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Chapitre IV Classes, stratification et mobilité sociales
3 semaines
Introduction :
Les sociologues se sont toujours interrogés sur le problème de la structure sociale, c’est à dire qu’ils
se sont efforcés de proposer des réponses aux questions suivantes : quels sont les grands groupes
sociaux, comment sont-ils construits, quelle place occupent ils dans la hiérarchie sociale ? …
Contrairement aux sociétés d'ordre ou de castes, les sociétés modernes, démocratiques, assurent
libertés et égalités aux individus. Ainsi, tout individu doit pouvoir accéder aux positions sociales les
plus élevées en fonction de son mérite et non de son origine sociale. L’égalité des situations étant
impossible à atteindre et n’étant pas forcément souhaitable, la démocratie ne peut que rechercher
l’égalité des chances. L'enjeu principal de la mobilité sociale est donc de se rapprocher de l'idéal
démocratique qu'est l'égalité des chances.
Acquis de première : groupe social, groupe d’appartenance, groupe de référence, socialisation
anticipatrice, capital social
Notions : Classes sociales, groupes de statut, catégories socioprofessionnelles, mobilité
intergénérationnelle /intra générationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital
culturel, paradoxe d’Anderson.
Plan :
I Comment analyser le structure sociale ?
A La stratification sociale
B Une représentation de la structure sociale: les PCS
C Le débat théorique : classes ou strates ? :
D La société française est-elle encore une société de classe ?
II Comment rendre compte de la mobilité sociale ?
A La mobilité sociale : définition et mesure
B Les déterminants de la mobilité sociale
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I Comment analyser le structure sociale ?
A La stratification sociale :
1) Mise en évidence :
Photocopie Hatier exercice p 188 : comment classer les individus ?
Définition stratification sociale : différenciation d’une population en classes ou strates hiérarchiques,
fondée sur une distribution inégale de ressources et de positions dans la société (inégalités de
richesses, de prestige, de pouvoir).
Une hiérarchie est un classement visant à distinguer des supérieurs et des inférieurs, au regard de
certains critères.
La stratification est souvent représentée par la métaphore de l’échelle (dont on peut gravir ou
descendre les échelons) ou de la pyramide (sur laquelle on occupe une place plus ou moins proche
du sommet ou de la base).
La société française a depuis 1789 érigé en droit l’égalité des hommes. Elle n’est pas pour autant une
société égalitaire : les inégalités de droit ont progressivement été abolies mais les inégalités de fait
persistent : les différences entre individus sont encore très grandes (accès aux biens de
consommation, au logement, à la culture, à l’éducation...), et elles renvoient aux places occupées
dans la vie économique et sociale.
Remarque : distinction entre catégorie et groupe social :
Une catégorie sociale est une simple juxtaposition d’individus présentant une ou plusieurs
caractéristiques communes telles que le revenu, l’âge, le sexe, la profession, le niveau d’étude, la
nationalité, le lieu d’habitation...
Un groupe social : c’est un ensemble d’individus qui ont des caractéristiques communes et qui
entretiennent des relations telles qu’elles leur donnent une certaine conscience d’appartenir à cet
ensemble. Un groupe social est identifiable par le reste de la société (il est repérable).
Grâce à sa cohésion, un groupe social peut être un acteur de la vie sociale. Ex : nations, ethnies,
partis politiques, syndicats, religions, groupes d’amis, classes d’établissements scolaires, équipes
sportives...
2) 2 exemples de stratification dans les sociétés traditionnelles : les castes et les ordres :
Dans les sociétés traditionnelles la stratification est légitimée par des fondements religieux : elle est
le reflet terrestre de l’ordre divin. Elle est aussi sanctionnée (organisée) par la loi. Elle donne à
chaque individu en fonction de sa naissance des droits et devoirs différents.
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Les ordres sont les trois grandes catégories qui composent la société d’Ancien Régime :
clergé, noblesse et tiers état.
Ils sont hiérarchisés en fonction du prestige des fonctions sociales remplies par leurs
membres.
En théorie, le clergé est le premier des ordres, car sa fonction est d’être l’intermédiaire entre
le monde divin et le monde humain. Mais la noblesse, dont la fonction principale est le
métier des armes, jouit d’un égal prestige. Quant au tiers état, il s’adonne à des taches peu
prestigieuses : agriculture, artisanat, commerce.
Dans la noblesse, le souci de la pureté du sang, de la lignée, engendre une forte endogamie
(proche de celle des castes) ; la transmission des fonctions sociales est largement héréditaire,
limitant ainsi la mobilité sociale.
Au sein du tiers état, une couche bourgeoise s’enrichit, jetant les bases du capitalisme, tandis
que la noblesse ne pouvait accéder à des fonctions mercantiles. Une certaine convergence
d’intérêt apparut ainsi entre la haute bourgeoisie, avide de reconnaissance sociale, et la
noblesse et l’État toujours en manque d’argent.
L’État vendit donc à la bourgeoisie des charges anoblissantes, titra ses grands commis
d’origine bourgeoise (Colbert, ...), créant une “noblesse de robe” inférieure en dignité à la
“noblesse d’épée”. Des alliances matrimoniales se nouèrent entre les deux noblesses.
Les ordres furent abolis en France par la Révolution. Les privilèges furent supprimés dans la
nuit du 4 août 1789.
Les castes sont des groupes sociaux endogames (on ne peut se marier qu’entre membres
d’une même caste), strictement hiérarchisés et fermés et héréditaires.
Les relations sociales se construisent autour de la notion de pureté/répulsion. L’esprit de
caste interdit formellement les contacts physiques, les relations sexuelles, les repas en
commun entre membres de castes différentes. Si un contact impur a lieu, il faut procéder à
un rite de purification.
Des tribunaux de castes jugent les déviants et prononcent contre eux des sanctions allant
jusqu’à l’exclusion définitive. Dans ce cas, l’individu perd son identité sociale, il n’est plus
rien, ne peut rejoindre une autre caste, où il n’est pas né. Il devient un intouchable, mis au
ban de la société.
Aboli en 1947 le système des castes exerce encore une puissante influence sur les mentalités et les
pratiques sociales. Il y a, en Inde, concurrence entre normes juridiques et normes sociales.
B Une représentation et un outil d’analyse de la structure sociale: les PCS:
1) Présentation de la nomenclature :
Photocopie + Hatier doc 1 p 190
La nomenclature des catégories socioprofessionnelles (CSP) a été élaborée par les statisticiens de
l’INSEE dans les années 50. Elle constitue le principal instrument d’analyse de la structure sociale en
France. Cette nomenclature a été modifiée en 1982 lors du recensement au profit de celle des
professions et catégories socioprofessionnelles (PCS), ce qui a permis d’affiner l’ancienne
nomenclature devenue en partie obsolète en raison de la modification des qualifications
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professionnelles au sein de la société. Cette nouvelle nomenclature met davantage l’accent sur la
position sociale, donc sur le niveau hiérarchique.
Une nouvelle nomenclature ne remettant pas en cause l’essentiel et conservant le nom de PCS est
entrée en vigueur en 2003.
La nomenclature se compose de 8 groupes socioprofessionnels eux-mêmes subdivisés en 42 CSP qui
regroupent 489 professions.
1. agriculteurs exploitants ;
2. artisans, commerçants et chefs d’entreprises de plus de 10 salariés ;
3. cadres et professions intellectuelles supérieures ;
4. professions intermédiaires ;
5. employés ;
6. ouvriers ;
7. retraités ;
8. autres personnes sans activité professionnelle.
Les PCS sont un mode de regroupement des individus en catégories sociales homogènes selon leur
activité professionnelle, sur la base de plusieurs critères :
le métier on distingue l’horloger et le cordonnier
la position hiérarchique au sein de la profession exercée (ou de l’ancienne profession en cas
de retraite) on distingue cadre, intermédiaire, exécution (employé et ouvrier)
le niveau de diplôme requis pour exercer cette profession, cad la qualification
le statut on distingue salarié ou indépendant ou employeur
la nature de l’activité on distingue l’ouvrier agricole, artisanal, industriel
la taille de l’entreprise on distingue le salarié de la grande, moyenne, petite entreprise
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le statut public ou privé de l’employeur (administration ou entreprise) on distingue le
cadre technique du public ou du privé
Attention : le revenu n’est pas un critère !
2) L’intérêt de la nomenclature :
2 types d’intérêt :
- Comprendre les mutations de la société : Doc 10 p 190
Elle donne une vision quantifiée de la structure sociale. Ainsi, l’évolution de la structure des
groupes socioprofessionnels montre les transformations socio-économiques de la société
française au cours des cinquante dernières années, en particulier : tertiairisation, extension
du salariat, montée des qualifications.
- Mesurer les inégalités économiques et sociales : Doc 11 p 190
La nomenclature présente des catégories statistiques qui regroupent des individus ayant des
caractéristiques communes et des comportements propres, notamment en termes de mode de vie,
etc.
Par ailleurs, elle représente une stratification hiérarchisée.
3) Les limites de la nomenclature : photocopie Bordas doc 2 p 193
On peut en relever essentiellement 2 :
- Une homogénéité sociale contestable :
Identifier des individus par leur situation professionnelle tend à regrouper des personnes différentes
à bien des égards (modes de vie, croyances, origines). Inversement, des individus aux caractéristiques
sociales assez proches peuvent se retrouver dans éparpillés dans des catégories différentes.
- Des critères de classement oubliés : chômage et précarité de l’emploi :
En outre, le critère de la profession est parfois insuffisant pour représenter la société, à l’heure la
part des emplois atypiques (contrats à durée déterminée, intérim, contrats aidés) tend à augmenter,
et où le chômage frappe, durablement ou à répétition, de nombreux actifs.
Les chômeurs, s'ils ont déjà travaillé, sont classés en fonction des critères attachés à leur dernier
emploi. S'ils n'ont jamais travaillé, ils sont classés à part, dans un groupe qui n'est pas vraiment une
PCS, les « chômeurs n'ayant jamais travaillé ».
C Le débat théorique : classes ou strates ? :
1) L’objet du débat: les groupes sociaux sont ils réalistes ou nominalistes ?
La Q° qui se pose est la suivante : quelle est la nature des "objets" classés ?
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