Daniel Warzager (2/3/01)
Le discours du ministre Jack Lang sur la rénovation des IUFM 27 févr. 2001
Rénover la formation des enseignants pour faire face aux défis de l’école
Sommaire 1. Analyse critique de la conception de l’information véhiculée par le projet
2. Répertoire des éléments du discours qui pourraient concerner la formation des futurs
enseignants aux nouvelles technologies de l’information et de la communication
1. ANALYSE CRITIQUE DE LA CONCEPTION DE L’INFORMATION VEHICULEE PAR LE PROJET
Nous ne pouvons que nous féliciter de la reconnaissance et de l’intérêt accordé aux technologies de
l’information et de la communication dans le projet de rénovation de la formation des enseignants.
Cependant comme professionnelle de l’information nous sommes en droit de nous interroger sur la
conception principalement technique et procédurale de l’usage de l’information véhiculé par ce discours.
Rien de très claire et précis sur les difficultés intrinsèques liées l’exploitation des messages et de
leur contenue : la surinformation, la désinformation, le manque de référenciation de nombreux documents,
l’analyse approfondie de l’autorité des sources, le statut et la validité de l’information, les difficultés de mise
en perspective du contenu des documents.
Ces difficultés sont pourtant les obstacles épistémologiques essentiels à l’usage non sommaire de
« l’information brute » qui fondent l’objet central des sciences de l’information et du document et constituent
à elles seuls la matière d’un enseignement disciplinaire séparé de la documentation. Sans préjuger de la
nécessité d’intégrer ces pratiques à l’ensemble des enseignements.
Si un temps personnel est indispensable pour la découverte et la fréquentation autonome des outils de
l’information, On ne saurait faire l’économie des apprentissages collectifs, des projets finalisés et d’un
enseignement spécifique lié aux sciences de l’information et du document.
Dans la perspective de mettre en place des modules de formation, il s’avère important de se détacher de la
vulgate en ce qui concerne l’information pour distinguer et articuler les champs d’activités qui pourraient
donner matière à enseignement
En reprenant la trame proposée dans le document
la maîtrise technique élémentaire des principaux matériels et
outils [documentaires, du papier au virtuel]
la capacité à intégrer ces technologies dans l’enseignement des différentes
disciplines
la capacité à utiliser des techniques et des ressources de travail en réseau et à
distance
[L’utilisation des portails scolaires et disciplinaires « hyper manuels scolaires »]
une réflexion sur les aspects juridiques, éthiques et déontologiques de l’utilisation des nouvelles
technologies dans l’enseignement, jointe à l’acquisition d’une distance critique par rapport à ces
outils.
Nous pourrions ajouter
L’acquisition des procédures pertinentes de recherche et d’exploitation (les projets de production
documentaire)
La capacité à attribuer du sens à l’information brute qui circule sur le net, l’usage critique, la
déconstruction des processus socio-historiques de production et d’usage de l’information (statut du
document, approche historique et épistémologique des connaissances, les courants de pensée en
lien avec les sciences de l’éducation et les disciplines scolaires, notion d’éthique et de droit de
l’information,...).
La concertation entre diverses disciplines est indispensable pour articuler et organiser ces formations
Les enseignants documentalistes seront amenés à prendre des initiatives pour préparer et intégrer ces
modules à la réflexion sur le nouveau projet de formation des enseignants
2. REPERTOIRE DES ELEMENTS DU DISCOURS QUI POURRAIENT CONCERNER LA FORMATION
DES FUTURS ENSEIGNANTS AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA
COMMUNICATION
Les expressions soulignées et les remarques proposées sont proposées par l’auteur de ce répertoire
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La prise de distance critique, aussi bien par rapport aux savoirs que par rapport aux pratiques.
Page 11
[Dès la Licence, à l’université]
un enseignement favorisant le renforcement de la culture générale dans la discipline, un enseignement
d’histoire de la discipline, d’épistémologie de la discipline, enseignements que j’exhorte les universités à
développer, en licence ou en maîtrise
Page 19
« Un professeur de collège ou de lycée, spécialiste d’une ou de deux disciplines, doit avoir la capacité de
s’informer de façon approfondie sur une question, d’analyser et de synthétiser des sources de
documentation diverses, de trouver aisément les accès aux travaux d’une recherche en constante
évolution ».
...« il est souhaitable qu’il dispose d’une solide culture générale ».
... qu’ils soient des « spécialistes cultivés »
Page 29
« Où est le temps pour la lecture et l’approfondissement, la recherche ? Où est le temps pour apprendre à
se documenter ? Où est le temps pour la réflexion individuelle et collective ? Je demande donc que les
volumes horaires de deuxième année, fassent l’objet, dans le cahier des charges d’une définition claire et
commune à tous les IUFM. Il convient de laisser aux stagiaires le temps d’une utilisation plus large des
ressources documentaires, d’une initiation plus efficace aux techniques d’information et de documentation,
de travaux plus nombreux effectués en équipe, d’une réflexion personnelle plus productive ».
Remarques
apprendre seul ! ! ! (nous restons dans une logique ou il y aurait beaucoup à savoir, sans que rien ne
soit vraiment enseigné)
l’initiation reste limitée aux techniques ! ! !
Page 34
.... « L’initiation aux nouvelles méthodes [ pédagogiques]»...
Mais il faut aussi qu’ils s’initient aux éléments nouveaux qui viennent d’être introduits. Je pense, en
particulier, à l’aide individualisée aux élèves qui requiert des compétences particulières (comprendre
les difficultés d’apprentissage ou les blocages particuliers dans l’acquisition de telle ou telle notion), aux
travaux personnels encadrés, les TPE, qui exigent que l’on soit vraiment capable de collaborer avec d’autres
collègues (dont le documentaliste).
Page 35
.... La formation générale
Le deuxième ensemble de la formation est constitué de la formation générale : celle-ci doit
concerner l’ensemble des professeurs-stagiaires ainsi que les documentalistes et les conseillers
d’éducation.
La formation générale apportera aux stagiaires des éments de philosophie, de sociologie, de psychologie
de l’enfant et de l’adolescent, de droit. Elle comportera une réflexion sur la déontologie du métier
d’enseignant....
Page 37
.... Les technologies de la formation et de la communication
Un sort particulier devra être fait, dans le plan de formation des enseignants, aux technologies
de l’information et de la communication. Chacun le sait, celles-ci bouleversent les savoirs et la
manière d’accéder au savoir, et elles changent considérablement le rôle de l’enseignant. Loin
de l’affaiblir, elles renforcent ce le, et le rendent plus complexe. Il nous faut préparer tous les
enseignants à ces changements majeurs. Il ne s’agit pas de faire de ces technologies une
discipline supplémentaire : elles constituent un outil et une ressource, qu’il convient d’intégrer
dans l’ensemble de la formation. On peut s’attendre à ce que dans quelques années, le cursus
universitaire des étudiants leur ait permis d’acquérir avant l’entrée à l’IUFM l’essentiel des
compétences techniques en matière de nouvelles technologies. Les IUFM en tiendront
évidemment compte. La formation des professeurs des écoles doit prendre en compte quatre
aspects essentiels des technologies de l’information et de la communication :
la maîtrise technique élémentaire des principaux matériels et outils ;
la capacité à intégrer ces technologies dans l’enseignement des différentes disciplines ;
la capacité à utiliser des techniques et des ressources de travail en réseau et à distance ;
une réflexion sur les aspects juridiques, éthiques et déontologiques de l’utilisation des
nouvelles technologies dans l’enseignement, jointe à l’acquisition d’une distance critique
par rapport à ces outils.
Remarques
Qu’elle soit ou non « une discipline supplémentaire », cette « matière » doit faire l’objet d’un
enseignement pour qu’il soit réellement prise en charge par les enseignants des autres disciplines après
qu’ils aient eux-mêmes bénéficiés d’un enseignement substantiel concernant :
Les compétences techniques
La distance critique par rapport aux outils
La distance critique par rapport aux messages bruts
Les connaissances indispensables à une culture experte de l’information
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Une formation plus importante à l’utilisation des ressources documentaires
Enfin j’insiste pour que la formation à la documentation prenne une place plus importante que celle
qu’elle occupe actuellement : le jeune professeur doit acquérir une maîtrise suffisante de la documentation à
la fois dans la perspective de la pratique de classe et dans celle de sa pratique professionnelle personnelle.
Page 43
.....
RECRUTEMENT DES FORMATEURS EN IUFM
...
Le corps enseignant de l’IUFM comporterait désormais des représentants de tous les corps de l’Education
Nationale : universitaires, professeurs certifiés et agrégés, professeurs des lycées techniques et
professionnels, instituteurs et professeurs des écoles, maîtres formateurs, inspecteurs, conseillers
pédagogiques de circonscription, conseillers principaux d’éducation, chefs d’établissements,
documentalistes, conseillers d’orientation, conseillers en formation continue.
Page 60
FORMATION CONTINUE
S’agissant du lycée .... Il s’agit dans ce cas de passer d’une approche la plupart du temps
monovalente à une approche pluridisciplinaire, davantage porteuse de sens pour les élèves.
l’enseignement d’éducation civique, juridique et sociale, ...
...concevoir une démarche qui implique solidairement un certain nombre de disciplines autour d’un
enseignement qui n’est pas identifié à l’une d’entre elles et associe des collègues de plusieurs
disciplines dans une logique inédite de co-disciplinarité,
les travaux personnels encadrés.
...non pas l’exploitation de savoirs constitués. Les TPE jouent la carte d’une diversification des
approches qui répond mieux à la diversité des publics.
accompagner la construction du savoir par les élèves.
Ce n’est pas par hasard qu’une affinité forte est en train de se dessiner entre la réflexion sur les TPE
et la réflexion sur l’utilisation des technologies d’information et de communication dans
l’enseignement.
Le grand apport de ces technologies c’est que, fondamentalement, leur usage change les pratiques
d’enseignement en libérant l’enseignant de ce qui n’est pas forcément l’essentiel de son travail, c’est
à dire l’apport brut d’information, pour l’aider à se recentrer sur l’accompagnement de la façon dont
les élèves élaborent du savoir.
Tout comme dans les TPE, elles impliquent un élève plus autonome et appellent une évolution de la
professionnalité enseignante sans doute dans le sens d’une plus grande inventivité.
Pour l’enseignement professionnel, on s’appuiera sur le même principe pour mettre en œuvre le
projet pluridisciplinaire à caractère professionnel.
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