Module Psychiatrie M2: Psychopathologie des psychoses Me Guillebot
2 ème Année – Cours du 25/10/05
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3.2 L’explication Freudienne du délire
En psychanalyse le délire est considéré comme une construction et une défense contre une
situation affective intolérable. Il permet au sujet d’exprimer de manière transformée un
conflit inconscient. Le délire a un sens et une fonction c’est une tentative de guérison, mais
attention délire ne veut pas nécessairement dire psychose, on parle également d’hystérie
délirante.
Dans « L’interprétation des rêves » 1900 Freud souligne l’analogie entre le
discours du rêve et le discours du délirant. Il constate chez l’un comme chez
l’autre que le fantasme prime sur la réalité et que le désir se satisfait de façon
hallucinatoire. Cette analogie montre que le délire comme le rêve est infiltré par
des représentations inconscientes qui sont confondues avec la réalité extérieure.
Cependant, il existe une différence dans le rêve au moment du réveil, le principe
de réalité reprend ses droits sur le principe de plaisir alors que dans le délire ce
même principe est défaillant voire inexistant.
Dans « Pour introduire le narcissisme » 1914 Freud (narcissisme : amour portée
à l’image de soi) met en évidence que le délire serait un moyen de lutter contre une
profonde détresse narcissique (le sujet ne s’aime pas). Le délire permettrait
d’apporter de la signification à un monde qui en est dépourvue. Le psychotique
reviendrait au stade du narcissisme primaire c'est-à-dire investir toute son énergie
psychique (sa libido) sur lui-même. Ce qui aboutit à un détachement par rapport à
l’objet extérieur et qui explique le désintérêt du sujet pour les autres. La libido
ainsi détachée ne cherche pas de nouveaux objets d’amour, elle se replie sur elle-
même et le sujet ne peut exister qu’à condition de se prendre lui-même pour un
objet d’amour.
Dans « névrose psychose et perversion » 1924 : Après l’introduction de sa
seconde topique (moi, ça, surmoi) Freud délimite la psychose à un conflit entre le
moi et la réalité extérieure. Ce conflit serait à l’origine du délire qui se mettrait en
place en deux temps :
Un premier temps défensif : le déni, il porte sur le fragment de réalité
insupportable qui a provoqué le conflit et qui amène à une rupture d’avec la
réalité. Ce temps consiste à couper le moi de la réalité. L’évènement n’a alors
jamais existé, ce premier temps confronte le sujet à un vide.
Le deuxième temps est une tentative de réparation, le sujet va combler ce vide
en se créant une nouvelle réalité qui va remplacer la réalité extérieure. Le moi
construit cette autre réalité de façon toute puissante en suivant les exigences du
ça (ou principe de plaisir) de façon à ce que cette néo-réalité corresponde à ce
qui se passe dans son monde interne c’est à cette reconstruction que nous
sommes confrontés dans le délire.