FLORENCE
Pour conclure ce journal, la chronique théâtrale de Christian Jade. Christian
Jade, bonsoir. Jade Bonsoir. Comme chaque jeudi vous nous emmenez au
théâtre mais aussi à l’opéra avec un «must»: le 5è opéra de Philippe Boesmans
Yvonne princesse de Bourgogne, représenté à l’Opéra de Paris.
JADE
Oui et c’est une consécration méritée pour Philippe Boesmans, après quatre
opéras créés à la Monnaie, La passion de Gilles, Reigen, Wintermärchen et
Julie. Boesmans à l’Opéra de Paris, c’est cadeau de départ de Gérard Mortier
dont c’est la dernière saison à Paris avant de rejoindre Madrid. Un cadeau à
celui à qui il a offert une première chance en 1983(La passion de Gilles). C’est,
figurez-vous, le premier compositeur belge joué à l’Opéra de Paris depuis le
lointain Liégeois Modeste Grétry, à la fin fin du XVIIIè siècle. La pièce de
Gombrowitz, Yvonne, princesse de Bourgogne a été magistralement adaptée
pour l’opéra par le metteur en scène Luc Bondy et sa femme Marie-Louise
Bischoffberger. Mon enthousiasme est profond mais je préfère vous donner une
petite revue de presse éloquente.
C’est «un conte à rebours -écrit t Martine Dumont Mergeay dans la Libre
Belgique- mettant en scène une cour étouffante, un couple royal pervers et un
prince mourant d’ennui qui, autant par révolte que sous la pression d’un désir
inconnu, choisit pour fiancée une "laide . Esthétiquement, poursuit Martine
Dumont-Mergeay, la virtuosité de l’écriture est telle que de "à la manière" de
l’un à celle de l’autre, c’est bien Boesmans qui, sur la longueur, s’impose et
triomphe.
FLORENCE
Et la critique française ??
Le critique du Monde, Renaud Machart, qui a souvent la dent dure, se fait
élogieux : De la riche palette de couleurs de Boesmans, -dit-il- Sylvain
Cambreling, qui dirige excellemment l'ensemble Klangforum de Vienne, a
raison de dire qu'elle s'apparente à celle de Franz Schreker (le Gustav Klimt de
la musique). L'écriture virtuose …du Belge semble attirer à elle des "Post-it"
sonores parodiques qui vont de bouts d'opérette à un air de folie, d'une chanson
frelatée pour cabaret russe à une sonnerie récurrente de trompettes à la
Wagner...
Comme le fait Karl Lagerfelt pour la maison Chanel, Philippe Boesmans,
poursuit le critique du Monde, revivifie la maison opéra en déclinant les
variations infinies de son Dress Code.