09 01 29 yvonne princesse de Bourgogne boesmans opera de paris

FLORENCE
Pour conclure ce journal, la chronique théâtrale de Christian Jade. Christian
Jade, bonsoir. Jade Bonsoir. Comme chaque jeudi vous nous emmenez au
théâtre mais aussi à l’opéra avec un «must»: le opéra de Philippe Boesmans
Yvonne princesse de Bourgogne, représenté à l’Opéra de Paris.
JADE
Oui et c’est une consécration méritée pour Philippe Boesmans, après quatre
opéras créés à la Monnaie, La passion de Gilles, Reigen, Wintermärchen et
Julie. Boesmans à l’Opéra de Paris, c’est cadeau de départ de Gérard Mortier
dont c’est la dernière saison à Paris avant de rejoindre Madrid. Un cadeau à
celui à qui il a offert une première chance en 1983(La passion de Gilles). C’est,
figurez-vous, le premier compositeur belge joué à l’Opéra de Paris depuis le
lointain Liégeois Modeste Grétry, à la fin fin du XVIIIè siècle. La pièce de
Gombrowitz, Yvonne, princesse de Bourgogne a été magistralement adaptée
pour l’opéra par le metteur en scène Luc Bondy et sa femme Marie-Louise
Bischoffberger. Mon enthousiasme est profond mais je préfère vous donner une
petite revue de presse éloquente.
C’est «un conte à rebours -écrit t Martine Dumont Mergeay dans la Libre
Belgique- mettant en scène une cour étouffante, un couple royal pervers et un
prince mourant d’ennui qui, autant par révolte que sous la pression d’un désir
inconnu, choisit pour fiancée une "laide . Esthétiquement, poursuit Martine
Dumont-Mergeay, la virtuosité de l’écriture est telle que de la manière" de
l’un à celle de l’autre, c’est bien Boesmans qui, sur la longueur, s’impose et
triomphe.
FLORENCE
Et la critique française ??
Le critique du Monde, Renaud Machart, qui a souvent la dent dure, se fait
élogieux : De la riche palette de couleurs de Boesmans, -dit-il- Sylvain
Cambreling, qui dirige excellemment l'ensemble Klangforum de Vienne, a
raison de dire qu'elle s'apparente à celle de Franz Schreker (le Gustav Klimt de
la musique). L'écriture virtuose du Belge semble attirer à elle des "Post-it"
sonores parodiques qui vont de bouts d'opérette à un air de folie, d'une chanson
frelatée pour cabaret russe à une sonnerie récurrente de trompettes à la
Wagner...
Comme le fait Karl Lagerfelt pour la maison Chanel, Philippe Boesmans,
poursuit le critique du Monde, revivifie la maison opéra en déclinant les
variations infinies de son Dress Code.
Quant à Serge Martin du «Soir» il conclut « le miracle, c’est que cette précision
génère une succession d’instants empreints de la plus évidente séduction. A
l’instar d’une partition le bonheur final dépasse de loin la somme de ses
composantes
FLORENCE
Un vrai feu d’artifice critique en l’honneur de Philippe Boesmans Quant à vous,
Christian Jade, nouveau rendez-vous dimanche sur la Première après le journal
de 13h; vous nous ferez entendre une interview de Philippe Boesmans. Son
dernier opéra Yvonne princesse de Bourgogne se joue à Paris jusqu’au 8 février
et reviendra à la Monnaie à l’automne 2010. Un dernier mot pour la Bérénice de
Racine, mise en scène au Théâtre de la Place des Martyrs par Philippe Sireuil.
JADE
Bérénice de Racine est un poème sublime et statique un couple, l’empereur
Titus et sa maîtresse juive Bérénice doivent se séparer pour obéir à la raison
d’Etat, le Sénat romain ne voulant pas d’un mariage avec une «étrangère». Pas
de mort «physique» donc mais c’est tout comme. Il la revoie «malgré lui» et elle
s’en va «malgré elle». Entre les deux, un amoureux éconduit de Bérénice joue
un faire valoir anxieux et dépité. Philippe Sireuil veut une forme épurée, un
«non décor», entendre seulement la musique de l’alexandrin. C’est souvent
beau, parfois terriblement raide: on se parle de statue à statue, plutôt que de
corps à corps ou de cœur à cœur. Il manque comme un frémissement pour entrer
dans la «grâce» racinienne. Le rôle de Titus, interprété par un comédien suisse,
Vincent Bonillo est souvent à la limite de l’audible, comme si on voulait lui
faire jouer un «salaud» (sartrien) tristounet, replié sur lui-même. Anne-Pascale
Clairembourg défend avec énergie et précision Bérénice alors qu’Itzik Elbaz,
l’amoureux éconduit, joue de manière plus réaliste. Une belle cérémonie à
recommander surtout aux amateurs de prouesses austères.
Bérénice de Racine, m e s de Philippe Sireuil au Théâtre des Martyrs, jusqu’au
21 février
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