subordination de la religion et donc transformation fondamentale de la hiérarchie des
pouvoirs.
En Europe de l’Ouest, le Haskalah prend la couleur de la recherche de l’histoire des
juifs à partir de 1830. Il s’agit d’appliquer aux textes juifs la critique historique, donc de
laïciser l’identité juive. Ainsi Heinrich Graetz publie l’histoire des juifs, toujours éditée. On
pose ainsi les bases d’une nationalité juive. La Haskalah veut aussi réformer la religion. Des
rabbins tentent de la faire entrer dans la modernité, en permettant par exemple les mariages
mixtes, ou en transformant les rituels tel que le passage du Sabbat au dimanche. Les œuvres
de la Haskalah sont traduites en yiddish et rendues accessibles à tous les juifs. En réaction,
notamment en Pologne, se développent des courants ultra-orthodoxes, tel que le mouvement
du Hassidisme qui estime que l’identité juive passe par le respect absolu de la Torah et du
Talmud.
II. La situation des juifs face aux pouvoirs politiques
1. L’Emancipation : la reconnaissance des droits civils des juifs
La loi du 27 septembre 1791 fait de la France le premier pays à l’accorder.
L’Emacipation se répand avec les conquêtes, et cela aboutit en 1807-1808 du Grand
Sanhédrin (haute autorité juive, qui n’avait pas été réuni depuis le IIème siècle. Les rabbins et
les notables décident que le droit religieux juif est inférieur et donc soumis au Code Civil. Ce
décret va permettre une véritable assimilation, malgré le « décret infâme » (en vigueur
jusqu’en 1846) qui limite les droits des juifs en Alsace.
2. La mosaïque des situations en Europe
L’Angleterre mène une politique progressive : ce n’est qu’à partir de 1845 que les juifs
peuvent exercer tous les métiers administratifs. En 1868, Disraeli devient Premier Ministre et
met ainsi fin à la discrimination. Dans les Etats Pontificaux, le ghetto (inventé par Venise)
persiste à Rome et le seul métier autorisé est chiffonnier. L’affaire Edgar Mortara
(enlèvement d’un juif à ses parents) émeut l’opinion. Une campagne de presse se déchaîne en
Europe, symbolisant l’absence des droits pour certains juifs. Ils s’organisent alors avec
l’alliance israélite universelle qui doit améliorer la situation des juifs en Europe. Au
même moment, se développent des rumeurs antisémites : les juifs auraient sacrifié des enfants
catholiques. Cela provoque des massacres.
3. Les voies de la russification
C’est là que la situation est la pire. Dans les années 1825 – 1860, Nicolas Ier persécute
les juifs de l’Empire : obligation de la conscription (contradiction avec le « tu ne tueras
point »). Cette mesure entraîne des émigrations et des suicides. Egalement des taxes sur la
viande cachère, et l’interdiction des « papillotes » (coiffure en bouclettes). Cela s’accompagne
d’une politique de conversion. Il faut une autorisation pour publier des livres en hébreu, pour
quitter la zone de résidence… Cette politique est allégée par Alexandre II (suppression des
conversions forcées, assouplissement des droits de résidence). En 1863, la révolte des
Polonais est écrasée et le tsar favorise les juifs pour s’assurer leur appui, nombre d’entre eux
seront fonctionnaires dans les territoires occupés en Pologne. Les juifs seront perçus par les
polonais comme des oppresseurs, d’où antijudaïsme polonais. La relative tranquillité s’achève