Cette différence de forme et de disposition dans les deux sortes de système
nerveux citées, est assurément très-grande, et tient effectivement à deux sortes
particulières de forme et de disposition dans les parties des animaux qui les offrent
; mais on ne s'aperçut point que chacune de ces sortes de système nerveux
appartenoit à une suite très-nombreuse d'animaux divers, qu'il ne peut être
convenable de réunir tous dans une même classe, parce que, de part et d'autre, leur
organisation présente, dans ses degrés d'avancement et de composition, des
différences très-remarquables.
Ainsi, de même que le système nerveux à cordon médullaire ganglionné,
paroît commencer dans les vers, se montre ensuite clairement dans tous les
insectes, s'étend ensuite dans les arachnides, les crustacés, les annelides, et se
retrouve encore dans les cirrhipèdes, étant partout le propre d'animaux munis
d'articulations, dans toutes ou dans certaines de leurs parties ; de même aussi le
système nerveux à ganglions épars et sans cordon médullaire noueux, n'est point
borné à ne se montrer que dans les mollusques, a une origine bien plus éloignée,
paroît effectivement commencer dans les polypes, former une branche qui s'en
sépare, et appartient à des animaux évidemment de différentes classes, tels que
nos tuniciers, nos conchifères et nos mollusques. Il y constitue donc la branche
fort étendue des animaux inarticulés, dont j'ai fait mention dans le premier volume
de l'Histoire naturelle des animaux sans vertèbres (pag. 457), et nos mollusques,
qui terminent cette branche, sont les seuls de ces animaux inarticulés à qui la
nature soit parvenue à donner une tête, le plus souvent oculifère. Tous les animaux
inarticulés dont je viens de parler, offrent, dans la forme et la disposition de leurs