BULLETIN DE REINFORMATION DU VENDREDI 27 NOVEMBRE 2015 (Extraits) Ephéméride Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II lance la première croisade à la suite du Concile de Clermont. Cet appel du pape connaît un succès populaire retentissant : la croisade des pauvres gens rassemblera des pèlerins modestes de toute l’Europe librement partie, mais ne verra jamais la Terre Sainte. Puis les barons partent en foule : beaucoup affranchissent leurs serfs au départ ; une frange importante de la population y trouvera sa liberté. La croisade est avant tout un pèlerinage armé : celui qui part obtient une indulgence plénière. Son objectif est de venir au secours des chrétiens d’Orient, tués ou réduits en esclavage par les Turcs Seldjoukides installés depuis 20 ans. Au cri de : "Dieu le veut !", la première croisade aboutie, contre toute attente, à la prise d'Antioche puis à la prise de Jérusalem. Mais la contre-offensive musulmane se met en marche avec la reprise d'Édesse en 1147, la victoire de Saladin à Hattin et dans la foulée, en 1187, la reprise de Jérusalem ! Les ultimes efforts des croisés ne peuvent empêcher l'inéluctable : la chute, en 1291, de Saint-Jean-d'Acre, dernier établissement franc en Terre Sainte. Grands sujets Hommage national aux victimes du 13 novembre Aujourd'hui, la France va rendre hommage aux victimes du vendredi 13 novembre par une cérémonie aux Invalides Patrick Garcia, historien spécialiste des commémorations et usages publics, souligne que le choix d'un hommage national à des civils anonymes dans ce temple militaire est une première. Il fait écho aux discours qui présentent ces victimes comme des victimes de guerre, parce que tuées à la suite d'un acte de guerre. Par ailleurs, le gouvernement veut étendre la portée de l'hommage. François Hollande invite à l'occasion de cet hommage national chaque Français à décorer sa façade de notre bannière nationale. On observe ainsi une résurgence étonnante des symboles nationaux, et singulièrement - horresco referens - du drapeau français Indéniablement, le drapeau français revient à l'honneur. Le gouvernement suggère aujourd’hui, sur son site officiel, de pavoiser Internet en publiant sur les réseaux sociaux des selfies aux couleurs de la France. Une véritable déferlante s'était déjà abattue sur le monde et sur les réseaux sociaux quelques heures après les attentats, les noyant de bleu, de blanc et de rouge. Une fois n'est pas coutume, les Français - et non les touristes — dévalisent les commerces pour acquérir leur drapeau. Députés, personnalités politiques, familles et particuliers, tous sont unanimes, et se regroupent derrière lui : reste à s’entendre sur le sens qu’on veut bien lui donner. La gauche, aujourd’hui affriolée de nos couleurs, ne l’a pas toujours été loin de là Nous pourrions remonter jusqu’à un Jean Zay, panthéonisé l’an passé et qui, en 1924, traitait dans un poème resté fameux le drapeau français de « saloperie tricolore », « sale petite guenille » et « torche-cul ». Mais beaucoup plus près de nous, en 2007, nous pourrions citer Ségolène Royal qui avait souhaité que les Français aient, chez eux, un drapeau tricolore : cette annonce avait provoqué un tollé à gauche : elle avait été fustigée par Olivier Besancenot, Marie-Georges Buffet et José Bové, qui dénonçait une « tournure nationaliste ». François Hollande avait alors quant à lui déclaré que cette proposition « devait être remise dans son contexte ». Il avait, lui, pour sa part un drapeau, « dans la cuisine ». « Les coupes du monde y sont pour beaucoup » avait-il candidement ajouté. La timide coordination franco-russe Une coopération entre la France et la Russie ? Il semble que les meilleurs ennemis tentent un timide rapprochement. François Hollande a été accueilli par Poutine au Kremlin hier. Les deux puissances se sont retrouvées pour mettre en place une coalition internationale contre le terrorisme. Le président français a déclaré, je cite : « Je suis ici pour déterminer, comment nous pouvons nous coordonner pour vaincre ce groupe terroriste et trouver une solution politique ». Les mots sont clairs, mais les actes suivront-ils ? Les deux pays sont tombés d’accord pour entamer une coopération renforcée sur trois points En premier lieu, la France et la Russie vont augmenter les échanges d’informations et les échanges de toute nature ; en second lieu, ils vont intensifier et coordonner leurs frappes notamment sur le transport du pétrole ; enfin, les deux pays ont convenu que les troupes luttant contre l’Etat islamique ne doivent pas être touchées : cela revient, en pratique, à interdire les frappes contre les forces de Bachar Al-Assad. Cependant, la position française est trop floue pour que le rêve d’une coalition internationale contre le terrorisme devienne réalité Ce projet né en Russie n'avait pour l’heure reçu aucun soutien occidental : les événements du 13 novembre ont été un déclencheur en France. Mais le pas n’a pas été franchi. Les frappes russes contre les opposants au gouvernement de Bachar Al-Assad déplaisaient et déplaisent encore à un président trop soucieux de respecter l'avis de l'UE et des Etats-Unis. Et l’alliance ponctuelle prononcée du bout des lèvres entre les deux pays est trop ténue pour affermir durablement leurs liens. Ces accords arrivent dans un climat de tension pour la Russie. L’avion de combat russe abattu ce mardi 24 novembre par la Turquie a amorcé un regain de tension entre les deux pays. Vladimir Poutine accuse son homologue turc de complaisance envers l’Etat islamique. De son côté, François Hollande récupère comme il peut des soutiens : après être allé chercher de l’aide aux Etats-Unis, il a insisté pour que l'Allemagne apporte son aide technique ; Angela Merkel la lui a promise. Le voile islamique interdit une nouvelle fois dans les établissements publics La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a eu à se pencher hier sur la délicate question du port du voile islamique dans les établissements publics C’est l’histoire d’un hôpital français qui avait refusé de renouveler le CDD d’une salariée au motif qu’elle refusait d’ôter son voile. Certains patients avaient déposé des plaintes. La CEDH statuait hier sur son cas : elle a noté que l’interdiction de port du voile constituait bien une ingérence dans la liberté religieuse de la salariée : mais cette ingérence était justifiée par le souci de maintenir une égalité de traitement des malades ; elle est proportionnée à l’exigence de laïcité de l’Etat, et de neutralité du service public. Donc, la Cour a donné raison à la France, contre la requérante. Cet arrêt est tout à fait dans la continuité de la délicate position française Dans l’affaire Baby Loup, la Cour de cassation avait fini par juger qu’il était juste pour un employeur d’une entreprise privée d’interdire à ses salariées de porter le voile. En 2008, la CEDH avait quant à elle estimé qu’il était légitime d’interdire à des collégiennes de porter le voile sur les bancs de l’école. Enfin, l’an passé, elle avait validé la validation du voile intégral dans l’espace public. En droit, sur tous les fronts, le port du voile régresse. Maintenant, reste à observer, ce qui se passe dans les faits. En jugeant, la CEDH s’est fondée sur une spécificité française La CEDH n’a pas dit qu’il était légitime d’interdire, partout en Europe, le port du voile dans les établissements publics. Elle a affirmé qu’il était justifié de le faire en France, car le principe de laïcité est inscrit à l’article premier de notre Constitution. Elle s’est ainsi référée au modèle français, quasiment unique, qui se veut absolument neutre. En Italie, où l’influence religieuse est plus marquée, elle avait laissé les crucifix dans les classes. Ces affaires répétées, comme celle des crèches de Noël soulignent cependant la difficulté extrême, voire utopique, qu’il y a de faire respecter une neutralité publique absolue, alors que l’homme est religieux. La France a choisi de ne rien choisir : au lendemain des attentats, cette absence consacrée de choix permettra-t-elle de lui insuffler à nouveau une âme ? Brèves françaises Charte pour les mosquées à Béziers Le 26 novembre, Robert Ménard a présenté une charte de bonne conduite que les imams biterrois doivent signer. Cette « Charte des mosquées de Béziers » est destinée à « rassurer l’ensemble des habitants de la ville » après les attentats revendiqués par l'EI le 13 novembre. Robert Ménard explique vouloir « réussir au niveau local ce que l’État a été incapable de faire au niveau national ». Cependant, une "Charte de l'imam" nationale est en cours d'élaboration selon le Conseil français du culte musulman. Le maire de Béziers a préféré intervenir rapidement puisque l'imam de sa ville entretenait des liens avec celui de Brest dont la mosquée a été perquisitionnée récemment. Cette charte, déclinée en 6 points, est explicite : les imams doivent s'exprimer en français, les textes radicaux prônant la mort des athées ou des homosexuels ne doivent pas être promus et surtout les imams s’engagent à ne pas recevoir d’argent d’un état étranger. Le maire de Béziers a décidé d’intervenir rapidement sans mâcher ses mots alors que l’Etat français réfléchit encore pour établir : « un engagement de chaque imam sur un certain nombre de points forts ». L’an prochain, la taxation du carburant augmentera A l’issue du scandale Volkswagen, le gouvernement avait annoncé une baisse de la taxation de l’essence : il n’en sera rien puisque seul le sans plomb 95 – E10, contenant un additif à base de betterave, de canne à sucre et de céréales sera moins cher. Pour le reste, le gazole comme le prix de l’essence augmenteront de 2 centimes le litre à cause d’une augmentation de la taxe carbone. Brèves internationales Royaume-Uni : frapper ou ne pas frapper Daesh ? Alors que les avions de la Royal Air Force frappent déjà Daech en Irak, David Cameron a essayé de convaincre le Parlement de la nécessité d’étendre les frappes aériennes à la Syrie. Selon lui, le Royaume-Uni ne peut « sous-traiter sa sécurité à d’autres pays ». Jeremy Corbin, chef de l’opposition travailliste s’oppose à cette mesure. Ce pacifiste convaincu conscient de la menace terroriste se demande si ces frappes vont en réalité « réduire ou accroître cette menace ». Pour Cameron, cette question ne se pose pas : « nous ne devons pas fuir nos responsabilités ou les confier à d'autres ». Chine : allègement de peine pour Gao Yu La journaliste dissidente Gao Yu vient d’être libérée de prison pour raison de santé. Elle avait été condamnée à 7 ans de prison pour divulgation de secret d’état. Elle purgera néanmoins sa peine, commuée à 5 ans, en résidence. Elle aurait transmis à la presse un document, le « document n°9 », concernant les directives du Parti Communiste à l’égard des mouvements démocratiques et des tentatives d’indépendance ou de dissidence des médias. La Chine est considérée comme 17e dans le classement des libertés de la presse de Reporters sans frontières. Les suivants sont donc pires ? Au Mali ce n'est pas fini Un treizième soldat français depuis 2013 est mort au Mali dans la nuit de mercredi à jeudi des suites de ses blessures. Le 13 octobre dernier, son véhicule avait explosé sur une mine ennemie dans le nord du pays. Membre des forces spéciales et sergent-chef parachutiste, Alexis Guarato participait à l'opération Barkhane. Il avait combattu pour la France dans différents pays d'Afrique et en Afghanistan. François Hollande a exprimé son profond respect à l'égard du sacrifice de cet homme et de tous ceux qui luttent au Sahel contre les groupes armés jihadistes. La bonne nouvelle du jour Anne Brassié vous invite dimanche à sa vente-dédicace de livres « Lire sous les Sapins ». Vous y rencontrerez Philippe de Villiers, Roger Holeindre, Reynald Sécher et bien d’autres auteurs entendus sur Radio Courtoisie. L’entrée est libre à partir de 14 heures, salle Chasseloup, au 64 avenue Théophile Gauthier dans le XVIe arrondissement.