Le pétrole :
En fait, notre civilisation industrielle moderne dépend du pétrole et de ses dérivés; la structure physique et le mode de vie
des communautés suburbaines qui entourent les grandes villes sont le résultat d'un approvisionnement en pétrole à
grande échelle et peu coûteux. Toutefois, ces dernières années ont montré que cette disponibilité au plan mondial n'a
cessé de décroître et que son coût relatif a augmenté.
Formation
Le pétrole s'est formé sous la surface de la terre, par suite de la décomposition d'organismes marins. Les restes de
minuscules organismes vivant dans la mer et, dans une moindre mesure, ceux des organismes terrestres qui sont
entraînés vers la mer par les rivières et des plantes qui poussent sur le fond des océans, sont mélangés aux sables fins et
aux sédiments qui se déposent sur le fond des bassins marins. Ces dépôts, riches en matières organiques, sont les
roches sources de la génération de pétrole brut. Le processus a commencé il y a des millions d'années avec le
développement d'une vie abondante et il se poursuit encore aujourd'hui. Les sédiments s'alourdissent et tombent au fond
de l'eau sous l'effet de leur propre poids. Au fur et à mesure que les dépôts supplémentaires s'empilent, la pression
exercée sur ceux qui se trouvent en dessous augmente plusieurs milliers de fois et la température s'accroît de plusieurs
centaines de degrés. La boue et le sable durcissent pour former des schistes argileux et du grès!; le carbone est précipité
et les coquilles de squelettes durcissent et se transforment en calcaire!; les restes des organismes morts sont ainsi
transformés en pétrole brut et en gaz naturel.
Une fois formé, le pétrole remonte vers la croûte terrestre car sa densité est inférieure à celles des saumures qui saturent
les interstices des schistes, des sables et des roches carbonifères qui forment la croûte terrestre. Le pétrole brut et le gaz
naturel remontent dans les pores microscopiques des sédiments plus gros qui se trouvent au-dessus d'eux. Il arrive
fréquemment que le matériau qui remonte rencontre un schiste imperméable ou une couche de rocher dense qui
l'empêche de remonter plus haut!; le pétrole est alors emprisonné et un gisement de pétrole se forme. Toutefois, la
majeure partie du pétrole ne rencontre aucun rocher imperméable et remonte librement à la surface de la terre ou sur le
fond des océans. Les dépôts de surface comprennent également les lacs bitumineux et les émanations de gaz naturel.
Développement historique
Ces dépôts de surface de pétrole brut sont connus depuis des milliers d'années. Dans les régions où ils sont apparus, ils
furent longtemps utilisés à des fins aussi limitées que le calfatage des bateaux, l'imperméabilisation des vêtements et
l'allumage des torches. À la Renaissance, certains dépôts de surface étaient distillés en vue d'obtenir des lubrifiants et des
produits médicinaux, mais la véritable exploitation du pétrole brut ne commença pas avant le XIXe siècle. La révolution
industrielle entraîna la recherche de nouveaux combustibles et les bouleversements sociaux qu'elle occasionna créèrent
un besoin d'un pétrole peu onéreux et de bonne qualité pour les lampes!; les gens souhaitaient pouvoir travailler et lire une
fois la nuit tombée. Toutefois, l'huile de baleine n'était accessible qu'aux riches, les bougies de suif avaient une odeur
désagréable et les becs de gaz n'existaient que dans les maisons et appartements modernes des zones urbaines.
La recherche d'un meilleur combustible de lampe entraîna une forte demande d'«!huile de roche!» — c'est-à-dire de
pétrole brut — et, vers le milieu du siècle dernier, de nombreux scientifiques développèrent des procédés permettant d'en
faire un usage commercial. C'est ainsi que James Young, parmi d'autres en Angleterre, commença à fabriquer différents
produits à partir de pétrole brut, mais il s'orienta par la suite vers la distillation du charbon et l'exploitation des schistes
bitumeux. Le physicien et géologue canadien Abraham Gessner déposa en 1852 un brevet pour obtenir, à partir du pétrole
brut, un combustible pour lampe peu onéreux, brûlant sans résidu, appelé pétrole lampant!; en 1855, un chimiste
américain, Benjamin Silliman, publia un rapport indiquant la gamme de produits utiles pouvant être obtenus par distillation
du pétrole.
C'est ainsi que débuta la recherche de plus grosses sources d'approvisionnement en pétrole brut. Le fait que les puits
creusés pour l'eau et le sel présentent parfois des infiltrations de pétrole était bien connu. L'idée de forages pétroliers fit
donc naturellement son chemin. Les premiers puits furent forés en Allemagne en 1857-1859. L'initiative qui rencontra le
plus grand retentissement fut cependant celle d'Edwin L. Drake en 1859, près d'Oil Creek, en Pennsylvanie. Drake, qui
travaillait sous contrat pour l'industriel américain George H. Bissell, procéda à des forages pour trouver la «!nappe mère!»,
origine des affleurements de pétrole de Pennsylvanie occidentale. Si Drake extraya un pétrole de type paraffine,
d'écoulement aisé et facile à distiller et si le puit était peu profond, sa réussite n'en marquait pas moins le début de
l'industrie pétrolière moderne. Le pétrole fit rapidement l'objet de toute l'attention de la communauté scientifique, et des
hypothèses cohérentes furent émises quant à sa formation, sa remontée à travers les couches terrestres et son
emprisonnement. Avec l'invention de l'automobile et les besoins en énergie issus de la Première Guerre mondiale,
l'industrie du pétrole devint l'un des fondements de la société industrielle.