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I. Introduction
Après avoir été reléguée au second plan, pendant de nombreuses années, la question de
l’intégration
économique se pose avec plus d’acuité que jamais pour les pays en
développement en général et les pays africains en particulier. Une résurgence qu’on peut
imputer, en partie, à la tendance à la formation de gros blocs commerciaux dans le monde. De
nouveau, l’intégration se présente comme le moyen d’atteindre une croissance économique
plus rapide, plus diversifiée et plus durable, et de réduire la dépendance vis-à-vis des sources
extérieures.
Cependant, le bilan n’est guère satisfaisant lorsqu’il s’agit de l’intégration économique ou de
coopération en Afrique subsaharienne (Berg, 1993). Plusieurs facteurs sont mis en évidence
pour expliquer les résultats médiocre des regroupements régionaux en ASS. Parmi ces
facteurs, on note les facteurs politiques (macroéconomiques divergentes), des facteurs
structurels (tissu industriel semblable), des facteurs culturels et historiques (différence), etc.
Toutefois, peu d’études ont cherché à expliquer les résultats de l’intégration régionale par les
ressources naturelles (Fouquin et al., 2006 ; Carbaugh, 2007 ; Collier et Venables, 2008 ;
OMC, 2010 ; Venables, 2011, etc.). Les résultats qui se dégagent de ces études est qu’il peut y
avoir une relation à double sens entre les ressources naturelles et l’intégration régionale.
L’intégration régionale influe différemment sur le développement potentiel des pays riches en
ressources et des pays pauvres en ressources (qui produisent des articles manufacturés), en
termes d’efficience économique, de bien être et d’économie politique. Mais cet effet dépend
souvent de la situation géographique des pays concernés et du type de ressources naturelles
dont ils sont dotés. Ainsi, l’abondance relative des ressources dans ces différents contextes
peut elle même avoir une influence sur l’incitation des pays à s’engager dans l’intégration
régionale. Notre analyse s’inscrit dans la dynamique de l’analyse unidirectionnelle des effets
des ressources naturelles sur l’intégration régionale en ciblant la Communauté Economique et
Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC). Malgré la forte dépendance des pays de l’Afrique
centrale des ressources naturelles, il n’existe pas à notre connaissance une étude ayant mis en
évidence le lien entre les ressources naturelles et l’intégration dans la sous région. Et pourtant,
la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale apparaît comme l’une des
régions au monde présentant le profil économique le moins diversifié et le moins intégré.
L’économie de la zone CEMAC est essentiellement « minière » reposant sur l’exploitation
En général, l’intégration régionale est un processus par lequel des pays concluent un accord pour renforcer la
coopération régionale. La motivation peut être économique ou politique et le degré d’intégration peut varier
considérablement.