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Préfixation seulement : un préfixe exprimant un contraire (in- / dé-) ou un redoublement s'ajoute par
exemple à un verbe : faire / défaire / refaire.
Suffixation seulement, comme pour les diminutifs : fille / fillette.
Accumulation de préfixes et suffixes : redéploiement, dépersonnalisation
Ce qu'on appelle la dérivation parasynthétique : la formation d'un mot directement avec préfixe et
suffixe ; l'étape intermédiaire n'existe pas. Ex. : imbattable (*battable n'existe pas) ; embourgeoiser
(*bourgeoiser n'existe pas). On remarquera pour ce dernier mot comme pour beaucoup d'autres que la
désinence d'infinitif, bien que cette opinion puisse être discutée, se comporte syntaxiquement comme un
suffixe, et peut être considérée comme un suffixe verbal de niveau zéro, puisqu'elle sert à changer la
catégorie grammaticale, ce qui est une particularité des suffixes, sans apporter d'élément sémantique
significatif (il existe d'authentiques suffixes verbaux, comme -iser, -ifier). Autres exemples :
encourager, décourager (*courager), aguerrir (*guerrir).
La base peut être assez diverse. Dans un certain nombre de cas, elle est facilement identifiable : fierté (nc) vient
de fier (adj). Dans d'autres cas, c'est plus flou : danseur (nc) vient-il de danser (v) ou de danse (nc) ?
On peut former des mots sur des bases étrangères : débriefer (questionner au retour d'une mission) < un briefing
(une réunion d'information avant une mission). Ou sur des sigles : CAPES > capésien ; SMIC > smicard. Ou
sur des constructions syntaxiques entières : le je-m'en-foutisme ; un jusqu'au-boutiste.
L'étude d'un mot dérivé, méthode :
On commencera par indiquer le procédé, et sa définition.
On précisera d'abord quel est le radical, et quelle est sa nature grammaticale.
A partir du radical, on retracera les étapes, et on précisera quel mot a servi à chaque fois de base au
suivant. On peut avoir à signaler en cours de route des modifications morphologiques, dans la
prononciation ou l'orthographe. On indiquera le cas échéant qu'une étape est sautée (dérivation
parasynthétique). A chaque ajout d'un affixe, on précisera l'apport sémantique et, s'il y a lieu, la
modification syntaxique.
Lors de la dernière étape, on donnera le sens global du mot, en s'appuyant autant que possible sur le
radical, et en prenant bien garde à définir un nom comme un nom (un objet, une personne, une
technique, etc.), un adjectif comme un adjectif (ex : "qui est apte à..."), etc.
Sur le plan morphologique : un préfixe est forcément invariable, mais on signalera, comme précisé ci-
dessus, les changements éventuels, telle la modification de in- devant certaines consonnes : illisible, irrésistible.
Variantes : mangeable / possible / soluble (= même suffixe, 3 allomorphes : notion de capacité). De même
coopérer / concourir / commémorer (de cum : simultanéité, = "ensemble") ; examen > examiner (ajout d'une
désinence verbale d'infinitif = suffixe verbal minimal ; modification de l'orthographe et de la prononciation : -
en (prononcé "in") > in (prononcé i + n ; conformément à la prononciation : fin > finir). Une personne (nc) >
personnel (+ suffixe d'adjectif) > personnaliser (+ désinence minimale de verbe ; changement phonétique et
orthographique) > dépersonnaliser (+ préfixe exprimant un éloignement ou un contraire, dans le sens de
"défaire ce qui a été fait").
Le suffixe est variable selon la catégorie obtenue : un suffixe d'adjectif entraînera une variabilité en genre et
nombre, et un nom variera simplement en nombre ; un suffixe d'adverbe (-ment / -ons) entraînera une
invariabilité.
Le suffixe est toujours collé au mot de base, alors que certains préfixes peuvent posséder un reste d'autonomie,
qui se manifeste par exemple par un trait d'union ou une apostrophe : le suréquipement - le sous-équipement /
entr'ouvrir ou entrouvrir. En particulier, les préfixes qui viennent de prépositions ne sont pas toujours collés
(entre, sous, contre).