Quand l’alcool est un problème
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La vision de l’intéressé ….ou le point de vue de ses proches
Pourquoi se soigner ?
pour mettre fin à la souffrance engendrée par l’alcool,
pour retrouver un équilibre de vie sans alcool,
pour trouver une nouvelle sérénité.
Comment se soigner ou comment divorcer avec l’alcool ?
Soigner son alcoolodépendance est une véritable révolution en trois étapes : préparer, réaliser
et maintenir un changement radical de comportement avec l’alcool.
Phase 1 : la préparation et la décision
Pour le malade alcoolodépendant, la première étape passe par l’acceptation de son trouble
d’alcoolisation et la reconnaissance de son état de malade dépendant de l’alcool. La décision
n’est pas une question de volonté du malade puisque cette capacité est justement fortement
altérée par la dépendance au produit alcool. Elle implique surtout l’acceptation d’une
demande d’aide.
Pour mettre les chances de son côté et réussir à faire le point objectivement sur sa
consommation d’alcool, il est essentiel d’en parler le plus honnêtement possible à son
médecin ou d’aller consulter un spécialiste en alcoologie.
Pour rompre avec l’alcool, il n’existe pas de solution miracle : c’est un véritable choix de la
personne alcoolodépendante qui passe par une prise de conscience individuelle.
Une décision qui se mûrit
La rupture avec l’alcool est une vraie décision qui se mûrit et qui doit s’inscrire dans un projet
personnel. C’est un choix de vie qu’il importe de faire et il revient au seul malade
alcoolodépendant de le faire. Un sevrage ne se décide jamais en urgence, ni sans le volontariat
conscient de la personne souffrante.
Cette décision de se soigner est un projet qui implique d’accepter de se faire accompagner par
un médecin généraliste ou alcoologue sur une longue période (au minimum une année).
C’est un processus accompagné par des soignants (médecins, psychologues, etc.) qui peut
prendre du temps. Un des traits de la maladie de l’alcoolodépendance est le déni, la tendance
à la minimisation des dommages par le malade qui continue de croire que pour lui c’est
différent, qu’il va parvenir à limiter et à contrôler sa consommation. Il cherche à retarder la
décision inéluctable, la décision du sevrage afin d’éviter cette étape qu’il redoute tant : le
deuil de l’alcool.
Si l’abstinence est un moyen de parvenir à régler ses problèmes, elle n’est pas un but en soi,
elle se prépare avec le médecin traitant en plusieurs séances ou dans un service de soins en
alcoologie. La prise de contact avec un groupe d’anciens buveurs peut également être une aide
appréciable.
L’idéal du changement à réaliser est bien celui de la grande révolution de l’abstinence.
Cependant, cette prise de conscience n’est pas aisée à intégrer, elle prend du temps et
nécessite souvent de passer par un essai de réduction de sa consommation, de contrôle de
celle-ci. Cela fait partie du parcours de soins.
Cette prise de décision de se soigner ne peut se limiter à mettre l’alcool de côté. Se soigner de
son alcoolodépendance est un processus de longue durée où il sera souhaitable d’agir
parallèlement dans différents domaines de sa vie : le domaine professionnel et social, la
famille, le corps, la vie relationnelle, les soins médicaux, la culture et l’équilibre
psychologique.
Il faut également garder à l’esprit qu’un problème complexe nécessite du temps : la
persévérance et l’assiduité aux soins sont les conditions nécessaires à la réussite de ce projet
qui implique pour le patient de développer une véritable alliance thérapeutique avec les
personnes qui l’aideront sur ce chemin difficile.
Avec qui se soigner ?
Adressez-vous en priorité à des professionnels de la santé, qui seront disponibles et à
l’écoute :
votre médecin traitant,
votre médecin du travail,
une équipe d’alcoologie à la clinique ou un centre de soins spécialisé en alcoologie.
Vous pouvez aussi faire appel aux membres des groupes d’entraide qui, grâce à leur
expérience, à leur écoute et à leur amitié vous apporteront un soutien précieux.
Cette métamorphose doit s’opérer en tenant compte de trois contraintes :
La sécurité : éviter les accidents de sevrage possibles à l’arrêt brutal de l’alcool chez
les patients dépendants physiquement.
Le confort : limiter la pénibilité de ce processus délicat de transformation.
L’accomplissement : mettre en oeuvre un vrai départ pour l’abstinence prolongée.
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Phase 2 : le sevrage
Le sevrage, ou la « détoxification » comme on l’appelle aux États-Unis, a pour premier
objectif d’évacuer le toxique (l’alcool) du corps. En France, on a tendance à employer à tort le
mot « cure » [du latin cura, soin], terme qui renvoie à l’idée d’un nettoyage radical et
purificateur, à l’instar des cures thermales ou d’amaigrissement. Ce mot de cure n’est pas du
tout approprié pour désigner le traitement de l’alcoolodépendant. L’interruption de la
consommation ne guérit pas le malade. Pour la dépendance à l’alcool, il n’y a pas de solution
magique ou miraculeuse, le sevrage est la deuxième étape, bien entendu nécessaire, mais
insuffisante du processus de soins.
Il s’agit de l’arrêt total de la consommation d’alcool. C’est une étape intermédiaire mais
primordiale du traitement de l’alcoolodépendance, elle est hautement symbolique, c’est le
moment du divorce avec la passion alcool.
Pour le patient, c’est un challenge important, souvent longtemps redouté. Sa mise en place
met un terme à une période inconfortable, dominée par l’indécision.
Pour l’entourage familial, professionnel, c’est un grand soulagement : le changement
désespérément attendu se produit enfin.
Pour répondre au mieux aux contraintes de sécurité, de confort et d’accomplissement du
projet de soins, ce sevrage peut se réaliser de deux manières différentes : l’une, classique,
consiste en un sevrage résidentiel au cours d’un séjour de durée variable à l’hôpital ou dans
un centre de soins ; l’autre est dit « ambulatoire », l’abstinence étant initiée avec une
procédure de consultations médicales rapprochées, alors que le patient continue de résider
dans son milieu habituel, prend son traitement à la maison et dort chez lui tous les soirs.
Quelle que soit la méthode choisie, l’adhésion véritable du patient aux soins est une condition
essentielle de la réussite du projet de soins.
Peu de temps après une première rupture (un sevrage), la reprise de consommation est
possible. Il est important d’oser en parler au médecin traitant, car celle-ci ne signifie pas
forcément une rechute au sens de retour à la « case départ », mais une étape dans un processus
de changement personnel.
Les traitements médicamenteux du sevrage
Ces deux méthodes de sevrage résidentielle ou « ambulatoire » partagent le même
objectif : mettre en place l’abstinence en toute sécurité pour le patient, et utilisent les mêmes
traitements médicamenteux pour éviter les complications du sevrage physique.
Pour tenir compte de la très grande variabilité des patients alcoolodépendants à la sensibilité
physique de l’alcool, la dose de calmants (de la classe médicamenteuse des benzodiazépines)
administrée pour permettre au patient de lutter contre les tremblements, l’anxiété et
l’insomnie du sevrage est variable en intensité mais ce traitement en général ne dépasse pas
cinq jours. Il associe des vitamines B et PP à haute dose pendant trois semaines et une très
importante réhydratation (plusieurs litres d’eau par jour pendant la phase critique des cinq
premiers jours).
La crainte formulée par de nombreux patients du risque d’initier par ce type de traitement une
dépendance aux benzodiazépines est extrêmement faible (2 pour 1000 patients traités).
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Phase 3 : la consolidation, l’apprentissage de la vie sans alcool
L’objectif de cette phase de soins qui suit le sevrage est de permettre au patient de retrouver
une vie harmonieuse sans alcool. Cette phase peut débuter lors de l’hospitalisation longue
mais elle est de toute façon à poursuivre pendant plusieurs mois. C’est la phase la plus
difficile : elle consiste à maintenir durablement le changement de régime par rapport à
l’alcool obtenu pendant la phase du sevrage. Il n’y a pas non plus de recette magique pour
assurer une rémission parfaite de sa maladie. C’est un choix de vie sans alcool qui est à
réaliser ; il s’appuie sur les bénéfices peu à peu acquis puis accumulés de la vie abstinente qui
se traduit par un réel mieux-être.
Après l’alcool
Abandonner cette relation passionnelle au produit totalitaire qu’est l’alcool pour un
alcoolodépendant est une rupture d’équilibre majeure pour la personne concernée, mais aussi
pour ses différents partenaires (famille, collègues de travail, etc.). Pour le patient et l’équipe
soignante, l’abstinence d’alcool n’est pas une finalité mais un moyen, un passage nécessaire
pour accéder à une nouvelle manière de vivre avec soi-même et les autres.
Un véritable apprentissage est nécessaire pour se stabiliser hors alcool. Au début de la période
de l’abstinence, il est utile de continuer à voir régulièrement son médecin traitant et de suivre
ses conseils. Pour rompre l’isolement et combattre au mieux les obsessions, il est fort utile
d’être en contact, via des groupes de parole ou des associations d’entraide , avec des
personnes ayant vécu ce type de parcours. L’ancien malade a une nouvelle identité à se
construire, celle de « buveur guéri » ou d’« alcoolique abstinent » ; le concours des
associations d’entraide, des soignants lui est très utile pour cette phase de stabilisation de sa
nouvelle vie. L’espoir et une meilleure considération sont au coeur du processus de
rétablissement de l’alcoolodépendant. Il est important de pouvoir s’appuyer sur des alliés sûrs
pour partager ces valeurs communes.
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