THEME 1 – La rationalisation des activités sociales. Biographie de

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THEME 1 – La rationalisation des activités sociales.
Biographie de Max Weber (1864-1920) : p….
Problématique : Max Weber, comme Tocqueville, Marx et Durkheim, va s'interroger sur
l'apparition d'une nouvelle société moderne. Pour lui, c'est la montée de la rationalité qui est
l'essence même de la modernité. Cette rationalité s'incarne dans de nouvelles organisations
économiques (la division du travail, par exemple, ou le modèle bureaucratique) et une nouvelle
organisation des États (sur la base de la compétence des dirigeants et non de l'héritage).
« Le capitalisme
occidental est le seul
régime qui produisit une
organisation rationnelle
du travail ». M.Weber,
Histoire économique
Il est aussi frappé lors de ses voyages aux États-Unis par le poids des sectes protestantes dans la vie
économique, ce qui va l'amener à s'interroger sur les relations entre religion et activité économique. Il va établir une
relation entre les comportements inspirés par la religion protestante et les comportements efficaces dans une logique
capitaliste ; le point commun entre eux est encore la rationalité.
Cette rationalisation des activités, « destin de notre temps », s'étend à l'ensemble des activités humaines allant
jusqu'à pénétrer les consciences et organiser les comportements.
I – Le triomphe de la rationalité dans les sociétés modernes selon
M.Weber.
A – La rationalisation des activités sociales chez Weber.
 Qu’est-ce que l’action sociale ou l’activité sociale ?
Elle représente les comportements qui ont une signification pour l’individu (prier pour assurer son salut) et qui sont
en relation avec autrui (offrir du muguet le 1er mai). On parlerait aujourd’hui d’interaction.
Toutes nos actions ne sont pas sociales : quand tout le monde dans la rue ouvre son parapluie à cause de la pluie, ce
n’est pas une action sociale.
Par contre quand les français se retrouvent tous dans la rue après la victoire en finale en 1998, on retrouve la
définition de l’action sociale
Rq 1: l’approche de la sociologie de Weber est qualifiée « sociologie compréhensive » :
La sociologie doit comprendre les raisons, les motivations qui poussent un individu à agir.
La sociologie consiste alors à expliquer un phénomène social (ex : le capitalisme) comme la résultante des actions
(ex : travailler, épargner, investir…) motivées par un système de valeurs et de croyances (ex : éthique protestante).
Distinguez la démarche de Weber de celle de Durkheim :
Rq 2 : Un outil intellectuel spécifique : « l’idéal type » ou type idéal
Pour comprendre les phénomènes sociaux à partir de la compréhension des actions individuelles, il faudrait, en
théorie, pouvoir déterminer le sens que chaque acteur a donné à sa conduite. Une telle démarche est bien sûr
concrètement impossible ; on ne peut interroger des millions de personnes. Pour remédier à cela, Weber utilise un
outil, « l’idéal type », que l'on peut définir comme un modèle théorique, une reconstruction simplifiée de la réalité
(sorte de caricature comme « l’avare » de Molière) qui accentue les traits essentiels d’un phénomène social pour
mieux le comprendre. Les différents types d'actions sociales présentés ci-dessous constituent une illustration de cette
démarche.
1
 Weber établit une typologie des
actions humaines en fonction des
motifs et de la logique qui les
gouvernent.
Il distingue 4 types idéaux de l’action sociale:
 L’action …………………… :
L’homme agit par attachement à la …………
……, aux usages, par …………………..
Ex :
Selon Weber « La plupart de nos activités
quotidiennes familières appartiennent à ce
type ».
 L’action affective:
L’homme agit sous l’emprise des …
Ex :
 L’action ………………… : On pourra parler d’action …….………... à chaque fois qu’un individu agit en ayant
fortement ……….………. du sens qu’il donne à ses actes. Il s’agit d’actions réfléchies. Weber distingue l’action
………………………. :
- en valeur : l’homme agit par devoir, par ………………., en fonction de la …………….en des valeurs
considérées comme ultimes, qu’elles qu’en soient les conséquences.
Ex :
- en finalité : l’homme agit en choisissant un but à atteindre, une………mûrement……………, un objectif, et
les …………….les plus efficaces à mettre en oeuvre pour y parvenir, tout en en supputant les conséquences en termes
d’avantages et inconvénients. Il y a donc adéquation entre la …………et les ………….mis en œuvre pour l’atteindre.
Ex :
 les sociétés modernes voient le triomphe de la rationalité en finalité c’est à dire des actions
motivées par un calcul où l’individu choisit les moyens les plus appropriés pour réaliser ses
objectifs. On appelle « rationalisation des activités sociales » l’élargissement du champ d’action de
la rationalité en finalité au détriment des autres formes d’action.
La rationalité s’étend progressivement à l'ensemble des activités humaines, c’est une tendance de fond des sociétés
modernes :
L'activité rationnelle en finalité correspond ainsi aux comportements
économiques : on adapte les moyens (diviser le travail cf. taylorisme) aux fins
(maximiser le profit) recherchées; elle recherche l'efficacité et la satisfaction en tenant
compte des ressources et des contraintes.
Jan Vredeman de Vries 1604
Exemples : l’entreprise rationnelle rompt avec l’entreprise familiale au niveau de
son organisation et de sa gestion, elle a recours à la comptabilité (bilan chiffré à la
fin d’une période d’activité) et bénéficie du progrès des techniques (métier à tisser
par ex).
Cela concerne aussi les autres activités :
- les sciences et techniques qui s’émancipent des croyances religieuses par exemple,
- le droit qui s’organise de façon de plus en plus rationnelle : droit écrit et spécialisé
(civil, pénal, administratif etc.), jurisprudence, spécialisation des tribunaux
(tribunal de 1ère instance, cour d’appel, de cassation etc).,
- les arts : codification avec le solfège, division du travail dans un orchestre
philharmonique ; utilisation de la perspective et nombre d’or en peinture etc.),
- l’Etat… (cf. B)
2
B – le capitalisme et la bureaucratie illustrent la rationalisation des
activités dans les sociétés modernes.
1°) le capitalisme, première concrétisation de la rationalisation des activités.
Doc3p19, q2 et 3
Weber le caractérise non comme l'appât du gain qui est une disposition
banale mais comme l'organisation méthodique des facteurs de production dans le
but de réaliser un profit au sein d'une entreprise destinée à durer.
L'activité de type capitaliste est favorisée par un état d'esprit (l'esprit du capitalisme
comme système de valeurs rationnel) qui consiste à utiliser des ressources (le temps,
le capital, le travail) de la façon la plus efficace possible dans un but de rentabilité et
d'accumulation.
La " soif d'acquérir " ou " recherche
du profit " ne sont pas propres au
capitalisme mais en sont la condition.
La soif d'acquérir est une impulsion
irrationnelle.
L'esprit capitaliste est la modération
rationnelle de cette impulsion.
Dans « Ethique protestante et esprit du capitalisme » (1905), Weber s’interroge sur les origines du
Capitalisme. Il part d'un constat banal à son époque :
- le capitalisme moderne prend naissance au 16ème siècle dans les pays occidentaux et principalement dans les milieux
de confession protestante.
- au 19ème siècle en Allemagne, dans les régions où se côtoient catholiques et protestants, ce sont ces derniers qui, en
majorité, détiennent les rênes du pouvoir industriel et commercial.
Weber se demande donc si l'éthique protestante (calviniste) n’est pas un des facteurs qui aurait favorisé le
développement de l'esprit du capitalisme. Doc5p20, q1, 2 et 3.
L'éthique protestante repose sur une doctrine que Weber résume en cinq points :
1- Il existe un Dieu transcendant qui gouverne le monde.
2- Ce Dieu a prédestiné chacun au salut ou à la damnation. (Dès la naissance donc …)
3- Dieu a créé le monde pour sa propre gloire.
4- L'homme doit travailler à la gloire de Dieu en développant les activités humaines dans la société.
5- Les choses terrestres, en particulier le plaisir, appartiennent à l'ordre du péché.
Conséquence : Comment savoir si l’on fait partie des élus ? L’homme est sauvé ou damné par un
décret insondable de Dieu, aucun signe extérieur ne permet de savoir si on fait partie ou non du petit
nombre des « Elus » qui auront accès au paradis…. Le protestant calviniste (de Jean Calvin 15091564 qui a propagé cette doctrine en France) vit dans l’angoisse, la solitude de ce qui l’attend.
Les pasteurs protestants ont été amenés à amender la doctrine pour « désangoisser » les fidèles : la
réussite professionnelle, matérielle, lors de la vie terrestre, est un signe d’élection divine. si je
réussis honorablement dans les affaires, c’est que Dieu l’a voulu et donc je suis élu.
Cette éthique aurait, selon Weber, incité les protestants à adopter un comportement
rationnel : ……………. sans relâche et ne pas perdre son temps dans des activités futiles et
dans l’oisiveté, ………………. dans son entreprise mais pour la gloire de ………. et
mener une vie vertueuse marquée par l’ascèse ce qui signifie préférer l'…………………. à
la consommation, au «luxe, l’ostentation, l’apparat, les excès vestimentaires ».
L'ascétisme protestant condamne
la jouissance des richesses et la
consommation des objets de luxe
Ascétisme = pratique de
pénitence => vie austère. On ne
gaspille pas
Il y aurait donc une relation étroite entre l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme.
Le comportement des protestants serait marqué par un ascétisme (discipline de vie) orienté vers la réussite
matérielle, dans le but d'honorer Dieu. Ils mènent ainsi une existence rationnellement organisée conforme à leur
croyance (rationalité en …………….). La logique capitaliste, de son côté, dans sa recherche du profit, suppose le
calcul économique, la prévision (rationalité …………………….).
Entre capitalisme et calvinisme, il existe donc des « affinités électives » (points communs favorables à leur
développement) schéma :
Weber pense ainsi avoir démontré non pas que le protestantisme est la cause du capitalisme mais que l'éthique
protestante a favorisé (à l’image d’un terreau fertile) l'esprit du capitalisme qui est un des facteurs explicatifs de
l'apparition du capitalisme.
3
2°) La bureaucratie comme système d’organisation rationnel et efficace du pouvoir.
La bureaucratie est une seconde concrétisation de la rationalisation des activités sociales.
De quelle domination est-elle l’expression ? Weber
distingue ainsi trois formes d’autorité qui donnent
naissance à trois modes de domination. Il s’agit encore une
fois d’idéaux-type.
La bureaucratie est l'expression de la domination
………………. qui est une forme de domination dont la
légitimité repose sur la …….. Weber parle de domination
légale-……………...
Dans le cas d'une domination rationnelle, un individu obéit
à un second car celui-ci a légalement le droit de lui donner
un ordre spécifique. Plus qu'à un individu, l'obéissance se
fait à une loi votée selon des procédures elles-mêmes
légales.
Cette forme de domination se distingue de la domination
……………………… qui se traduit par la soumission à un
individu
exceptionnel
et
de
la
domination
……………………………. fondée sur le respect de la
tradition.
Doc6 p21, q1 : trouvez des exemples
Formes de
légitimité
ou d’autorité
Domination
traditionnelle
Fondée sur :
Exemples
Le respect de la
tradition, de la
coutume
La reconnaissance
Domination
du caractère
charismatique exceptionnel d’un
chef
Domination
« légale
rationnelle »
Des lois et des
règles
impersonnelles
Doc7p21
La bureaucratie est un mode particulier d'organisation rationnelle et efficace dont les principales
caractéristiques sont les suivantes:
• il existe une division du travail et une coopération permanente entre des individus qui occupent
chacun une fonction 
• à chaque fonction sont associées des tâches précises (spécialisation des taches) ; ex :
• chaque fonction est occupée par une personne dont la compétence est reconnue : " fonctionnariat spécialisé "
• les fonctions et les règles sont impersonnelles : celui qui exerce le pouvoir n'est pas propriétaire de sa
fonction et ne peut la transmettre (éviter le népotisme !) et la bureaucratie fonctionne dans le cadre d’une
réglementation impersonnelle, garantie d’impartialité et de neutralité (éviter le favoritisme) : Ex : une infraction à la loi
sera punie d'une amende identique, quelque soit la fortune de l'accusé
• la bureaucratie a ses propres ressources et une rétribution est prévue pour chaque fonction avec des critères
objectifs. Ex : ancienneté, qualification (évite la corruption).
Les règles écrites, impartiales, mises en œuvre par des personnes compétentes, font de la Bureaucratie la forme
d’organisation la plus rationnelle.
La forme la plus pure de bureaucratie est évidemment l'administration mais Weber remarque que les grandes
entreprises se rapprochent de ce modèle d'organisation. La bureaucratie est présente aussi au niveau politique (ex :
bureau des partis politiques) ou religieux (ex : l’organisation du Vatican). Aujourd’hui on pourrait y ajouter les
associations (ex : ……………….)
La bureaucratisation des sociétés modernes est un phénomène « irréversible ». Weber juge cette évolution
positive car il estime que cette forme d'organisation est plus efficace.
Elle représente aussi pour lui un progrès pour l’humanité, car la bureaucratie est plus juste (car fondée sur la
compétence) que l’organisation qui prévalait auparavant et qui était fondée sur des relations personnelles et
inégalitaires et souvent abusives… (par exemple, un suzerain et son vassal, un serf et son seigneur, un serviteur et son
maître).
Il voit dans l’organisation bureaucratique de nombreuses qualités : précision, permanence, discipline, prévisibilité,
confiance qu’elle inspire…
4
C - Conséquence du processus de rationalisation des activités sociales :
le « Désenchantement du monde ».
La conséquence de cette rationalisation est le désenchantement du monde :
Les sociétés traditionnelles (ex : sociétés primitives, sociétés préindustrielles) vivent sous l'emprise des mythes, de la
magie et de la religion  le sacré imprègne tous les actes de la vie sociale. Ex : actes rituels ou magiques : le chaman
guérit par l’invocation des esprits; le chrétien convaincu qu'une vie vertueuse sera récompensée dans l'au-delà.
Weber précise que les interprétations enchantées du monde et les pratiques magiques ne sont pas
« inférieures » aux explications scientifiques et aux procédures techniques.
En effet, si les tribus primitives développent des interprétations enchantées des évènements et proposent des réponses
stéréotypées à ceux-ci, elles sont adaptées à un environnement immédiat qui change peu, et disposent de connaissances
souvent précises sur les ressources naturelles qui les entourent. Elles ont en outre des compétences précises dans
l’utilisation des outils dont les membres de ces tribus se servent.
En revanche, dans les sociétés modernes techniquement complexes et culturellement très différenciées, les individus
dépendent des compétences des autres individus. Ainsi un indien ou un hottentot (nomade de Namibie) connaît très bien son
environnement alors qu’un occidental ne sait pas comment fonctionne le tramway qu’il utilise tous les jours …
Avec la modernité, les mentalités cèdent la place à la science. Le monde est désenchanté car les explications
magiques ou religieuses cèdent la place à des explications scientifiques.
Définitions du désenchantement du monde : Déclin de la pensée magique, mythique ou religieuse comme
explication du monde au profit des formes de pensée rationaliste et scientifique.
Processus culturel au cours duquel les hommes modifient leur manière d’intervenir, d’agir sur le monde : ils
cherchent à expliquer les évènements en mettant en évidence leurs causes scientifiques régulières, et à modifier la
nature par les techniques et les arts. Ils renoncent aux explications magiques, surnaturelles ou religieuses.
Ainsi les croyances religieuses, les valeurs, sans être vouées à disparaître ne sont plus les principaux moteurs de
l'activité sociale.
Peu à peu la science remplace la religion sous ses différentes formes comme facteur explicatif des phénomènes dont
les hommes sont les témoins. Rationaliser c’est maîtriser et prévoir. (Le protestantisme puritain est une religion
rationnelle dans la mesure où elle renonce à la magie, les superstitions, les miracles pour interpréter les évènements
ou pour agir).
Mais, pour Weber, paradoxalement, cette évolution ne permet pas une «connaissance générale croissante des
conditions dans lesquelles nous vivons ». « Le progrès scientifique grâce à la technique et la prévision permet de
prouver qu’il n’existe en principe aucune puissance mystérieuse et imprévisible qui interfère dans le cours de la vie.
Mais cela revient à désenchanter le monde ».
Ce processus est facteur d'insatisfactions : d'une part, l'explication scientifique est toujours incomplète dans la mesure
où toute découverte ouvre de nouvelles perspectives de recherches d'autre part, le désenchantement du monde permetil de donner un sens à la vie ?
La réponse de Weber est négative. En effet, « l'homme civilisé (...) ne peut jamais saisir qu'une infime partie de tout
ce que la vie de l'esprit produit sans cesse de nouveau, il ne peut saisir que du provisoire et jamais du définitif. C'est
pourquoi la mort est à ses yeux un événement qui n'a pas de sens. Et parce que la mort n'a pas de sens, la vie du
civilisé comme telle n'en a pas non plus ». La maîtrise technique et la compréhension scientifique des événements du
monde, contrairement aux religions, ne proposent aucune réponse à la quête de sens de l'homme.
5
II – Actualité de la pensée de Weber et prolongements
contemporains.
A – Les arguments vérifiant la rationalisation des activités.
Quelques pistes de réflexion en rapport avec l’enseignement obligatoire :
* l’organisation du travail dans les entreprises est de plus en plus rationnelle. Ex : taylorisme, fordisme et
toyotisme (voir enseignement obligatoire).
* le déclin des religions.
* le déclin de l’action collective expliquée par un calcul rationnel : la paradoxe d’Olson.
Mancur Olson montre que l’individu est rationnel, il compare les coûts de la participation à l’action collective (ex :
faire grève = perte de salaire, manifestation = efforts, perte de loisirs…) aux avantages (gains de l’action collective).
Ce calcul aboutit au raisonnement suivant : on peut profiter des avantages d’une action collective sans y
participer et donc sans en supporter les coûts… il s’agit d’une stratégie du « passager clandestin » (free riding).
Par contre, le résultat final peut être contraire à celui recherché, en effet si tout le monde raisonne ainsi,
l’action collective est vouée à l’échec  paradoxe utilisé pour expliquer en partie le déclin du syndicalisme ou la
montée de l’abstentionnisme électoral.
B – Les limites de la rationalisation.
1°) les effets pervers de la rationalisation.
La rationalisation est-elle synonyme de progrès ?
-
cf limites sociales de la division du travail avec comme exemple les limites du taylorisme et du fordisme : le
travail devient répétitif et abrutissant
-
Cf effets sur l’alimentation : risque liés aux OGM végétaux et animaux, crise de la vache folle, « mal
bouffe »…
-
Cf effets de la croissance sur l’environnement (pollution,déforestation, épuisement des ressources…)
-
Cf effet du commerce international sur les pays du sud (voir commerce « équitable »).
6
2°) la permanence ou le retour de l’irrationnel ?
Avec le désenchantement du monde, Weber constate une renonciation aux explications magiques, surnaturelles,
religieuses… Or certaines tendances permettent de parler d’un relatif « ré-enchantement du monde » :
Comment savoir ce qu’il y a après la mort et réduire
l’angoisse de la mort ? la raison, la science ne permet pas de
résoudre ces problèmes. En outre le religieux peut offrir des
avantages en terme d’intégration sociale et d’identité sociale.
On peut observer une montée des croyances mais pas
forcément celles des religions « traditionnelles ».
Conséquence : émergence et essor des mouvements sectaires
(contre la modernité et le matérialisme) …
Et on peut parler d’un certain retour du religieux avec la
montée des mouvements intégristes comme réponse possible au
défaut d’intégration lié au chômage de longue durée,
ségrégation urbaine ….
Comment connaître les qualités d’un candidat à un emploi ? Comment prévoir ses performances ? Le
curriculum vitae ne suffit pas pour réduire l’incertitude d’où l’utilisation assez courante dans les grandes entreprises
de la graphologie, l’astrologie, numérologie … pour embaucher !
C – L’efficacité de la bureaucratie en question :
Pour WEBER la bureaucratisation de la société est un phénomène irréversible en raison de son efficacité technique
supérieure aux autres formes d'organisation. Elle est aussi source de progrès pour l'humanité (protège du pouvoir
personnel qui était abusif). Il émettait toutefois des réserves : routine et déshumanisation des rapports sociaux sont à
craindre.
L'analyse critique des pathologies propres aux organisations bureaucratiques a été conduite à partir d’études de
terrain par H. SIMON et M.CROZIER :
1°) la « rationalité limitée » (ou « procédurale ») chez Herbert Simon :
Économiste et sociologue américain (1916-2001), Nobel d’économie en 1978
Selon H. SIMON, étudiant les comportements au sein des firmes américaines, les acteurs agissant au
sein des organisations n’ont qu’une rationalité limitée :
Les procédures de décisions des acteurs sont en effet soumis à des contraintes : ils ne disposent pas
de toute l'information nécessaire, n'ont ni le temps ni la capacité pour la traiter (il faut prendre les décisions dans un
délai parfois court). Et leurs choix sont influencés par leurs valeurs et croyances. Dès lors leur action ne sera pas
strictement rationnelle (au sens de la rationalité de l'«homo œconomicus » des néoclassiques). Ils s’arrêteront non pas
à la solution optimale, mais à la première solution satisfaisante, raisonnable sur la base d informations souvent
incomplètes.
7
Cela ne signifie pas que les décisions des individus sont irrationnelles, car une décision raisonnable est le
résultat d'un compromis entre différentes contraintes. Les individus élaborent donc des solutions intermédiaires, qui
ne sont pas forcément les plus rationnelles dans 1’absolu mais ont au moins le mérite d'avoir été produites 
rationalité procédurale. Il y a un risque (la décision n’est pas parfaitement rationnelle) mais ce risque est
acceptable.
2°) Le concept de « cercle vicieux bureaucratique » chez Michel
Crozier.
Sociologue des organisations français, né en 1922
A partir d’un travail empirique au sein de l'administration des Chèques Postaux et de la SEITA (Altadis aujourd’hui)
au début des années 1960, il montre que 1’organisation bureaucratique n'est pas efficace et produit des
dysfonctionnements :
On fait passer les règles avant l'action on se protège derrière elles. Ex : « Le règlement, c'est le règlement ».
Déjà le sociologue américain Robert Merton parlait dans les années 1940-50 de ritualisme bureaucratique : l’adhésion
aux règles conçue comme un moyen (d’efficacité), devient une fin en soi. Csq : règles impersonnelles appliquées sans se
soucier de leurs conséquences…
Les individus manquent d'efficacité à cause des règles. En effet les règles écrites ne sont jamais assez
précises et complètes : les acteurs peuvent en profiter pour créer des pouvoirs parallèles dans des
«zones d'incertitude» non prévues.
Ces zones sont enjeu de pouvoir. Ainsi les experts (techniciens…) cherchent à s'aménager des zones
de liberté et leur hiérarchie tente de les contrôler en leur imposant de nouvelles règles qui limitent
l'autonomie de chacun.
Ceci entraîne le renforcement du comportement routinier des employés et le ralentissement de leur efficacité 
«cercle vicieux» où la prolifération des règles paralyse l’organisation bureaucratique.
Mais on peut y ajouter aussi les conflits perpétuels, frustrations, mécontentements...
Ainsi la bureaucratie paralyse l'activité: elle est source d'inefficacité pour Crozier. C'est « une organisation qui n'arrive
pas à se corriger en fonction de ses erreurs ».
Résumé de ses caractéristiques :
- la rigidité et inertie : inaptitude à prendre en compte les cas particuliers, non prévus par la règle  lenteur
des décisions.
- l'irresponsabilité : en multipliant les échelons hiérarchiques  on ne sait plus qui décide, qui est
responsable…
- incapacité à mesurer et reconnaître le mérite individuel  ce qui encourage la routine et n'incite pas à la
prise de risques.
Programme officiel :
L’étude de la rationalisation des activités sociales à partir de l’oeuvre de Weber n’est pas rattachée à un chapitre particulier du programme de terminale. On
retiendra de Weber l’idée que les sociétés occidentales sont caractérisées par un processus de rationalisation des activités humaines dans tous les domaines
(économiques, sociaux et politiques).
On précisera la signification du concept de rationalité en distinguant la rationalité en finalité et la rationalité en valeur. On pourra illustrer ce mouvement de
rationalisation à partir du développement de “l’esprit du capitalisme “comme recherche rationnelle du gain et à partir de l’étude de la bureaucratie comme mode
d’organisation légale et rationnelle.
L’actualité des analyses de Weber et ses prolongements contemporains seront étudiés en s’interrogeant sur la permanence des débats sur la bureaucratie (qui ne
caractérise pas les seules organisations publiques). Dans cette perspective, on pourra présenter la thèse sur le cercle vicieux de la bureaucratie. On pourra montrer
aussi comment le concept de rationalité en valeur permet de rendre compte d’un certain nombre de mobilisations collectives (autre lien possible avec le
programme de tronc commun). On s’interrogera enfin sur le renouvellement des réflexions sur la rationalité en présentant le concept de rationalité limitée.
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