Jeudi 8 février 2007

publicité
L’inclusif
La veille des personnes ayant des incapacités
Jeudi 8 février 2006
Numéro 272
Aujourd’hui en veille
o Une publicité de la Fondation Mira qui dérange
o Dossier sur la santé mentale des jeunes dans La Presse
o 2ème anniversaire de la Loi sur les personnes handicapées en
France
Une publicité de la Fondation Mira qui dérange
Émis mercredi 7 février 2007 par le RPHV 03-12
POUR PUBLICATION IMMÉDIATE
COMMUNIQUÉ
Chien-guide ou canne blanche? Une question de choix.
Québec, le 7 février 2007 – La publicité de la Fondation Mira, diffusée actuellement, laisse un goût
amer aux personnes handicapées visuelles. Dans cette publicité, on voit une personne âgée avec
une canne blanche sur le coin d'une rue qui semble désorientée et hésitante à traverser
l'intersection. Arrive alors, derrière elle, un utilisateur de chien-guide, qui lui offre le bras et l'aide à
traverser la rue.
Cette publicité laisse croire que les utilisateurs de canne blanche sont moins autonomes que les
utilisateurs de chien-guide. Cependant, pour l’obtention d’un chien-guide, une personne vivant avec
une limitation visuelle doit nécessairement être capable de s’orienter avec la canne blanche et
d’effectuer des déplacements sécuritaires. Cette publicité laisse croire que, pour être à l’aise dans
ses déplacements, une personne ayant une déficience visuelle doit obligatoirement avoir un chienguide, alors qu’il n’en est rien.
Notre intention, ici, n’est pas de dénigrer un mode de déplacement par rapport à un autre, mais
plutôt de rappeler qu’il s’agit d’un choix individuel qu’une personne fera, en fonction de ses
préférences et des caractéristiques qui lui sont propres.
Nous sommes conscients que la fondation doit se démarquer pour attirer l’attention du public et
mettre en valeur ses excellents services. Cependant, nous croyons qu’il faut tout mettre en œuvre
pour ne pas diffuser des messages méprisants envers les personnes utilisatrices de la canne
blanche. Nous sommes convaincus que l’on peut concevoir des publicités, sans pour autant
discréditer les gens qui ont fait le choix de la canne blanche, comme aide dans leurs déplacements.
Aussi, nous demandons à la fondation Mira de retirer immédiatement cette publicité, car nous
croyons que celle-ci, nuit à l’image de notre communauté.
Nous vous rappelons que du 4 au 10 février, se déroule la semaine de la canne blanche.
Le regroupement des personnes handicapées visuelles (régions 03-12), est un organisme
démocratique, dont la mission est de défendre les droits et promouvoir les intérêts des personnes
handicapées visuelles de ces deux régions.
-30Source:
M. René Binet
Directeur général
(418) 649-0333
Paru jeudi 7 février 2007 sur Cyberpresse.ca/Le Soleil
Le mercredi 07 fév 2007
Une pub de Mira offense des aveugles
Claudette Samson
Les aveugles utilisant une canne blanche se sentent offensés par la publicité télévisée de
la Fondation Mira qui laisse entendre que le chien-guide offre une meilleure garantie
d’autonomie.
Le Regroupement des personnes handicapées visuelles de Québec et ChaudièreAppalaches a convoqué la presse hier pour dénoncer cette publicité jugée « méprisante »
et « dénigrante » pour les utilisateurs de cannes blanches, selon les mots du président
Jean Brière. Prétendre que les chiens-guides confèrent plus d’autonomie que la canne
blanche est faux. « C’est une question de choix », dit-il.
La pub diffusée depuis l’automne montre une dame âgée utilisant une canne blanche qui
tente en vain de traverser la rue. Arrive alors un jeune homme qui lui prend le bras et l’aide
à traverser. On découvre alors qu’il est lui-même guidé par un chien de Mira.
Plus de détails dans la version papier du journal Le Soleil de jeudi.
Dossier sur la santé mentale des jeunes dans La Presse
Paru mercredi 7 février 2007 sur Cyberpresse.ca/La Presse
Le mercredi 07 fév 2007
La psychiatrie de pilule
Katia Gagnon
Les hôpitaux acceptent de s'occuper de jeunes aux prises avec des problèmes de santé
mentale. Mais pas tous, et pour quelques semaines tout au plus.
Ils aboutissent ensuite dans les centres jeunesse, peut-être le pire endroit où envoyer un
enfant souffrant de troubles psychiatriques. Et comme partout on manque de
pédopsychiatres, les pilules prennent le relais, constate-t-on dans ce deuxième et dernier
volet de notre dossier sur ce délicat problème.
Pour les éducateurs d'une unité située dans un centre sécuritaire de Montréal, la consigne
était claire : la porte de la chambre de Sophie devait toujours, toujours rester ouverte. Cette
porte ne se refermait que l'espace de quelques minutes par jour, pour laisser Sophie se
vêtir. Car les éducateurs savaient qu'à la moindre défaillance de cette constante vigilance,
Sophie tenterait de se suicider.
Depuis que les hôpitaux ont désinstitutionnalisé les malades mentaux, au milieu des
années 90, aucun établissement de santé n'accueille les jeunes souffrant de troubles
mentaux pour plus de quelques semaines. Seuls 13 hôpitaux au Québec ont des lits de
pédopsychiatrie. Durée de séjour moyen : 23 jours.
Après, où vont ces jeunes ? S'ils sont suicidaires ou ont de gros troubles de comportement,
ils aboutissent immanquablement dans les centres jeunesse. Et ces jeunes, bourrés de
pilules, aux comportements parfois incontrôlables, posent de très, très gros problèmes. Il y
a trois ans, une adolescente de 16 ans s'est suicidée alors qu'elle était hébergée au centre
Dominique-Savio.
Les tribunaux à la rescousse
Au centre jeunesse des Laurentides, on a dû, au cours de la dernière année, avoir recours
aux tribunaux par trois fois pour obliger un hôpital psychiatrique à garder en ses murs des
jeunes filles aux prises avec de très sérieux problèmes de santé mentale.
L'un de ces cas était une jeune adolescente qui souffrait d'un trouble d'attachement majeur.
La jeune faisait des crises épouvantables. «Elle criait. Un cri très perçant. Pendant des
heures et des heures. Elle pouvait se mordre, se péter la tête sur les murs. Elle avait
tellement de rage, on pouvait être cinq personnes sur elle pour la maîtriser. On ne savait
plus quoi faire», explique Kathleen Hogan, directrice des services de réadaptation au
centre jeunesse.
Elle a été hospitalisée à Montréal à plusieurs reprises. Chaque fois, après quelques jours
et des injections de puissants médicaments, elle a été renvoyée au centre. «Pour eux, on
ne savait pas s'y prendre. Pour eux, c'était un cas de réadaptation, pas de psychiatrie»,
poursuit Mme Hogan.
Le directeur de la protection de la jeunesse de Laurentides, Denis Baraby, estime qu'il n'a
pas eu le choix. «On a dû se positionner pour dire : on ne la reprend plus», dit-il. L'hôpital
refusant ce diktat, une injonction a été demandée devant les tribunaux. Accordée. La jeune
fille est finalement restée un an à l'hôpital psychiatrique. «Il a fallu se battre de façon
incroyable et mettre en péril la réadaptation de 11 autres jeunes», observe M. Baraby. «Ça
n'a pas de sens qu'un pseudo-réseau fonctionne de cette façon-là», ajoute Mme Hogan.
Quelques heures à peine à l'hôpital
Ce genre de situation se vit partout. Chantal Marquis, éducatrice au centre pour filles RoseVirginie-Pelletier, à Montréal, a retrouvé, un soir, une jeune dans un bain de sang. Elle
venait de s'ouvrir les veines.
À l'hôpital, après les soins d'urgence, elle attend huit heures avec la jeune fille. Finalement,
elle est vue par un interne en psychiatrie. «Il lui a demandé : as-tu encore envie de te tuer?
Elle a répondu non. Je suis repartie avec elle.» La jeune n'a même pas passé une nuit à
l'hôpital. «Elle se faisait recoudre et on me disait déjà, à l'hôpital, à quel point on était bons.
Qu'on était capables», lance Chantal Marquis, manifestement amère.
Une autre jeune fille, au sortir de l'hôpital, a menacé l'éducatrice qui l'accompagnait : «Je
n'embarque pas dans ton char. Je vais me tuer. Je vais me jeter en bas», raconte Chantal
Durocher, une autre éducatrice de Rose-Virginie-Pelletier. «L'hôpital n'a jamais voulu la
garder. On a été obligés d'avoir un transport sécuritaire. Et on l'a ramenée au centre. On
l'avait dans nos culottes. Mais on ne pouvait toujours bien pas l'attacher!»
D'ailleurs, à Rose-Virginie-Pelletier, la consigne est claire : «On n'emmène personne aux
urgences après 16 h à moins que la jeune soit en état de psychose ou d'hallucination.
Sinon, on sait qu'on va se faire revirer de bord», résume Mme Marquis.
L'infirmière du centre, Nicole Boissé, est plus diplomate. Des ponts ont été jetés entre
l'hôpital Sainte-Justine et Rose-Virginie-Pelletier, plaide-t-elle : une pédopsychiatre est
même venue sur place à quelques reprises, un geste impensable il y a quelques années.
Un protocole de collaboration a été établi, qui prévoit la consultation rapide si les cas sont
urgents.
«On ne prend jamais une menace de suicide à la légère. Mais on ne déclenche pas tout un
processus sur une simple déclaration. L'hôpital se dit que quand les jeunes sont en centre,
ils sont dans un milieu sécuritaire», dit-elle.
Si on veut que le jeune récupère, il est parfois plus indiqué de le renvoyer au centre, parmi
les gens qu'il connaît, plaident les autorités des centres jeunesse. «Souvent, on se dit, il va
être bien plus en sécurité à l'hôpital. Mais d'un point de vue clinique, il est peut-être
beaucoup plus adéquat qu'il se retrouve chez nous», croit Anne Duret, responsable du
dossier santé mentale au centre jeunesse de Montréal.
Le pire endroit
Pourtant, la pédopsychiatre Marie Plante estime que les centres jeunesse sont
probablement les pires endroits où héberger un jeune affecté d'un trouble psychiatrique.
"Ces jeunes-là ne peuvent pas tolérer le stress. Et là, on les met dans une unité avec 11 ou
12 autres jeunes parfois très agressifs, impulsifs", déplore-t-elle.
Seuls quelques-uns des centres jeunesse sont spécifiquement consacrés aux problèmes
de santé mentale. À Montréal, on y retrouve une cinquantaine de jeunes. Ailleurs, les
jeunes sont hébergés avec la clientèle générale. Délinquants, troubles de comportement,
alouette. Chantal Durocher, une intervenante de grande expérience, a souvent vu des
jeunes filles atteintes de problèmes de santé mentale être victimes d'ostracisme dans une
unité.
"Ce sont des jeunes qui ont parfois des propos un peu déphasés. Disons que dans un
groupe, elles détonnent. Quand on a deux ou trois bonnes délinquantes dans un groupe..."
dit-elle. Lors de son séjour en centre jeunesse, Mathieu, schizophrène, refusait que
quiconque le touche. "Quand les autres se sont aperçus de ça, ils se sont mis à le toucher,
par jeu. Il réagissait très fortement", raconte sa mère, Monique Lemieux.
En plus, ces jeunes sont souvent incapables de suivre la routine de fer imposée aux jeunes
hébergés en centre. Pilules obligent, ils ont parfois beaucoup de mal à se lever le matin, à
assister aux cours ou à oeuvrer dans les ateliers de travail. Et les intervenants sont mal
équipés pour faire face à ces cas lourds. "La santé mentale, ça fait plus peur qu'une grosse
crise de délinquance. On s'habitue à l'agressivité. Mais la folie, on a moins de moyens pour
faire face à ça. On apprend sur le tas", souligne Mme Durocher.
Les intervenants gèrent donc, désormais, d'imposantes pharmacies. Certaines filles
hébergées à Rose-Virginie-Pelletier prennent jusqu'à 12 pilules par jour. Six sortes de
médicaments, trois prises par jour, des petites pilules de toutes les couleurs
soigneusement rangées dans des dosettes, sous clé. Une image qui démontre, hors de
tout doute, que les centres jeunesse sont devenus les nouveaux hôpitaux psychiatriques
pour jeunes.
Dessins
Les dessins publiés dans ces pages ont été réalisés par des patients et des employés de
l'hôpital Douglas de Montréal, un établissement spécialisé dans le traitement des maladies
psychiatriques. Ils ont été publiés récemment dans un recueil de textes et d'oeuvres d'art
intitulé Le Douglas en 125 histoires et dessins.
Paru mercredi 7 février 2007 sur Cyberpresse.ca/La Presse
Le mercredi 07 fév 2007
Le manque de pédopsychiatres
Katia Gagnon
Peu de psychiatres acceptent de se spécialiser dans le traitement des enfants. Comme le
développement physique et psychologique n'est pas complété, les diagnostics sont plus
difficiles à faire et les traitements, plus hasardeux. Résultat : on manque cruellement de
pédopsychiatres.
Le réseau de santé québécois compte sur les services de l'équivalent de 143
pédopsychiatres à temps complet. C'est un médecin pour 11 000 jeunes. En région
éloignée, le portrait est évidemment plus sombre : un psychiatre pour 20 000 jeunes. C'est
cinq fois plus que ne le stipulent les normes internationales.
Les listes d'attente sont donc imposantes. En 2001, à Montréal, il fallait attendre en
moyenne trois mois pour voir un psychiatre. À Gaspé, sept mois.
Mais le portrait a changé depuis cinq ans, fait valoir le sous-ministre responsable du
dossier au ministère de la Santé, le psychiatre André Delorme. En 2001, 5000 jeunes
attendaient depuis plus de deux mois sur les listes d'attente à l'échelle du Québec. Cinq
ans plus tard, les listes d'attente ont diminué : 2000 jeunes sont en attente depuis plus de
deux mois.
Néanmoins, les psychiatres demeurent critiques. «Le système nous pousse à faire de la
psychiatrie de pilule», explique la pédopsychiatre Marie Plante, de Québec. Plusieurs
jeunes ne voient leur psychiatre que deux fois par année.
Paru mercredi 7 février 2007 sur Cyberpresse.ca/La Presse
Le mercredi 07 fév 2007
La sectorisation
Katia Gagnon
Aucun jeune souffrant de problèmes de santé mentale n'est refusé aux urgences d'un
hôpital. Mais ensuite, contrairement à ce qui se passe avec les affections de nature
physique, c'est généralement votre code postal qui déterminera l'établissement où vous
serez traité.
Jean-Rémy Provost, de l'organisme Revivre, a récemment vu un enfant qui souffrait de
trouble d'attachement dont le cas a été l'objet d'une intense partie de ping-pong entre un
hôpital de la Rive-Sud et l'hôpital Sainte-Justine. «Entre-temps, le jeune n'avait pas de
soins. En santé physique, ce serait inimaginable», dit M. Provost.
Officiellement, la sectorisation n'existe plus depuis que le ministre de la Santé, Philippe
Couillard, a édicté une directive en ce sens en 2003. Mais officieusement, les services de
psychiatrie des hôpitaux sont si débordés qu'ils donnent la priorité à la clientèle locale.
2ème anniversaire de la Loi sur les personnes handicapées en France
Paru mercredi 7 février 2007 sur premier-ministre.gouv.fr
Loi handicap : deux ans d’application
La loi "Handicap" du 11 février 2005 va fêter ses deux ans. A trois jours de cet
anniversaire, Philippe Bas a souhaité faire un point en Conseil des ministres, le 7 février,
sur l’application de cette loi et tracer les perspectives pour les mois à venir. "Pour faire
appliquer la loi le plus efficacement possible, j’ai utilisé la même méthode qui guide toute
mon action. Cette méthode, c’est la concertation, le test sur le terrain et l’action", a souligné
Philippe Bas avant d’évoquer les retombées de la mise en oeuvre de la loi. Aujourd’hui, les
Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) sont installées. L’Etat et la
Caisse nationale de solidarité et d’autonomie (CNSA) ont dégagé des moyens importants
pour leur mise en place : 70 millions d’euros ont été attribués en 2005 et 2006, et 1 400
agents ont été mis à disposition ou recrutés.
La loi de 2005, c’est également deux priorités : l’insertion à l’école et en milieu
professionnel. En 2006-2007, quelque 151 000 élèves handicapés ont été scolarisés. Dans
le milieu du travail, il existe une obligation d’embauche : les personnes handicapées
doivent représenter 6 % des effectifs. Le ministre a indiqué que si le taux des salariés
handicapés a progressé - il est passé de moins de 2 % en 1987 à 4 % aujourd’hui -, l’effort
ne doit pas être relâché. Un plan pour l’emploi est mis en oeuvre depuis novembre 2006,
en liaison avec les MDPH. L’objectif : proposer à toute personne handicapée sans emploi,
dans les 6 mois suivant sa demande, un chemin d’insertion professionnelle.
Dépasser les ambitions de la loi
"Dans plusieurs domaines, j’ai voulu dépasser la loi, parce que si la loi peut beaucoup, elle
ne peut pas tout", a précisé Philippe Bas. Des mesures supplémentaires ont été prises : 40
000 places mises en oeuvre dans les établissements et services entre 2003 et 2007,
minimum invalidité revalorisé, 10 % de places créées en établissement spécialisé
réservées aux personnes âgées handicapées...
Faciliter la vie quotidienne
Les démarches administratives doivent être facilitées pour les personnes handicapées. A
l’approche des échéances électorales, elles doivent, par ailleurs, être en mesure d’exercer
pleinement leur citoyenneté : un effort sera demandé en termes d’accessibilité (isoloir
adapté au passage d’un fauteuil roulant, sous-titrage des programmes officiels de la
campagne....).
Enfin, des écoles de vie autonome seront créées afin de permettre à des personnes
handicapées motrices ou des lésés cérébraux de faire l’apprentissage de l’autonomie :
"Donner des soins, des places, c’est une chose, pouvoir former à l’autonomie, c’en est une
autre. C’est leur permettre de dépasser leurs propres limites", a conclu Philippe Bas.
Paru jeudi 8 février 2007 sur Le Figaro.fr
Les enfants handicapés retrouvent le chemin de l'école
Agnès Leclair.
Publié le 08 février 2007Actualisé le 08 février 2007 : 08h24
Les enfants handicapés retrouvent le chemin de l'école Affaire Terrasson : la justice durcit
le ton À bord du premier vol de l'A 380 Villepin pour des droits d'inscription en fonction
des revenus Retour | Rubrique FranceDeux ans après la loi sur le handicap, les élèves
handicapés sont de plus en plus nombreux à rejoindre l'école « ordinaire ». Mais leur
intégration reste un parcours du combattant.
QUELQUE 160 000 enfants handicapés ont eu droit à une rentrée des classes en milieu
ordinaire en septembre 2006. Soit 6 % de plus qu'en 2005 et 20 % de plus qu'en 2004, a
annoncé hier Philippe Bas, le ministre délégué aux Personnes handicapées. Permettre aux
enfants handicapés d'être scolarisés en priorité dans les écoles « classiques », au plus
près de leur domicile : c'est l'un des grands principes de la loi sur le handicap du 11 février
2005.
Malgré ces chiffres encourageants, les associations estiment que l'application de la loi
laisse encore à désirer et que les parents se heurtent régulièrement aux refus des écoles.
Pour faire accepter Naomie, sa fille de 8 ans, une heure par jour en étude dans son école
de quartier, Olivia Mallet a ainsi dû recourir à la Halde. Scolarisée le reste de la journée
dans une école médicalisée de Seine-Saint-Denis, Naomie est assimilée IMC (Infirme
moteur cérébral). « La directrice a lâché qu'elle ne voulait pas d'une enfant handicapée,
s'indigne Olivia Mallet. Grâce à la Halde, j'ai pu obtenir gain de cause mais du coup, le
dialogue avec l'école est difficile et l'institutrice de Naomie refuse de me rencontrer. »
Les enseignants peuvent en effet se montrer réticents à l'arrivée d'un enfant handicapé. «
Ils ne sont pas formés par l'Éducation nationale et quand on ne connaît pas le handicap, on
a souvent peur de mal faire », regrette Marie-Sophie Desaulle, présidente de l'Association
des paralysés de France (APF).
Les écoles conditionnent souvent la venue d'un enfant handicapé à la présence d'un
auxiliaire de vie scolaire (AVS), un accompagnant employé par l'Éducation nationale et
chargé d'aider les élèves en situation de handicap. Marie Moreaux s'est battue pour la
scolarisation de sa fille Coline, 5 ans aujourd'hui. Atteinte du syndrome de Prader-Willi,
cette dernière connaît notamment des difficultés alimentaires et d'apprentissage. Un AVS
lui a été accordé après plusieurs demandes. « L'école refusait de la garder si ce dernier
n'était pas présent, même une demi-heure, raconte Marie Moreaux. Finalement, nous
avons dû changer Coline d'école, quitte à faire 50 km de trajet par jour, pour qu'elle soit
bien accueillie et puisse s'épanouir. Aujourd'hui, elle est inscrite à plein-temps dans une
section»moyen grand* alors que l'établissement ne dispose que d'un seul ASEH (aide à la
scolarisation d'enfants handicapés). »
2 000 auxiliaires de vie
Pour pallier ce problème de manque d'encadrement, Philippe Bas a annoncé le
recrutement de 2 000 AVS en 2007. Selon le ministère, 1 000 unités pédagogiques
d'intégration (UPI), dispositifs spécialisés au sein des établissements du secondaire,
devraient également ouvrir leurs portes d'ici à 2010.
Bien entendu, les quelque 240 000 enfants handicapés ne peuvent pas tous suivre une
scolarité classique. « La loi a créé chez les parents des aspirations qui ne peuvent pas
toujours être satisfaites », prévient Laurent Cocquebert, directeur de l'Union nationale des
associations de parents et amis de personnes handicapées mentales.
Paru jeudi 8 février 2007 sur RTL.FR
LOI HANDICAP 08/02/07
Bilan mitigé pour les associations
Deux ans après le vote de la loi sur le handicap, les associations font un bilan en "demiteinte" de son application. L'association des paralysés de France, notamment, distribue
quelques mauvais points. En cause, les disparités entre les différentes "Maisons
départementales des personnes handicapées", pas toujours à la hauteur, ainsi que le
problème des revenus et du monde du travail, qui ne permettent pas encore aux personnes
concernées de sortir de la dépendance financière.
Des disparités entre les départements
La loi sur le handicap fête ses deux ans, et les avis provenant des associations de
personnes handicapées sont partagés. Globalement, elles jugent cette loi "positive", mais
son l'application laisse encore à désirer.
Parmi les mesures phares de cette loi, on trouve celle des "Maisons départementales des
personnes handicapées", un lieu qui centralise les démarches des handicapés pour leurs
droits et leurs prestations. Les associations, à l'image des Paralysés de France (APF),
expliquent que leur efficacité est très variable d'un département à l'autre, que de nombreux
dossiers prennent énormément de retard et que beaucoup de personnels de ces structures
ne sont pas formés "à l'accueil des personnes".
L'entreprise encore difficilement accessible
Autre point noir, celui des ressources, "loin d'être réglé" selon l'APF. Certaines personnes
ne peuvent pas travailler, "n'ont pas droit à un revenu d'existence décent et dépendent
toujours de leur éventuel conjoint".
Et la question du travail est également posée sous l'angle de l'accessibilité. L'APF dénonce
une "insuffisance du projet de décret". Les entreprises de 20 à 200 salariés sont obligées
de ne rendre qu'un seul étage accessible, et aucune obligation n'est imposée aux plus
petites entreprises, selon les Paralysés de France.
En revanche, l'école est un point pour lequel le bilan est jugé satisfaisant : entre la rentrée
2004 et celle de 2006, le nombre d'élèves handicapés a augmenté de 20%. Philippe Bas,
ministre délégué aux Personnes handicapées, a promis que 2.000 auxiliaires de vie
supplémentaires seraient embauchés cette année. Pour la campagne présidentielle, il a
également annoncé la mise en ligne, sur Internet, des professions de foi de tous les
candidats, au format sonore et écrit.
En France, on recensait en 2005 plus de cinq millions de personnes handicapées. Un
français sur dix. Si des progrès ont été constatés, l'APF réclame la fin de "politiques à part"
et l'engagement d'une "politique transversale" et l'intégration du handicap.
J.-V. Russo et Frédérique Prabonnaud
La Veille personnes ayant des incapacités est produite périodiquement par Les productions de la nuit.
L’Inclusif ; veille personnes ayant des incapacités est une infolettre ayant comme mission de rapporter
l’actualité touchant à la participation sociale des personnes ayant des incapacités au Québec. Éditeur :
Christian Généreux adjointe à la recherche et rédaction : Louise Blouin. Toute diffusion est encouragée à la
condition de mentionnée la source. Pour abonnement, envoyer un courriel à [email protected]
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