Cameroun / Golfe de Guinée / Piraterie Cameroun : Le golfe de Guinée s'organise face à la piraterie (MFI/25.06.2013) Un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement s’est tenu ces 24 et 25 juin à Yaoundé au Cameroun en vue d’adopté une stratégie commune de sécurité dans le golfe de Guinée. Il s’agit de doter les Etats-membres de moyens de lutte plus efficaces contre la piraterie maritime qui ne cesse d’augmenter. Selon le dernier rapport du Bureau maritime international, il y a eu en 2012 plus d’attaques de navires au large des côtes du que des côtes somaliennes. Selon le dernier rapport du Bureau maritime international, 966 marins ont été attaqués en 2012 par des pirates dans les eaux du golfe de Guinée. Ces chiffres confirment la tendance apparue l'an dernier : le golfe de Guinée dépasse les côtes est-africaines en nombre d'attaques. Les eaux du Nigeria, du Bénin, et plus récemment du Togo sont désormais classées dans la zone à haut risque définie par un groupe de compagnies d'assurances. Les dirigeants des pays côtiers, qui ont engagé depuis deux ans une réflexion sur la question avec les Nations unies et les organisations régionales, se sont rencontrés lors d’un sommet ces 24 et 25 juin à Yaoundé pour tenter d’enrayer le phénomène. Bien souvent, dans cette zone, les prises d'otages ne sont pas l'objectif principal des pirates, contrairement au golfe d’Aden où la plupart des attaques de navires visent la demande de rançons. Ici, ils cherchent surtout du pétrole raffiné pour le revendre au marché noir. Du coup, « les choses doivent aller vite, dit-on au BMI, et ils sont, du coup, généralement plus violents avec les équipages ». La nécessité d’un plan stratégique régional Du coup, les conditions de sécurisation de l’exploitation pétrolière sont revues à la hausse. Les navires sont de plus en plus nombreux à devoir s’équiper de gardes armés et les primes d’assurance augmentent – ce qui a forcément un impact négatif sur les économies des pays les plus dépendants comme le Bénin - dont le port assure entre 70 et 90 % des recettes de son économie -, mais aussi le Ghana et le Togo. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'en était inquiété, l'an dernier, réclamant une stratégie commune pour garantir la sécurité dans la zone, et ainsi doter les Etatsmembres de moyens de lutte plus efficaces. Pour l’instant, les pays du golfe de Guinée ne bénéficient d’aucune assistance extérieure. Il existe des relations bilatérales entre certains de ces pays et avec les puissances extérieures comme la France et les EtatsUnis – mais surtout dans le domaine de la formation. En outre, le golfe de Guinée ne bénéficie pas de patrouilles militaires internationales comme au large de la Somalie. Les navires sont donc plus exposés, d'autant qu'en principe, ils ne sont pas autorisés à avoir à leur bord des gardes de sécurité privés à moins de 20 km des côtes. Or selon le BMI, les pirates vont de plus en plus loin. Cette année - c'est nouveau –, ils ont même attaqué avec des bateaux-mères à 200 km au large. Pour Michel Luntumbué, du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité basé en Belgique, « la plupart des législations ne sont pas adaptées. De plus, sans harmonisation des dispositifs communs de surveillance, l’impact des initiatives est moindre. « La lutte contre la piraterie ne figure pas dans nombre de codes, explique-t-il. Or, pour réprimer, il faut une législation. Et puis, il y a la question de la mutualisation, non seulement des moyens techniques mais aussi des moyens de surveillance aériens et maritimes, et le financement de tout ce dispositif ». Les travaux des chefs d'État et de gouvernement des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont examiné un mémorandum d'entente, une déclaration politique et un code de conduite pour la prévention et la répression des actes de piraterie. Ces trois textes soumis au sommet de Yaoundé visent à intensifier la lutte en renforçant les moyens d'action nationaux par de nouveaux textes juridiques ou par l'acquisition et la maintenance d'équipements maritimes, puis en établissant une plus grande coopération régionale - échange d'informations ou harmonisation des législations. Les textes « engagent » aussi les États membres à collaborer avec les partenaires stratégiques internationaux dans cette lutte contre la piraterie. Dans le golfe d'Aden, c'est ce type de partenariat qui a permis de réduire l'activité des pirates. Synthèse MFI