effets de sens inédits dans le discours d’un locuteur particulier (expressivité, métaphores poétiques chez les grands poètes), soit comme des sens seconds, dérivés par rapport à un sens dénotatif, premier, entrés en usage et enregistrés par les dictionnaires de langue. La plupart des termes usuels ont acquis plusieurs acceptions, devenant ainsi des termes polysémiques. Les termes monosémiques (ayant un sens unique) n’existent pratiquement pas dans l’usage commun de la langue;en échange, ils sont spécifiques pour les vocabulaires liés à un domaine d’activité. L’analyse structurale a permis la description en synchronie du mécanisme de la mutation sémantique, qui se fait en termes d’adjonction / suppression de sèmes pour générer un autre sémème (sens nouveau).Les « figures de style » ou tropes, étudiées par l’ancienne rhétorique, sont le cas le plus fréquent de renouveau sémantique. La métaphore est l’application d’un nom 1.Guilbert, L., consacre son livre La créativité lexicale,1975, à la description de tous les aspects liés au phénomène de la néologie (facteurs de la mutabilité linguistique, acceptabilité des néologismes, typologie des néologismes,etc) ; la deuxième partie de l’ouvrage est consacrée aux problèmes de la dérivation. 42 spécifique d’une chose à une autre chose qui a son nom en propre, en vertu d’une ressemblance quelconque entre les deux référents. Une partie des métaphores, qui sont fondées sur une ressemblance objective, reconnue comme telle par la communauté parlante, sont des métaphores dénominatives, servant à nommer des réalités qui n’ont pas d’autre nom propre en langue: bras d‘un fleuve, pied de la table, feuille de papier,etc. Elles s’appellent catachrèses, étant d’un usage généralisé et dépourvues d’expressivité (leur « figure » ou « image » n’est plus perçue comme telle par les locuteurs). D’autres métaphores sont expressives, senties encore comme des inventions sémantiques, créées par les poètes ou par certains locuteurs dans des situations de communication données. La métonymie est un transfert de nom en vertu d’une relation de contiguïté entre deux choses (référents), qui se trouvent dans un même espace référentiel. Elle peut exprimer des rapports du type : la cause pour l’effet (un Grigorescu pour un tableau de Grigorescu ; un Cicéron, pour un livre de Cicéron, un Rodin pour une sculpture de Rodin ); le nom du contenant pour le nom du contenu (le bureau, pour les employés qui s’y trouvent ;il a mangé toute la boîte pour il a mangé tous les bonbons de la boîte) ; le nom de lieu pour le produit ou l’institution (le champagne, pour le vin de Champagne, le cantal, pour le fromage de Cantal, Wall Street pour la bourse de New York) ; l’attribut vestimentaire pour la désignation de la personne (les casques bleus pour les soldats de l’ONU, les cols blancs pour les employés de bureau)etc.On appelle antonomase la figure de style par laquelle on emploie un nom propre pour un nom commun ou inversement,dans le cadre des mêmes rapports (poubelle, savarin, pantalon sont à l’origine des noms propres). La synecdoque est un trope fondé sur une relation de connexion. Elle exprime d’habitude le rapport entre le tout et la partie (une synecdoque est de nommer un navire une voile), la matière pour l’objet (cuivres, pour les instruments de musique ou de cuisine en cuivre, le fer pour une épée); le nom de l’espèce pour le genre (l’animal pour le chien, les mortels pour les hommes). On considère qu’il y a changement de sens lorsque l’effet de sens occasionnel (contextuel, généré par un emploi nouveau) est généralisé et mentionné par le dictionnaire. En diachronie, des sens seconds, dérivés, des termes polysémiques peuvent remplacer totalement le sens de base, dont l’usage n’est plus courant. C’est le cas du terme tête, qui vient du bas latin testa, „pot de terre “. Il a acquis le sens second, métaphorique et plaisant de „tête“ par ressemblance de forme- objet arrondi. La même notion était exprimée en latin classique par le terme propre caput. En latin vulgaire, ce nouveau sens de testa s’est généralisé, le terme, métaphorique à l’origine, devenant le nom propre de cette partie du corps humain en français. Le terme chef , issu de caput, est réservé aujourd’hui à des emplois particuliers , surtout dans des composés: chef de file, chef d’orchestre ,couvre-chef, chef-lieu. Le processus métaphorique concernant le terme tête continue de nos jours, à l’aide de nouveaux termes désignant soit des récipients arrondis de petites dimensions (carafe, fiole, cafétière, etc.), soit des légumes et des fruits dont la forme ressemble à celle de la tête : ciboule, poire,patate. Autres moyens internes qui permettent la création des néologismes lexicaux sont : 3.La fausse étymologie ou étymologie populaire, qui crée des mots par une confusion formelle et sémantique entre des mots plus connus et des mots moins connus, le plus souvent des termes étrangers ( :choucroûte résulte de la confusion avec le terme allemand Sauer Kraut, „ herbe aigre “, contredanse vient de la confusion avec le terme anglais country dance, „danse campagnarde “) ; jour ouvrable, qui est lié étymologiquement au verbe œuvrer, „travailler“, est associé spontanément au verbe ouvrir, d’où le sens fautif „jour où les magasins sont ouverts“. 4.L’ellipse et la troncation, qui affectent uniquement la forme des mots, sans que le sens change. L’ellipse consiste dans la réduction du corps phonique d’un syntagme (le syntagme étant réduit à un seul terme ) :la capitale, pour la ville capitale, des frites pour des pommes de terre frites. Ce phénomène est accompagné de la conversion du déterminant adjectival, qui devient 43 substantif. La troncation affecte un seul mot soit par la disparition de la partie finale (apocope) : pub, pour publicité, mocs pour mocassins, frigo pour frigorifère, soit par la chute de la syllabe initiale (aphérèse) :pitaine, pour capitaine, terme d’argot. 5.La conversion ou la dérivation impropre consiste dans le changement de classe morpho-syntaxique d’un terme, sans aucune modification formelle, accompagné d’un renouveau sémantique. Elle est associée fréquemment à l’ellipse et à la troncation: (train ) métropolitain→ métro(politain), substantif masculin; ( pommes de terre) frites→ des frites, substantif pluriel, (voiture omnibus, « pour tous »), → (omni)bus. 6.La dérivation , qui reste le plus important et le plus productif moyen interne d’enrichissement lexical. Nous présentons ce procédé dans les pages à suivre. Un néologisme est une unité lexicale, créée par les ressources internes de la langue ou d’origine étrangère, dont l’usage est ressenti comme nouveau, inédit par les locuteurs français. Des marques diverses soulignent ce caractère de nouveauté (guillemets, caractères italiques, paraphrases explicatives). L. Guilbert (op. cit.) propose une typologie des néologismes lexicaux comme suit : la néologie phonologique, la néologie sémantique, la néologie par emprunt et la néologie syntagmatique (réalisée par l’agglutination de plusieurs morphèmes et lexèmes du système lexical de la langue et réclamant des aspects paradigmatiques ou syntagmatiques ), que nous avons appelé tout simplement dérivation. Un mot vieilli ou historisme n’est plus employé par les nouvelles générations, mais il continue d’être utilisé par les vieilles personnes. Un mot sorti de l’usage peut connaître une résurgence d’emploi dans un vocabulaire particulier ou dans le discours d’un groupe d’individus. Tel est le cas du vieux mot français nuisance, disparu de l’usage actuel de la langue, mais introduit récemment dans le vocabulaire de l’environnement, par l’intermédiaire de l’anglais. 3.1. La dérivation, source d'enrichissement, d'assouplissement et de régularisation de la langue « La dérivation fait partie de la grammaire de la langue, de sa description syntaxique » (J. Dubois, Grammaire structurale du français, 1969) La dérivation est un procédé interne de création lexicale qui produit un mot nouveau à partir d’un mot déjà existant, auquel il est apparenté quant à la forme et quant au sens.Sous ses trois aspects (suffixation, préfixation, composition), elle représente le plus important moyen interne de création lexicale. Un mot nouvellement créé par un procédé dérivatif suit un modèle virtuel existant déjà en langue. L'existence de ces modèles productifs a été étudiée par F. de Saussure, L. Guilbert, P. Guiraud, etc. Les deux aspects caracteristiques de la néologie lexicale (création d'un signifiant et / ou création de signifié) présentent certaines régularités dues à l'analogie, fût-elle formelle ou sémantique. En étudiant l'analogie formelle ( phonétique), Saussure («Cours de linguistique générale», 1916), a inventé les termes interventionnaire et répressionnaire, selon le modèle analogique déjà existant: pension — pensionnaire ; intervention — x 44 réaction — réactionaire ; répression — x L'analogie relève du système abstrait de la langue. C'est toujours Saussure qui improvisa le mot indécorable, car la langue possède les modèles: 1) décor - er — décorer; sel — saler 2) pardonner — pardonn-able; manier — mani-able 3) in - connu; in - sensé L'apparition d'un mot comme indécorable n'est possibile que par le souvenir d'un nombre suffisant de mots semblables, déjà existants, comme: impardonnable, intolérable, infatigable, qui supposent une paraphrase définitionnelle du type: "qui ne peut être ..." C'est précisément le rôle de la "masse parlante" qui décide quel type de création lexicale est plus productif, au détriment d'un autre, par sa plus large diffusion.C'est ainsi que le terme interventionnaire, créé selon les lois de la syntaxe, a été éliminé par interventionniste, le suffixe -iste étant plus fréquent pour exprimer les noms des adeptes d'une doctrine ou d'une profession. Les locuteurs sont ceux qui décident si, pour répondre aux besoins de la communication, tel dérivé existant à l’état virtuel dans le schéma dérivationnel jouira d'une existence réelle et complètera effectivement le paradigme lacunaire. On sait que tout nom d'action en - isation suppose un verbe correspondant comme base de sa formation. Mais le verbe mémoriser est apparu effectivement plus tard que le substantif mémorisation, son existence virtuelle n'étant actualisée que lorsque le besoin d'expression l'eût requis "dès qu'il y a une motivation psychologique, sociologique, historique, les dérivés virtuels passent dans le domaine des performances lexicales réalisées" (v. A. Cuniţă, 1980, p.26). Le procédé sémantico-lexical le plus ancien et le plus commun de nomination, celui de donner à un objet nouveau un nom caractérisant, qui surprend une ou plusieurs caractéristiques essentielles de l'objet nommé, agit nom seulement dans les mots "savants", d'origine greco-latine, comme: télévision, "vue à distance" téléphone "voix, son à distance" atome "qui ne peut pas être divisé" microbe "petite vie" mais aussi dans la langue populaire, qui a créé : rouge - gorge, belle-de-nuit, sanglier (<lat (porcus) singularis, "(porc) qui vit seul"). Ainsi le principe de l'analogie, qui est le fondement de tous les modèles productifs, apparaît-il comme un processus de régularisation du changement linguistique, car il intègre dans la langue les 45 créations isolées et dispersées apparues dans la parole, en les structurant selon des modèles morphophonolo-giques productifs ou selon une communauté de traits sémantiques. Les modèles dérivatifs, formels ou sémantiques, assurent "le passage de l'individuel au collectif, de l'unique au répétable, de l'aléatoire au régulier" (M.F. Mortureux, 1974). La dérivation est un procédé interne d'enrichissement lexical qui fait appel aux ressources morpho-syntaxiques de la langue. Elle consiste en un changement partiel de forme et de sens d'un mot préexistant en langue. Dans le processus dérivationnel, les interconditionnements entre lexique et syntaxe se manifestent pleinement. Dans l'analyse des mots construits, il y a deux positions théoriques: le structuralisme traditionnel. Il se passe de toute explication analytique et décrit seulement le produit: in (préfixe) + décor (radical) + able (suffixe) ;organ(radical)+is(suffixe intermédiaire)+ation(suffixe) la conception moderne de la grammaire générative transformation-nelle. La GGTdécrit le mécanisme productif, de nature syntaxique, et les éléments composants offerts par la langue (bases de dérivation, affixes, bases de composition). Nous considérons que les deux théories sont complémentaires et qu’ une fois le modèle créé selon la destription générativiste, il engendre de nouvelles unités lexicales seulement par analogie formelle. "La langue crée sans cesse, mais pas ex nihilo (ou tout à fait exceptionnellement); elle utilise, par divers procédés, les formes déjà existantes; et de ses créations souvent éphémères, seul un petit pourcentage réussit à durer" (J. Picoche et Marchello-Nizia, 1989). Une famille de mots (que la GGT appelle paradigme dérivationnel) est un micro-système lexical formé de termes apparentés par la forme et par le sens, générés par un même terme simple, et qui appartiennent à des classes grammaticales diférentes. Une famille de mots naît autour d'un seul mot-matrice (appelé morphème lexical de base en GGT), le plus ancien en langue et de forme simple. Dans la conception traditionnelle, un dérivé est formé par l'agglutination de morphèmes en une forme unique continue: un radical qui porte la signification (le sens référentiel) et un ou plusieurs éléments adjoints, appelés affixes. Le suffixe est l'affixe placé immédiatement après le radical: il est toujours conjoint au radical. Les suffixes s'opposent aux préfixes par la position (les préfixes se placent avant le radical, les suffixes sont placés après le radical), par l’absence d'autonomie énonciative (certains préfixes peuvent fonctionner aussi comme prépositions ou comme adverbes: sur, sous, avant, après, arrière, mal, etc.) et par leurs fonctions : un suffixe joue un rôle de premier ordre comme 46 catégoriseur grammatical (il impose la classe grammaticale au dérivé - subst., adjectif, verbe), tandis que le préfixe ne possède qu'une valeur sémantique. -(t)eur (suffixe attaché à une base verbale) valeur sémantique: "nom d'agent" Ex. vendeur, joueur - valeur gramaticale: subst. Masculin anti- (préfixe attaché à une base nominale) -valeur sémantique : l'idée d'opposition. Ex. anticorps À l’heure actuelle, il existe des affixes productifs et des affixes non productifs. Ces derniers ont perdu leur valeur sémantique, ils ne sont plus motivés. Tel est le cas du suffixe diminutif –eau de chapeau, ciseau, moineau, qui n’est plus perçu comme affixe par les locuteurs, ou le suffixe –on, présent dans les noms d’anciens outils, aujourd’hui désuets, comme poinçon, lumignon ; il est devenu disponible pour de nouveaux emplois (en physique nucléaire, par exemple, pour nommer les particules élémentaires).D’autres affixes sont très productifs, car ils donnent un grand nombre de dérivés : -able, -ien, -iste ; hyper-, extra-, sur-, etc. Le fonds ancien de suffixes hérités vient du latin, par voie populaire :-eau, -er, -esse, -âtre, -aison, -aie ou par voie savante . Du latin viennent : -tion (forme savante de –aison), -ment, ateur, -tude, etc.Du grec viennent –ose, -ite, -on, -isme, -iste. Il existe en français des suffixes empruntés à d’autres langues: à l’italien (-ade, -asque ou -esque, -oche, -issime), à l’anglais (-ing, -er), aux langues germaniques (-aud, -ard). A. Cuniţă (op. cit., pag. 3) considère utile de « placer la création lexicale dans la même perspective syntaxique que la création phrastique », illustrant par la méthode et la perspective générative adoptée une thèse déjà ancienne, suivant laquelle, derrière chaque «mot» il y a une phrase entière. Ces deux réalisations sont interchangeables. (Le fait) que Pierre retarde étonne Jean. Le retard de Pierre étonne Jean. En grammaire générative et transformationnelle (GGT), le modèle générateur des termes construits propose une structure phrastique profonde (Ph) qui subit des transformations de nature syntaxique, à même de produire en structure de surface le nouveau terme lexical à l’aide des opérateurs (les suffixes et les préfixes). La différenciation entre les produits de la dérivation est due aux facteurs suivants : 47 -les différents types de transformations subies par la structure phrastique profonde: la passivisation oriente l'unité lexicale vers la classe des substantifs, la relativisation vers la classe des adjectifs et la factivisation vers celle des verbes) et aussi à la nature des opérateurs engagés dans la dérivation (suffixes et préfixes) spécifiques de la nominalisation, de l’adjectivisation et de la verbalisation. -la nature morpho-syntaxique de la :structure profonde qui contient le terme-base : structure prédicative (Ph=SN+SV) ou constituant de phrase (syntagme), de type Déterminé+Déterminant. -la nature des opérateurs choisis. Il y a des affixes spécialisés pour la nominalisation(-tion, -eur, -erie,etc), pour l’adjectivisation (-able, -if, -eux,etc), de même que pour la verbalisation(er, -ir, -iser, - ifier,etc.) 3.1.1. La dérivation paradigmatique suffixale Un premier grand type de dérivation est la dérivation paradigmatique suffixale. Ce type de dérivation produit toujours des termes dérivés grâce à un suffixe spécifique, qui détermine aussi le changement de statut syntaxique du morphème lexical de base (le dérivé appartient à une autre classe grammaticale que la base). La phrase-matrice impliquée dans les transformations a une structure prédicative (SN+SV), étant une phrase complète. La transformation à laquelle est soumise la structure profonde est en premier lieu celle de passivisation. Par ce type de dérivation, on obtient: 1. des substantifs, sur des bases verbales ou adjectivales. La nominalisation du verbe se réalise par la transformation de passivisation d'une structure prédicative profonde : La femme de ménage époussette les meubles — Les meubles sont époussetés par la femme de ménage —L'époussetage des meubles (par la femme de ménage). Le terme nouveau peut être enchassé dans une autre phrase: L'époussetage des meubles est une opération délicate. La nominalisation de l'adjectif se réalise à partir d’une structure profonde avoir +SN (N abstrait + adj.) où N abstrait = "qualité". Exemple: le teint a la "qualité" blanche — la blancheur du teint. 2. des adjectifs, à partir des bases verbales ou nominales. L'adjectivisation du verbe se réalise par la procedure de relativisation à l'aide du pronom relatif qui, au sein d'une transformation généralisée. Il y a enchâssement d'une phrase dans une autre: 48 1. J'ai vu la voiture ; 2. Un camion a accidenté la voiture. Un camion fait que la voiture a été accidentée — J'ai vu la voiture qui a été accidentée (par le camion) —J'ai vu la voiture accidentée. L'adjectivisation du nom implique la relativisation de la structure prédicative de départ (du type SN + SV, où SV = avoir + SN), le pronom relatif étant effacé par la suite. Le nom qui sert de morphème lexical de base est généralement affecté du trait [+concret]. L'adjectif dérivé indique l'état: Cette région a du bois. Cette région qui a du bois—Une région boisée. Mais argileux: s’explique par la structure profonde : « (qui est) de la nature de l'argile » (terre argileuse). On observe que dans ce cas, le type de paraphrase est différent, la structure sous-jacente étant du type: N1+ de +N2, non prédicative. C'est le cas de beaucoup d'adjectifs propres au langage scientifique (sacchareux, conceptuel, etc.) 3. des verbes, à partir des bases nominales ou adjectivales La factivisation ou la verbalisation est la production d'un verbe à partir d'une base nominale, par une transformation qui fait intervenir l'opérateur faire représentant le procès; la phrase matrice comporte la structure être + N(adj.); elle est enchâssée dans une autre phrase à l'aide du relateur que : Faire (ceci) que la sauce est poivrée — Poivrer la sauce. D’autres verbes ayant la trait [+causatif] dans leur structure profonde (la paraphrase FAIRE DEVENIR) ont une base adjectivale :agrandir, jaunir, noircir, rougir. Quelques formations sont des parasynthétiques(v. infra, 3.3) : beau (belle) — embellir noir—noircir petit — rapetisser rouge—rougir grand — agrandir court — écourter Jean Dubois (1969) présente toutes les transformations auxquelles sont sujettes les phrases . Il a formulé aussi les règles d’interprétation phonologique, qui décrivent les rapports phoniques existant entre le signifiant du mot base et le signifiant du dérivé. Par exemple, les substantifs dérivés en –tion sont formés à partir des participes passés des verbes-bases, plus précisément de la forme féminine des participes : -ée (PPée) ; l’affixe –ée est remplacé par –a + le suffixe de nominalisation –tion. Pour les participes en –u(e), on remplace –u par –i : Perd–ue–tion→ perdition 49 Ainsi donc, un même morphème lexical de base , inséré dans des phrases –matrices variées , qui subissent des transformations de types divers, peut générer plusieurs dérivés appartenant à des parties de discours différentes : noms, adjectifs, verbes. On considère que les termes dérivés formés à partir d’un unique mot-base forment deux types possibles de paradigmes dérivationnels : – un paradigme dérivationnel en éventail, comme dans l’exemple suivant : abattage abattis Abattre abatteur abattable abattement – il y a aussi des paradigmes dérivationnels qui progressent par cumuls successifs, lorsque chaque dérivé devient à son tour morphème lexical générateur d’un autre dérivé : constitution→constitutionnel→constitutionnel- lement→anticonstitutionnellement drame→ dramatiser→dramatisation Un paradigme dérivationnel est une structure de virtualités ; il comprend des formations existantes effectivement dans la langue, ainsi que des formations virtuelles, possibles. „ En comparant les ensembles de dérivés réels au modèle offert par les paradigmes dérivationnels, on peut découvrir les lacunes de la production lexicale (envisagée en synchronie), on peut mettre en évidence les «accidents» qui interrompent parfois la chaîne dérivationnelle, on peut éventuellement prévoir l’apparition de tel ou tel terme construit, suggéré, pour le moment, par une case vide“, affirme A. Cuniţă ( op.cit., p.10). La dérivation à base verbale A. La nominalisation du verbe Pivot de la phrase, ayant le plus grand pouvoir dérivationnel d’après certains linguistes(Al. Bolintineanu,La productivité des bases en français moderne et contemporain,thèse de doctorat, 1976) le verbe peut générer des noms ayant les valeurs sémantiques suivantes 1. Noms d'action, de résultat ou d'état. Pour les verbes transitifs impliqués dans la structure profonde, la transformation est celle de passivisation, selon le modèle: L'incendie a détruit la mairie ; cela a attristé les habitants. 50 La mairie a été détruite par l’incendie; cela a attristé les habitants — La destruction de la mairie (par l'incendie) a attristé les habitants. Le verbe du SV peut être aussi: - un verbe intransitif: Le sang circule —Le sang est circulant —La circulation du sang. - un pronominal de valeur passive: La roche se fissure— La roche est fissurée — La fissuration de la roche. Un verbe actif construit passivement, avec le sujet on: On démolit l'immeuble — L'immeuble est démoli —La démolition de l'immeuble La transformation s'opère par l'effacement du suffixe du participe présent (quand la base verbale est un verbe intransitif) ou du participe passé quand la base verbale est un pronominal de valeur passive ou un verbe passif) et par la substitution de l'affixe de nominalisation TION, AGE ou MENT. Ceux-ci sont les plus productifs à présent et ils ont les valeurs sémantiques suivantes: - TION et variantes: (-ation, isation, ification, -faction, ition) sert à former des noms d'action ou de résultat. Il est d'origine savante (lat-tionem). dériver-dérivation fonder-fondation arabiser-arabisation déifier-déification liquéfier-liquéfaction Il existe des dérivés en TION formés sur un radical savant qui se substitue au verbe français correspondant: absorber-absorption imprimer-impression absoudre-absolution paraître-parution détruire– destruction admettre-admission Le suffixe –ation est un suffixe savant, calqué sur le latin –atio,-ationis, dont le représentant populaire est –aison. Le suffixe AGE (et var-ISSAGE) sert à former des noms d'action, surtout des noms d'opérations techniques. Il est d'origine populaire. assembler-assemblage labourer-labourage gonfler-gonflage alunir-alunissage Le suffixe MENT (lat-mentum) sert à former des noms d'action, de résultat ou d'état: bercer-bercement changer-changement accomplir-accomplissement mûrir-mûrissement 51 Les sufixes AGE et MENT peuvent se faire concurrence, car ils peuvent choisir la même base verbale, les dérivés présentant une spécialisation sémantique : le gonflage (du pneu)-le gonflement (du genou), le pavage (des rues)-le pavement (est neuf). L'orientation du dérivé vers un nom d'action ou de résultat (d'état aussi) dépend de plusieurs facteurs .Les plus importants sont: 1. - La nature transitive ou intransitive du verbe: bourdonner-bourdonnement(résultat) modeler (une pomme)-modelage (nom d’action)) 2. - L'aspect accompli ou non-accompli de l'action exprimée par le verbe. Les temps verbaux du passé, expression du perfectif, orientent le dérivé nominal vers un résultatif, tandis que les temps du non accompli (présent, futur) orientent le dérivé vers le suffixe - age (noms d'action, qui expriment l'imperfectif) . On pave la rue — le pavage de la rue (nom d'action) On abat l'arbre —L'abattement de l'arbre On a égratigné la carrosserie — L'égratignure de la carrosserie (nom de résultat). 3. La présence d'un compl. d'objet direct [+humain] dans la phrase de départ oriente le dérivé nominal vers l'accompli (nom de résultat ou d'état): l'agacement de Jean, l'abattement de l'adversaire. Le français possède autres suffixes de la nominalisation de l'action ou du résultat,mais qui sont moins productifs aujourd'hui: -ure (blessure, découpure, signature-noms de résultat), -is (frottis, hachisnoms de résultat) -ade (baignade, roulade-résultatifs), -aison(noms d’action ou de résultat)-ance (esperance, mouvance, surveillance indique le résultat de l’action et l’état) ; les noms en-ence (existence, connivence) viennent directement du latin et sont liés à des adjectifs terminés en –ent :indulgentindulgence) ; -ing, d'origine anglaise (caravanning, camping), -aison (inclinaison, flottaison). -erie (broderie, tracasserie), -ée (assemblée, traversée), etc.(v.A.Cuniţă, op.cit.,pp.24–44) Nous donnons ci-dessous la liste des verbes qui ne possèdent pas un nom d’action ou de résultat en français contemporain : absolutiser, anathémiser, caricaturiser, familiariser, hypnotiser, immortaliser, scandaliser, plastifier, calcifier. D’autre part, il n’existe que les formes nominales pour :municipalisation, paupérisation, vedettisation, alphabétisation, coopérativisation. On peut obtenir des dérivés noms d'action ou de résultat par la dérivation dite régressive, en retranchant des affixes à des mots déjà existant, en absence de tout operateur suffixal reconnaissable (suffixe zéro). Le dérivé résulté porte le nom de déverbal : 52 choisir-choix charger-charge accueillir-accueil oublier– oubli aider-aide commander – commande offrir-offre éclairer – éclair Les dérivés à suffixe zéro s’opposent à ceux formés avec un suffixe reconnaissable sur une base identique. Ils présentent une spécialisation sémantique nette :éclair-éclairage; coupecoupure. Il existe non seulement des substantifs verbaux, mais aussi des adjectifs verbaux :comblercomble ;troubler-trouble ; des noms d’agent, formés sur le nom d’une science :médecinemédecin ;des adjectifs de couleur formés sur des noms communs :violette-violet. Un même radical verbal peut générer plusieurs noms différenciés sémantiquement, selon le suffixe qu’on lui ajoute : Abattement(de Pierre)–abattage(du minerai)–abattis(du poulet) Blanchissage(du linge)–blanchissement (des cheveux)– blanchiment(de l’argent) Déchirure(du tissu)–déchirement(du cœur) Inclination(pour les mathématiques)–inclinaison(du toit) Prolongement (dans l’espace)–prolongation (dans le temps) Raffinage (du sucre)–raffinement (de la manière de penser)–raffinerie (usine,lieu ou se déroule l’action de raffiner) 2. Transformation du verbe en nom d'agent [+humain] Dans ce cas, la phrase prédicative de départ donne lieu à une transformation d'adjectivisation intermédaire, réalisée à l'aide du pronom relatif qui, ensuite effacé: L'homme décore l'appartement — L'homme qui décore l'appartement — Le décorateur Le nominal abstrait présent dans la structure profonde (Le N qui…) se maintient dans le dérivé , pour lui assurer le statut de substantif. Ces noms connaissent la flexion en genre (masc. et féminin), selon le genre naturel du sujet humain. Les opérateurs utilisés pour la formation des noms d'agent sont: -EUR,-ATEUR/-EUSE,- ATRICE vendre-vendeur dompter-dompteur filer-fileuse cultiver-cultivateur 53 -ANT/E) débuter-débutant arriver-arrivant combattre-combattant - AIRE signer-signataire destiner-destinataire protester-protestataire 3. Transformation du verbe en nom d'instrument (agent non-humain). Les noms d ‘instruments constituent une classe lexicale distincte, caractérisée par certains traits syntactico-sémantiques. La notion d’opérateurs appropriés est fondamentale pour définir toute classe d’objets. La classe sémantiquement homogène des instruments (noms de machines et noms d ‘appareils) est définie par certains prédicats qui les acceptent comme arguments (sujets ou objets) .Un nom de machine peut constituer le sujet de prédicats verbaux tels : fonctionner, démarrer, marcher, s’arrêter, tourner. Il peut constituer l’objet des prédicats verbaux suivants, en présence d’un sujet humain: employer, actionner, manœuvrer, mettre en marche, régler, réparer, etc. Il peut être associé à l’un des prédicats adjectivaux suivants : automatique, en panne, à commande numérique, pointé, etc (cf. PierreAndré Buvet, Les noms de machine en –euse, in LF /1997). Plus récemment, il semble que le même suffixe –eur peut indiquer l'agent machine d'une opération technique: un discriminateur, un démarreur, un culbuteur. Les noms d'agent [-animé] ont un genre grammatical fixe, qui peut être soit le masculin, soit le féminin: Genre masc. - percuteur, interrupteur, récupérateur, vaporiseur Genre féminin - perforeuse, agrafeuse, pocheuse, couveuse. Une certaine préférence pour le féminin semble se manifester pour –tant pour les noms d'instrument - machines de grandes dimensions, qui ont remplacé actuellement l’homme dans l’exécution des opérations techniques dans la grande industrie : moissonneuse, décapeuse, aléseuse, dégauchisseuse, riveteuse, calculatrice (de poche), pointeuse. Le contexte indique souvent s'il s'agit de l'agent humain féminin ou du nom de la machine. Dans les cas suivants, le terme peut désigner soit l'agent humain, soit l'agent machine: collecteur, cultivateur, tricoteur, couseur Le cultivateur est satisfait de son travail. Le cultivateur est tombé en panne. 54 Á la différence de noms d'agent, les noms d'instrument ne peuvent figurer sans article en tant qui'attribut, dans une phrase équatante avec le verbe être : *Cet appareil est vibreur . Mais : Cet homme est soudeur(correct) Une corrélation entre les formations en –euse et celles en –age, appartenant toutes au domaine trchnique et issues d’une même base verbale, peut s’ observer : Riveter–riveteuse–rivetage Raboter–raboteuse–rabotage Des corrélations semblables existent entre les dérivés en –euse et en –eur. Pour ces termes suffixés, plusieurs situations sont possibles : a. le substantif en –eur désigne un humain, en général un nom de profession, qu’on peut considérer le nom d’agent par rapport au verbe : bobineur, encolleur. Le nom en –euse représente le féminin du nom d’agent. Il y a des cas où le nom du métier ou de la fonction qui correspond à l’opération technique est uniquement du genre féminin, n’ayant pas de correspondant en –eur : remmailleuse. Le bobineur (la bobineuse) bobine un moteur. b. le substantif est le nom d’un outil, d’un appareil ou d’une machine, par exemple, décolleur ou égreneur. Leur genre grammatical est fixe c. le nom peut avoir deux ou même plusieurs emplois : l’un désigne un humain et l’autre un objet. C’est le cas de niveleur, qui correspond soit à une profession, soit à un outil, de tricoteuse et de repasseuse aussi. Certains substantifs en –euse, en général antérieurs au XX-ème s. sont polysémiques et ne désignent pas des machines. Ainsi, baladeuse peut nommer soit deux types de moyens de transports différents, soit un type de lampe. Autres exemples de la même catégorie sont liseuse et mitrailleuse. Le suffixe -OIR, OIRE: raser - rasoir (un) passer-passoire (une) Ces opérateurs ne servent qu'a la formation des noms d'outils ou d'ustensiles de petites dimensions. Ils impliquent une phrase factitive de départ et une transformation intermédiare de relativisation: L'outil fait que le papier est gratté — L'outil qui fait que le papier est gratté — Le grattoir Les dérivés en -oire sont féminins : glaçoire, écumoire, baignoire, passoire. Pour les formations en-oire, l'idée d'instrument s'allie à celle de lieu, car ils désignent "un contenant où est faite l'action" (J. Dubois) 55 4. La transformation du verbe en nom de lieu Les formations en-OIR sont l'aboutissement d'un processus dérivationnel semblable: parloir, abreuvoir, accoudoir, dortoir. Les formations en-OIRE sont du genre féminin: patinoire, glissoire, mangeoire. Le suffixe -ERIE n'est plus productif aujourd'hui sur des bases verbales (chaufferie, « la chambre de chauffe d'une usine, d'un navire »), fumerie, « lieu clandestin où les gens se droguent en fumant de l'opium »). Les formations avec des bases nominales sont nombreuses: margarinerie, vinnoiserie, cokeric, cimenterie. B. L'adjectivation du verbe La transformation d'un verbe transitif en adjectif est réalisée à la suite d’une opération de passivisation, suivie d'une relativisation : On paye la note — La note est payée — La note (qui est) payée — La note payée. Quand un adjectif correspond à un verbe intransitif, la transformation se réalise par le syntagme être +Adjectif: Un enfant est né en janvier — Un enfant qui est né en janvier — L'enfant né en janvier. Les opérateurs sont identiques aux terminaisons des participes passés: E, I, IS, IT, U, -US (OS), AINT (EINT), -OUS. L'opérateur ANT sert à former des adjectifs verbaux apparentés au participe présent. La transformation impliquée est celle de relativisation : Une réponse compromet — Une réponse qui compromet — Une réponse compromettante. Le plus souvent, la relative peut engendrer un adjectif et un substantif: une (femme) militante de même que le suffixe de nominalisation de l'agent EUR: un (courtisan) flatteur. Cet adjectif d’origine verbale se distingue souvent du participe présent non seulement par la fonction syntaxique différente, mais aussi par l’orthographe :convaincant (adj.) /convainquant (part.prés.), exigent(adj) /exigeant (part. prés.), fatigant (adj.) /fatiguant (part.prés.) Le suffixe -ABLE (-IBLE,-UBLE) Ce type d'adjectif résulte de la transformation d'une phrase passive comportant l'auxiliaire «POUVOIR» : Ou peut manger cette pomme — Cette pomme peut être mangée —Cette pomme est mangeable. 56 Ces denrées peuvent périr —Ces denrées sont périssables. Voila quelques adjectifs dérivés: percevoir-perceptible réflechir-réflexible disposer-disponible s'irriter-irrascible traduire-traduisible L’adjectif résulté a une valeur passive(mangeable, »qui peut être mangé ») ou une valeur active(serviable, »qui peut servir, nuisible, « qui peut nuire »). Autres suffixes d'adjectivisation du verbe sont -ATIF (-ITIF / -ITIVE): penser — pensif ; interroger —interrogatif ; décorer — décoratif Il existe toujours une spécialisation sémantique des dérivés adjectivaux eu -ant et en-if: assemblée délibérante/avoir voix dlibérative, un avocat consultant/comité consultatif. Le suffixe -ATOIRE (-ITOIRE) ne donne que des adjectifs à valeur aspective de nonaccompli : vexatoire, définitoire, blasphématoire Les termes dérivés à l’aide des suffixes représentent une partie considérable du vocabulaire français (un tiers des lexèmes de dictionnaire, affirment les spécialistes). Cependant, l’usage réel dans le discours quotidien est plus réduit. D’autre part, les dérivés empruntés au latin ou formés en français avec des bases savantes sont encore plus nombreux. Cette situation s’explique par le fait que les mots français populaires ,qui finissent souvent en voyelle et dont le signifiant est court, mono- ou bisyllabique,se prêtent mal à la dérivation.Alors, pour former des noms et des adjectifs abstraits, le français a recours aux bases latines ou grecques : eau-aquatique, foiehépatique ; chaud-chaleur , calorie, thermocautère, thermomètre. Ce phénomène porte le nom de supplétisme ou supplétion (v.J. Picoche, 1977) La dérivation à base nominale Ici, nous traitons de la dérivation paradigmatique suffixale à base nominale, car l’autre type de dérivation, syntagmatique, et les dérivés qu’on obtient à partir d’un nominal, seront présentés plus bas (v. 3.3). A. La transformation du nom en adjectif 57 Le suffixe –u ou –é facilite la transformation N→Adj., „ qui possède du N„ : cornu, griffu, branchu, boisé. Le suffixe –esque, donne à l’adjectif la valeur „ qui possède des traits de N“ : grotesque, clownesque, soldatesque, carnavalesque. Il vient de l’italien –esco. Le suffixe –aire, forme un adjectif ayant la valeur „qui est relatif à N“ : lacunaire, fragmentaire Le suffixe –al, -el donne un adjectif „qui est relatif à N“ : estival, patronal, fraternel, national, ministériel. Le suffixe –eux donne un adjectif ayant la valeur „qui est relatif à N“ : amoureux, sacchareux, incestueux. Le suffixe –escent transforme le nom en un adjectif ayant le sens „qui possède des traits de N“ : fluorescent, opalescent, condescendent. Dans ce type de formations, la structure de départ prédicative est relativisée, le pronom relatif et le verbe être sont ensuite effacés. Le nom qui sert de base a le trait [+concret] : Une région a du bois→ une région qui a du bois→une région boisée B. La transformation du nom en verbe D’après A. Cuniţă(1980 : 75), la verbalisation du nom se réalise en tant qu’étape ultérieure à l’adjectivisation préalable : Chocolat→chocolaté→ *chocolater (non attesté) Clou→ cloué→clouer Poivre→ poivré→ poivrer Comme nous l’avons déjà montré, l’opération par laquelle s’effectue le passage de la construction être + adjectif (participe passé) à la forme active du verbe s’appelle l’opération de factivisation. La phrase : Maman sucre le gâteau. peut être rattachée à la construction : Maman fait (ceci) que le gâteau est sucré. Les verbes en –er ainsi obtenus sont des verbes causatifs Un autre suffixe de verbalisation est –iser, qui sert à exprimer l’aspect accompli. La même opération de factivisation obligatoire accorde à ces verbes une forte valeur causative. schématiser : „transformer en schéma“ ; „atomiser :„convertir en atomes“. Le suffixe –ifier donne des verbes toujours causatifs : gazéifier, „faire passer à l’état de gaz“, statut→statufier, exemple→exemplifier. 58 Des formations en –ifier→ ification se rencontrent surtout dans les vocabulaires techniques et scientifiques. La tendance actuelle est de remplacer les formations en –ifier par des formations en –iser : aériser au lieu de aérifier. Des cycles dérivationnels successifs restent toujours possibles , qu’ils soient effectivement réalisés en langue ou non, seulement virtuels: le paradigme lexical du terme impulsion est : impulsion→impulsionné→impulsionner Le paradigme dérivationnel du nom action est : action→actionner(mettre en mouvement)→ actionnement →actionneur(moteur) La dérivation à base adjectivale De toutes les parties du discours, l’adjectif est le moins productif comme base d’un paradigme dérivationnel, situation explicable par son statut d’unité à incidence externe (il détermine un nom, auquel il est associé). Il existe trois catégories d’adjectifs susceptibles d’être le premier terme dans une dérivation par cumuls successifs : a) des adjectifs simples, ayant un sémantisme fondamental– ils expriment les dimensions, les couleurs, l’âge, comme : grand, petit, vieux, jeune, rouge, blanc,etc. b) des adjectifs dérivés, formés à l’aide des suffixes, comme -iste ou –aire : socialiste– socialiser–socialisation ; solidaire–solidariser–solidarisation. Si l’adjectif est dérivé d’un nom, il faut que le lien sémantique avec celui-ci soit rompu pour que l’adjectif devienne le terme- base d’un paradigme dérivationnel : (mois) mensuel–mensualiser–mensualisation c) des adjectifs composés: biparti– bipartisme, isochrone–isochronisme. A. La verbalisation de l’adjectif L’opérateur suffixal le plus employé est –ir, qui a une valeur de catégoriseur verbal et une valeur d’aspectivation. Il forme des verbes causatifs, la transformation de factivisation impliquant le verbe „faire devenir“ : noircir, „faire devenir noir“. Les adjectifs avec lesquels il se combine sont le plus souvent les adjectifs de couleurs : blanchir, rougir, noircir, verdir, etc. ou des dimensionnels :grossir, épaissir, d’âge aussi : vieillir, rajeunir. Souvent, le suffixe est associé à un préfixe aspectivant, le dérivé obtenu étant un parasynthétique(v. infra, 3.5) : em+bel(beau)+lir, a+plat+ir,etc. Les mêmes verbes peuvent fonctionner aussi comme des verbes inchoatifs („devenir“), si on les met dans un autre cadre casuel : A comparer : Cette robe vieillit Jeanne. Jeanne a vieilli visiblement cette année. 59 Un autre opérateur suffixal est –iser. Il peut se combiner avec toutes sortes de catégories d’adjectifs : Conceptuel–conceptualiser, dynamique– dynamiser, arabe–arabiser, officiel–officialiser, conceptuel–conceptualiser On observe que le phénomène de verbalisation est accompagné quelquefois d’une alternance phonétique . Les verbes ainsi obtenus peuvent engendrer de nouveaux dérivés, qui sont des noms ou des adjectifs : conceptualiser–conceptualisation ou conceptualisable. B. La nominalisation de l’adjectif La transformation de nominalisation de l’adjectif implique une paraphrase du type : avoir SN(N abstrait+ Adj). Par exemple, le terme blancheur a la paraphrase „avoir la qualité blanche“. Les opérateurs suffixaux les plus productifs qui permettent la nominalisation de l’adjectif sont : -(e)té, -ité. Très productif , il peut choisir des bases adjectivales simples ou des bases déjà dérivées : pur–pureté applicable–applicabilité conforme–conformité Il connaît la forme –(bil)ité lorsqu’il sélecte un adjectif en –able(ible) à valeur modale : applicable–applicabilité, maniable–maniabilité, imperméable–imperméabilité. Ces formations appartiennent au vocabulaire général, mais aussi au vocabulaire du droit (légitimité), de l’économie politique , de la philosophie(aperceptibilité), au vocabulaire technique aussi, dans lequel ce suffixe indique la qualité d’un produit utilisé dans la fabrication d’un objet industriel : étanche–étanchéité, solide–solidité. -isme est très productif. Associé a une base adjectivale, il désigne une attitude permanente, relative à un système philosophique , moral ou politique : apolitique–apolitisme augustinien–augustinisme antitabagique–antitabagisme Il est souvent associé à un dérivé en –iste, pour dénommer le partisan de cette doctrine. Le suffixe –isme fonctionne avec plus de rendement dans la dérivation de type syntagmatique 60 sur une base nominale, qui peut être un nom commun ou un nom propre(capitalisme, giscardisme, gaullisme). -eur, employé dans la nominalisation des adjectifs simples, qui sont des „morphèmes-souches“ : grand–grandeur, maigre–maigreur, blanc-blancheur. Il n’est plus productif aujourd’hui. La blancheur de sa peau est étonnante. -esse. De nos jours, il n’est plus productif, mais il a donné un grand nombre de formations : robuste–robustesse, triste–tristesse, noble–noblesse. -ise. Il n’est plus productif. Parmi les formations qu’il a donné, on peut énumérer bête– bêtise, franc–franchise, sot–sottise, gourmand–gourmandise. -ie. Non-productif aujourd ‘hui, il a donné courtois–courtoisie, jaloux–jalousie, fou–folie. -erie. Il n’est plus productif, une des causes pour lesquelles il a été désaffecté étant la valeur péjorative des formations qu’il a données : fourbe–fourberie, narquois–narquoiserie, poltron–poltronnerie. -ance /ence. Il a donné des formations nominales appartenant aux vocabulaires spécialisés : coalescence, calorescence. C.L’adverbialisation de l’adjectif Les adverbes de manière sont construits par l’adjonction du suffixe –ment à la forme féminine de l’adjectif : grande–grandement Les adjectifs terminés par –ante forment l’adverbe en –amment : brillante–brillamment Les adjectifs terminés en –ente forment l’adverbe en –emment :récent–récemment. Un assez grand nombre d’adverbes du registre familier ou populaire sont formés sur des noms à valeur interjective ou dépréciative : diablement, vachement, foutrement, bigrement. La polysémie des suffixes. La plupart des affixes français cumulent des valeurs multiples. Ils peuvent s'appliquer à des bases apartenant à des classes grammaticales différentes et donnent des dérivés dont la catégorisation morpho-syntaxique dépend de la nature catégorielle du terme - base et des transformations subies par la structure phrastique profonde. En voilà des exemples : le suffixe ANT<lat - antem peut former: un nom d'agent, sur une base verbale: combattant, gérant un nom d'instrument, sur une base verbale : (le) battant (d'une cloche), (une) imprimante ; 61 un adjectif de qualité: coupant, calmant, charmant, sur une base verbale ; le suffixe - EUR (EUSE)<lat - torem (sorem) donne : des noms de qualité, sur une base adjectivale: laideur, chaleur, longueur, profondeur ; des nons d'instruments, sur une base verbale : déclancheur, moissonneuse ; des adj. de qualité, sur une base verbale: rieur, -euse ; des noms d'agent: vendeur, livreur le suffixe IER, IERE (<lat –arium) donne: des noms de contenant, sur une base nominale: encrier, beurrier, salière ; des adj. de qualité, sur une base nominale : fruitier, meurtrier ; des noms de métier, sur une base nominale : horloger, pompier ; des noms d'arbres fruitiers, à partir du nom du fruit: pommier, poirier le suffixe (E)MENT (<lat.mentum) peut former: des noms d'action ou de résultat, sur une base verbale: agrandissement, groupement, armement ; des adverbes de manière, sur une base adjectivale : calmement . On considère qu’en général, les suffixes spécialisés (-ose,-ite) et les suffixes aspectifsappréciatifs (servant à former des diminutifs et des augmentatifs) sont monosémiques, situation plutôt rare pour les affixes employés dans la langue commune. La dérivation syntagmatique. La suffixation, la préfixation et la composition 3.3. Les dérivés obtenus par la dérivation de type syntagmatique appartiennent en général à la même classe syntaxique que celle du terme qui est la base de la dérivation. La structure syntaxique de départ est du type déterminé- déterminant(Dé+Dt), représentant une séquence de phrase et non plus une phrase prédicative(Ph=SN + SV) comme dans le cas de la dérivation paradigmatique.. Elle se réalise à l’aide des préfixes et des radicaux de composition, mais aussi par certaines catégories de suffixes. La transformation intermédiaire impliquée est celle de relativisation, par le pronom relatif qui, ensuite effacé en structure de surface. 3.1.2. La dérivation syntagmatique suffixale 62 Ce deuxième grand type de dérivation se caractérise par le fait que le dérivé appartient à la même classe syntaxique que le terme base, car l’affixe spécialisé pour ce type de dérivation n’a pas la propriété de changer la classe grammaticale ( certaines classes de suffixes, les préfixes et les bases de composition). La structure profonde qui produit le nouveau terme lexical n’est plus une structure prédicative , mais un seul constituant de phrase, de forme déterminé + déterminant, exprimé par un syntagme. Le type de transformation représentatif est la relativisation. Plusieurs catégories de suffixes opèrent ce type de transformation, bien qu’elle soit le propre des préfixes. a) Les suffixes qui entraînent le changement de la classe grammaticale du morphème lexical de base. C’est le cas des suffixes d’adjectivisation qui donnent des adjectifs de relation à partir d’une base nominale.: le langage des gestes- le langage gestuel l’arrêt du ministre – l’arrêt ministériel Il existe un grand nombre de tels suffixes :-al, -el, -if, -ique, -aire, -ier, -eux, -in, -esque. Une sous-catégorie sémantique de ces dérivés est constituée par les adjectifs de nationalité et les noms des habitants des grandes villes: africain, hongrois, roumain, français, norvégien, newyorkais, suisse, bucharestois, belge. Ces adjectifs ne peuvent être séparés du substantif déterminé, auquel ils sont intimement liés . Une éventuelle caractérisation doit avoir une incidence globale, au niveau du syntagme entier: *une hémorragie très abondante nasale une hémorragie nasale très abondante (construction correcte) b) Les suffixes qui réalisent la dérivation à l’intérieur de la même classe syntaxique peuvent donner des dérivés dans la classe nominale, dans la classe verbale et dans la classe adjectivale. Suffixes employés dans la classe nominale : D ‘après leur nature sémantique, les dérivés obtenus sont répartis en quatre catégories : a) Noms de métiers, noms de lieux où se déroule une activité spécifique de fabrication ou de commerce ; noms de fonctions, noms de doctrines et de leurs adeptes : Commissaire – commissariat Secrétaire - secrétariat Charcutier----charcuterie 63 Dent – dentiste Chapeau - chapelier Archives – archivaire Marx – marxisme, marxiste Les suffixes utilisés sont : -at, - erie, -isme, -iste, -ier, -ien, -aire,etc. b) Termes scientifiques servant aux nomenclatures (classification des corps chimiques, des maladies, etc.) Domaine médical : le suffixe –ite signifie « maladie aigue » et se combine avec un nom , le plus souvent d’origine savante, désignant une partie du corps : bronchite, conjonctivite, laryngite ; le suffixe –ose sert à nommer les maladies ayant un caractère chronique : arthrose, névrose, cirrhose ; le suffixe –ome signifie « tumeur » : hématome, fibrome, carcinome, papillome. En minéralogie .Le suffixe –um se réfère à un nom base « métal rare » :californium, sélénium. Le suffixe le plus répandu est –ite, homonyme de –ite du vocabulaire médical, qui sert à former les noms de minerais : bauxite, pyrrhite, apatite. En physique nucléaire .Les suffixes –ode et –on ont, le premier, le contenu sémantique « électrode », comme dans diode, triode ; le deuxième a le sens de « corpuscule nucléonique », comme dans : méson, photon, positron, cyclotron,etc. Noms exprimant l’idée de contenant (récipient), de contenu, l’idée de c) collectivité : goutte – gouttière (Il faudra réparer la gouttière) ; assiette – assiettée, gorge – gorgée (Il a pris une gorgée de thé brûlant) ; sel – salière, encre – encrier. Les suffixes –aille, -aie, -age servent à former des noms[+COLLECTIF] : marmaille, pierraille, ferraille ; plumage, feuillage ; le suffixe –aie se combine exclusivement avec les noms d’arbres pour former les termes ayant le sens générique « plantation » :chênaie, oliveraie. Les suffixes –ain, -aine se combinent avec des noms de nombre :dizain, huitain désignent des groupements de vers ; les dérivés en -aine nomment des groupes d’objets ou de personnes dont le nombre est approximatif : une dizaine de billets. d) Dérivés à valeur aspective. Ces dérivés existent dans la classe du substantif, de l’adjectif et dans la classe du verbe. Noms à valeur aspective Les diminutifs sont formés à l’aide des suffixes –et/ette, -elet/-elette, -illon, -ot/otte, -eau, -aillon, -on,-iche, -in/ine, -ole, -cule,etc.Exemples :rue – ruelle, animal – animalcule, 64 oiseau – oiselet, oisillon, poule – poulet, livre – livret, gant – gantelet. Les noms des petits des animaux sont en français des termes dérivés : éléphanteau, pourceau, serpenteau. Adjectifs à valeur aspective Les dérivés ainsi obtenus ont tous une valeur quantitative nette, accompagnée souvent de la connotation péjorative ou de la marque stylistique « familier », « populaire »..Ces quantitatifs peuvent être des diminutifs, des augmentatifs ou des atténuatifs. Pour la formation des diminutifs on se sert des mêmes suffixes que ceux utilisés dans la classe nominale : pauvre – pauvret, aigre – aigrelet, maigre – maigrelet, maigriot, maigrichon ;vieux – vieillot, fort – fortiche, fou – folichon, blond – blondin, etc. Les quantitatifs augmentatifs sont formés à l’aide des suffixes –aud, -ard , -asse et ont une connotation dépréciative : rouge – rougeaud, lourd-–lourdaud, mou –mollasse, riche –richard, patriote –patriotard. Les atténuatifs se réalisent à l’aide du suffixe -âtre: blanchâtre, douceâtre, qui transmet l’idée d’ insuffisance. Verbes à valeur aspective Certains suffixes de verbalisation comme – oter, -eter, -onner, - oyer, - iner, -ocher, -ailler, -asser, -iller, -ouiller donnent au dérivé verbal l’aspect “discontinu”, “répétitif”. Accompagné d’un certain type d’évaluation. Ces opérateurs suffixaux sont en même temps des quantitatifs, exprimant la petite quantité. De tels verbes aspectifs sont fréquents en français populaire et familier :tirer–tirailler, mordre – mordiller, sauter – sautiller, tourner– tournoyer (tourner en rond plusieurs fois), écrire – écrivailler (“produire souvent des écrits de mauvaise qualité”), tousser – toussailler (“tousser un peu et souvent”), vivre –vivoter (“vivre d’une manière insatisfaisante”). La catégorie des suffixes d’aspectivisation réalisent des nuances sémantiques comparables à celles des préfixes aspectifs (v. A. Cuniţă, op. cit. :131). 65 3.1.3. La préfixation et la composition, type de dérivation syntagma- tique Le propre de la dérivation syntagmatique est de ne pas changer la classe grammaticale du morphème lexical de base; le dérivé résulté de la contraction d'une séquence phrastique du type : Dé+Dt (déterminé + déterminant) appartient à la même classe grammaticale que le terme générateur. Les termes préfixés et les composés obéissent à ces règles. pression (qui est) plus grande que la pression — surpression ; mur (qui est), contre autre mur (pour servir d'appui) — contre-mur voler au-dessus des montagnes — survoler les montagnes chou (qui est une fleur) — chou-fleur chien (qui est un loup) — chien –loup La préfixation Un préfixe est un morphème lexical, d'origine française ou étrangère, dépourvu d'autonomie lexicale, qui se place avant le lexème - base et qui apporte certains enrichissements sémantiques. Un terme préfixé reste motivé tant que la relation syntaxique qui reunit les éléments composants est encore perçue par le locuteur. La structure profonde qui explique l’apparition des termes préfixés est différente, d’après le résultat obtenu : a) si le terme nouveau est un substantif, la transformation implique dans la phrase profonde le sunstantif à créer, symbolisé par un N1 et précédé de l’article. Le second terme de la phrase profonde est le terme base représenté par N2 : La pièce est (il y a une pièce) ; cette pièce est avant la chambre→la pièce(N1) qui est avant la chambre(N2)→l’antichambre, subst. fém b) Si le terme créé est un adjectif, N n’est pas inclus dans le résultat de la transformation. Il est virtuel et figure dans le syntagme nominal de la phrase de discours qui comprend l’adjectif nouvellement créé : (N1) qui est contre la constitution (N2)→(un décret) anticonstitutionnel. 66 On peut observer que l’adjectivisation implique souvent, comme dans l’exemple donné, un suffixe d’adjectivisation concomitant avec le préfixe, ce qui détermine le changement de la classe grammaticale du terme base. c) Si le terme nouveau est un verbe, la structure profonde qui explique sa formation implique le verbe causatif faire et une subordonnée complétive: Le paysan fait que la récolte est dans la grange→ Le paysan engrange la récolte. Classification des préfixes Une classification des préfixes peut se faire en fonction de plusieurs critères. a. D'après le critère de la productivité, les préfixes sont : productifs. Leur vitalité est mesurée par le nombre de termes créés et d’après leur dispersion (le nombre de domaines d'application). Aujourd'hui sont très productifs: anti-, hyper-, super-, re-, de-, sur-, pro-, co-, etc. des préfixes non productifs. Les termes qu' ils ont formés ne sont plus analysables pour le locuteur moderne. C'est le cas de ab-dans les verbes abdiquer, abstraire, abhorrer, de in - dans inepte, innocent, de a(d) dans affronter. Il se peut qu'un préfixe non-productif connaisse une résurgence de motivation qui lui apporte une vitalité nouvelle; d'après le modèle ancien : préfixe a(d) + base nominale+suffixe de verbalisation, on a formé récemment une série analogique dans le vocabulaire de l'aéronautique: atterrir, amerrir, alunir ; la conséquence du critère de productivité est que des éléments préfixaux d’origine diverse se sont intégrés comme éléments productifs dans le système préfixal français actuel. Dans la série hypertension, hypotension, surtension, les éléments hyper- et hypo- sont savants (grecs), et sur- est français. b. D'après le critère étymologique, il y a: des préfixes français: sur-, entre-, re-, de-; des préfixes «savants», grecs ou latins: grecs: hyper, hypo, syn, a(négatif), hémi, syn; latins: in, ex-, extra, -co, cis, inter, circum. c. D'après l'origine morpho-syntaxique, il y a: - des préfixes d'origine prépositionnelle ou adverbiale, qui peuvent fonctionner aussi comme des prépositions, adverbes ou même des pronoms, sans modification morphologique. C'est le cas de: contre, avant, après, sur, entre, arrière, mal, bien, tout (mal-aimée, bien portant, tout-puissant, avant-poste). En tant que prépositions-adverbes, ces morphèmes ne sont pas obligatoirement suivis d’un 67 SN, qui peut être effacé ou simplement implicite dans la structure profonde: Il est contre (Jean). Il parle après (moi). - des préfixes qui «traduisent» en structure de surfface des rapports syntaxiques existant en structure profonde, exprimés par des prépositions, locutions prépositives ou adverbes. Il existe des différences morphologiques entre les préfixes et les prépositons ou adverbes correspondants. C'est le cas de: co-(«avec»), syn-(«avec», sur- («au dessus de» ou «plus, davantage»), a-(«sans»), circum- («autour de»), extra-(«en dehors de»), inter- («entre»), indo- («dedans»), etc. Les préfixes «savants» (grecs ou latins) proviennent toujours de prépositions ou d'adverbes du grec ou du latin et le schéma transformationnel qui explique la formation du dérivé est toujours le même. d. D'après le critère orthographique, les préfixes sont: conjoints au lexème base: antidate, survoler, enterrer, synchronie ; semi-conjoints: sous-marin, contre-mine, hyper-réalisme ; disjoints: non influençable. L'usage est encore hésitant pour les préfixes anti- (anti-théâtre, mais antitranspirant), super(super-élite, mais superfétation, superfonctionnaire), contre- (contre-courant, (à) contre-pied, mais contredire, contrepartie). e. D'après la nature morpho-syntaxique du lexème-base auquel ils s'attachent, il existe: - des préfixes ayant des bases nominales (substantifs ou adjectifs): super-marché, archiconnu, inattendu; - des préfixes ayant des bases verbales: défaire, contredire, enterrer, rappeler, renouveller. f. Un autre critère de classification, le plus important en synchronie, est la valeur sémantique des préfixes. Dans ce qui suit, nous présentons les classes de dérivés d’après la valeur sémantique des préfixes qu’ils ont reçus et d’après la nature morphosyntaxique de la base. 1. Des préfixes exprimant des valeurs spatio-temporelles. Les bases auxquelles ils peuvent se rattacher sont des noms ou des verbes. Le rapport exprimé peut être celui d’antériorité ou de postériorité dans le temps ou dans l’espace et de supériorité / infériorité spatiale. Les préfixes peuvent être groupés en séries antonymiques, d’après l’idée qu’ils expriment : AVANT- ANTÉ- PRÉ- expriment l’antériorité dans le temps et dans l’espace. ARRIÈRE- APRÈS- POST- expriment la postériorité spatiale ou temporelle. avant-poste, avant-veille; antéposer, antédiluvien, antichambre postdater, préhistoire, préavis; arrière-fleur, arrière-plan, après-demain, après-ski (après n’a qu’une valeur temporelle), 68 postopératoire , posthypophyse. ; préétabli, postsynchroniser. SUPER-, ÉPI-, SUR- expriment la supériorité spatiale. Ces préfixes ont comme correspondant dans la structure profonde la locution prépositive “au-dessus de“: superstructure, superstrat, superposer ; épicarpe, épigastre, épiglotte, épicranien (des termes scientifiques) ; surdent, surdos, surrénal, surcostal. La forme SUS- donne seulement des adjectifs, dont quelques –uns ont comme référent implicite un texte ou un discours précédent– susdit, susnommé, susvisé, d’autres marquent la localisation par rapport à une autre partie : sus-hépatique. SOUS-, SUB-, HYPO- expriment l’infériorité spatiale.. Sous-barbe, sous-bas, sous-marin, sous-pied, sous-vêtement(seulement de noms d’objets) ; subalpin, sublingual, subtropical ; hypocentre, hypoderme. Les bases verbales peuvent recevoir les préfixes sous- et sur- : surclasser, survoler, souslouer RÉTRO- implique le mouvement en arrière : rétrofusée, rétropédalage. CIRCUM-, AMPHI-, CISLe premier et le troisième sont d’origine latine, le deuxième est emprunté au grec. Circumet amphi- correspondent à la locution prépositive „ autour de“ : circumpolaire, circumterrestre, amphithéâtre. CIS- correspond à la locution „en deça de“ dans les adjectifs appartenant au vocabulaire géographique: cisalpin, cispadan, „qui est en deçà des Alpes, du Pô“. CO-, SYN- expriment l’idée d’association. Ils correspondent à la préposition „avec“: coaccusé, coexistant, coauteur, coopérer, cohériter; synérgie, synthèse , sympathie (dans les termes d’origine grecque). TRANS-, EXTRA-, OUTRE-. Le premier a comme correspondant la locution „à travers“, les autres signifient „en dehors de“. Le nombre des formations est réduit: extravaser, transposer, transsaharien, transparaître, outrepasser. Les bases verbales peuvent se combiner avec les préfixes A- ou EN- pour exprimer certaines valeurs spatiales: l’idée de limite initiale pour les verbes d’éloignement (s’en aller, emporter, emmener), l’idée de limite finale pour les verbes de rapprochement (amener). Dans certaines formations verbales, le préfixe en- exprime l’idée d’intériorité spatiale–„dans, à l’intérieur de“: enterrer, enserrer, engranger, enfermer, ensabler. INTER- et ENTRE- expriment l’idée d’intériorité d’une limite double:entremets, entrefilet, interclasse, intervenir ou l’idée de réciprocité: s’entraider, s’entrelacer, s’entrechoquer. 69 CONTRE- ANTI- PARA- servent à exprimer en général l’idée d’opposition ou d’hostilité: contrepoison, contraception, antigel, antitoxine, anticommuniste. Mais les valeurs de contre- sont multiples: -l’idée d’opposition sur le plan abstrait: contre-réforme, contrordre, contre-révolution; -avec des noms concrets non animés ils désignent un mouvement qui se déroule en sens contraire: contre-alizé, contre-courant -ils peuvent désigner des objets faits pour doubler quelque chose, placés contre les objets qu’ils doublent et ayant le rôle d’élément protecteur de ceux-ci: contre-mur, contre-porte, contre-rail, etc. - avec des bases nominales qui désignent un animé, contre- exprime une hiérarchie des fonctions: contremaître, contre-amiral. Les mêmes préfixes, sauf para-, peuvent choisir des bases verbales: contre-attaquer, contredire, antiphoner. Le préfixe para-, d’origine grecque, retrouve sa signification originale „en marge de“, „presque“ dans: parafiscalité, parapsychologie, paramilitaire. 2. Une autre classe de préfixes est constituée par ceux qui expriment une évaluation qualitative ou quantitative. L. Guilbert (1971) les appelle préfixes nominaux intensifs: Ces préfixes correspondent à un adverbe présent dans la structure phrastique sous-jacente, du type : très, fort, plus, moins. Ceertains de ces opérateurs constituent ce que L. Guilbert appelle „un système préfixal du degré“, opposable au système suffixal latin en –issimus et –ior. La plupart de ces préfixes sont empruntés au latin et au grec. Employés d’abord dans les langues de spécialité, les dérivés sont entrés par la suite dans la langue commune. ARCHI_, EXTRA-, SUPER-, ULTRA- expriment le degré superlatif, la qualité en excès : superfluide, supercarburant, extra-fin, extra-lucide, ultra-chic,ultra-sensible. Ils servent à former des substantifs et des adjectifs. Des valeurs supplémentaires peuvent s’ajouter. Archi- exprime le rang supérieur dans une hiérarchie sociale ou ecclésiastique ancienne : archiduc, archevêque, archimandrite. Récemment, il est entré dans le vocabulaire de la linguistique : archiphonème, archisémème. En français moderne et contemporain, il peut servir à exprimer le superlatif absolu : archicomble, archibondé, archiconnu, archifaux. Le type de phrase dont sont issues ces formations est : (N) qui est connu à un degré extrême→un (auteur) archiconnu Ultra- sert à former surtout des adjectifs : ultra-moderne, ultra-royaliste. Les substantifs appartiennent surtout au vocabulaire de la 70 physique :ultramicroscope, ultrapression, ultracentrifugation. Dans la langue commune, il est possible que le préfixe apparaisse tout seul, par troncation : C’est un ultra, ayant une valeur substantivale. HYPER-, PER-, SUR- marquent le degré excessif et correspondent à un syntagme adverbial „au plus haut degré“, s’il s’agit de formations substantivales, ou à „trop + adjectif“ s’il s’agit de formations adjectivales. Hyper- a donné des substantifs qui expriment des notions du domaine de la psychologie, de la médecine (des états pathologiques) : hyperacidité, hyperémotivité, hyperesthésie, hypertension, hypertrophie. Il a donné aussi des adjectifs : hypercorrect, hypernerveux, hypersensible, hypertendu. Per- est employé exclusivement dans le vocabulaire de la chimie, traduisant l’idée d’excès d’un élément dans un composé chimique : peroxyde, persulfate. Sur- est un préfixe qui correspond à la locution adverbiale „au-dessus de la normale“ ou à l’adverbe „trop“. Il esr très productif en français contemporain. Il a donné des substantifs : suralimentation, surcharge, surchoix, surcompression, surexcitation, surintensité, surpression, surproduction, surtaux. On remarque que la plupart de ces dérivés ont des bases nominales qui sont des déverbaux., ayant des correspondants dans la série verbale : surestimation–surestimer. Les adjectifs appartiennent à la langue commune ou sont des termes spécialisés : suraigu, surclassé, surfin, suroxygéné, surpeuplé. HYPO-, SOUS-, SUB- marquent le degré insuffisant par rapport à la normale et correspondent à la locution adverbiale „trop peu“. Ils sont les antonymes de la série précédentes. Hypo- a donné des substantifs appartenant aux domaines spécialisés: hypotonie, hypotrophie, hypoglycémie, hyposécrétion et des adjectifs: hypotendu. Sous-. Comme dans le cas de sur-, on enregistre une correspondance entre les formations verbales et les formations nominales : sous-estimation–sous-estimer.Les adjectifs sont des dérivés verbaux: sous-calibré, sous-équipé, sous-développé. Sub- a donné peu de formations : subaigu (antonyme de suraigu), subconscient. DEMI-, MI-, SEMI-, HÉMI- . Ces préfixes relèvent d’une construction syntaxique comportant la locution adverbiale „à moitié“+ substantif ou adjectif ou le syntagme nominal à valeur quantitative „la moitié de“+ substantif. Demi- a produit des dérivés substantivaux et adjectivaux. S’il s’agit d’un nom d’animé, le dérivé indique une relation spéciale de parenté :„la personne qui est à moitié frère“→un demi-frère. Autres termes : demi-dieu, demi-sœur. S’il s’agit d’un substantif qui désigne un non animé, le préfixe porte sur la quantité :demi-bas, demi-botte, demi-cercle, demi-douzaine, demi-heure, demi-jour, demi-litre, demi-pension, demi-produit (produit à moitié fini), demi-quart, demi- 71 reliure, demi-solde. Le terme base peut avoir une valeur qualitative : dans demi-sommeil, il s’agit de la qualité du sommeil (état entre le sommeil et la veille). Des adjectifs : demi-queue, demi-sel, formés seulement par changement de classe grammaticale. Dans demi-pur et demi-circulaire, le terme base est un adjectif. Mi- n’est qu’une variante morphologique de demi-.La préposition à de la structure profonde „à moitié“ se retrouve dans les dérivés : à mi-chemin, à mi-corps, à mi-jambe, à mi-temps, à mivoix. Ces formations indiquent la qualité et ont un statut d’adjectifs :une pièce mi-salon, mi-salle à manger. Des formations adjectivales usuelles sont mi-clos, mi-fin. Comme substantifs, on a : mi-temps, mi-bas, mi-carême. Semi- a donné des adjectifs : semi-aride,semi-circulaire, (pierre) semi-précieuse, semi-public, semi-rigide.Ultérieurement, quelques-uns ont produit des substantifs, par nominalisation :semiauxiliaire, semi-nomade. L’adjectif semi-lunaire comporte une suffixation concomitante en –aire. Les dérivés substantifs sont des noms de non animés : semi-consonne, semi-conducteur, semiremorque. Hémi- est un préfixe emprunté au grec et donne des termes spécialisés : hémicylindrique, hémitropie. QUASI-, PRESQUE-, PÉNÉ- expriment tous l’approximation. Quasi- traduit l’idée de „à peu près“, „quasiment“ : des raisins quasi-mûrs. Certaines formations nominales sont des termes juridiques : quasi-délit, quasi-contrat. Ce type de formation est courant dans la langue parlée : quasi-perfection, quasi-mariage, quasi-souveraineté, quasi-totalité. Presque- n’apparaît que dans presqu’île. Péné- ,forme savante d’après l’adverbe latin paene, „presque“, apparaît dans pénéplaine (terme géographique), péninsule, pénombre. À tous ces préfixes, L. Guilbert (op. cit.) ajoute des éléments préfixaux qui fonctionnent aussi comme adverbes : bien, mal, eu-. caco-, béné-, malé-, bi(s)-, tout-. BIEN et MAL, termes antonymiques, peuvent fonctionner comme préfixes dans des formations adjectivales comme bien-aimé, mal-aimé, bienheureux et malheureux. Bien a une valeur intensive, tandis que mal exprime l’insuffisance dans :malheureux, malpropre, maladroit. Bis- donne des formations à caractère intensif, marquant la répétition :bibasique, bimensuel, biquotidien, bisaïeul, bisannuel, biscuit. Tout- fonctionne comme préfixe dans des formations adjectivales comme tout-puissant, tout fou, tout fait, tout petit, toute-bonne (variétéde sauge ou variété de poire), ultérieurement substantivisées. Devant un adjectif ou un substantif base du genre féminin qui commence par une consonne, tout s’accorde : toute-puissante, toute-épice. 72 3. les préfixes négatifs ou privatifs. La transformation négative lexicale d'un constituant de la phrase est différente de la négation grammaticale portant sur l'ensemble de la phrase prédicative. Elle se réalise à l'aide d'une proposition relative négativisée: N1 qui n'est pas N2 (où N2=lexème-base). Le N qui n'est pas paiement le non-paiement. La transformation négative lexicale peut s'appliquer aussi à l'adjectif: N1 (automobiliste) qui n'est pas prudent (N2 l'automobiliste imprudent. Il y a une équivalence seulement du point de vue sémantique entre L'automobiliste n'est pas prudent (transformation négative de la phrase prédicative globale) et L'automobiliste est imprudent (transformation négative lexicale d'un seul élément lexical). Les préfixes privatifs productifs sont: IN-, le plus fréquent dans la transformation négative de l'adjectif; il a plusieurs variantes morphophonologique: [ devant voyelle: inlassable, inracontable, inlavable, inattendu, inaudible. Les substantifs préfixés par in résultent d'une nominalisation de l'adjectif déjà négativisé, surtout les noms à suffixe-bil(ité): impersonnalité, immobilité, impartialité, inaccessibilité. Il arrive que des termes adjectivaux préfixés ne possèdent pas de forme non préfixée correspondante («contraires sans contraires»). Ce sont des termes qui nomment des défauts (imbattable), des faiblesses (inlassable), des erreurs (infaillible). Le préfixe négatif peut traduire l'idée de: - négation proprement dite: incessant, incassable - valeur privative (absence ou insuffisance de la notion désignée par le lexème-base): illogique, immodeste, inactif. Ces préfixés sont les antonymes des termes positifs. - Il se peut que l'idée de négation soit doublée d'une valeur de superlatif: inouï, innombrable, inattendu, inégalable. Le roumain exprime les mêmes valeurs par le préfixe ne-, d'origine slave: nesupus, nesfârşit, nemaiauzit, nemaipomenit. Le préfixe in- n'existe que dans les termes néologiques: imaterial, impenetrabil. Une spécialisation sémantique intervient parfois entre les dérivés construits avec des préfixes négatifs différents sur une intemporel/atemporel; immoral/amoral. 73 base identique: impropre/malpropre, En roumain, on peut observer que les dérivés en in- s'emploient dans une acception morale (inflexibil, inabordabil), les dérivés en ne- comme des déterminants de substantifs [+concret]: marfă nealterabilă, produs nevandabil, etc. Bon nombre de dérivés en ne- sont apparus en roumain par la nécessité d'exprimer le sens négatif qui manquait aux dérivés en in-: impasibil/nepasibil (de pedeapsă), inapreciabil/neapreciabil (négatif de apreciabil). Autres préfixes négatifs sont: DIS-, DÉ(S)-. Il indique la privation et aussi la séparation (l'éloignement). Ils sélectent surtout des bases verbales ou des adjectifs dérivées des bases verbales: déplumé, défroqué, débraillé, dégourdi; défaire, dénouer, déplaire; discontinuité, disconvenir, disgracieux, disparaître. MAL, MÉ(S), est aujourd'hui vieilli: malséant, malgracieux, maldisant ; malcommode a été remplacé par incommode. Les termes qui s'oppsent à malséant, malveillant sont bienséant, bienveillant; lexicalisé, malappris s'oppose à bien élevé et malvenu à bienvenu. Les dérivés en mé- sont peu nombreux: mécontent, mécréant, méconnaissable, méconnu, méfiant. L'adjectif méconnu est différencié sémantiquement du préfixé inconnu. Les dérivés français en mal ou mé-peuvent être transposés en roumain de plusieurs façons: par le préfixe ne-: malhonnête/necinstit; malheureux/ nenorocit - méfiant/neîncrezator ; par l'adv. rău: malveillant/răuvoitor malintentionné/ răuintenţionat ; par une paraphrase: malchanceux / ghinionist ; Les préfixes NON, A- sont employés pour former des termes préfixés appartenant aux vocabulaires spécialisés (techniques ou scientifiques). Ils existent en roumain avec les mêmes valeurs et emplois, étant d'origine savante: non-ferreux/neferos, non-alignement / nealiniere (non est transposé ici par ne) : non – intervention / non-intervenţie non-préférentiel / non preferenţial La valeur que le prefixe non transmet au dérivé est celle de négation ou plutôt d'opposition. La forme disjointe est aussi attestée : non mécanique, non cylindrique. Les préfixés en non s'opposent au terme-base, tandis que les dérivés en in- se sont lexicalisés : non-pertinent/impertinent; non-fini/infini. A- est spécialisé pour les domaines scientifiques : asexué, acyclique, apétale, apolitique, amoral, acéphale. 4. les prefixes à valeur aspective et modale. 74 Ils sélectent uniquement des bases verbales, présentant l'action d'une manière aspectivisée ou modalisée. RE-, très productif, montre l'itérativité (la répétition) de l'action. L'étape intermédiaire de la transformation implique la négativisation lexicale: classer gonfler dégonfler déclasser reclasser ; regonfler. La distribution des variantes : r-et ré-dépend de l'initiale de la base verbale: devant une initiale consonantique, la forme est re: revaloriser repaver; si l'initiale est un s, il y a redoublement de la consonne: resserer, ressentir ; on trouve ré- devant une voyelle: réapparaître, réorganiser mais aussi bien la forme r-: rouvrir, rajuster ramasser, rappeler, rassembler (quand l’initiale est a). Ces formes se sont lexicalisées, perdant leur motivation en français populaire (elles ne sont plus senties comme des formes préfixales mais comme des termes simples). EN-,A-indiquent la phase initiale, le début de l'action: s'endormir, s'envoler, s'en aller, s'accouder, (s)'agenouiller. PAR -indique le parachèvement de l'action : parcourir, parvenir, parfaire. É-,A-, EN-ont une valeur aspectuelle de factitifs, ayant la paraphrase sémantique "FAIRE DEVENIR". Ils permettent la transformation d'une base adjectivale ou nominale en verbe [+causatif], en présence d'un suffixe obligatoire de verbalisation: adoucir, affronter, allonger; embellir, endurcir, émincer, élargir. Quelques-unes de ces formations peuvent fonctionner aussi comme des verbes [+inchoatif], étant paraphrasables par le verbe « DEVENIR » (cause interne).A comparer : (i) Marie a embelli sa chambre. (ii) Marie a embelli ces derniers temps. Ces unités verbales sont le résultat d’une double transformation :de préfixation et de suffixation,qui se réalisent simultanément.Elles ont été nommées parasynthétiques et appartiennent toujours à une autre classe morphosyntaxique que celle du lexème de base. La composition En grammaire générative et transformationnelle, la composition est considérée un type de dérivation syntagmatique qui consiste dans la création d'une unité lexicale nouvelle ayant un signifié unique et constant, à partir de deux lexèmes - bases, autonomes en langue et indentifiables par le locuteur. La linguistique traditionnelle oppose la dérivation à la composition, sur le critère de 75 l’autonomie des morphèmes impliqués : les affixes sont non autonomes, tandis que les lexèmes des composés peuvent fonctionner aussi comme des mots indépendants dans d’autres contextes. Le problème de l’identification des unités lexicales composées reste difficile. Certains critères syntaxiques permettent de faire le départ entre syntagme lexicalisé, figé en langue, et syntagme libre, de discours ; aussi les morphèmes propres à la combinatoire figée perdent-ils leur autonomie grammaticale et sémantique et forment une lexie– mot composé, locution, expression, proverbe, idiomatie– qui fonctionne comme un tout de signification et de grammaire. C’est pourquoi ces unités refusent : la permutation des constituants, la possibilité d’intercaler d’autres morphèmes dans leur structure (test de l’inséparabilité), la pronominalisation, la transformation en phrase injonctive, exclamative, négative, la substitution partielle (seulement la substitution en bloc est possible), la prédication avec le second élément. En parlant des termes composés, les linguistes emploient des termes différents : unités phraséologiques (Ch. Bally), lexies complexes (B. Pottier), synapsies (E. Benveniste). Les composés peuvent avoir une forme: conjointe: portefeuille, radiologie, gendarme ; semi-conjointe: porte-documents, radio-guidage, arc en ciel, porte-avions ; disjointe: chaise longue, liaison radio, assistante sociale. La frontière entre préfixés et composés reste parfois assez fragile, en raison de la difficulté qu'on a à définir nettement les unités autonomes, surtout d'origine étrangère (mots «savants», grecs et latins) intégrées en langue et qui ne jouissent pas d'autonomie lexicale en français, étant disponibles pour de nouvelles formations, comme les préfixes. C’est le cas de ciné-, télé-, audio-, auto- et d’autres élémens de composition, qui fonctionnent comme des affixes, étant capables de former des paradigmes de termes : auto- (gr. autos, „de soi-même“) a donné plus de cent termes : autarcie, autobiographie, autocritique, autodéfense, autogamie, etc. (106 termes dans le Petit Robert, éd.1990), liste qui est soumise aux plus grandes variations d’usage d’une époque à l’ autre. Dans la procédure de composition, la modification de la classe grammaticale du terme dérivé n'est qu'une exception, alors qu'elle est le principe même de la dérivation paradigmatique. Par composition, on obtient uniquement des substantifs et des adjectifs: (un) porte-manteau (la base est un verbe), francophile (la base est rattachée à un verbe grec philein= "aimer"). Suivant la critère étymologique (l'origine des constituants) on est tenu de faire une première grande distinction entre: 76 A. La composition française, les éléments de composition étant deux lexèmes français ; l'ordre syntaxique des composants est Dé + Dt (déterminé + déterminant), spécifique à la syntaxe française. B. La composition allogène, les constituants des composés étant soit des termes savants (substantifs, verbes ou adjectifs grecs et latins) soit des termes anglo-saxons. Dans le cas de la composition allogène, l'ordre syntaxique des constituants est Dt + Dé (déterminant - déterminé): télégraphe, palmipède, cinémathèque, centimètre; night club, radiodiffusion, blue-jeans. D'après la nature morpho-syntaxique du lexème base (celui qui joue le rôle de déterminé), on distingue: des composés à base verbale ; des composés à base nominale. A. Les composés à base verbale sont le résultat d'une suite de transformations qui affectent une structure prédicative profonde: SN + SV. La transformation est celle de relativisation, suivie de l'effacement des éléments qui actualisent le discours (prépositions, articles, déictiques, pronoms relatifs). C'est le SV (prédicat) qui produit le composé : Cette glace pare à la brise — La glace qui pare à la brise — (N) (qui) pare (à) (la) brise — (un) pare-brise. Dans le composé nominal, la base verbale perd les marques de temps, de mode, de personne, de nombre, de même que sa relation au sujet: le verbe devient ainsi un véritable déverbal, sa prédication est mise en suspens, sa forme, figée, étant celle de la III-ème personne singulier. Le référent de tels composés peut être: un animé: (un) casse - pieds, (un) brise-fer, (un) traîne-patin ; un inanimé: (un) porte-plume, (un) abat-jour, (un) garde-robe, (un) porte-avions, (un) casse-noix. B. Les composés à base nominale Dans ce cas, le composé est issu de la transformation d'une phrase de base SN + SV, où SV = être+Attribut. Le SN sujet contient l'élément nominal qui deviendra le premier composant dans le dérivé. Ce coffre est fort — Le coffre (qui est) fort — (un) coffre-fort Les composés nominaux peuvent être classifiés selon la nature morpho-syntaxique de l'Attribut. Quant l'attribut est un substantif, le composé a la structure: 77 a. Nom + Nom, entre les deux nominaux existant un rapport de subordination, le deuxième apportant une spécification ou une attribution du premier: avion-cargo, papier-monnaie, wagonrestaurant, ingénieur-chimiste, chou-fleur, roman-fleuve, etc. La classe grammaticale et le genre du composé sont ceux du premier composant. b. Nom + Nom, impliquant l'effacement du joncteur entre les deux composants. Cette structure suppose l'équivalence entre une séquence prép.+Nom et un adjectif: La grève est par surprise la grève (qui est) par surprise (une) grève surprise. Autres exemples: bloc-moteur, les bas-nylon, mandat-lettre, police-secours, assurancevie, électron-volt. c) les composés « exocentriques », pour lequels la structure profonde est du type: 1) La peau est rouge (prédication de qualité) + 2) La peau rouge est à lui (prédicat d'attribution) —Sa peau est rouge — Il a la peau rouge — C'est un peau rouge. Ces composés ont une fonction globale, ils sont différents des éléments constituants tant par la classe grammaticale que par le conteni sémantique; un casque bleu (soldat de l'ONU), un peau-rouge [+ humain]. Le « centre » logique, présent dans la structure profonde, est l'attributaire (lui, il), qui se trouve en dehors du composé. C'est lui qui détermine le genre du composé. d) Une autre classe de composés est constituée par des formation issues de deux phrases coordonnées par le joncteur et; ce type fonctionnel peut donner naissance à des composés substantifs (porte-fenêtre, bracelet-montre) ou à des adjectifs composés: aigre-doux, spatiotemporel. e) Nom-prép-Nom Dans la phrase de base, qui comporte le verbe être+Attribut, celui-ci prend la forme Prép+Nom. Le lexème-base du composé est issu du SN sujet : Ce chien est de race — Le chien (qui est) de race — un chien de race. Les composés de ce type s'appelent aussi synapsies (E. Benverniste), mais ils sont rarement enregistrés comme unités lexicales à part dans les dictionnaires, sauf pomme de terre et chemin de fer. Le relateur peut être de ou à, traduisant différentes valeurs, et remplaçant une autre préposition de la structure profonde: fusil de chasse (pour la chasse) main-d’œuvre (main pour œuvrer), etc. Le joncteur à peut indiquer: - la destination: salle à manger, brosse à dents, moulin à café. 78 - la caractéristique distinctive: serpent à sonnettes, bête à cornes Quand l'attribut est un adjectif: 1. l'adjectif est en possition seconde Cette table est ronde — La table (qui est) ronde — une table ronde Il existe maintes unités phraséologiques de ce type qui figurent comme entrées séparées de dictionnaire: bête noire, billet doux, residence secondaire, tronc commun, table ronde, etc; quelques unes ont acquis un sens nouveau, figuré, qui ne résulte plus du sens des composants (table ronde, dfiscussion libre entre partenaires égaux ; billet doux, lettre d’amour,etc) 2. l'adjectif est le premier élément Les plus représentatives de ces formations représentent des formations archaïques, étant le produit d'une syntaxe ancienne: prud'homme, franc-bourgeois, blanc-seing, nue-propriété. Certaines autres sont motivées selon la phrase prédicative de base génératrice : basse-cour, basrelief, gros mot, mauvaises herbes, morte-saison, petits pois, etc. Les composés plus récents sont des calques ou des emprunts à l'anglais, l'ordre syntagmatique Déterminant + Déterminé étant spécifique à cette langue: libre-penseur, libreéchange, franc-maçon; new look, cold-cream. Les noms de parenté français du type : belle-sœur, beau-frère, petit-fils, petite-fille, grandmère, dévoile une signification particulière des adjectifs grand et petit, employés comme des termes d ‘adresse honorifiques, respectueux (cf L. Guilbert, 1971, LXX.), expression de la hiérarchie des générations. Les dénominations en saint+ nom propre sont des métonymies, créées par le passage du nom propre de personne à un nom commun : un saint-honoré (un gâteau), un saint-bernard (chien sauveteur) et même des formations parodiques :une sainte- nitouche (une femme hypocrite), à la saint-glinglin (jamais), saint-frusquin (pop. bagage). Les verbes composés..E.Benveniste (l’art. „Convergences typologiques“, in PLG. t II) reconnaît un seul type de verbes composés en français, formés d’un complément instrumental et d’une base verbale. De telles formations sont : saupoudrer, maintenir, culbuter, colporter. Des langues plus aptes à la composition, comme l’anglais et l’allemand, n’ont pas développé ce modèle typologique, qui existe en échange en paieute, langue amérindienne. Les locutions. Il existe plusieurs types de locutions, d’après leur fonction syntaxique : verbales, prépositionnelles, conjonctionnelles. L. Guilbert (1975) décrit l’aspect néologique de la composition „syntagmatique“ ou „synaptique“, dans laquelle il inclut les unités syntagmatiques verbales, construites autour d’un verbe- support , appelées aussi locutions verbales. Le modèle formel d’une telle locution est une séquence syntaxique verbe + nom. Le verbe, premier élément 79 de telles unités, assure la verbalisation du second élément nominal, qui constitue la base de la locution. Les verbes les plus usuels sont avoir( avoir faim, avoir sommeil, avoir envie), donner (donner la chasse à, donner jour, donner la mort ), faire (faire peur, faire face, faire fortune, faire boum, faire route), mettre (mettre en colère, mettre en vente, mettre en état), prendre (prendre congé, prendre feu, prendre la parole, prendre la route), tenir( tenir tête, tenir parole, tenir compte). Un second modèle de syntagme verbal comporte un verbe (qualifié généralement d’auxiliaire) suivi d’un infinitif : faire partir, laisser aller, passer pour, faillir tomber. etc. Ces structures sont plus proches des syntagmes libres, de discours (v. L. Guilbert, 1971 :LXVIII). Outre les locutions verbales, il existe un grand nombre de locutions prépositionnelles : à côté de, au-dessus de, par l’intermédiaire de, etc. et de locutions conjonctionnelles : pour que, vu que, à condition que, avant que, etc. Elles se différencient des formes composées des mêmes parties du discours par le caractère hétérogène de leurs composants ( pronoms, adverbes, substantifs + préposition ou conjonction). La composition allogène et les recomposés La dérivation par composition ne se réalise pas exclusivement à l’aide des radicaux appartenant au vocabulaire commun du français. Depuis la fin du XVIII-ème s. pour former la terminologie précise et savante des sciences, on s’est tourné vers les radicaux de composition grecs et latins. Ces radicaux sont à l’origine des mots à sens plein (substantifs, adjectifs, verbes, adverbes). En français, ils ont perdu toute autonomie de fonctionnement, n’existant que dans les composés : chronomère, ignifuge, télévision. L’ordre syntaxique dans ces constructions est l’ordre régressif (déterminant+ déterminé). Leur structure est binaire, capable de recevoir des expansions ultérieures :haute fidélité (trad. angl :.reproduction sonore très fidèle)–disque microsillon de haute fidélité. Les recomposés sont des termes composés caractérisés par le fait qu’un de leurs radicaux composants n’existe pas dans la langue à l’état isolé, ayant subi une modification morphophonologique pour les besoins de la composition. Au commencement, les recomposés ont été construits d’éléments homogènes, soit uniquement latins, soit uniquement grecs. Plus tard, il arrive que des éléments d’origine différente soient réunis dans des formations hybrides : a) le premier élément est grec et le second est latin : automobile, télévision, thermonucléaire b) le premier radical est latin et le second est grec : agronomie, sociologie, centimètre ; 80 c) des éléments savants et des mots français néologiques ou des mots empruntés : pseudo-fécondation, hypervitaminose, microfilm, photo-robot, autostop, aérogare, télécommande, kilovolt, francophile. Certains radicaux grecs ou latins peuvent entrer dans la formation des mots nouveaux tantôt comme des préfixoïdes, tantôt comme des suffixoïdes : – des éléments grecs : baromètre–isobare biologie–aérobie graphologie–orthographe lithographie–monolithe hydrogène–anhydre pathologie–nevropathe technoctratie–électrotechnie – des éléments latins : carbonifère– oxycarboné pédicure – quadrupède colorimètre–multicolore motoculture –quadrimoteur dextrocardie–ambidextre Cependant, la plupart des radicaux savants sont employés exclusivement en position initiale ou en position finale. Les radicaux latins suivants sont toujours employés en position finale : -cide, -cole, -culteur, -fique, -forme, -fuge En position initiale sont employés : Carni-, déci-, igni-, lacti-, multi-, omniLes radicaux grecs suivants se trouvent toujours en position finale : -ide, -mancie, -onyme, -thèque En position toujours initiale se trouvent les radicaux grecs : Démo-, hippo-, mono-, néo-, nécroLes recomposés modernes, calqués sur les précédents, sont formés de radicaux d’origine diverse, dont la voyelle finale a été altérée en –o, à la manière des recomposés grecs, ou en –i, à la manière des composés latins : franco-soviétique, afro-asiatique, socio-professionnel, morti- natalité. Ces recomposés sont caractérisés par leur fragilité et leur existence éphémère ; il s’agit de termes qui nomment une réalité nouvelle, momentanée, issue de la mise en relation de deux objets normalement distincts. Nés des circonstances, ils peuvent disparaître tout aussi vite qu’ils sont apparus. L’orthographe des recomposés. Le trait d’union sert à séparer deux radicaux en hiatus : électro-aimant 81 La forme conjointe se retrouve dans les autres cas : électromagnétique, bisulfite, aérogare. Il y a des cas où les recomposés sont le résultat de l’adjonction d’un troisième ou d’un quatrième radical aux recomposés déjà existants : microradiographie, inframicrobiologie, autobiographie. Les mots les plus longs existent dans le vocabulaire de la chimie, pour nommer les substances chimiques. Un grand nombre de recomposés passent des vocabulaires de spécialité dans la langue commune. La vitalité du procédé de recomposition est confirmée par la possibilité de ces termes de donner des dérivés : Téléphone→téléphoner sidérurgie→sidérurgique Télégraphe→ télégraphiste radiodiffusion →radiodiffuser La composition et l’abréviation. La possibilité de combinaison de pareils éléments formatifs assez longs peut demander la troncation des composants pour former un segment phonique unique facile à prononcer. La troncation peut opérer au niveau : -du premier composant : télébenne< téléphérique+ benne -du second composant : radiogramme<radio+ télégramme -des deux composants en même temps . Les composés ainsi formés s’appellent „motsvalises“ : informatique<information+ automatique cybernation<cybernétique+ information Benelux< Belgique+ Nederland + Luxembourg La troncation vise à maintenir la perception de la relation de composition dans ces formations, qui sont des substantifs et des adjectifs : chimiothérapie, cardiographe, macromolécule, monoacide, polyculture, multiplace. Un quadrimoteur est un „composé biplanaire“(E. Benveniste), car il présente deux prédicats : un prédicat de qualité („les moteurs sont quatre“) et un prédicat d’attribution („ les moteurs sont à l’avion“). Les éléments mini-, méga-, mono-, micro- et macro- doivent être considérés des bases de composition et non pas des préfixes. Méga- („un million de “) entre dans la composition des unités physiques : mégahertz. Dans la langue familière, il signifie „grand“ : méga-automobile, méga-jupe. Le composé mini- jupe est un calque d’après l’anglais mini-skirt. Mono- et macroont une forme toujours conjointe. Un cas curieux présente le terme bus, à l’origine désinence du génitif pluriel du pronom latin omnis (omnibus–„pour tous“), utilisé comme qualificatif du terme voiture. Par ellipse, ce 82 qualificatif s’est substantivé (un omnibus) et sa désinence a été sentie comme un élément de composition, qui a pu s ‘accoler à des radicaux nouveaux : autobus, aérobus, abribus, bibliobus. Par oubli étymologique, bus, qui n’avait à l’origine aucun sens, devient ainsi l’élément formel commun à toute une série de mots qui impliquent l’idée de moyen de transport urbain en commun . La productivité des composés et des recomposés varie selon les niveaux de langue. Les vocabulaires des sciences en abondent. En français courant, les composés par accolement direct des radicaux sont concurrencés par les syntagmes de discours construits avec un adjectif épithète ou une détermination prépositionnelle : maladie cardiaque– maladie du cœur. Seuls les lexiques spécialisés, qui ont besoin de dénominations précises, univoques, plutôt que de liberté syntaxique dans la construction de l’énoncé, usent largement du procédé de la composition et de la recomposition. 3.4. Les procédés abréviatifs L'exploitation systématique des possibilités d'abrégement des mots et des syntagmes commence à la fin du XIX-ème siècle. A partir des années ‘20, la pratique abréviative s'étend à tous les domaines de la vie économique, politique et sociale à cause de la nécessité de ramener à des types lexicologiques normaux les dénominations créées par les vocabulaires techniques et scientifiques. La valeur commerciale et financière attachée à la brièveté du mot ou de la phrase a été pour beaucoup dans la prolifération des abréviations. Il existe plusieurs types d’unités abrégées. A. Les abréviations simples, qui affectent un seul mot. Ce sont des formations unisyllabiques ou bisyllabiques terminées en syllabe fermée et fréquentes en français familier, formées par apocope (la chute des syllabes finales): perm pour permission, mocs pour mocassins, pub pour publicité, math pour mathématiques, etc.ou par aphérèse(la chute de la syllabe initiale) : pitaine pour capitaine. Les abréviation par troncation sont produites dans des milieux bien définis du point de vue sociolinguistique, considère L. Guilbert(op.cit.)–jargons professionnels, langage des élèves et des étudiants,etc. Les noms composés admettent eux aussi la réduction, de manière différente, selon leur origine. Le type en -o dans un premier ensemble, constitué de termes savants, d’origine grecque ou latine. La voyelle finale -o équivaut au signe de la composition, comme le trait d'union dans 83 garde-côte. Les termes "savants" appartenant au début aux vocabulaires spécialisés (vélocipède, métropolitain, radiodiffusion, radioscopie) sont entrés dans le langage quotidien sous une forme abrégée: vélo, métro, radio. L’élément retenu est le premier composant, qui est le déterminant, d’après la syntaxe greco-latine. Une forme comme stéréo est la forme abrégée de stéréophonie, radio de radiophonie, télé de téléphonie, stylo de stylographe, micro de microphone, etc. Le statut grammatical et le genre de la forme abrégée sont fournis par le déterminé absent : une radio(scopie), un radio(gramme). Dans un second ensemble, constitué par les mots français, il s'opère un croisement avec le vieux suffixe français -ot, que l'on trouve, par exemple, dans cheminot. On rélève dans la langue commune une expo (exposition), un hebdo (hebdomadaire) un proprio (propriétaire), un prolo (prolétaire). Toutes les abréviations en-o prennent la marque du pluriel: des dactiylos. Les unités lexicales complexes ayant la structure N +Adj. et caractérisées par la forme disjointe se prêtent bien à la réduction elliptique : La répétition générale→ la générale La police crrectionnelle→ la correctionnelle Le terme conservé est le déterminant (l’adjectif). La base qui disparaît transmet son statut de substantif et son genre à la forme nouvelle. B. Les abréviation composées. Elles affectent les syntagmes nominaux lexicalisés 1. Abréviations composées partielles. - Seulement l'un des éléments de l'expression complète est abrégé: Système D, Bombe A, Heure H. Quelques formations ont une diffusion intenationale, étant construites comme des motsvalises: Eurasie, Eurafrique, Mosfilm. - chaque terme du syntagme peut être réduit par apocope ou aphérèse, ce qui conduit à des abréviations composées de type syllabique, surtout pour désigner des organismes politiques ou militaires: Gestapo (GEheime STAats Polizei en allemand), Kominform (KOMmunistitcheskii INFORMatsiya en russe) ; aujourd'hui, ce type s'est développé en France pour désigner des groupements économiques: CETELEM, COGEFIMO. 2. Les abréviation de type lettrique ou sigles Chaque composant du syntagme nominal est réduit à une initiale. D'après leur prononciation, lettrique ou syllabique (intégrée), on distingue: - des abréviations lettriques à valeur alphabétique: SNCF (Société Nationale des Chemins 84 de Fer), CEE (Communauté Economique Européenne), FAO (Food Agricultural Organisation), etc. - des abréviations lettriques à valeur syllabique: l'abréviation est écrite est prononcée comme un mot ordinaire. L'intention de lexicalisation est très mette. Dans de rares cas, surtout pour les noms des produits de marque, seule la première lettre est écrite avec majuscule: Simca, Fiat. On remarque l'importance relative du jeu de mots, qui permet de lier l'abréviation lettrique à un mot du vocabulaire commun, phoniquement on graphiquement : CERES (Centres d'Etudes de Recherches et d'Education Socialistes), JOC (Jeunesse ouvrière catholique), UNI (Union Nationale Interuniversitaire), etc. 3. - des abréviations de type mixte. Un type mixte combine les lettres et les syllabes des termes appantenant à l'expression complète. Il permet esentiellement d'abréger le nom d'organismes à valeur économique: CECOMAF (Comité Européen des COnstructeurs de MAtériel Frigorifique, CECODIS (Centré d'Etudes de Consommation et de DIStribution). Quelques sigles admettent concurremment la valeur lettrique et la valeur syllabique: ONU peut se lire/Ony/ou /Oeny/, FEN se lit [fen] ou [efœen]. Les abréviations de type chiffré sont surtout fréquentes pour désigner des produits militaires: MIG 21, ou des produits industriels: (une) 4 CV, (une) 2 CV. Le fait que les abréviations de type lettrique se sont lexicalisées est prouvé par leur capacité de générer des dérivés: ONU: un onusien Rada r: un radariste SGT: un ségétiste (membre de la Société Générale du Travail, le plus grand syndicat de France). BIBLIOGRAFIA CAPITOLULUI 1.E. Benveniste, 1974, Problèmes de linguistique générale, tome ii, Gallimard, Paris 2.A. Cuniţă, 1980, La formation des mots, TUB, Bucureşti 3.Lehmann, Alise, Martin-Berthet, Fr., 2000, Introduction à la lexicologie. Sémantique et morphologie, Nathan / HER, Paris 4.Fr. Gaudin, L. Guespin, 2000, Initiation à la lexicologie française,Duculot, Paris 5.J. Dubois, Grammaire structurale: la phrase et ses transformations, 6.J. Dubois, Dubois-Charlier, Fr., 1999, La dérivation suffixale en français, Nathan, Paris 85 7.J. Gardes-Tamine, 1990, La grammaire. 1 / Phonologie, morphologie, lexicologie, Armand Colin, Paris 8.I. Simionică, 1970, Limba franceza contemporană. Lexicologie, EDP, Bucureşti INTREBARI : 1.Quels sont les procédés internes d’enrichissement lexical ? 2.Décrivez les valeurs des suffixes TION, AGE et MENT (et variantes). 3.Donnez des exemples d’affixes polysémiques. 4.Quelles sont les classes sémantiques de substantifs formés par dérivation suffixale syntagmatique. 5.Présentez les préfixes aspectifs du français actuel. 6. Comparez les préfixes néfixes négatifs français avec ceux du roumain. 7. Décrivez quelques procédés syntaxiques de la composition française. 8.Donnez cinq exemples de composés et trois exemples de recomposés savants. Expliquez leur formation. 9. Faites une comparaison entre la préfixation et la composition dans la perspective de la grammaire générative et transformationnelle. 10. Quelle est l’utilité des abréviations ? Quels sont les procédés abréviatifs les plus utilisés ? 4. MOTS CONSTITUTIFS (HERITES) ET EMPRUNTS a. Le fonds latin du français. b. Les doublets et les supplétismes. c.Les emprunts. Typologie des emprunts d. Les langues qui ont prêté des mots au français CURSUL Le fonds latin du français. La Gaule, territoire habité par une population celtique appelée Galii par les Romains (Jules César, De bello gallico), a été conquise par l’Empire Romain vers le milieu du I-er s. av. n. è. Les soldats des légions romaines, les marchands et les colonisateurs qui les ont suivis ont apporté avec eux le latin populaire ou vulgaire, langue parlée à l’époque dans 86 toutes les couches sociales. Le latin classique ne se retrouvait que dans les œuvres littéraires, étant une langue morte dès l’époque impériale. C’est le latin populaire, langue vivante , expressive et argotique, qui se trouve à la base de toutes les langues néo-latines ou romanes : le français, l’espagnol, l’italien, le portugais, le roumain, le catalan, le provençal, le sarde et le rhéto-roman. Dans l’explication de l’apparition des nouvelles langues, deux théories se confrontent : „la théorie polydialectale“, qui affirme que les langues néo-latines sont des „dialectes“ du latin populaire, qui s’est croisé avec les langues locales, et la théorie de la différenciation. Celle-ci se fonde sur l’observation que le mélange des populations n’est pas suivi du mélange de leurs langues ; c’est toujours l’un des deux idiomes mis en contact qui s’impose. Cet idiome n’est pas forcément la langue du peuple vainqueur, mais celui du peuple le plus civilisé. Cette langue évolue, non sans recevoir certaines traces assez superficielles de la langue des vaincus, surtout dans le vocabulaire. La conquête romaine de la Gaule fut suivie par une longue période de bilinguisme pour la population locale, durant plusiurs siècles. La romanisation fut plus forte et plus rapide dans les centres urbains et plus lente et moins forte dans les villages. Les paysans gaulois continuèrent à parler leur langue maternelle, mais ils furent obligés d’apprendre aussi le latin, langue du commerce et de l’administration. Cela explique pourquoi les noms des travaux et des outils agricoles sont restés gaulois(ruche, sillon, tonneau, etc.), tandis que les noms des produits commerciaux sont devenus latins : miel, œuf, lait. Le latin populaire ou „vulgaire“ représente le strat du français, la plupart des termes du français actuel des noms, des adjectifs, des verbes usuels, des pronoms, des mots invariables ayant un étymon latin populaire. Selon les calculs de D. Messner, les mots français seraient d’origine latine à 86, 53%. Les mots du latin classique sont différents des mots du latin vulgaire : Lat. class. Lat. pop. Franç. ignis focus feu magnus grandis grand pastor berbecarius berger Plusieurs différences opposent le latin classique au latin populaire. On observe une prédilection du latin vulgaire pour les diminutifs, qui sont plus longs que leurs synonymes classiques et qui ont donné des mots français : apicula→abeille, auricula→oreille, ranuncula→grenouille. La fome populaire est plus forte, plus expressive que la forme classique. L’accent tonique peut avoir une autre place, le mot français étant oxyton , car il suit la forme populaire (lat. class. integrum, lat. pop. integrum ,fr. entier). Peu à peu, le latin vulgaire de la Gaule a évolué, devenant une nouvelle langue, appelée le 87 gallo-roman (le roman), bas-latin ou lingua romana rustica, sensiblement différente du latin populaire. La syntaxe latine, si compliquée et riche, a été remplacée par des formes grammaticales simples, analytiques : le futur simple, l’apparition de l’article, issu des formes des pronoms démonstratifs latins, la réduction des formes casuelles au cas sujet et au cas régime. Ces transformations profondes ont imposé une topique des mots plus stricte. La décadence de l’Empire Romain a produit un fort recul culturel dans les anciennes provinces romaines. Les textes en bas-latin du V-ème- VII-ème s. abondent en fautes grammaticales de toutes sortes, dues à l’ignorance du latin de ceux qui les avaient écrits ,surtout des clercs. Le vocabulaire contient un grand nombre de mots celtiques ou germaniques, formellement latinisés. L’apparition officielle du français a été marquée par plusieurs événements, qui ont eu lieu pendant le IX-ème s. : – le Concile de Tours (813) prescrit aux prêtres de prêcher en langue vulgaire ; – le texte des Serments de Strasbourg (842), serments d’alliance prêtés par Louis le Germanique en français et Charles le Chauve en allemand, contre leur frère Lothaire. Notés par le chroniqueur Nithard, ils présentent un grand intérêt linguistique, car on peut lire une forme romane: Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament… là où l’on s’attendrait à lire, en bon latin : per Dei amorem et per Christiani populi et nostram communem salutem… -les glossaires , qui à la même époque sont composés pour faciliter la compréhension des textes latins : le Glossaire de Reichenau (pour le texte de la Vulgate) et le Glossaire de Cassel (mots romans traduits en bavarois). - les premiers textes littéraires en langue romane. La petite Cantilène de sainte Eulalie inaugure la littérature en langue française. Le Sermon sur Jonas, prononcé entre 937 et 952 à l’occasion d’un jeûne ordonné pour éviter le retour des Normands. Rédigé en latin, la langue de culture du prédicateur, il contient aussi des passages en langue vulgaire, à l’intention de son auditoire. Le roman s’est différencié géographiquement, en langue d’oc (occitan), et en langue d’oïl, appelées ainsi d’après la manière de prononcer l’adverbe d’affirmation „oui“(venu du latin hoc, ille). Des différences assez significatives sur le plan phonologique, morphologique et lexical se sont manifestées ainsi entre le Nord et le Midi de la France, jusqu’à une époque assez tardive (l’ordonnance du roi François I-er de Villers-Cotterêts, prononcée en 1539. imposait le français comme langue officielle dans tout le pays). Le superstrat du français est germanique. Les premiers éléments germaniques, représentés par des mercenaires militaires et des travailleurs ruraux, pénétrèrent en Gaule au III-ème s. Mais la vraie invasion date du V-ème s., lorsque les tribus germaniques des Wisigoths, des Vandales, des Burgondes ,des Ostrogoths et des Francs s’emparèrent du pouvoir. A la différence des 88 Romains, cette fois-ci les conquérants étaient moins civilisés que la population assujétie galloromaine, ce qui explique pourquoi leur langue ne s’imposa pas.Ils apportèrent cependant les éléments d’un régime social nouveau, le féodalisme. Les FrancsLes Francs, la plus importante tribu germanique, ont donné aux divers parlers romans de l’ancienne Gaule des termes relatifs à la guerre, à leurs institutions sociales, Les Emprunts Les causes des emprunts sont de nature diverse : économique, commerciale, culturelle et politique. Typologie des emprunts. Une civilisation supérieure impose aux autres peuples les termes qui désignent ses réalités spécifiques. Les emprunts dénotatifs sont les désignations nécessaires de produits, de concepts nouveaux créés dans un pays étranger.L’introduction du terme en français se fait alors avec la chose ou le nouveau référent selon la formule du poète latin Horace : Res verba sequuntur (« les mots suivent les choses »). La même idée est exprimée par la théorie allemande Wörter und Sachen (« le mot et la chose »). Il peut exister d’autres termes étrangers, dont l’utilité n’est pas évidente et qui s’expliquent par des faits de snobisme, par le désir d’épater. Louis Deroy (1956) les appelle emprunts connotatifs. C’est le cas de l’expression anglaise « Have a happy new year ! » ou « new look ».De tels termes abondent dans la langue de la presse ,des sports, de la mode. Une typologie plus récente des emprunts distingue : des xénismes - mots étrangers entrés en français sans aucune adaptation phonétique ou morphologique, en référence à un signifié propre à la langue étrangère. Beaucoup d'entre eux ne s'imposent pas à la langue emprunteuse et disparaissent. des calques. Ce sont "des traductions" en français de constructions syntaxiques lexicalisées propres à une autre langue: surhomme (d'après l'allemand Uebermensch), espace vital (Lebensraum), col blanc (d'apr. l'angl. white collar), lavage du cerveau (d'apr. l'angl brain-washing), terre-cuite (it terra cota), pot pourri (esp. olla podrida). Ces calques syntaxiques permettent d'éviter les emprunts non-motivés étymologiquement, qui restent à l'écart des familles lexico-sémantiques. Il existe aussi des calques sémantiques, lorsqu’ un mot français reçoit un sens nouveau, sous l’influence de son hétéronyme(terme étranger correspondant).Un exemple est le verbe réaliser, qui a reçu aussi le sens « se rendre compte »,sous l’influence du verbe anglais to realize ;le mot croissant a reçu aussi le sens de « produit de boulangerie » sous l’influence de l’italien. 89 des emprunts intégrés, qui sont adaptés du point de vue phonétique ou morphosyntaxique aux règles de la grammaire française, comme gazole (de l'angl gas-oil), varlope (de l'angl overloap, sorte de rabot), paquebot (l'angl. packed-boat) ; l'ingénierie a remplacé engeneering, ordinateur a remplacé computer par une politique consciente de défense contre les emprunts massifs de l'anglo-américain. On parle aussi d’intégration sémantique, lorsque le terme étranger entre en français avec une seule acception.Le terme anglais girl est entré en français avec le sens « danseuse de music-hall ».Der Hase signifie en allemand « lièvre » ;il est entré en français sous la forme la hase, qui signifie « femelle du lièvre ».Certains mots entrent avec une dépréciation de sens.Le mot espagnol hablar , »parler », est devenu en français hâbler, avec le sens « bavarder ». La majorité des emprunts se réalisent par le contact direct de deux langues, mais il existe aussi des emprunts indirects, réalisés par l’intermédiaire d’une troisième langue. Ainsi, le latin a servi d’intermédiaire aux mots grecs ecclesiastiques, par l’espagnol sont entrés des mots arabes et des mots exotiques de l’Amérique du Sud; l’anglais a servi d’intermédiaire à des mots arabes (antilope), neerlandais (iceberg), australiens (kangourou), exotiques. .Le français a emprunté, à toutes les époques, un nombre considérable de termes appartenant à d'autres langues. 1.Les emprunts « savants », au latin et au grec. L'histoire des emprunts savants connaît trois étapes: a) Le haut Moyen Age, caractérisé par l'entrée des mots ecclesiastiques provenant du grec par l'intermédiaire du latin, comme: prêtre, évangile, église, aumône et du latin: cardinal, pape, prière, charité. b) La Renaissance. Les érudits de l'époque introduisent une multitude de termes latins à peine francisés, ayant un caractère abstrait: générosité, efficacité. c) L'âge scientifique (XVIII-e siècle). Les mots grecs ou latins sont entrés en français pour désigner les nouvelles découvertes scientifiques. Du latin viennent: tension, scarlatine, intestin, -al; du grec viennent: encéphalite, neurasthénie, etc. et tout le vocabulaire des poids et mesures: mètre, litre, gramme. Au XIX-e siècle apparaissent télé, auto, photo. Dès les premiers textes écrits en français les mots hérites, populaires, coexistent avec les emprunts "savants". Dans la « Séquence de Sainte Eulalie » (XI-e siècle) on rencontre le terme élément. Les deux sources d’enrichissement lexical, la voie populaire, concernant les mots hérités soumis aux lois de l’évolution, et la voie savante, celle des emprunts, ont agi sur le lexique français durant des siècles. 90 Les mots populaires refusant souvent la dérivation, l'habitude est enracinée d'y suppléer par des bases savantes, qui donnent des dérivés ou des composés savants : eau-aquatique, foiehépatique,bouche-buccal ;hydrophile,feu-ignifuge,pyromane. Le phénomène qui consiste dans la création de nouveaux dérivés à partir de bases savantes à l’aide de suffixes s’appelle supplétisme (v. Picoche,1992.).Une conséquence de la transmission des termes latins par voie populaire et par voie savante est l’existence des « doublets étymologiques ». Il s’agit de deux termes ayant un même étymon latin, l’un étant un terme hérité, qui a subi d’importantes transformations phonétiques, l’autre est un emprunt ultérieur, savant : hôpital et hôtel<lat. hospitalem, union et oignon<lat. unio,-onis, cause et chose<lat causa, frêle et fragile<lat. fragilem, oreille et auricule< lat auriculus,etc. 2.Les emprunts arabes. Il existe à peu près 270 mots arabes en français, dont un seul verbe, masser, et un adjectif, mesquin. P. Guiraud (Les mots étrangers, 1965) énumère les trois voies par lesquelles l’arabe s’est manifesté comme une grande source de la culture française : -la science gréco-arabe. Les Arabes étaient des médecins, pharmaciens,alchimistes, mathématiciens, astronomes, qui avaient hérité la culture grecque de l’époque alexandrine. -le commerce oriental. Grands voyageurs et commerçants, ils apportaient en Occident des produits spécifiques du Moyen Orient. Les Italiens leur faisaient concirrence, par le commerce vénitien et génois. -la civilisation mozarabe. Les Maures ont conquis l’Espagne entre le VIIIe et le XVe siècle, pays où ils ont créé une civilisation originale. À l'époque du français archaïque (IX-XIV-e siècle), l'arabe était la langue d'une civilisation supérieure à celle de l'Europe occidentale. Il fournit des noms de plantes, de fruits, de divers objets importés du Moyen Orient, des noms liés aux sciences: coton, sucre, sirop, tasse, azur, hasard, alcool, zéro, chiffre, algèbre. Le terme chiffre remonte, par l’italien et le latin médiéval, à l’arabe sifr qui signifie „vide“;zéro, ayant le même étymon, est un doublet de chiffre Intéressés par la médecine , la chimie, la pharmacie, les Arabes nous ont donné les termes : alchimie, alambic, élixir, le camphre, le goudron, l’aniline, l’ambre, la nacre ; aussi des noms de cosmétiques (le musc, le henné, la civette), d’épices (le safran, le sucre, le limon, le cubèbe), de fruits exotiques(l’orange, la pêche, la pastèque). Le matelas, massicot, massepin sont aussi d ‘origine arabe. D’Espagne mozarabe viennent le gilet, la guitare, l’alcôve, le fanfaron, l’ alcade, l’alguazil. Dans ce groupe, l’histoire du mot laquais est particulièrement curieuse : venu de l’arabe al–kaïd, il signifie premièrement chef militaire, ensuite, à 91 partir du XIVe siècle, le sens se dégrade en „valet“, attestant la position subalterne que les chefs maures occupent désormais après la Reconquista espagnole. Par l’intermédiaire de l’italien sont venus le jasmin, le lilas, le coton ; par l’Espagne ou le Portugal sont entrés l’abricot, la pastèque. Un assez grand nombre de mots arabes sont venus en français par l’intermédiaire d ‘autres langues : l ‘espagnol, l’italien, le latin. À l'époque moderne, la politique coloniale de la France au Nord de l'Afrique, la présence des Marocains dans les troupes françaises lors de la deuxième guerre mondiale ont apporté fellah (« coupeur de route »), caïd, toubib ("médecin"), baráka, smalá ("famille"), l'expression C'est kif-kif ("cela revient au même"), maboul ("toqué"), entrés d'abord en français populaire. 3.Les emprunts des Pays-Bas Tandis que les échanges culturels se font par le latin de l’église pendant tout le haut Moyen Age, Les Pays-Bas et l’Italie restent les deux principaux foyers d’échanges économiques jusqu’au XVe siècle. La France du Nord parle le flamand, dialecte d’origine francique, comme le néerlandais. Cette parenté linguistique a favorisé l’emprunt et l’assimilation rapide de mots néerlandais. Les domaines d’emprunt sont surtout la navigation :havre, brique, haler,houblon, beaupré,gui, hublot,matelot, l’armement et le fret (paquet, en vrac), la pêche (caque, caquer, crabe, aiglefin, colin). ; les digues, la construction navale (digue, polder, boulevard, hie), noms d’outils(varlope, vilbrequin), des noms des produits du pays(la bière, le houblon, les gaufres, le colza. Quelques termes exotiques, apportés des colonies hollandaises : le pamplemousse, le cacatoès Les emprunts récents sont presque inexistants, sauf braderie, venu par le dialecte de Lille. 1. Les mots venus de l’ allemand Il y a peu de mots allemands empruntés , environ 170, apparus après le XVe s. Les termes allemands appartiennent à la vie militaire ou sont relatifs à la minéralogie. Il est difficile de dire si les termes attestés dès le XIIe s. appartiennent au fonds héréditaire ou sont des emprunts : sarrau, brèche, brouet, brelan, bride, bretelle, sale. Du XIVe s. datent blafard, bourgmestre, hutte ; du XVe arquebuse, cric, rosse, auroch ; du XVIe s. fifre, pistole, trinquer, hase, halte, matois, bismuth, sabre ; du XVIIe bivouac, nouille, calèche, zinc, havresac, rocambole, cible, potasse.thalweg ;du XVIIIe datent uhlan, cobalt, quartz, nickel, feldspath, kirsch, choucroute, cravache, vasistas, vermouth ;du XIX–XXe datent les termes valse, képi, mastoc,lied, edelweiss, aspirine, alpenstock, croissant, ersatz, putsch, führer. Les noms des animaux :l’auroch, l’élan, le renne, le vison sont venus par l’allemand. D ‘Autriche, par l’intermédiaire de l’armée, sont venus des mots tchèques, hongrois, serbes. : –du tchèque : pistole, calèche, obus ; 92 –du hongrois : coche, sabre, heiduque, hussard, dolman, cravache. –du serbe :le vampire. 6. Mots espagnols et portugais Quelques mots de civilisation espagnols datent du XVI-XVIIe siècle.:duègne, majorat, quadrille, parade, toreador, embarrasser, hâbler, casque, romance, embarcation, camarade, fanfaron, mantille, parer, bourrique, compliment, cédille, majorat, estrade, caramel, carapace, estampille,etc. Après 1700, on emprunte surtout des termes folkloriques (la corrida, le flamenco). L’espagnol reste le véhicule d’un grand nombre de mots arabes. D’autre part, il nous a transmis un nombre importants de termes exotiques, venus des conquêtes territoriales en Amérique .: maïs, chocolat, ouragan, vanille,tomate,pirogue, pampa,etc. La liste des mots d’origine portugaise se réduit à une dizaine de termes : caravelle, baroque, marmelade, vigie, autodafé. Quelques termes, qui sont des termes romans.,réfèrent à des choses exotiques :cobra, pintade, véranda, fétiche, sargasse, zèbre, créole( du portugais criar, „élever à la maison“, qui désigne le domestique élevé à la maison ; de même, nègre,métis, mulâtre). 7.Les emprunts à l’italien En français sont entrés, à des époques différentes, à peu près 2000 mots italiens,représentant l’apport étranger le plus riche. L'influence de l'italien reste insignifiante jusqu'aux guerres de Français I-er en Italie et la découverte par les Français de l'art de la Renaissance italienne, vers le milieu du XV e siècle. Avant cette époque, l’influence de l’italien se réduit aux noms de produits spécifiques (coton, sucre, introduits par les Arabes ; le buffle, le riz, la citrouille, le tournesol, les perles et la porcelaine, venus par voie commerciale). Les marchands lombards ont introduit en France la banque, c’est-à-dire le banc des changeurs, qui est rompu en cas de faillite (banqueroute, XVe siècle).Gênes et Venise font un commerce florissant dans les plus grands ports d ‘Europe et du Moyen Orient, où leurs navires font escale. Elles ont obtenu le droit d’avoir là leur propre arsenal (entrepôt de marchandises), leur darse, leur gabelle, leur douane. Des termes commerciaux italoarabes sont trafic, tarif, avarie, tare. Quelques termes maritimes italiens s’imposent–archipel, brigantin, course, quoique la terminologie maritime en Méditérannée est surtout d’origine provençale. Pendant la Renaissance italienne, on emprunte des termes relatifs à l’art militaire et à la guerre: soldat, sentinelle, cartouche; canon, infanterie, escrime, mousquet ; à la finance: banque, bilan, crédit ; à la politesse et à la vie de cour: courtisan, bouffon,caresses, caprice, escapade, discourtois, altesse, charlatan ; dans le domaine des beaux-arts et de la musique, l'influence fut 93 importante et durable: artisan, fresque mosaïque, faïence, médaille, clair obscur, madone, svelte. Du XVII-ème et du XVIII-ème siècle datent bague, costume, opéra, ariette, cantate, solfège, soprano, ténor, violoncelle, crescendo, piano, dolce, aquarelle, pittoresque, pastiche et quelques termes commerciaux : discrédit, ristourne, solder. Toute la terminologie musicale est italienne. Cette mode italienne s’étend à l’architecture, aux beaux-arts, aux vêtements, à la cuisine. Termes d’architecture : rotonde, esplanade, tribune, appartement, terre-plein, corniche, balcon, façade, fronton, socle, piédouche, salon. Termes relatifs à la sculpture et à la peinture : médaille, buste, bronze, mosaïque, relief, grotesque. Du XVIIe s. datent coloris, profil, attitude, calquer, svelte, madone, fresque, dessiner, pastiche, filigrane. Noms de vêtements : panache, masque, feston, escarpin, parasol, veste, ombrelle, camisole. L'influence de l'italien fut si importante, que certains suffixes d'origine italienne sont entrés en français:- esque, calqué sur l'italien -esco sert à former des adj. : romanesque, soldatesque, grottesque; -ade, adapte les mots italiens en -ata: cavalcade, estocade; -issime sert à former les superlatifs absolus des adjectifs: rarissime, richissime. On emprunte des adjectifs comme poltron, brave, preste, ingambe, leste, dispos(qualités de l’escrimeur et du cavalier). ;des adverbes comme alarme, à l’improviste. La Cour des Valois parlait un français italianisé, dont le snobisme a été dénoncé par les contemporains. A l’Italie moderne, nous devons : analphabétisme, autostrade, ferroviaire, agrume Au XXème siècle on introduit de nouveaux termes, comme : ciao, dolce vita, maccaroni, pizza, spaghetti. L’adaptation des mots italiens . La plupart des termes, surtout ceux appartenant au domaine musical ou qui dénotent des choses spécifiques à l’Italie, ont conservé leur forme originale, moins l’accent.. La francisation phonétique consiste dans le déplacement de l’accent tonique et la réduction de la finale. Les termes devenus féminins ont changé leur finale -a en e sourd, posttonique : gabela, disgrazia donnent gabelle, disgrâce ;les termes devenus masculins perdent leur voyelle finale : capitone, sacco aboutissent à capiton, sac. Un e final peut apparaître comme soutien d’un groupe de consonnes : presto>preste, pilastro>pilastre, bravo>brave. L’initiale s+ consonne reçoit un e épenthétique : strato>estrade . A l’intérieur du mot le groupe consonne+ l, qui a été palatalisé en italien, retrouve son articulation : fiasca>flasque ; fiorino>florin, etc. Les noms des pâtes alimentaires ont gardé le i final, marque du pluriel :spaghetti, macaroni, ravioli, caneloni. 8.Les emprunts à l'anglais 94 Vers la fin du XVIIe siècle les premiers anglicismes pénètrent en français, favorisés par le commerce, le régime constitutionnel et parlementaire anglais et par les réformes religieuses. Au XIXe siècle, la révolution industrielle et technologique apporte une nouvelle vague d’emprunts massifs. Après l’italien, l’anglais représente l’apport étranger le plus important à l’enrichissement du lexique français. Une dizaine de mots anglais qui appartiennent tous à la terminologie maritime existaient dès le XIIe siècle : bateau, est, ouest, nord, sud, varech. Parmi les mots venus d’Angleterre on distingue quatre grandes couches : – les mots anglo-saxons, du type : standard, spleen, cake, etc ; – les mots anglo-normands, du type : sport, tennis, flirt, budget, etc. – les mots exotiques, du type: pyjama, véranda, mocassin, etc. – les mots savants (latins ou grecs), appartenant aux vocabulaires scientifiques et techniques internationaux : inoculer, sinécure, photographie, importer,etc. Au XVIIe et XVIIIe siècle, les emprunts à l’anglais vont dans les directions suivantes : – le commerce maritime : paquebot, yacht (néerlandais), prime (d’assurance), stock, flibustier (néerlandais :pirate), interlope( à propos de navires trafiquant en fraude) –les voyages exotiques : pingouin, opossum, bannian, albatros, jungle –les mœurs britanniques : contredanse, mastiff, boulingrin (pelouse), groom, pudding –la terminologie parlementaire et judiciaire: speaker, au sens de Président des Communes), comité, verdict, pamphlet, vote, club, motion, politicien, officiel. – les sports : la boxe, football, jockey, golf. Au XVIIIe– XIXe siècle les domaines d’emprunt sont très variés : - cuisine et boissons : pouding, brandy, punch ; - production industrielle : wagon, yard, flanelle ; - marine : paquebot, yacht, dock ; - domaine politique et social : comité, club, lady, corporation, despotisme, pamphlet, sinécure, vote, verdict ; - termes religieux : panthéisme, puritain, quaker, trinitaire. –termes de mode : tilbury, break, macfarlane –transports : tramway, viaduc, express Au XVIII-ème siécle, à l’admiration pour le régime politique et pour la philosophie matérialiste des philosophes anglais s’ajoute le goût pour la littérature préromantique : libre penseur (calque), humour, spleen, romantique et quelques exotismes véhiculés par l’anglais : alligator, tomahawk, albatros, tabou. .L’histoire de l’adjectif romantique est très intéressante : existant en français comme dérivé de roman, au cours du XVIIIe s. il subit l’influence de l’anglais 95 romantic, comme état d’âme et atmosphère à la Rousseau ; Mme de Staël l’oppose à l’adjectif classique, sous l’influence de l’allemand Romantische. Les termes scientifiques n’apparaissent qu’à partir du XVIIIe siècle :réfrangible, inoculer, ventilateur, dispensaire. L’Angleterre du XIXe siècle prête des termes propres aux domaines des sciences et de l’industrie, en particulier les chemins de fer et l’électricité. Les Anglais apportent des produits industriels tels : l’ébonite, le linoléum, le gutta-percha, le catgut. Nous devons aux Américains les termes de l’art du spectacle : le music-hall, le récital, le festival, le manager. Les Anglais sont les premiers touristes, le mot touriste apparaît en 1816 et le mot tourisme en 1872. La mode des sports hippiques se généralise à partir de 1830 : tandem, pedigree, turf, derby, outsider, starter. Au XX-ème siècle, les anglicismes prolifèrent dans les domaines les plus variés : sports (golf, tennis, foot-ball, sportsman, handicap, record), technique de pointe (le vocabulaire de l’informatique), termes de la mode vestimentaire : blue-jeans, look, short. A partir de 1920, l’anglo-américain nous envoie les noms d’innombrables produits artistiques et publicitaires : film, avion, jazz. L’assimilation des termes anglais. En général, les mots assimilés désignent des choses assimilées : contredanse, paquebot, moire, tunelle, boulingrin, rosbif, bouledogue. Au contraire, les mots non assimilés désignent des choses spécifiquement anglaises : lady, gentleman, building, pudding, sterling. Ces termes traduisent des dénotations sémantiques étrangères, ceux qui les emploient faisant preuve d’un certain snobisme : surprise-party, lunch, look. De tels termes se retrouvent dans les domaines les plus divers : l’industrie, le commerce, l’hôtellerie, le monde du spectacle et de la mode. Les mots « voyageurs » sont des mots d’origine française, entrés jadis en anglais et repris avec des sens et des formes changés. Ce sont des mots normands, apportés de France au XIIe siècle, lors de la conquête normande : ticket, toast, partenaire, tour, parlement, flirt, budget, verdict, jury, sport, tennis, hockey, croquet. Le mot bougette de l’ancien français signifiant « petite bourse » est emprunté par l’anglais sous la forme budget (liste des dépenses et des revenus d’une entreprise), ensuite il est repris par le français avec cette signification. Le mot desport signifiait en ancien français « amusement » ; il a été pris par l’anglais sous la forme sport, au sens de « amusement, exercice physique », d’où il est revenu en France ; l’ancien terme tonnelle signifiait « voûte de verdure ». Il entre en anglais sous la forme tunnel avec le sens « passage souterrain », d’où il revient en France plus tard, avec une forme nouvelle.Le terme flirt vient de l’ancien fleureter, „conter fleurette“. 9. Les mots exotiques. 96 Ce sont des termes venus, avec leurs référents spécifiques, des colonies espagnoles, portugaises, britanniques ou hollandaises. Ils sont entrés dans plusieurs langues européennes, comme les termes venus des Caraïbes par l’intermédiaire de l’espagnol et désignant des produits tropicaux comme: le maïs, le tabac, la patate (la pomme de terre) ou des choses du domaine maritime :le canot, la pirogue, l’ouragan et le hamac. Toujours par l’espagnol sont venus des termes du Mexique et du Pérou, appartenant à la langue des Aztèques et des Incas , désignant des plantes: le cacao, le coca, le chocolat, le caoutchouc, la cacahuète, la tomate ou des animaux spécifiques : le condor, le lama, l’ocelot, le caïman, le coyote, l’alpaga. De l ‘Amérique du Sud, des tribus Tupi et Guarani, viennent des termes comme cobaye, gaucho,toucan, topinambour, ananas, tapioca. De l’Amérique du Nord viennent des mots indiens (principalement algonquins), par l’intermédiaire de l’anglais : manitou, tomahawk, mocassin, totem. Le contact avec l’Extrême –Orient s’est établi grâce aux grandes puissances coloniales de l’Asie, le Portugal (au XVIe–XVIIe siècle) et l ‘Angleterre (au XVIIIe– XIXe s.). Des Indes Orientales viennent des noms de tissus : cachemire, madras, indienne, châle, casimir ou des noms d’objets qui nous sont devenus aujourd’hui familiers : la véranda, le bungalow, le patchouli, le champooing, le pyjama ou moins familiers : palanquin, pagode, bétel. P. Guiraud (Les mots étrangers,1965) décrit le cas intéressant de véranda, qui est un mot d’origine portugaise : dérivé de vara, „perche“, il désigne une galerie couverte, emplacée autour de l’habitation, formée d’un avant-toit soutenu par des perches, et spécifique à l’Inde.„ Toute l’histoire de la colonisation des Indes est dans ce mot désignant une chose hindoue, adoptée et nommée par les premiers colons portugais, reprise par les Anglais et ramenée par eux en Europe où nous leur avons empruntée“, affirme Guiraud. De Malaisie viennent le thé, la jonque, la pagaie, le rotin ,le gutta percha et l’orang-outang (qui en malais signifie „ homme des bois“) De la Chine, du Japon, de la Polynésie et d’Australie viennent peu de mots, désignant des réalités spécifiques : bonze, moxa, kaolin, ginseng, nankin, kimono, tabou, tatouer, yak, boomerang, kangourou. Des pays africains viennent peu de mots, comme négus, kola, chimpanzé, vaudou. Les mots créoles, qui sont des mots européens nés aux colonies, sont pour la plupart espagnols et portugais, très peu d’entre eux sont français. Tel est le cas du mot créole, venu du portugais criar, „élever“, et qui désigne le domestique élevé à la maison ou les termes :nègre, métis, mulâtre. Les emprunts restent un moyen important d’enrichissement lexical, facilitant le commerce intellectuel et la circulation des idées. La réaction contre l’invation des termes étrangers, surtout anglo-saxons, s’est manifestée sous la forme d’un certain nationalisme langagier, comme celui d’Etiemble, exprimé sous la 97 forme d’un pamphlet célèbre, Parlez-vous franglais ? D’autre part, des arrêtés officiels obligeaient les fonctionnaires et les spécialistes à user des équivalents français, proposés par les commissions de spécialité. Des institutions et des organismes spécialement créés, comme le Centre de Terminologie et Néologie, surveillent les nomenclatures et les terminologies techniques et scientifiques et publient les listes des termes étrangers admis. BIBLIOGRAFIA CAPITOLULUI 1.Bárdosi, Vilmos, Pálfy, M.,1988 – Précis de lexicologie française, I-ère partie, Lexicologie sémantique, Tankönyvkíado, Budapest 2.. Chaurand, J.,1977 – Introduction à l’histoire du vocabulaire français. Bordas, Paris 3. Deroy, Louis, 1956– L’emprunt linguistique, Société d’éds. Les Belles Lettres, Paris 4. Désirat, Cl. et Hordé, Tristan,1976– La langue française au XX-ème siècle, Bordas 5. Guilbert,L.,1971 Introduction au Grand Larousse de la LangueFrançaise, ed. Larousse. 6. Guiraud, Pierre (1965, I–ère éd.),1971– Les mots étrangers, PUF, Paris 7. G. Molinié – Le français moderne, Que sais je ? PUF, Paris,1991 8. Mitterand, H. – Les mots français, PUF, 1963 (rééd. 1976) 9. Picoche, J.1992 – Précis de lexicologie française, Nathan, Paris chap. II «Lexique et vocabulaire», pp. 45-55 10. Sauvageot A., 1964 – Portrait du vocabulaire français, Larousse, Paris. 11. Picoche, J.et Marchello-Nizia, Ch..(1989,1-ère éd.),1998- Histoire de la langue française, Eds. Nathan, Paris., pp. 11–80. INTREBARI : 1. Définissez les doublets étymologiques et donnez des exemples. 2. Donnez des exemples de supplétismes et décrivez le procédé. 3. Définissez les emprunts et donnez leur typologie. 4. Quelles sont les langues qui ont donné au français un nombre significatif de termes ? 5. Présentez les domaines d’emprunt pour chacune. 6. Présentez les anglicismes entrés en français à l’état actuel. 7. Qu’est –ce que le franglais? 8. Parlez des anglicismes entrés en roumain. 98 9.Donnez une typologie des emprunts : a) d’après le mode de formation ; b)d’après la langue d’origine. 10.Qu’est–ce qu’on comprend par „mots voyageurs“ ? et par „mots exotiques“ ? Exemplifiez. III. TESTE SI EXERCITII DE AUTOEVALUARE FINALA 1. Présentez les principes et les méthodes de la lexicologie. 2. Présentez les procédés internes d’enrichissement lexical. 3. Pourquoi peut-on affirmer que le lexique est un système ouvert et dynamique? 4. En quoi consiste l’arbitraire du signe lexical?Exemplifiez. 5. Définissez et exemplifiez les concepts opérationnels suivants: racine, base (de dérivation), lexème /vocable. 6. Présentez le mot comme unité morphofonctionnelle de la langue. 7. Présentez les classes sémantiques de noms obtenus par la nominalisation du verbe. 8. Présentez la dérivation syntagmatique suffixale. 9. Faites une classification des préfixes sur des critères variés. 10. Présentez les procédés morphosyntaxiques de la composition. 11. Présentez la typologie des procédés abréviatifs. 12. Présentez les catégories de mots appartenant au fonds latin du français. 13. Quelles sont les langues qui ont donné des mots au français? Exemplifiez par domaines d’usage. 99