2 – Les conditions dans lesquelles a été prise la décision de fusion de GDF et de Suez
L’idée était déjà à l’étude depuis plus d’un an, semble-t-il, avant que la crainte d’une OPA du
groupe italien ENEL sur le groupe Suez ne précipite l’annonce de la fusion. Il est à noter qu’un groupe
français, Véolia (ex-Générale des Eaux, et ex-filiale du groupe Vivendi) avait étudié avec ENEL un projet
d’acquisition du groupe Suez.
3 – L’ouverture du marché énergétique en Europe
Il est vrai que la dérégulation complète du marché européen de l’énergie est décidée et sera
effective en juillet 2007. Les groupes (et notamment les entreprises « nationales » de fait) devront être
présents dans plusieurs types d’énergie, et notamment l’électricité, le gaz, et sans doute le pétrole.
4 – Le jeu des OPA entre groupes européens
Actuellement, le groupe électrique allemand E.ON, qui est un des deux groupes de taille
européenne avec RWE, a absorbé le groupe gazier Ruhrgas en 2003 et cherche à acquérir le groupe
électrique espagnol Endesa, qui pourrait aussi être racheté par le groupe gazier catalan Gas Natural. Et,
comme il a été dit, le groupe italien ENEL cherche à acquérir le groupe Suez. Par ailleurs, EDF a déjà
acquis plusieurs entreprises d’autres pays européens, notamment le groupe italien Edison dans lequel elle
vient d’augmenter sa participation.
La question n’est donc malheureusement plus de s’opposer à ce processus, mais de voir comment
il est possible que la France affirme sa présence.
5 – La décision de 2002 au Conseil Européen de Barcelone
C’est le Conseil européen de Barcelone des 15 et 16 mars 2002, au cours duquel la France était
représentée par Jacques Chirac et Lionel Jospin, qui, au point 37 des conclusions de la présidence, a
décidé la libéralisation du marché intérieur du gaz et de l’électricité et, plus globalement, de l’énergie.
6 – Les grandes tendances du marché de l’énergie
La production de pétrole, qui augmente peu du fait des crises du Moyen-Orient, est absorbée par la
croissance chinoise et toujours fortement demandée par le mode de consommation américain. Les sources
d’énergie alternatives ne sont pas très nombreuses. Les perspectives de développement de l’énergie
nucléaire sont à la fois réelles et dépendantes des progrès scientifiques et techniques dans la production, la
sécurité et le traitement des déchets, qui ne sont visibles que d’ici plusieurs décennies, et de l’opinion
publique, qui y est hostile dans plusieurs grands pays comme l’Allemagne. Les énergies renouvelables
ont un potentiel de développement réel mais à court et moyen terme limité. C’est donc le gaz, et
probablement ensuite le charbon, qui pourvoiront aux besoins supplémentaires.
7 – Le caractère stratégique du secteur du gaz à moyen terme
Il nous appartient donc, en termes de politique industrielle, de consolider notre présence dans ce
secteur. Tout le monde a encore à l’esprit le bras de fer récent du groupe russe Gazprom avec l’Ukraine et
la Géorgie sur le prix du gaz.
8 – Une privatisation de GDF qui se poursuit de fait
Il ne faut pas se cacher que la fusion entre GDF et Suez conduit à un groupe dans lequel l’Etat sera
un actionnaire minoritaire. Il possède actuellement 80% des actions de GDF, et se trouvera à un peu
moins de 40% du futur groupe GDF-Suez.