Avec lui, les chasseurs de ces nouveaux mondes ont enclenché une vitesse supérieure dans
leur traque dont le premier gibier
fut pris en 1995. C’était hier, c’était le passage de la théorie à l’observation. Depuis Giordano Bruno -
brûlé Campo Dei Fiori, à Rome, le 17 février de l’an 1600, il proclamait sa conviction philosophique
d’un univers peuplé de mondes innombrables.
Depuis que l’on comprend mieux la formation des étoiles, les scientifiques savent que rien, en théorie,
ne fait de notre système solaire un solitaire. Mais il manquait l’observation. Elle fut faite dans un petit
coin de France, au cœur de la Provence, à l’Observatoire de Saint-Michel… par une équipe franco-
genévoise dirigée par Michel Mayor, avec un modeste télescope en préretraite... mais dôté d'un
spectrographe puissant et astucieux.
Ces observations sont délicates. Les planètes ne sont pas détectées elles-mêmes, sauf exception,
mais à travers les
minuscules perturbations qu’elles infligent à la lumière de leur étoile. Soit en la décalant légèrement
en longueur d’onde lors de leurs passages devant et derrière, vu de la Terre. Soit en diminuant très
faiblement leur luminosité en masquant une toute petite partie de l’astre en passant devant. Cette
dernière technique d’observation, dite du «transit», est celle utilisée par Kepler et une "détection"
consiste à observer trois transits d'une même planète.
Entre 1995 et l’an 2000, les traqueurs d’exoplanètes en ont déniché une cinquantaine. Depuis, ils ont
dépassé les 500. De plus en plus diverses par leurs tailles, leurs orbites, les étoiles autour desquelles
elles tournent. Avec la mise en œuvre de télescopes terrestres dédiés à cette tâche, la mise en orbite de
télescopes - l’européen très français Corot et l’américain Kepler, la traque s’accélère encore.
Sur le site web de Kepler, un compteur de planètes s’affiche. Avec seulement 28 confirmée sur les
plus de 2000 détectées...
Le bestiaire planétaire du cosmos dépasse les imaginaires des auteurs de science-fiction. Les mondes
ne sont pas seulement innombrables - probablement des milliards dans notre seule Galaxie, la Voie
Lactée - mais d’une infinie diversité. Des gazeuses comme Jupiter ou Saturne. Des rocheuses comme
la Terre ou Vénus. D’autres qui sont faites surtout de glaces. Des chaudes, voires brûlantes, des
froides. Des qui frôlent leur étoile - les six planètes de Kepler bouclent leurs orbites en 10 à 47 jours