GRIPPE
On a parlé, il y a quelques jours, de cet adjectif peu fréquent, aviaire ! Il est accolé à un mot qui l’est
bien plus et qui, pourtant, recouvre une réalité assez floue : c’est la grippe ! En fait, la grippe est une
maladie peu connue du public, et le mot est souvent utilisé de façon totalement non médicale pour
désigner de façon très générale, une petite maladie passagère et bénigne qu’on se représente un peu
comme un gros rhume, un peu de fièvre sur une rhino pharyngite… On entend couramment dire « Je
ne suis pas en forme, en ce moment… mal fichu… un peu grippé… ». Et c’est, peut-être, cette opinion
qui fait qu’on se pose des questions sur l’appellation « grippe aviaire ». On sait que le risque peut être
grave, et que si la maladie se répand, elle peut faire des ravages. On a peur parfois que le mot de
grippe soit inopportun car senti comme trop bénin. Et on entend même dire : on nous cache des
choses : cette maladie, c’est une peste aviaire ; on ne nous parle de grippe que pour nous rassurer.
Alors qu’en fait, la grippe c’est sérieux… et relativement rare, pour l’instant.
C’est une maladie virale, dont le virus change d’une année sur l’autre, et éventuellement d’un pays à
l’autre. Il en existe des variantes très graves (on peut penser à l’épidémie de grippe espagnole qui a
ravagé l’Europe de l’ouest en 1918-1919, et a frappé très durement une population épuisée par la
guerre de 14-18. Quarante millions de morts, dit-on ! L’une des pires épidémies de l’histoire de
l’humanité. Alors gare !…
Mais, rien dans tout cela ne nous dit d’où vient ce mot de grippe.
Il vient du vieux verbe gripper, de la même famille que griffe et griffer. Le mot gripper n’est presque
plus en usage en français moderne : on dit juste qu’une machine ou un mécanisme se grippent quand
ils se coincent, quand un système d’engrenage est entravé, par exemple… Mais, il nous reste le verbe
agripper qui permet de nous faire une idée… Gripper, c’était empoigner, saisir. Et on employait, en
particulier, le mot à propos d’une maladie qui saisissait brusquement le malade. De là, la dérive de
sens…
Mais, grippe a eu bien d’autres significations.
La grippe a commencé par avoir sensiblement le même sens que la griffe, le croc… Puis le mot a
signifié querelle… et ensuite caprice, fantaisie. Au XVIIème, un homme de grippe était un personnage
lunatique, susceptible de changer d’humeur de façon très soudaine.
Quant à l’expression « prendre en grippe », elle est restée vivante pour signifier une subite et brutale
aversion pour quelqu’un qu’on se met à détester de façon assez systématique.
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