-On appelle cela le biais de publication.
3ème paragraphe
-Quelle est la part réelle de tous ces phénomènes dans les études disant que tel
aliment augmente ou diminue le risque de développer un cancer ?
-Cette question figure au centre d'un article paru dans le numéro de janvier de
l'American Journal of Clinical Nutrition, écrit par deux chercheurs américains, Jonathan
Schoenfeld et John Ioannidis.
-Ces deux auteurs y ont passé au crible quelque trois cents études récentes associant
cancer et alimentation, afin d'évaluer leur méthodologie ainsi que leur honnêteté
intellectuelle.
-Pour ce faire, ils ont pioché 50 aliments au hasard dans un bon vieux livre de recettes
de cuisine, le Boston Cooking-School Cook Book, un pavé de plus de 700 pages paru
pour la première fois en 1896.
-Ils ont ensuite effectué une recherche documentaire dans la base de données
PubMed, spécialisée dans les recherches biologiques et médicales, afin de dénicher
des études récentes associant ces 50 ingrédients au cancer, dans quelque sens que
ce soit.
-A chaque article, ils ont extrait toutes les données ainsi que les conclusions sur le
risque (accru, diminué, ni l'un ni l'autre, marginal).
-Puis, ils ont vérifié que les résultats étaient interprétés selon les préconisations
standard de la science.
4ème paragraphe
-Et c'est là que le bât a commencé à blesser.
-Dans 80 % des études, la base statistique des effets constatés a en effet été jugée
"faible voire non significative".
-En clair, le lien entre aliment et cancer se révèle le plus souvent ténu, quand il n'est
pas imaginaire.
-La présentation des résultats flirte fréquemment avec la limite de la malhonnêteté
intellectuelle car, sept fois sur dix, les chercheurs oublient opportunément de signaler
les résultats non-significatifs (c'est-à-dire ceux qui ne vont pas dans le sens de
l'hypothèse de travail) dans le résumé de leur étude, ledit résumé étant ce que lisent
en premier leurs collègues chercheurs ou les médecins qui parcourent les revues.
-Traquant les biais sans la moindre pitié, Jonathan Schoenfeld et John Ioannidis notent
que l'ampleur des effets est souvent exagérée dans les études et qu'il n'existe pas de
protocole standardisé pour ces recherches aliments-cancer.
-Ce n'est pas sans ironie qu'un de leurs graphiques montre que, pour quelques
aliments comme, par exemple, le vin, le lait, les œufs, le maïs ou le café, certaines