Les Dossiers de l`Institut des Libertés Février 2013 Etude Objective

Idl
Les Dossiers de l'Institut des Libertés
Février 2013
Etude Objective sur les Grands Mérites du Keynésianisme
Dans le fonds, il n'y a que deux sortes d'économistes.
1. Ceux qui pensent que la croissance économique vient de la "création destructrice", chère à
Schumpeter, qui n'est rien d'autre qu'une forme de sélection naturelle. Pour ceux la, la
croissance vient de la conjonction d'une classe d'entrepreneurs, d'un système juridique
stable, de la reconnaissance du Droit de propriété et d'un système financier concurrentiel et
bien réglementé. (Définition due à Schumpeter).
2. Ceux qui pensent qu'un Dieu bienfaisant (l'Etat) est à l'origine de la croissance, et que le rôle
de ce Dieu-Etat est de déléguer tous ses pouvoirs aux oints du Seigneur qui savent parler en
son nom et interpréter la Volonté du Tout Puissant puisqu'ils en sont les grands Prêtres, le
but étant que l'idole PIB ne baisse jamais. Entre eux et les créationnistes qui sévissent dans
les écoles du Sud des USA , guère de différences puisque leur Dieu-Etat a la capacité
remarquable de créer de la Valeur à partir de rien...Il est d'usage de les appeler "Keynésiens"
et ils se présentent comme des scientifiques, comme le faisait avant eux les Marxistes et
adorent les modèles mathématiques censés prévoir le futur et qui ne marchent jamais ...
Mais après tout, Keynésiens, Créationnistes, même logique, même combat...ce qui est
amusant quand l'on sait que les Keynésiens (de gauche, cela va sans dire, et donc "éclairés ")
ont le mépris le plus total pour les créationnistes. La paille et la poutre, une fois de plus, je
suppose...
Ces partisans de notre Dieu-Etat tout puissant ont reçu la Révélation par l'intermédiaire d'un
Prophète, John Maynard Keynes. Comme tous les prophètes il a publié des commandements
s'appuyant sur l'analyse qu'il faisait du monde
Commençons par l'analyse.
Pour notre homme, le problème avec le capitalisme est qu'il est "instable", et sujet à des crises
récurrentes. Lors de ces crises, des "liquidations forcées" se mettent en place qui peuvent amener la
croissance économique à rester durablement en dessous de son potentiel optimal. Derrière ce
résultat piteux, (toujours d'après notre prophète), une classe de 'rentiers" qui gardent leur argent
dans leurs matelas et donc créent un effondrement nuisible de la demande. Il convient donc tout
d'abord, en cas de ralentissement économique, de procéder à ce que Keynes lui même appelait
"l'Euthanasie du Rentier". Pour arriver à ce résultat socialement désirable (on pense ici aux Koulaks
Idl
massacrés par Staline à peu prés à la même époque et avec la même justification) il faut et il suffit de
maintenir des taux d'intérêts réels à court terme négatifs, ce qui veut dire que les taux à court terme
sont inferieurs a la hausse des prix. Des taux d'intérêts négatifs ne sont bien sur rien d'autre qu’un
impôt sur le capital que personne n'a voté.
Cette taxe sur le capital, toujours d'après notre grand homme, forcera ces gens de peu a dépenser
leur argent plutôt qu'a le thésauriser, relançant de ce fait la sacro sainte "consommation" source de
toute croissance, comme chaque socialiste ou communiste en France ne cesse de le répéter à
l'occasion de chaque élection, avec les succès que chacun peut constater.
Qui plus est, (toujours d'après le prophète) les entrepreneurs, grisés par un cout de l'argent aussi
bas vont se précipiter pour investir, ce qui va donner un deuxième coup de pouce à la croissance.
La première solution au problème d'une croissance insuffisante est donc de manipuler le taux de
l'argent de façon à ruiner les petites fourmis dont la propension à épargner ruine tout le monde...au
profit des cigales bien entendu.
Dans la première partie de notre étude sur le Keynésianisme, qui en comportera trois, nous allons
étudier ce merveilleux concept à la lumière non pas des textes sacrés mais des FAITS, en prenant
l'exemple des Etats-Unis depuis 1960.
Dans la deuxième partie, un mois plus tard, nous étudierons le deuxième concept avancé par
monsieur Keynes et qui consiste a soutenir que si la demande privée vient à faiblir, eh bien il suffit
que l'Etat-Dieu la remplace par de la demande publique, en empruntant l'argent si nécessaire (dans
un tel monde, l'Etat n'est JAMAIS en surplus budgétaire puisque cela retirerait de la demande). La
solution à la déficience éventuelle du secteur privé est donc de promouvoir la croissance du secteur
public. Nous vérifierons la validité de cette thèse, non pas en allant en Union Soviétique (qui a hélas
disparue pour des raisons complètement incompréhensibles pour un Keynésien), mais en analysant
les résultats de la Grande Bretagne, de la France du Japon ou des USA ou ces politiques de relance
par la dépense étatique ont été essayées maintes fois.
Enfin dans une troisième partie de notre travail, à paraitre dans deux mois, nous essaierons de
combiner les périodes ou nous avons eu à la fois taux réels négatifs et dépenses de l'Etat en hausse
de façon chiffrée et quantitative, pour vérifier que ces périodes ont été des moments de grande
prospérité comme nous l'annonce le prophète et ses disciples.
En fait nous découvrirons qu'elles ont été toujours et partout des périodes d'appauvrissement ou les
plus riches s'enrichissent alors que les pauvres s'enfoncent dans un déclin sans fin.
Cette étude de Mars conclura donc notre premier cycle sur les grandes impostures intellectuelles de
notre temps.
Place maintenant à la première partie: Les taux réels négatifs comme stimulants de la croissance
économique.
Première Partie: De l'impact des Taux Réels négatifs
Introduction
Pour analyser quelque chose, il faut commencer par le définir. Notre premier travail est donc
de définir la notion de taux réels négatifs.
La définition est toute simple.
Je prends les taux d'intérêts servis sur les bons du trésor à 3 mois par le gouvernement dont
je déduis la hausse des prix de détail sur les 12 derniers mois.
Idl
Aujourd'hui, les taux sont à zéro et l'inflation à 2 %, ce qui me donne des taux réels à -2 %
sur le graphique (ligne rouge, échelle de gauche).
Le niveau des taux est certes important, mais ce qui est encore plus important c'est le fait
que les taux courts soient positifs ou négatifs.
J'ai donc établi une petite règle de décision "visuelle": si les taux réels sont négatifs, le
graphique sera hachuré en vert de haut en bas.
On voit bien que nous avons eu deux périodes ou les taux réels ont été négatifs la plupart du
temps. De 1970 à 1980 et à nouveau depuis 2002
Ces hachurages verts vont réapparaitre sur la plupart des graphiques qui suivent pour
rappeler aux lecteurs les périodes ou la politique monétaire était "Keynésienne".
L'étape suivante pour procéder à notre petite étude est de revenir à ce que disait Lord
Keynes: les systèmes économiques capitalistes sont instables et doivent donc être gérés par
des gens compétents pour contrer ces mouvements erratiques lorsqu'ils se présentent et
permettre a l'économie de croitre à sa "vitesse optimale" .
En termes simples, ce que nous disent les Keynésiens est que chaque économie a sa vitesse
de croisière et que laissée à elle même cette économie ne trouverait pas son meilleur rythme
de croissance.
Par contre s'ils en assurent la direction, alors là nous aurons une croissance stable, régulière
et à son niveau optimum.
Personne ne peut être contre un tel programme...
Reste à mesurer si nos Keynésiens ont atteint leur but.
Considérons le graphique ci dessous qui donne la vitesse moyenne SUR LES 7ANS
PRECEDENTS (taux de croissance) de l'économie US. Il s'agit de fait d'une tentative pour
mesurer la croissance "structurelle" de l'économie Américaine, indépendamment des à coup
politiques, des booms temporaires ou des récessions.
Idl
Trois périodes se détachent .Une baisse du taux de croissance structurel de 1969 à 1980,
suivie d'une période de grande stabilité autour de 3 % , suivie par une nouvelle baisse.
Nul doute que nos Keynésiens ne soient à l'origine de la période de stabilité et que les
méchants monétaristes ou "supply siders" ne soient responsables des périodes de
décélération de la croissance.
Vérifions en regardant le graphique suivant ou j'ai simplement superposé sur le graphique ci
dessous les périodes ou les taux réels sont négatifs (hachures vertes)
Surprenant!
Idl
Chaque fois que nous avons eu des taux réels négatifs, la croissance structurelle s'est
effondrée!
Et pourtant tout le monde m'explique sans arrêt que des taux très bas, ou mieux encore
négatifs sont bons pour l'activité économique.
M'aurait t'on menti ?
Je n'ose le croire...
Mais il faut bien se rendre à l'évidence: Il est tout à fait certain que des taux négatifs
coïncident à chaque fois avec une baisse de la croissance structurelle.
Le vrai problème est bien sur que "corrélation ne signifie pas causation".
Il n'est pas impossible que cette baisse du taux de croissance structurelle ait été causée par
un autre phénomène que je ne recense pas et cette corrélation ne serait donc qu'un hasard
statistique ?
Peut être en effet.
C'est bien sur ce que soutienne les Keynésiens.
Mais je ne le crois pas tant il existe des raisons logiques qui expliquent cette relation entre
taux d'intérêts anormalement bas et baisse de la croissance.
En fait, j'irai même plus loin et c'est ce que je vais essayer de prouver dans les pages qui
suivent: Des taux d'intérêts réels négatifs ne peuvent faire autrement qu'engendrer une
baisse de la croissance structurelle
Voici pourquoi.
Première raison: Les Epargnants ne sont pas idiots
Chacun d'entre nous a besoin d'épargner, et chacun d'entre nous cherche à placer son
épargne dans un actif dont il espère qu'il va monter ou à tout le moins qu'il va "conserver" sa
"valeur".
Et c'est la il me faut faire une petite digression sur la notion de "valeur".
Un bien ou un service peut avoir de la valeur pour l'une ou l'autre des deux raisons suivantes:
soit il est utile (un outil), soit il est beau et/ou rare (un bijou).
La thèse que je vais développer est donc simple: si les taux réels sont négatifs, alors les
épargnants vont placer leur argent dans des choses rares plutôt que dans des choses utiles,
ce qui est bien normal.
Quand les taux "réels" sont négatifs, l'épargnant va se mettre à acheter des actifs "réels".
J'appellerai les biens de la première catégorie les "valeurs d'efficacité”, et les autres les
"valeurs rareté". Parmi les premiers, un ordinateur, une machine outil, un avion, parmi les
seconds, un kilo d'or, une once d'argent, une peinture impressionniste, un terrain à bâtir au
centre de Hong-Kong...
Commençons par vérifier que lorsque nous avons des taux négatifs, ce basculement de la
valeur efficacité vers la valeur rareté a bien lieu.
Nous essaierons de vérifier aussi que quand les taux redeviennent positifs, le basculement
inverse se produit.
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