(Prudence) Il faut donc, pour parler avec discrétion et avec prudence, ne jamais parler qu'on
n'ait bien pensé à ce qu'on a à dire; il ne faut pas dire tout ce qu'on pense, mais il faut se
conduire, en beaucoup de choses, selon l'avis du Sage, comme si on les ignorait. On peut, dit le
même Sage, si on a de l'intelligence sur quelque chose qu'on veuille dire, ou que quelqu'un dise,
parler ou répondre à propos, sinon, on doit mettre sa main sur sa bouche. C'est-à-dire qu'on doit
se taire, de peur qu'on ne soit surpris dans une parole indiscrète ou qu'on ne tombe dans la
confusion. (RB, 207, 1, 519)
(Prudemment - Imprudent) Il faut aussi, pour parler prudemment, observer le temps auquel il
est à propos ou de parler, ou de se tenir dans le silence; car c'est être bien imprudent et léger, dit
le Sage, de n'observer point le temps et de parler lorsque la seule envie qu'on a de parler nous y
porte. Il faut aussi, selon saint Paul, que toutes les paroles qu'on dit, soient tellement accompa-
gnées de grâce, et assaisonnées de sel, qu'on n'en dise pas une seule, qu'on ne sache pourquoi
et comment on la dit. (RB, 207, 1, 520)
(Prudence - Imprudemment) Le Sage, pour faire connaître en peu de mots qui sont ceux qui
parlent avec sagesse et avec prudence, et qui sont ceux qui parlent imprudemment, dit
admirablement que le coeur des insensés est dans leur bouche, et que la bouche des sages est
dans leur coeur. C'est-à-dire que ceux qui n'ont pas de sens, font connaître à tout le monde, par
la multitude et l'inconsidération de leurs paroles, tout ce qu'ils ont dans le coeur; mais que ceux
qui ont du sens et de la conduite sont tellement retenus et réservés à parler, qu'ils ne disent que
ce qu'ils veulent bien dire et que ce qu'il est à propos qu'on sache. (RB, 207, 1, 524)
(Prudence) C'est pourquoi celui qui les exprime, doit se souvenir, que quoiqu'il faille beaucoup
estimer les autres, on doit cependant les louer peu, et avec beaucoup de précaution et de
retenue, suivant l'avis du Sage, qui nous dit avec raison, qu'il ne faut louer personne avant la
mort, car dans les louanges il y a toujours à craindre, à l'égard de celui qui les donne, qu'il ne
manque de sincérité; et à l'égard de celui qui les reçoit qu'il n'en tire de la vanité. C'est pourquoi
ces sortes de compliments doivent être rares, et ne doivent être faits qu'avec beaucoup de
prudence et de circonspection. (RB, 207, 6, 580)
(Prudence) La prudence est une vertu, qui, par une lumière surnaturelle, discerne tout ce qui
peut conduire l'âme à Dieu, et tout ce qui peut l'en éloigner. On distingue la prudence chrétienne
d'avec la prudence de la chair, en ce que la prudence de la chair ne juge des choses que par les
commodités et les avantages de la vie présente, et la prudence chrétienne en juge par les
maximes et les règles de l'Évangile, et selon le discernement que Dieu fait lui-même des choses.
(DA, 216, 1, 4)