
Document 2 : Entretien avec Emmanuel Briquet, directeur de l’information
médicale du centre hospitalier du Havre
Pourquoi avez-vous mis en place un groupe de travail sur les terminologies médicales ?
La santé est régie par des normes dont la plupart s’intéressent plus au contenant qu’au contenu. Résultat : nous avons les
tuyaux (le protocole réseau d’échange HL7), mais pas de standard pour normaliser ce qui se passe dans la plomberie. Le
travail préliminaire de structuration des données n’a pas été fait. Nos autorités de tutelle ne proposent rien. Chaque
établissement lance donc ses propres projets. Si l’on poursuit dans cette voie, nous n’obtiendrons pas l’interopérabilité
sémantique. Or, quand il s’agit de santé, la moindre ambiguïté peut tuer. En l’absence de proposition, l’hôpital du Havre a pris
les devants en initialisant une réflexion sur les terminologies médicales.
01 Informatique n°1869, 25/08/2006
Document 3 : Le DMP s’éveille à l’hôpital
Le dossier médical personnel (DMP) doit être mis en place à partir du printemps prochain. Déjà, dans les établissements de
soins, le compte à rebours a commencé. Mais il leur faut d’abord réunir des données sur le patient éparpillées entre leurs
applications et les documents papier.
La forte mobilité du personnel médical complexifie ce problème de centralisation de l’information sur le patient. Toute
information ou prescription au pied du lit du malade doit être saisie et intégrée au système d’information, si possible en temps
réel. « Pour que les médecins et les infirmières adhèrent, on doit absolument leur éviter les ressaisies », explique Arnaud
Hansske [directeur des systèmes d’information du centre hospitalier d’Arras]. La plupart des logiciels de gestion du patient
proposent des interfaces de saisie de type client léger, qui simplifient le déploiement sur des postes mobiles, reliés à un serveur
central.
Le centre hospitalier d’Arras a ainsi déployé du client lourd sur ses postes fixes, des clients web pour l’accès distant des
patients, ainsi que des Tablet PC dotés de clients légers pour son personnel mobile (infirmières et médecins). Depuis 2000, le
service des urgences de l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, a lui aussi instauré une véritable politique de mobilité, fondée sur
des Tablet PC et des solutions RFID [puces à radio-fréquence] pour localiser à tout instant patients et médecins. « Ainsi,
l’information est centralisée et toujours disponible en temps réel dans le service. Gérant des gains de temps considérables »,
précise Thierry Joffre, médecin urgentiste au service médical d’accueil des urgences de l’hôpital.
Pour Pascal Machuron, DSI de l’hospitalisation à domicile de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), « la traçabilité
de l’information et donc sa qualité et sa fiabilité forment les vrais enjeux. Notre objectif apparaît clairement : couvrir toute la
chaîne, de l’hôpital qui nous confie son patient au domicile. Les blocages que rencontrons sont moins techniques
qu’institutionnels », explique Pascal Machuron.
Toutefois, ces efforts pour capter l’information partout afin de la centraliser dans le système d’information se voient pollués par
la masse de documents non structurés circulant dans le secteur médical. Le centre hospitalier d’Arras, entre autres, s’est doté
de Tablet PC et de micros équipés d’une mémoire Flash. Enregistrées au format WAV, les dictées des médecins sont stockées
en l’état dans le dossier du patient. Et cette partie de l’information n’étant ni structurée, ni indexée, l’hôpital rencontre des
difficultés lorsqu’il s’agit d’effectuer des recherches ou d’extraire de l’information. « De manière générale, le secteur de la santé
véhicule plus de documents que de données structurées, estime Thierry Durand. Mais aucune norme ou terminologie n’a été
clairement été arrêtée pour structurer l’information. »
Selon Didier Alain, directeur des systèmes d’information et de l’organisation de l’hôpital Sainte-Camille (Bry-sur-Marne), tout n’a
pas besoin d’être ordonné : « Si l’on structure trop l’information, les outils deviendront trop contraignants pour les médecins. Et
là, nous risquons d’essuyer des rejets. »
Marie Varandat, 01 Informatique n°1869, 25/08/2006