L’excellence est au bout d’un chemin que tous les enfants doivent pouvoir prendre, mais pas
par tirage au sort ou en dénaturant cette excellence dans l’espoir que tout le monde puisse y
accéder sans les outils essentiels pour la comprendre.
Le public doit-il aussi être tiré au sort ? Demain y aura-il un tirage au sort pour l’ENA ?
Les politiques publiques pataugent, et pas seulement en France.
A Rome, après un licenciement des 182 musiciens et choristes pour travailler de façon libérale
avec des freelance à l’anglaise, marche arrière et réembauche ! C’est sûr qu’à 2200
euros/mois, le plein-temps est plus économique que le modèle ultralibéral d’outre-Manche.
Economie espérée : 3 millions d’euros, c’est-à-dire bien loin du déficit de 50 millions de 1976
à Milan, qui n’avait pas fait un tel scandale salarial.
Alors, que disent les économistes et sociologues ?
Revenons aux conservatoires parisiens.
Les coûts par habitant sont croissants en fonction de l’effectif de la population. Quand la
population est multipliée par 10, les coûts augmentent par 4.
La cause en est la demande : plus d’élèves, plus de qualité, plus de structures.
Si l’on accroît la base d’une pyramide, forcément elle s’élève plus haut.
Depuis combien de temps la Ville de Paris a-t-elle réévalué son offre afin de répondre aux
besoins ?
Pour être désarmée au point de proposer un tirage au sort, certainement depuis bien
longtemps.
Les modèles pour le concert et l’opéra sont les mêmes mais avec des seuils. Les coûts par
habitant s’élèvent progressivement dans les tranches de 10 000 habitants, puis brusquement à
partir de 100 000 habitants cette somme est multipliée par 2,5. Toujours en raison de
l’exigence de la demande.
Bien que considérée comme élitiste, cette demande de pratique culturelle au-delà de 100 000
habitants réclame une grande qualité des intervenants et des structures plus lourdes telle que
l’opéra et les salles philharmoniques.
Fini les salles multi-activité des communes modestes !
Ces crises passées ont été absorbées par diverses initiatives : aux Etats-Unis par les fondations
privées, notamment la fondation Ford, et en Europe par la puissance publique.
Ces initiatives ont été prises par conviction que la culture est nécessaire à une société.
Aujourd’hui, cette conviction semble plus confuse au regard des décisions prises.
Voilà donc ce que nous apprend le passé.
Le présent, lui, nous apporte de nouvelles données. Celles des cabinets d’audit et d’analyse,
qui froidement étudient l’économie de la culture non plus à l’échelle des structures mais des
mouvements financiers qu’elles induisent.
Les chiffres, déjà cités de nombreuses fois, font ressortir la plus-value générée par
l’investissement public comme moteur d’une économie locale autour des activités culturelles.