l’homme. Ce soutien passe par la mobilisation de l’opinion publique, par les agents de
l’expansion – parti colonial, banques, militaires, et le secteur industriel (Ferro). C’est en
premier lieu le réseau des acteurs financiers et commerciaux de l’expansion qui exhorte à
l’engouement populaire. L’idéologie coloniale intègre par conséquent un souci de
valorisation identitaire à travers une présentation glorieuse des jeunes nations : elle a besoin
de matérialiser ce discours identitaire, de le rendre concret à partir de l’utilisation d’images
et d’objets, et ceux-ci requièrent un lieu ou être présentés au public. Les expositions
coloniales puis les musées coloniaux seront les principaux lieux de représentation du
discours.
2. « J’expose donc je suis » : le discours des expositions coloniales
La première articulation de ce discours à destination du public prend forme dans la création
d’expositions impériales, qui mêlent progressivement, et avec succès, leurs objectifs
principalement industriels et commerciaux à une ambition sociale de distraction et
d’éducation de la population. Ces expositions, appelées tour à tour universelle, impériale,
industrielle, coloniale ou intercoloniale, sont toutes organisées à la gloire du génie
occidental, en France, en Angleterre, en Belgique, en Hollande et en Espagne
(Hodeir,
Pierre). Au total, entre 1761 et 1938 – date de la dernière exposition coloniale à Glasgow–,
près de 60 expositions auront lieu en Occident et dans les colonies. Si au début, ce sont les
intérêts industriels qui dominent (par exemple, lors des expositions impériales de 1851 et
1862), elles donneront la priorité à ceux de l’Empire à partir des années 1880 (Mackenzie,
97). Par leur présentations des prouesses technologiques et des avancées coloniales, elles
À titre d’exemple en ce qui concerne les expositions universelles : pour la France, en 1867,
1878, 1889, 1900, 1937 ; pour l’Angleterre, en 1851 et 1862, Anvers en 1885, Barcelone en
1888, Bruxelles en 1897 et d’autres aux Etats-Unis.