L écriture sacrée

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L'écrit sacré
Il y a des paroles (orales) sacrées. Il y a aussi des écrits sacrées. L'écrit est
d'autant plus porteur de sacralité qu'il est doué de permanence. Les paroles
volent, les écrits restent.
Déjà par elle-même l'écriture revêt un caractère sacré.
Souvent on croit que ce sont les dieux qui ont inventé l'écriture. Odin, selon la
mythologie germanique; a inventé les runes. Les hiéroglyphes ont été inventés
par le dieu égyptien de la sagesse Thoth. En Babylonie, c'est la dieu Nabû qui
est à l'origine de l'écriture, chez les Celtes Ogma, fils de la déesse de la sagesse
Brig.
C'est pourquoi l'écriture était universellement dans les temps antiques entre les
mains des prêtres, comme le culte et la magie, l'astrologie et la mantique, la
mythologie et les annales.
Les formules écrites ont un effet tout particulièrement magique, quand elles sont
inscrites sur des billets, des rouleaux ou des tessons. On les accroche aux murs
de la maison, on les porte autour du cou. Elles servent de talismans. et
d'amulettes. Talisman vient du grec telesma ("bénédiction") et amulette du verbe
latin amoliri "se défendre", ce qui correspond au grec apotropaion et
phulaktêrion.
Les textes magiques sur les murs des pyramides et des tombes égyptiennes
devaient protéger les défunts qui y étaient enterrés.
Sur les tefillîn des Juifs est inscrit le Chema' Israël, sur les amulettes
chrétiennes des noms de saints ou des versets bibliques, sur les amulettes
musulmanes des versets du Coran, même quelquefois le Coran entier en
écriture miniature.
La parole sacrée mise par écrit est cependant plus qu'une formule magique, qui,
elle n'agit que sur le moment. Les Ecritures sacrées confèrent à une religion
l'immortalité. Prières, oracles, mythes, lois etc... ont été transmis pendant des
millénaires de bouche à oreille, et de maître à élève. Les hommes des temps
passés avaient des aptitudes phénoménales à mémoriser les textes, tels les
étudiants brahmaniques, les mobed parsis. Encore aujourd'hui, nombre de
musulmans (les hâfiz) connaissent le Coran par coeur, certains Juifs toute la
Torah.
Quand une religion sans écriture meurt, meurent aussi avec elle les textes. Mais
si ces textes ont été consignés sur des papyri ou gravés dans la pierre, alors la
religion continue à vivre. Beaucoup de religions antiques ont été pour ainsi dire
ressuscitées, lorsque leurs écritures ont été rendues accessibles par les
chercheurs. D'autres (textes celtiques, textes de la civilisation de l'Indus)
résistent encore.
Religions scripturaires
On distingue deux sortes de religions scripturaires: celles qui ont simplement mis
par écrit, par commodité, les textes utilisés dans la vie cultuelle privée et
publique. D'autres ont développés des Ecritures canoniques, c-à-d normatives
et faisant autorité. Ces Ecritures sont alors considérées comme d'origine divine
et partagent d'une certaine manière l'éternité de Dieu.
Les Ecrits canoniques ou bibles de l'humanité
Ils se divisent en deux groupes.
1. Certain écrits sacrés sont nés de manière anonyme comme le Veda ou les
cinq livres sacrés du confucianisme.
2. Toutes les autres bibles de l'humanité sont nées sur le sol de religions
fondées par des personnalités hors du commun. On distingue là aussi deux
catégories:
a) les livres canoniques des religions mystiques de l'Inde: le Siddhânta du
jaïnisme, le Tipitaka du bouddhisme theravâdin.(Petit Véhicule), le Dharma du
Grand Véhicule, le bKa-'gyur (prononcer: Kanjour) du bouddisme tibétain.
b) D'un genre différent sont les écritures des religions révélées l'Avesta du
mazdéisme, la Torah ou plutôt le Tanakh du judaïsme, le Nouveau Testament et
l'Ancien Testament du christianisme, le Coran de l'islam, le Guru Granth du
sikhisme (en Inde), la Ginzâ et le Livre de Jean du mandéisme (en Irak), les sept
livres de Mani: (manichéisme) le Shahpurakan, l'Evangile de Vie, le Trésor de
Vie, les Pragmateia, Le Livre des Secrets, Le Livre des Géants et Les Epîtres .
3. A ces écrits canoniques s'ajoutent des écrits secondaires ou deutérocanoniques, donc d'une autorité moindre que les écrits canoniques.
Dans l'hindouisme, c'est la smriti (par opposition à la çruti), laquelle se
compose des çâstra (littérature juridique), du Mahâbhârata (immense épopée,
avec la Bhagavad-Gîtâ), le Râmâyana (immense épopée aussi), le Râmâyana
hindi de Tulsî Dâs, les Purâna, le Tiruvâçagam de Mânikka Vâçagar, et les
chants marâthes.
Dans le bouddhisme theravâdin du Petit Véhicule, notamment les Jâtaka
("naissances antérieures du Bouddha"), le Milindapañha (questions du roi
Milinda ou Ménandre), dans le bouddhisme tibétain le bsTan-'gyur (prononcer:
Tanjour).
Dans le mazdéisme une série de textes en pehlvi, en particulier le Dênkart (de
l'époque sassanide), le Bundahishn (écrit cosmologique et apocalyptique), le
Shayast la-shayast (éthico-ritualiste), l'Artâ î Virâf Nâmak ("le livre de la
descente d'Artâ Virâf", description des cieux et de l'enfer).
Dans le judaïsme, la Michna et le Talmud, ainsi que le Zohar.
Dans le christianisme , les écrits des "pères apostoliques" (les Epîtres de
Clément, Barnabé, Ignace, Polycarpe, le Pasteur d'Hermas et le Symbole des
Douze Apôtres, et les ouvrages des pères de l'Eglise.
Dans l'islam sunnite, les recueils de hadîths ( "paroles de Mohammed en
dehors des instants de Révélation", formant la Sunna), pour l'islam soufi les
Methnevî de Djalâl ad-dîn Rûmî,
4. A côté des écrits reconnus comme faisant autorité, à titre canonique ou
deutérocanonique, il y a des écrits de moindre valeur qui ont été exclus du culte
ou du raisonnement théologique. Ce sont les apocryphes. Dans le judaïsme,
sont considérés comme apocryphes les écrits que les autorités rabbiniques
n'ont pas retenus dans le canon de l'Ancien Testament (plus exactement du
Tanakh), parce qu'écrits en grec et non en hébreu , mais que certaines Eglises
reconnaissent. On peut également ranger dans cette catégorie les écrits de
Qumrân. Dans le christianisme, sont considérés comme apocryphes notamment
les Evangiles de l'Enfance.
Le canon
Tous ces écrits sacrés sont portés par une communauté religieuse ou politique.
Dans la mesure où ils ne sont pas nés d'une croissance "naturelle" comme le
Veda, leur délimitation repose sur la décision délibérée d'une instance
religieuse. Des conciles jaïns et bouddhistes ont fixé les canons jaïn et
bouddhiste. Sous les Sassanides, des institutions officielles de l'Etat ont fixé le
canon du mazdéisme pour faire contrepoids à la Bible chrétienne. Les autorités
rabbiniques ont fixé le canon du Tanakh, en en excluant les textes écrits en
grec. Le canon du Coran a été fixé par les califes Abû Bakr et Othman. Seul
Mani fait exception: il a lui-même fixé le canon de la religion qu'il a fondée.
L'origine divine des écritures sacrées
Dans toutes les religions où une écriture canonique s'est imposée, cette écriture
est considérée comme divine, sainte, éternelle et immuable.
a) Origine : un dieu créateur. Les écrits sacrés de l'Inde sont nés d'un acte
créateur: Prajâpati, le dieu créateur, a créé les hymnes védiques par le tapas
("énergie, ascèse"), les rishis (voyants védiques) les reçurent aussi grâce au
tapas. L'idée d'une création des écritures saintes se trouve aussi dans l'Avesta:
le Staota yesnya (c-à-d les Gâthâ avec le Yasna) a été créé au-début des temps
b) Origine: émanation divine. Dans ce cas, il n' y a pas d'acte créateur d'un dieu
créateur. Selon la Brihad-âranyaka-Upanishad (- 6ème s;) : "ont émané de ce
Grand Être (= le Brahman), le Rig-veda, le Yajur-veda, le Sâma-veda....."
La pré-existence des écritures sacrées dans le ciel:
Déjà le Livre d'Henoch et le livre des Jubilés parlaient de livres célestes. Cette
conception se retrouve dans l'islam: la Torah, l'Evangile et le Coran sont des
fragments d'un Livre céleste qui est auprès de Dieu.
D'autres religions professent que ceux qui mis par écrit les livres saints les ont
entendus ou vus dans des visions ou des illuminations intérieures.
Les rishis védiques parlaient avec les dieux des vérités divines.
Les prophètes de l'Ancien testament entendaient les paroles de YHWH et les
mises par écrit " prends une grande tablette et écris " (Es. 8.1).
Pour la théologie chrétienne, Dieu est l'auteur premier de l'Ecriture: Dieu a
inspiré les auteurs sacrés et cette inspiration varie selon les livres.
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Bible Apocryphes Deutérocanoniques Pseudépigraphes Torah Talmud Ancien Testament
Nouveau Testament Bhagavad-Gîtâ, Coran, Tipitaka, Veda Ecrits de Qumrân
Bibliographie Définition Mircea Eliade Le sacré Théophanies Le Ciel Le Sanctuaire Personnes sacrées Le Mythe
Souffrance, confession des péchés
Hindouisme Judaïsme Bouddhisme Christianisme Islam
ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWYZ
© Ralph Stehly. Ce cours peut être reproduit uniquement dans un but non commercial, et à condition de mentionner l'auteur et
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