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Module Psychiatrie M2: Psychopathologie des psychoses
Me Guillebot
2 ème Année – Cours du 25/10/05
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LA PSYCHOPATOLOGIE DES PSYCHOSES
1 GENERALITES
1.1
Définition de la psychose
Le terme de psychose est un terme générique qui regroupe un ensemble de trouble, c’est
une maladie mentale qui atteint globalement la personnalité du sujet, ce terme fait
également référence à la notion de structure psychique qui s’expliquerait par le non
passage du complexe d’Oedipe (le père ne coupe plus la relation il n’a pas de place il n’y
a rien qui vient interrompre la relation entre la mère et l’enfant le tiers qui va couper
plus tard cette relation va être l’institution)
1.2
Définition de la psychopathologie
C’est l’étude des troubles et des symptômes en essayant d’y apporter une explication
psychologique, elle comporte deux niveaux :
Le premier niveau est la description des symptômes soit au niveau de l’apparence (c’est
la sémiologie) soit au niveau des processus inconscients (mécanismes de défenses, et les
différentes formes d’angoisses).
Le deuxième niveau c’est l’explication psychologique des troubles qui vise à donner une
origine aux symptômes (l’étiologie) et d’expliquer tous les mécanismes à l’oeuvre dans le
développement de la maladie (la pathogénie). Toutes ces explications ne sont ni vraies ni
fausses mais vraisemblables.
2 LES MECANISMES DE DEFENSES
Cf. définition année dernière
2.1
Le déni
Il consiste à refuser en partie ou en totalité la réalité d’un évènement vécu comme
traumatique par le sujet. C’est un moyen de détacher le moi de cette réalité intolérable afin
de pouvoir continuer à exister. Il est souvent produit par un conflit entre le moi et la réalité
extérieure ; ce qui est conflictuel est alors refusé, l’évènement dit traumatique n’a jamais
eu lieu pour le sujet.
2.2
La projection
Elle consiste à rejeter et à attribuer à l’extérieur des affects que le sujet ne reconnaît pas
comme étant les siens. Il est persuadé de leur existence extérieure. Ce mécanisme lui permet
de se débarrasser mais de façon imparfaite de ses désirs ingérables pour lui. Il donne
naissance à l’interprétation et à l’hallucination car ses désirs font retour sous forme de
persécutions.
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Le clivage du moi
Il consiste à maintenir en même temps deux attitudes, deux sentiments opposés. L’une
des attitudes tient compte de la réalité et l’autre attitude la déni. Il donne naissance à
l’ambivalence psychotique (j’aime et je n’aime pas). (Ambivalence névrotique : j’aime ou je
n’aime pas).
3 SENS ET FONCTIONS DES PRINCIPAUX SYMPTOMES
3.1
Description sémiologique
 L’hallucination : c’est une expérience perceptive accompagnée de la croyance
absolue en la réalité de cet objet faussement perçu puisque le sujet ne reçoit pas de
stimulation sensorielle correspondant à cet objet. L’hallucination n’est pas
forcément pathologique. C’est avant tout une représentation mentale (= une image)
se situant dans l’espace interne du sujet et qui est confondue avec un objet
extérieur. L’hallucination est une représentation qui se donne frauduleusement
pour une perception. L’hallucination est normale et même nécessaire dans certains
cas comme dans le rêve. Dans le rêve, l’hallucination disparaît au réveil le principe
de réalité reprend le dessus. Elle a pour fonction de combler la frustration et de
réaliser le désir.
 L’interprétation : elle consiste a attribuer un sens erroné à un fait réel c'est-à-dire
que la perception est vraie mais que le raisonnement qui en découle est faux tous
les évènements sont alors reconstitués et intégrés dans le projet délirant c’est une
projection sur l’extérieure de l’agressivité du sujet.
 La dépersonnalisation : c’est un état affectif particulier dans lequel le sujet perd
le sentiment de sa propre réalité et ressent son corps comme irréel ou étranger.
C’est un trouble de la conscience de soi, dominé par le sentiment de ne plus être
soi-même. Elle se traduit par une perte d’individualité de la personne et de son
corps s’accompagnant des idées d’étrangetés corporelles. Le corps n’est plus perçu
comme le vrai corps où on retrouve des impressions de morcellement c'est-à-dire
que les différentes parties du corps vivent indépendamment les unes des autres. Ce
qui explique le doute sur les limites corporelles, sur les impressions de
transformations corporelles et sur les attitudes de vérifications.
 Les idées délirantes : ce sont des idées sans aucun contenu de réalité auxquelles le
sujet attache une foi absolue. Elle est individuelle et insensible à toute
argumentation logique. L’association de plusieurs idées délirantes constitue le
délire, il témoigne d’un bouleversement des rapports unissant le sujet au monde
extérieur.
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L’explication Freudienne du délire
En psychanalyse le délire est considéré comme une construction et une défense contre une
situation affective intolérable. Il permet au sujet d’exprimer de manière transformée un
conflit inconscient. Le délire a un sens et une fonction c’est une tentative de guérison, mais
attention délire ne veut pas nécessairement dire psychose, on parle également d’hystérie
délirante.
 Dans « L’interprétation des rêves » 1900 Freud souligne l’analogie entre le
discours du rêve et le discours du délirant. Il constate chez l’un comme chez
l’autre que le fantasme prime sur la réalité et que le désir se satisfait de façon
hallucinatoire. Cette analogie montre que le délire comme le rêve est infiltré par
des représentations inconscientes qui sont confondues avec la réalité extérieure.
Cependant, il existe une différence dans le rêve au moment du réveil, le principe
de réalité reprend ses droits sur le principe de plaisir alors que dans le délire ce
même principe est défaillant voire inexistant.
 Dans « Pour introduire le narcissisme » 1914 Freud (narcissisme : amour portée
à l’image de soi) met en évidence que le délire serait un moyen de lutter contre une
profonde détresse narcissique (le sujet ne s’aime pas). Le délire permettrait
d’apporter de la signification à un monde qui en est dépourvue. Le psychotique
reviendrait au stade du narcissisme primaire c'est-à-dire investir toute son énergie
psychique (sa libido) sur lui-même. Ce qui aboutit à un détachement par rapport à
l’objet extérieur et qui explique le désintérêt du sujet pour les autres. La libido
ainsi détachée ne cherche pas de nouveaux objets d’amour, elle se replie sur ellemême et le sujet ne peut exister qu’à condition de se prendre lui-même pour un
objet d’amour.
 Dans « névrose psychose et perversion » 1924 : Après l’introduction de sa
seconde topique (moi, ça, surmoi) Freud délimite la psychose à un conflit entre le
moi et la réalité extérieure. Ce conflit serait à l’origine du délire qui se mettrait en
place en deux temps :
 Un premier temps défensif : le déni, il porte sur le fragment de réalité
insupportable qui a provoqué le conflit et qui amène à une rupture d’avec la
réalité. Ce temps consiste à couper le moi de la réalité. L’évènement n’a alors
jamais existé, ce premier temps confronte le sujet à un vide.
 Le deuxième temps est une tentative de réparation, le sujet va combler ce vide
en se créant une nouvelle réalité qui va remplacer la réalité extérieure. Le moi
construit cette autre réalité de façon toute puissante en suivant les exigences du
ça (ou principe de plaisir) de façon à ce que cette néo-réalité corresponde à ce
qui se passe dans son monde interne c’est à cette reconstruction que nous
sommes confrontés dans le délire.
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4 Le rôle de la famille
Au début on admet que la relation entre la mère et le nourrisson est sur le mode de la
fusion et d’une identification à cette totalité que représente la mère ou son substitut.
A cette période le bébé a besoin de sa mère pour survivre. Il n’existe pas non plus pour le
bébé de distinction entre lui et son entourage, il est persuadé que les autres sont un
prolongement de lui, ainsi tous les échanges sont perçus comme faisant partie intégrante de
lui.
La distanciation d’avec les objets est possible grâce aux absences et retours répétés de la
mère et de l’entourage. Ces périodes d’absence et de retour alternent et différencient par la
même occasion des sensations de plénitude quand l’objet revient et des sensations de
frustration quand l’objet est absent.
Ces sensations (plénitude ou frustration) organisent la personnalité du sujet.
Dans la psychose une place particulière est donnée au facteur éducatif et aux parents mais
cela ne veut pas dire que c’est de leurs fautes.
La mère est décrite comme hyper protectrice, étouffante car elle ne permet pas à l’enfant
d’accéder au registre du désir puisqu’elle est toujours présente (omniprésente), répond et
prévient les moindres de ces besoins.
Elle n’alterne pas les période d’absence et de présence. Comme elle prévient les moindres
de ces besoins cela rend le désir inexistant.
Le patient psychotique n’a pas besoin de désirer puisqu’il a alors qu’il ne demande rien.
Lorsqu’il y a du désir, celui-ci correspond aux désirs de la mère, le psychotique n’a pas de
désirs propres.
La mère allie cette hyper protection a des attitudes de rejet et d’indifférence voire des attitudes
de séductions et d’agressivité.
Le père est souvent présent physiquement mais totalement absent psychiquement. Il ne
remplit pas son rôle de Loi et d’accès au symbolique, il ne parvient pas a s’immiscer dans la
relation « mère-enfant » parce qu’on ne lui laisse pas de place et qu’il ne peut pas prendre
cette place.
Le père est souvent décrit comme démissionnaire et passif, englué complètement sous
l’autorité de la mère, celle-ci ne le nomme pas psychiquement, quand elle en parle c’est
toujours en termes négatifs et dévalorisant.
Si le père essaie de faire preuve d’autorité il le fait de façon très rigide et souvent non
expliquée.
Les parents des psychotiques semblent surtout incapables de donner une tonalité
émotionnelle satisfaisante ils oscillent souvent entre les extrêmes.
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5 La communication paradoxale (double lien)
5.1
Définition
C’est la situation dans laquelle un individu émet simultanément ou successivement au
minimum deux messages contradictoires.
5.2
La théorie du double lien
Ce concept a été dégagé en 1956 par BATESON à travers l’étude systématique des familles
de schizophrène, il a ainsi mit en évidence un rôle pathogène de la communication au sein
de ces familles.
Le double lien comporte six paramètres qui concernent surtout la dyade (duo) mère enfant
ou père enfant :
a) Il faut au moins deux personnes prises dans une relation de type bourreau/victime
souvent la mère est prise dans des attitudes d’injonctions impératives vis-à-vis de
l’enfant.
b) Il faut une expérience dite traumatique qui se répète et qui est basée sur des
idées de punition des menaces d’abandon voire d’exclusion s’il ne répond pas
positivement a cette injonction.
c) Il faut une première injonction négative exprimée verbalement et qui oblige
l’enfant à faire ou à ne pas faire, elle exclut toute idée de récompense.
d) Il faut une seconde injonction négative qui commente la première mais en s’y
opposant. Elle renforce l’idée de punition et s’exprime verbalement et non
verbalement
e) Il faut une troisième injonction qui interdit à l’enfant de trouver un échappatoire
aucun des deux protagonistes ne peut sortir de cette relation. (Si l’enfant répond à
la première injonction, il est puni et s’il répond à la deuxième et à la troisième il
est toujours puni, d’où l’incapacité des patients psychotiques de prendre des
décisions).
f) La répétition continuelle de ce type de communication l’enfant est alors
incapable de faire abstraction de tous ces messages paradoxaux car il a prit
l’habitude de percevoir le monde sous la forme de messages contradictoires.
L’enfant est prit dans une situation de double lien et la seule réponse qu’il peut donner est
l’annulation de la valeur symbolique de la communication.
Cela entraîne une difficulté de transcription correcte des différents messages reçus, il est alors
dans l’incapacité de faire des choix puisque cette forme de communication rend impossible
l’éventualité même du choix.
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