s’exprime concrètement ce que présupposent les analyses abstraites du comportement intéressé telles qu’elles
sont développées par les économistes marginalistes.
Troisièmement surtout, le champ de la sociologie économique selon Weber est extrêmement vaste
puisque outre les faits économiques au sens strict, il faut tenir compte des faits qui ne le sont pas, la religion par
exemple, mais qui en donnant un sens à l’action, ont des conséquences économiques. Plus largement, c’est
l’ensemble des dimensions d’actions analysées pas Weber qui sont susceptibles d’intervenir au niveau même des
comportements économiques, du moins lorsqu’on en fait l’analyse complète.
1) Typologie de l’action et origine du comportement économique rationnel.
La typologie de l’action wébérienne est celle qui est la plus connue et la plus utilisée de nos jours, il y a
donc 4 types d’actions :
L’action traditionnelle,
L’action affective,
L’action rationnelle en valeur,
L’action rationnelle en finalité.
Si on laisse de coté les deux premières, c’est-à-dire les actions traditionnelles qui se fondent sur ce qui a
toujours été, les habitudes, la plupart des actions quotidiennes selon Weber, et les actions affectives fondées sur
les impulsions, les affections du moment ou encore les émotions, les actions sont selon Weber rationnelles soit
par rapport aux valeurs qui sont principe de l’action, soit par rapport à l’adaptation des moyens aux fins.
Cette action rationnelle se présente d’abord comme une rationalité dite « instrumentale », c'est-à-dire
comme d’adaptation rationnelle des moyens aux fins poursuivies. C’est la fameuse action Zweckrational. La
définition qu’en donne Weber est directement associée au comportement économique tel qu’il est décrit par la
théorie marginaliste. « Agit de façon rationnelle en finalité celui qui oriente son activité d’après les fins, moyens,
et conséquences subsidiaires et qui confronte en même temps rationnellement les moyens et la fin, la fin et les
conséquences subsidiaires et enfin les différentes fins possibles entres elles ».
Cette définition, idéal-typique de l’action instrumentale présente un niveau d’abstraction aussi
important que celui qu’on rencontre dans la définition de l’action intéressée de l’Homo oeconomicus.
Cette définition va bien au-delà du comportement intéressé ou du moins de la caricature qu’on à fini par
en retenir avec l’idée que les fins étaient définies à l’extérieur du modèle des données exogènes et donc que le
choix rationnel ne portait pas sur ses fins mais simplement sur la sélection des moyens pour les atteindre, sans
parler évidemment des conséquences subsidiaires (exemple le consommateur maximise son utilité et il choisit les
moyens pour maximiser son utilité).
Weber distingue une deuxième forme d’action rationnelle : l’action rationnelle en valeur, ou
Wertrational. « Agit de façon complètement rationnelle en valeur celui qui agit sans tenir compte des
conséquences prévisibles de ses actes ou service qu’il est de sa conviction portant sur ce qui lui apparaît comme
commandé par le devoir, la dignité, la beauté, les directives religieuses, la piété ou la grandeur d’une cause quel
qu’en soit la nature. Cette deuxième forme de rationalité, autrement qualifiée de rationalité axiologique, suppose
que l’action ne cherche pas une adaptation des moyens aux fins de manière à produire les conséquences
préférées par l’acteur, mais elle cherche au contraire à faire prévaloir un principe axiologique (non discutable),
une valeur à laquelle l’individu adhère quel que soient les conséquences matérielles qui en résultent pour l’acteur
(par exemple le capitaine qui sombre avec son bateau). Quoi qu’il en soit, ces différentes orientations ne
constituent pas dans l’esprit de Weber une classification rigide et cloisonnée des modes d’activité sociale, elles
ne sont que de pures idéaux-types élaborés pour servir les fins de la recherche sociologique sachant que la réalité
l’activité se rapproche plus ou moins de l’un de ces types idéaux, et le plus souvent il les combine. La question
de l’origine du comportement économique rationnel permet ainsi à Weber de souligner l’imbrication, l’étroite
articulation existant entre les deux formes d’actions rationnelles.
Dans son étude de 1905 : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Weber montre ainsi comment
le comportement économique rationnel est le fondement essentiel de toute la civilisation moderne est une
construction sociale spécifique qui doit être rapportée à l’avènement d’une forme d’action rationnelle en valeur
spécifique. Au demeurant, Weber considère qu’avant l’époque moderne (avant le XVIè siècle), la puissance
religieuse était telle qu’aucune transformation ne pouvait intervenir du point de vue des comportements légitimes
sans l’assentiment de la religion.
Avant la rupture, l’action économique est une action traditionnelle à deux niveaux.
Soit il s’agit d’une action dont est absente la recherche systématique du gain (le paysan
cherche par habitude à satisfaire ses besoins puis il arrête de travailler).
Soit il s’agit d’une action où l’appât du gain s’exerce comme par routine, c'est-à-dire sans
arrières pensée et sans considération d’une rentabilité à long terme. Plus précisément si le
capitalisme n’est pas apparu plus tôt c’est parce que le catholicisme interdisait cette possibilité.