EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) PSYCHOPATHOLOGIE DE L’ADULTE Les psychoses « Tout ce que en quoi l’on croit existe et seulement cela. » H. Von Hofmannsthal (poète allemand) a) Clinique de la psychose L’individu a un rapport différent à la réalité. On distingue 2 aspects de la réalité : - Propriétés physiques : perception sensorielle correcte - Attribution de la signification et de la valeur de cette réalité. Dans la psychose, la personne se construit une néo-réalité. - contact immédiat de mauvaise qualité : le sujet n’est pas en rapport avec la réalité (passe du coq-à-l’âne). - La communication gestuelle n’est pas en accord avec ce qui est dit, L’adaptation aux contraintes sociales est correcte. - Rigidité, adaptation précaire avec coupe de l’environnement social et affectif. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) b) Syndrome délirant Mécanisme du délire Intuition Interprétation Illusion Imagination Hallucination -psycho-sensorielle -psychique Thèmes du délire Persécution Influence De grandeur Mystique Hypocondriaque De négation Structure du délire Systématisation Degré d’extension Les idées sont en opposition avec la réalité qui attire la conviction du sujet. MÉCANISME : processus cognitif par lequel l’idée se construit. Intuition : insight : découverte soudaine de la solution d’un problème, révélation sans raisonnement préalable et conviction absolue. Ex. : Se prendre pour le Messie. Interprétation : peut être décrite comme jugement et déduction fausse portée sur une perception exacte. Ex. : Tous les coups de klaxons de la rue me sont destinés car je suis en danger. Imagination : construction d’un monde imaginaire où le sujet joue le 1°rôle. Illusion : perception déformée d’un objet. Concerne tous les sens. Hallucination : perception sans objet EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) Hallucination psychosensorielle simple ou complexe : comme des hallucinations auditives qui donnent des ordres menaçants... vision d’anges qui viennent s’adresser directement à la personne. Hallucinations olfactives : odeurs amer, nauséabondes... Hallucinations tactiles : piqûre, froid, chaud... Hallucination psychique : voix intérieures qui n’ont aucune image et qui font perdre le contrôle de sa subjectivité : télépathie, idées imposées. C’est la base du syndrome d’influence : le sujet est soumis à une influence extérieure qui commande ses actes. C’est la base du syndrome de l’automatisme mental : le sujet fonctionne hors de sa propre volonté. Ex. : Écho de pensée : tout le monde sait ce qu’il pense. THÈMES : Persécution : le sujet est convaincu que l’on veut lui nuire, se sent persécuté par des forces occultes. Influence : le sujet a l’impression d’être agi, commandé, les idées lui sont imposées. Grandeur : comme idée de richesse, mission à accomplir, mégalomanie... Mystique : ex. être le Sauveur… Hypocondriaque : sensation douloureuse, pénible, idées autour de la transformation du corps, idée d’agression corporelle liée à des thèmes de persécution. Négation ou syndrome de Cotard : refus, opposition, conviction de non-existence, négation du monde extérieur, possession animale, démoniaque. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) STRUCTURE (DU DÉLIRE) : Systématisation : le degré de systématisation qualifie la structure logique et organisée du discours délirant. Un délire est dit systématisé lorsque son développement logique est cohérent et ordonné. Le plus souvent ce type de délire se construit autour d’un thème unique. ( Délire polymorphe = des thèmes multiples coexistent.) Degré d’extension : manière dont le délire imprègne la vie du sujet. Délire en secteur : quand le délire reste limité à un seul domaine de la vie du patient. Délire en réseau : touche tous les secteurs de la vie du sujet. Quand il y a un haut degré de systématisation, on parle de paranoïa et l’on parle de délire paranoïde pour des délires polymorphes non systématisés. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) c) États psychotiques aigus Sémiologie (recueil des symptômes) Syndrome délirant à thème et mécanisme simple ou multiple, variable ou non d’un instant à l’autre. Labilité de l’humeur Perturbation physique ou biologique Trouble du comportement Facteurs étiologiques (Causes et mécanismes) Organiques Psychologiques Formes BDA Confusion mentale Psychose aiguë Psychose puerpérale Installation brutale et évolution rapide, peut se résoudre rapidement (spontanément résolutive) ou voix d’entrée dans la psychose chronique. Sémiologie Syndrome délirant à thème et mécanisme simples ou multiples, variable ou non d’un instant à l’autre : souvent HDT ou HO Labilité de l’humeur (instabilité) Perturbation physique ou biologique Trouble du comportement Peut arriver à tout âge mais surtout chez l’adolescent et le jeune adulte. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) Formes : BDA (bouffée délirante aigue) : apparition brutale d’un délire riche et polymorphe chez un sujet souvent jeune. Comportement qui change, trouble du sommeil, agitation, euphorie, fuite, désintérêt de la réalité. Thèmes : Persécution, grandeur Mécanisme : insight, réalité interprétée. Étiologie (causes et mécanismes du syndrome) : décompense quand l’angoisse est trop forte suite a un traumatisme ou prise de toxiques comme le LSD, cannabis... Évolution : fin brusque après quelques jours ou quelques semaines, pas de séquelle ni de complication, récidive possible selon les événements. Cela peut être un mode bruyant de l’entrée dans une psychose chronique. Pronostic favorable : délire brusque, riche et bref. ATCD névrotique, épisode psychotique chez un sujet sain : adolescent, psychotraumatisme. Pronostic défavorable : délire systématisé, résolution incomplète. Confusion mentale : début parfois brutal mais souvent progressif. Comportement : hagard, hébété, regard flou, lointain, mimique inadaptée, absente, tenue désordonnée, comportement confus. Dans le domaine psychologique : obnubilation de la conscience (état de conscience altéré. C'est la vigilance du patient (c'est-à-dire sa capacité de fixer son attention sur son environnement, de le surveiller activement) qui est touchée. Cliniquement, la personne semble s'endormir, ne réagit pas aux stimuli (bruits, appels, lumière soudaine) ou alors seulement lorsque ceux-ci sont importants. Il se montre apathique, répondant avec difficulté aux questions les plus simples.), désorientation temporo-spatiale, délire onirique caractéristique (vit et agit le délire). Étiologie (causes) : souffrance cérébrale, cause infectieuse, traumatique, toxique, dégénérative... Évolution : forme simple amélioration rapide et spectaculaire, dépend de la cause du traitement. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) Psychose aiguë : id. BDA mais avec des thèmes et mécanismes dominants. Mécanisme Psychose interprétative Interprétation aiguë Psychose Hallucination hallucinatoire aiguë psychosensorielle Psychique Psychose imaginative Imagination aiguë Thème Persécution, influence Divers jalousie, Mystique Érotique Psychose puerpérale : post-partum entre les 5 et 25 jours après l’accouchement. Délire provoqué par la maternité. Peut précéder : cauchemars, anxiété, dépression. - BDA - Humeur dépressive ou cyclothymie - Délire : négation de la maternité, peur que l’enfant meure ou soit substitué... - Un passage à l’acte est toujours à craindre ; suicide ou infanticide. Évolution positive avec traitement et prise en charge psychologique. Récidive dans moins de 20% des cas pour la 2nde grossesse. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) d) Psychose chronique ou délire chronique Psychose paranoïaque, psychose hallucinatoire chronique, psychose paraphrénique. C’est un groupe d’affection mentale caractérisé par une altération structurale de la personnalité. Affection qui permet l’installation le développement et l’extension d’idées délirantes permanentes. Celles-ci procédant d’intuition, d’interprétation, d’illusion, d’hallucinations qui perturbent radicalement le système d’idées, de jugement, de croyance et imprègne toute la vie du sujet (vie affective et relationnelle). Psychose paranoïaque « Je suis persécuté donc je suis » Psychose adulte, masculine, vers 40 ans. Personnalité paranoïaque : méfiance, psychorigidité, interprétation fausse et rigide, intolérance au doute. Le délire est systématisé, logique implacable, la conviction du délirant est si forte que la contamination est possible. Tout s’explique à la lumière de l’interprétation délirante. Mécanisme : intuition et interprétation. Pas de demande de traitement pour cause de méfiance. Souvent HO ou HDT. 4 formes de délire : Délire de revendication : sentiment d’infériorité compensé dans la toute puissance. Délire passionnel : existence d’un amant rival, érotomanie : illusion délirante d’être aimé d’une personne. Délire d’interprétation Délire sensitif de Kretschmer : à la suite d’humiliation réelle le sujet pense que tout le monde lui en veut. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) Psychose hallucinatoire chronique Mécanisme : hallucinatoire Femme entre 30 et 40 ans Entrée brusque Hallucination psychique Automatisme mental Hallucination psychosensorielle et surtout auditive Troubles de l’humeur Épisode marqué d’étrangeté Dévidage des souvenirs Sentiment de pensées étranges, décousues Peut rester adapté à l’environnement social et professionnel Le traitement n’est pas facile, médicaments Pronostic : peut aller jusqu’à la schizophrénie. Psychose paraphrénique. Mécanisme : hallucinatoire Thème : fantastique, mystique Homme/ femme entre 30 et 45 ans. Absence de systématisation. Peut s’adapter à la réalité. EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) e) La schizophrénie C’est la plus grave des psychoses. Skizein : fendre/ phrene : la pensée, terme proposé par Bleuer en 1911. La schizophrénie se caractérise par une dissociation, une perte d’harmonie dans la vie psychique comme dans la vie affective, le langage, le comportement et l’intelligence. La clinique : - Discordance - Inadéquation - Ambivalence dans le langage, verbiage (long discours avec peu de sens) 7 symptômes : - Dépersonnalisation : perte de l’unité, de l’intégrité physique et psychique, sentiment de transformation interne, sentiment de folie. - Dissociation : manque de congruence des propos ou des attitudes (inverse d’association) - Trouble de la pensée : relâchement des associations d’idées, diffluence de la pensée : se traduit par des digressions répétées, sans rapport entre elles. Fading : stase de la pensée. - Traits autistiques : repli sur soi, monde interne - Troubles du comportement : inertie : manque d’énergie intellectuelle ou morale, ambivalence psychomotrice, stéréotypie (reproduction involontaire et continue des mêmes mots ou gestes ou tics.). - Troubles du langage : écholalies (tendance spontanée à répéter systématiquement tout ou une partie des phrases, habituellement de l'interlocuteur, en guise de réponse verbale.)... EP 04 31 210 TD 01 Art-thérapie – R. BOGUAIS. (suite du 1er semestre) 3 formes : - La forme hébéphrénique : retrait du monde, perte de l’élan vital refus de contact évident. - La forme catatonique : corps figé, catalepsie : raideur, stéréotypie, négativisme. - La forme paranoïde : délire de persécution non systématisé et polymorphisme des mécanismes.