auprès des points d'accueils de don du sang. Cette action de communication
pourra tout de même être considérée comme étant illégitime. La cause défendue
est très noble, et l'image donnée des instituts de don du sang correspond
vraiment à ce que sont ces instituts. Cependant, cette action de communication a
recours à des techniques de manipulation en créant volontairement un contexte de
liberté et en amorçant une technique dite du « pied-dans-la-porte » : Cette
technique consiste à créer un contexte de liberté (il suffit de donner à la
cible le sentiment qu'elle est libre d'agir à sa guise) pour amener la personne
visée à réaliser un premier acte peu coûteux (visiter un point d'accueil du don
du sang). La technique consiste ensuite à proposer à la cible, toujours dans un
contexte de liberté, de donner son sang. Des études de psychologie sociale
soulignées par R.V. Joule et J.L Beauvois dans le « Petit traité de manipulation
à l'usage des honnêtes gens » montrent que l'utilisation de cette technique
augmente statistiquement le passage à l'acte du comportement souhaité par le
manipulateur. Des personnes qui n'auraient normalement pas donnés leur sang pour
ce qu'ils jugent être une bonne cause et ayant été correctement informées, sont
donc amenés à le donner, grâce à une technique de manipulation qu'ils ont subis
à leur insu bien-sûr. Ainsi même en réalisant une action de communication pour
une bonne cause en donnant les bonnes raisons d'agir pour ladite cause, l'action
peut ne pas être légitime.
Cette analyse nous amène à distinguer trois dimensions de la légitimité.
Une action de communication peut être évaluée en fonction de sa légitimité
morale (si la cause qu'elle défend est communément jugée positivement). Elle
peut également être évaluée au vue de sa légitimité procédurale (c'est-à-dire,
si l'image qu'elle donne d'un objet est fidèle à cet objet). Enfin, elle peut
être jaugée en fonction de sa légitimité cognitive (c'est-à-dire si elle fait
appel à des techniques relevant des théories de psycho-sociologie).