université du québec à montréal

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
PÉDAGOGIE DE LA DÉCOUVERTE PAR
L’IMAGE PHOTOGRAPHIQUE D’IDENTITÉ : UNE APPROCHE
D’INTERVENTION MÉDIATISÉE SUR MESURE
RAPPORT D’ACTIVITÉS
PRÉSENTÉ
COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION
PAR
LIVIA AVRAM
AOÛT 2004
ii
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE I 2
PROBLÈMATIQUE ................................................................................................... 2
1.1
Description du contexte ............................................................................. 2
1.2
Définition et énoncé du problème .............................................................. 3
1.2.1
Définition du problème ....................................................................... 3
1.2.2
Énoncé du problème.......................................................................... 4
CHAPITRE II OBJECTIFS DU PROJET ET REPÈRES THÉORIQUES ................... 5
1.3
Objectif général ......................................................................................... 5
1.4
Objectifs spécifiques ................................................................................. 5
1.5
Cadre de référence ................................................................................... 6
1.5.1
La pédagogie de la découverte et la résolution de problème ............. 6
1.5.2
La communication médiatisée ......................................................... 10
L’utilité de comprendre la situation de communication ........................... 11
La communication par l’image ............................................................... 14
Les codes de l’image fixe isolée ............................................................................. 16
2.3.3. La lecture de l’image ..................................................................................... 18
Les composants dans l’image ................................................................................. 18
Les trois étapes de lecture ...................................................................................... 18
L’identité et l’image photographique ....................................................................... 19
Une image particulière, le portrait ........................................................................... 20
Le visage , réservoir de signes codés ..................................................................... 21
1.5.3
Articulation des codes de l’image et du texte ................................... 24
1.5.4
Le Multimédia ..................................... Error! Bookmark not defined.
1.5.4.1
Les supports et les canaux de diffusion ... Error! Bookmark not
defined.
1.5.4.2
Une qualité particulière de multimédia : la convivialité ...... Error!
Bookmark not defined.
INTRODUCTION
2
CHAPITRE I
PROBLÈMATIQUE
« La réflexion dans l’action est une sorte de dialogue continuel entre le
praticien et les événements de sa pratique professionnelle. En
apprenant à utiliser systématiquement la réflexion dans l’action, le
praticien peut augmenter de façon significative l’efficacité de ses
interventions. Il peut aussi développer progressivement une sorte de
modèle d’intervention sur mesure. » ( St-.Arnaud.p.51)
1.1
Description du contexte
Le projet d’intervention, qui fait l’objet de ce rapport, fut développé au
Collège Ste-Marcelline, un établissement privé, situé dans un cadre
enchanteur au bord de la Rivière - des - Prairies, dans l’ouest de Montréal. Le
Collège accueille près de mille élèves de toute origine, à partir du préscolaire
jusqu’au secondaire. Et c’est le secondaire qui a servi de contexte
d’intervention.
Depuis l’année 2000, nous travaillons au collège, au secondaire (accueillant
uniquement des filles), à titre de coordonnatrice des activités et nous dirigeons
le Conseil Étudiant du Collège (CONSEM). Nous assurons la réalisation des
activités en nous appuyant sur ses membres et nous organisons les réunions du
CONSEM. Chaque année, nous essayons de nouvelles stratégies d’animation
auprès des jeunes élèves afin de mieux ancrer le CONSEM dans la vie de
l’école.
3
Le CONSEM est une équipe de 11 élèves, partageant des goûts, intérêts ainsi
que des valeurs communes et qui se définit par des projets d’activités
échelonnés tout au long de l’année scolaire.
L’ensemble des élèves du Collège ainsi que les professeurs élisent
annuellement (au mois de juin) deux représentantes par niveau, de secondaire
II à V, une vice-présidente de secondaire IV et deux présidentes de secondaire
V qui feront partie du CONSEM au cours de l’année scolaire qui suivra.
Le CONSEM se réunit toutes les semaines pendant 30 minutes et son rôle est de
représenter officiellement l'ensemble des élèves de l'école, de promouvoir et
d’établir des activités ayant pour but de développer un esprit dynamique au
sein de l'école, d’aider, de façon systématique, à l'intégration des nouveaux
élèves, de diffuser les informations au moyen d'un journal, de proposer et de
mettre sur pied des activités pour l'ensemble des élèves de l'école, telles les
fêtes de l’Halloween, de Noël et de la St-Valentin, la soirée des talents, la
semaine des enseignants, le dîner - poésie, etc.
Les jeunes sont appelés à se prononcer sur différents sujets, à donner leur avis,
à négocier, à s’organiser. Ceci donne naissance à des situations de
communication intéressantes qui sont ancrées dans la réalité sociale de
l’école.
1.2
Définition et énoncé du problème
1.2.1
Définition du problème
Le CONSEM prépare les activités deux semaines avant la rentrée scolaire et,
chaque année, nous rencontrons le même problème: les élèves ne se
connaissent pas assez et cela les rend moins efficaces dans leur travail en
début d’année. Pour l’intégration rapide des nouveaux membres au CONSEM,
4
les premières rencontres sont cruciales, donnant la chance aux élèves, surtout
les nouvelles, de pouvoir construire ensemble une relation respectueuse,
vivante et où la reconnaissance des forces de chacune sera un atout important
pour la suite. De plus, ces jeunes filles ont une maturité qui varie selon leur
âge et cette variable doit être pris en considération.
Même si les premières rencontres ne représentent qu’un tout petit moment
dans l’année scolaire, c’est un instant privilégié pendant lequel peut
s’instaurer un esprit d’équipe et d’entraide (sentiment d’appartenance). Pour
cette raison, nous avons décidé de vivre notre projet d’intervention dès le
début de l’année scolaire avec les élèves élues au CONSEM au mois de juin qui
précède l’année scolaire, en leur proposant une activité s’inspirant d’une
approche dite Pédagogie de la découverte.
1.2.2
Énoncé du problème
Prenant en considération les variables proximales (âges variant de 13 à 18 ans
et sexe) ainsi que les variables distales (environnement physique et ressources
disponibles), nous avons choisi de développer une approche originale sur
mesure pour le groupe cible, tenant compte de ces variables, de certaines
conditions pour favoriser le travail coopératif ainsi que des ressources
disponibles dans le milieu d’intervention.
Le problème peut donc s’énoncer ainsi : comment mettre en place une
approche d’intervention médiatisée qui tienne compte à la fois des variables
distales, proximales, de certains facteurs influençant le travail en équipe, tout
en assurant une participation égalitaire, quel que soit le degré de maturité des
élèves impliquées?
5
CHAPITRE II
OBJECTIFS DU PROJET ET REPÈRES THÉORIQUES
1.3
Objectif général
Développer et valider une approche d’intervention médiatisée sur un CD-Rom,
favorisant la découverte de l’identité par l’image photographique.
.
1.4
Objectifs spécifiques
Dès le début de l’année scolaire :
Du côté des élèves :

assurer aux membres du CONSEM1 un contexte général favorable à la reconnaissance
de
chacune
d’entre
elles
et
favoriser
un
sentiment
d’appartenance au groupe;
Du côté du support :

vérifier la convivialité2 du CD-Rom, c’est-à-dire la facilité d’y naviguer et de
comprendre l’organisation ou la structuration des contenus proposés.
1
Conseil Étudiant du Collège.
Convivialité (usability) : qualité d'un programme (logiciel) offrant 1) un parcours aisé, une navigation agréable
(facile d’utilisation) et 2) un contenu accessible (facile à comprendre). Source: Le grand dictionnaire
terminologique, http://www.granddictionnaire.ca/btml/fra/r_motclef/index800_1.asp
2
6
1.5
Cadre de référence
1.5.1
La pédagogie de la découverte et la résolution de problème
Pour notre recherche-développement, nous nous sommes appuyée sur la
vision constructiviste de la réforme de l’école québécoise qui valorise une
pédagogie où l'apprenant est au cœur de ses apprentissages, cognitivement et
affectivement. Nous nous sommes inspirée d’une approche appelée pédagogie
de la découverte, par Michel Martin dans son ouvrage phare des années 1980 :
Sémiologie de l'image et pédagogie.
Suite
à
nos
lectures
sur
les
différentes
approches
d’enseignement/apprentissage (béhavioristes, cognitives, stratégiques et
interactionnistes), les fondements de la pédagogie de la découverte nous sont
apparus, par certains aspects, voisins du modèle constructiviste cognitif.1 Ce
type de modèle valorise entre autres une approche de résolution de problèmes
où l’élève vise un but et où des ressources lui sont accessibles afin qu’il
comprenne ce qu’il a à faire. Ce dernier est au cœur de ses apprentissages qui
reposent en partie sur l’utilisation de stratégies cognitives et métacognitives
(l’apprentissage n’est plus linéaire mais hiérarchisé). Dans un tel contexte,
l’enseignant organise les connaissances et les relie entre elles afin d’aider
l’élève à structurer les informations (Goupil et Lusignan 1993)2.
Pour ce qui est du concept de découverte, Shulman et Keislar (1973) disent
que la découverte comme stratégie est un moyen d’enseigner la résolution de
problème. C’est donc à partir de ce choix stratégique de pédagogie de la
découverte ou de résolution de problèmes que nous avons poursuivi notre
recherche des fondements théoriques.
1
Tels que les modèles de Piaget, de Bruner et de Tardif
G. Goupil et G. Lusignan, 1993. Apprentissage et enseignement en milieu scolaire, Ed Gaëtan Morin, Qué
Canada, p.72
2
7
Dans cette foulée, il fallait très tôt, en début d’année, que nous stimulions,
chez chaque membre du CONSEM, ses forces collaboratives et son engagement,
puisque chacune serait appelée à assumer différents rôles et responsabilités
tout au long de l'année, tout en étant accompagnée par une responsable adulte
(moi-même) et confortée par les autres membres du groupe.
Travail coopératif
« (…) une organisation de l’enseignement qui met à contribution le
soutien et l’entraide des élèves, grâce à la création de petits groupes
hétérogènes réunis autour d’un objectif commun et travaillant selon
des procédures établies, assurant la participation de tous et de toutes à
la réalisation d’une tâche. » (Doyon, 1991, p. 126)
Les chercheurs Dishon et Wilson O’Leary (1984, p.3) définissent
l’apprentissage coopératif comme un modèle d’enseignement systématique
visant à aider les enseignants à mettre des groupes en place et à travailler avec
eux afin que les élèves : exécutent des tâches, participent tous à la tâche du
groupe, trouvent des solutions à leurs différends, prennent plaisir à travailler
ensemble.
D’après Jonson et al (1984, p. 8) quatre conditions sont fondamentales à la
réussite du travail coopératif: l’interdépendance positive, l’interaction verbale
entre les élèves, la responsabilité individuelle envers le groupe et l’utilisation
d’habiletés à établir des relations interpersonnelles et à travailler en sousgroupe.
Par interdépendance positive on entend la conscience qu’ont les élèves de leur
dépendance les uns envers les autres dans la tâche à accomplir. Pour Johnson
et al. (1984, p.8), il y a différents types d’interdépendance : par rapport aux
buts, à la tâche, aux ressources, aux rôles. L’interaction verbale entre les
élèves, surtout la qualité des interactions verbales entre les membres, est une
8
autre condition de la réussite de travail coopératif. Pour accomplir une tâche,
les élèves doivent présenter leurs idées, émettre des hypothèses, discuter de
leurs solutions, etc. Selon Adams et Hamm (1990, p.41), une interaction
verbale est valable lorsque la discussion de groupe favorise le développement
des habiletés à sélectionner, à organiser, à analyser, à intégrer et à évaluer
l’information.
La responsabilité individuelle est un autre facteur lorsqu’on parle de travail
coopératif, elle se développe d’autant plus que chaque membre du groupe se
sent responsable du succès de l’équipe et du succès de l’autre. D’autres
éléments de nature à accroître la responsabilité individuelle sont le sentiment
d’appartenance au groupe, la motivation à réaliser la tâche, l’attitude
positive envers le groupe3.
Les habiletés à établir des relations interpersonnelles et à travailler en sousgroupe représentent une autre condition essentielle pour la réussite du travail
coopératif. Lorsqu’ils travaillent en groupe, les élèves doivent faire preuve de
comportements tels que le respect des idées des autres, la valorisation des
diverses contributions, etc. Les habiletés sociales nécessaires à la réalisation
du travail coopératif ne sont pas toujours acquises par tous les participants et
c’est à l’enseignant d’amener ses élèves à acquérir ces habilités de
coopération.
La découverte comme approche
« La découverte requiert de l’enfant plus de participation et, partant,
plus d’attention aux éléments qui lui sont présentés. » (Shulman et
Keislar, 1973, p. 49)
Ce sentiment d’appartenance est au cœur de notre problématique de départ et est considéré comme
un préalable pour assurer la suite du travail au CONSEM.
3
9
Chercher, tâtonner, progresser, découvrir sont sources de bonheur pour l’élève
car ce sont des actions stimulantes intellectuellement : il découvre par luimême des règles, des solutions, des méthodes de travail. Selon Giordan
(1995), la pédagogie de la découverte valorise la découverte autonome et
l'importance des tâtonnements dans un processus de construction initié par
l'élève; ainsi la construction du savoir fait une grande place à l'action des
élèves.
L’élève a donc une responsabilité dans ses démarches et dans son
organisation, il s’implique dans la réalisation d’un certain nombre de tâches, il
mobilise ses savoirs, met en oeuvre des savoir-faire et développe des
comportements adaptés d’une manière autonome. Selon Alsène et Cazabon
(1987), «[…] la pédagogie de la découverte est inductive : partir des
connaissances immédiates des étudiantes et des étudiants pour distinguer peu
à peu les caractéristiques des modes essentiels d’intervention. » (p.131)
À partir de connaissances de base, la pédagogie de la découverte, tout comme
celle de la résolution de problèmes, vise à aider l’élève à bâtir un
raisonnement, à développer des savoirs et savoir-faire qu’il pourra transférer
dans des situations équivalentes, à s’adapter à un environnement dynamique,
évolutif. Selon Shulman et Keislar (1973), « Toutes les expériences de
découverte supposent que l’élève possède déjà d’importantes connaissances. »
(p.49). Tardif (1992) est du même avis : « Les élèves doivent pouvoir utiliser
fonctionnellement les connaissances acquises et avoir développé des stratégies
qui leur permettront de poser les actions appropriées dans diverses tâches
qu’ils sont appelés à réaliser. »
Nous remarquons que dans ces deux approches- pédagogie de la découverte et
résolution de problèmes - l’élève doit pouvoir s’appuyer sur des
connaissances acquises antérieurement et sur sa capacité de prendre des
10
initiatives. Les apprentissages ainsi réalisés doivent être transférables dans
d’autres situations et c’est là leur force, car l’élève pourra développer ou
consolider plus sûrement ses habiletés. À l’école, les apprentissages devraient
permettre aux élèves non seulement de se développer cognitivement, mais
aussi de prendre conscience du pouvoir, dans divers contextes, de ces
nouveaux outils cognitifs développés.
Notre approche d’intervention, qui s’appuie sur la découverte et sur la
résolution de problèmes, est personnalisée, puisque l'élève va pouvoir petit à
petit construire ses propres repères et stratégies de lecture de l’image, tout en
s’appuyant sur ses connaissances des autres élèves.
1.5.2
La communication médiatisée
Depuis le milieu du XXe siècle, nous sommes entrés dans la civilisation de la
communication. Un des besoins primaires de l’homme est de communiquer,
l’homme disposant de cinq moyens de communications : les gestes, les sons
(vocaux et instrumentaux), le regard, l’écrit et l’image. Les trois premiers sont
propres aussi aux monde animal. Le jour où l’homme de la préhistoire a gravé
une première image sur un rocher peut être considéré comme date de
naissance de la civilisation humaine. Selon Almasy (1990) « La création de
l’image fut la première action dictée par l’intellect et non pas par l’instinct. »
(p. 27)
La communication est un acte intentionnel où un émetteur (locuteur) cherche
à rejoindre, à échanger avec un récepteur (interlocuteur) qui, éventuellement,
lui répondra et deviendra donc émetteur à son tour. Trois éléments de base
caractérisent la chaîne de communication : l’émetteur (E), le récepteur (R) et
le message (M); ce dernier voyage entre les deux pôles. L’intention de
11
l’émetteur peut varier et affecter le type de discours dans la communication,
marquant ainsi le message véhiculé.
Voici la chaîne minima de communication :
E ------------- M ----------- R
L’utilité de comprendre la situation de communication
Les questions de Lasswell
Bien des modèles existent pour représenter schématiquement le processus de
communication (Jakobson, 1963; Moles, 1972; Shannon et Weaver, 1975;
Valiquette, 1981). Cependant, ce sont les fameuses questions de Lasswell4 qui
nous ont tout d’abord aidée à cerner l’objet de cette recherche-développement.
Cette dernière porte principalement sur le
COMMENT,
c’est-à-dire sur la
manière de traiter le contenu d’un message, en termes de codage, de stratégies
de communication, de support et de canal de diffusion. Mais l’INTENTION de
l’auteur du projet ici doit également être pris en considération, étant donné le
contexte de la recherche et le perfectionnement professionnel recherché par la
chercheuse.
Lasswell fut un des premiers à s’intéresser à la communication de masse.
Selon lui, on peut décrire convenablement une action de communication en
répondant aux questions suivantes : QUI?, DIT QUOI ? À QUI?
COMMENT? AVEC QUEL EFFET?
L'intérêt essentiel de ce modèle est de dépasser la simple problématique de la
transmission d'un message et d'envisager la communication comme un
4CCMS:
Communication, Cultural and Media Studies
http://www.cultsock.ndirect.co.uk/MUHome/cshtml/index.html.
12
processus dynamique avec une suite d'étapes ayant chacune leur importance,
leur spécificité et leur problématique. Il met aussi l'accent sur la finalité et les
effets de la communication.
Voici les questions de Lasswell :
QUI est l’auteur de la communication ? l’intervenante et POURQUOI
(intention);
DIT QUOI ? Le contenu à communiquer : rôle identitaire des images photos et
jeu de la découverte;
À QUI? Les récepteurs visés : les jeunes filles de secondaire II à V;
COMMENT (PAR QUEL CANAL) ? Le codage ou la mise en forme du
contenu : images, textes et interactivité ainsi que le choix de stratégies pour les
communiquer1 sur un support (CD-Rom) et le diffuser par un canal (ordinateur);
AVEC QUEL EFFET? Les résultats attendus : communication et complicité
entre les membres du CONSEM.
Les fonctions de la communication
Le schéma de la communication linguistique de Jakobson est largement
répandu aujourd’hui. Ce modèle «[…] prévue pour l’étude de la langue, peut
être utile pour analyser la communication par l’image» (Fozza et al, p. 108).
Six facteurs illustrent ce modèle de communication. Ces facteurs ne s'excluent
pas les uns les autres, mais se superposent très souvent. Il s’agit des facteurs
suivants: le destinateur (émetteur), le message, le destinataire (récepteur), le
contexte, le code et le contact.
1
Contenu: expression générique désignant les différents types d'informations et de services (écrits, sons, images,
données multimédias) circulant sur les réseaux de distribution numérique (Dictionnaire du Web, p.55).
13
Schéma de la communication de Jakobson
La principale originalité de ce modèle, c'est qu'à ces six facteurs correspondent six
fonctions qui peuvent être appliquées à des messages linguistiques tout autant
qu’iconiques5:
La fonction expressive/esthétique traduit les idées, les sentiments du
destinateur et dans certains cas, sa personnalité: les œuvres de créateurs en
peinture, en photo, en littérature, etc.
La fonction conative/argumentative: met en valeur l’action du destinateur sur
le destinataire (inciter à agir, à séduire, etc.). Cette fonction apparaît
clairement dans une situation où la finalité de la communication est de faire
agir le destinataire, dans le sens souhaité par le destinateur : consignes
données pour réaliser une tâche.
La fonction phatique est relative au contact immédiat ou différé. Elle permet
de provoquer ou de maintenir le contact avec le destinataire : l’accusé de
réception, le renforcement positif.
La fonction métalinguistique/explicative s'exerce lorsque l'échange porte sur
le code lui-même et que les partenaires vérifient qu'ils utilisent bien le même
Les fonctions de l’image apparentées à celles de Jakobson sont décrites dans l’ouvrage de M. MorizeNicolas et coll. 1998. Français 4e Parcours méthodiques: lecture des textes et de l'image; Expression
écrite et orale. Paris, Hachette éducation, p. 51
5
14
code. Cette fonction consiste donc à utiliser un langage pour expliquer un
autre langage. Le glossaire joue ce rôle et dans notre approche, la partie
théorique sur l’image joue aussi ce rôle.
La fonction référentielle/informative renseigne sur un objet, une réalité ou un
événement et s’inscrit généralement dans un contexte qui va affecter
directement le message : la photo d’identité scolaire veut d’abord identifier
l’élève objectivement, sa personnalité pourra certes être suggérée (donc la
fonction expressive se superposera à la référentielle) mais le décor ne jouera
aucun rôle.
La fonction poétique/symbolique se rapporte à la forme du message dans la
mesure où elle a une valeur esthétique (très près de la fonction expressive
puisqu’elle révèle une part de la personnalité ou du style de l’auteur): poème,
slogan, devinette, jeu de la découverte par l’image dans notre projet…
La communication par l’image
Dessinées sur les parois des grottes ou des tombes, gravées sur les
pierres des temples ou sur des matrices de bois et de cuivre,
recomposées par l’art de la mosaïque ou du vitrail, peintes sur les
fresques ou les toiles, enregistrées sur les plaques photographiques ou
sur la pellicule cinématographique, […] diffusées sur l’écran des
télévisions, les images ont accompagné toute l’histoire de l’humanité.
(Baisnée, 2002, p. 3)
L’image est la représentation d'une personne ou d'une chose par un moyen
technique tel que: le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie ou
l'infographie. Elle est le produit d’une activité humaine sur le réel, la synthèse
de diverses opérations à la fois perceptuelles et cognitives (fonction
symbolique). La fonction symbolique ainsi sollicitée s’appuie sur des codes
de reconnaissance, basés sur des connaissances antérieures et sur des images
mentales. Ces codes représentent ou du moins cherchent à rendre compte de la
réalité perçue. Mais précise Martin (1982.), l’image n’est pas une copie de la
réalité, malgré « l’impression de naturalité » qu’elle donne au lecteur. « En
outre, l’image supporte facilement diverses connotations qui jouent un rôle
essentiel au niveau de la signification. » (p.17) Donc le lecteur investira des
15
sens seconds (connotations) sur des images, surtout celles qui ont un degré
d’analogie élevé avec la réalité, c’est le cas de la photographie.
Ainsi, toute image matérielle est un signe iconique ayant un degré d’analogie
plus ou moins élevé par rapport à l’objet visé dans la réalité (référent) ayant
pour fonction de déclencher l’activité perceptuelle de reconnaissance vis-à-vis
de l’objet représenté. L’icone est donc une représentation analogique détachée
des objets ou phénomènes représentés (Pierce, 1978).
« Le codage iconique est un codage technique Il consiste en la
transcription du réel en trois dimensions sur une surface plate avec ses
caractéristiques propres. Il s’agit là de fait d’une véritable
transposition puisque l’image ne porte souvent que quelques uns des
caractéristiques du référent. » (Cossette, p.414)
Et même, Lebrun et Berthelot (1996) rappellent que « l’image interprète et
déforme, dans une certaine mesure, la réalité. » (p.72). Plusieurs facteurs
peuvent expliquer ce phénomène, disent-ils :

l’espace tridimensionnel (caractérisé par les trois dimensions :
hauteur, largeur et profondeur) est représenté sur une surface plane
bidimensionnelle (la profondeur est uniquement simulée pour
donner de l’épaisseur aux objets);

le cadrage de l’image découpe une partie de la réalité, ce qui
empêche toute exploration visuelle hors de ce cadre;

les couleurs reproduisent plus ou moins fidèlement la réalité;

la texture du support matériel de l’image affecte la perception.
Enfin, Martin (1982) aussi confirme que « …l’icone photographique passe par
différentes transformations avant que le récepteur reconnaisse l’image du
référent. » (p.24) Ces transformations sont dues à la fois aux codes
techniques, spécifiques à l’image, et aux codes anthropologiques qui relèvent
de la culture du sujet percevant (codes de la narrativité, socio-culturels et
16
rhétoriques). Parmi les codes techniques, nous retenons ceux relatifs aux
angles de prises de vue, à la composition, au cadrage (échelle de plans) ainsi
qu’aux effets techniques : « Reconnaître les normes codées, […] puis déceler
les écarts susceptibles de signification, constitue une démarche essentielle au
niveau de la lecture et de la compréhension du message iconique. » (Martin,
p.27).
Les codes de l’image fixe isolée6
Codes spécifiques ou techniques de l’image
1. Codes de ressemblance : procédés pour faire naître l’objet iconique
(procédé graphique, photographique, électronique ou infografique,
mixte)
2. Codes morphologiques : composition des éléments dans un espace ou
cadrage limité : focalisation (convergence dans le centre), avantplan/arrière-plan pour créer la profondeur, compositions en diagonale,
en Z (à l’horizontale) ou à la verticale.
3. Codes chromatiques : codes des couleurs : mono-chrome, bi-chrome,
poly-chrome (couleurs primaires, couleurs chaudes ou froides).
4. Codes des procédés spatiaux : l’échelle des plans, les angles (points
de vue), l’éclairage, etc.
5. Codes kinésiques : procédés techniques ou optiques pour représenter
le mouvement : le flou, les traits, dédoublement.
6. Codes gestuels et d’implication : c’est la façon de se sentir concerné
par l’image : le spectateur se sent-il regardé ou impliqué ou au
contraire, y-t-il distance.
-
6
image en « je » - interpellation du spectateur, l’image cadrée
de façon serrée avec un peu de repères contextuels, le sujet
nous regarde très souvent
Stéphanie Dansereau : http://www.er.uqam.ca/nobel/r33554/accueil/
17
-
image en « il » - distanciation pour le spectateur, l’image
devient plus narrative car des indices spatio-temporels sont
présents)
Codes non-spécifiques ou sémiologiques
7. Codes socio-culturels : tout ce qui est suggéré par un contexte socioculturel (type de vêtement, objet socialement ou temporellement
marqués).
8. Codes de la narrativité : il révèle du contenu : ce sont des éléments
sémantiques qui viennent « informer » (souvent empruntés à la
littérature)
9. Codes
rhétoriques :
figures
de
style,
codes
esthétiques
et
symboliques, etc.
Dans le domaine de l’éducation, l’image constitue un support privilégié pour
illustrer certains phénomènes, pour montrer ou référer aux objets de la réalité.
L’éducation à l’image et aux médias développe des compétences transférables
dans tous les secteurs de la vie de l’élève et aussi dans les disciplines
scolaires. Les auteurs du site de l’Académie Creteuil «Image, son, language»7
mentionnent que chez les élèves ayant déjà pu profiter de cette éducation, des
transferts
d’habiletés
cognitives
ont
pu
être
observés,
s’orientant
schématiquement dans deux directions : cognitive et comportementale :

dimension
cognitive :
développement
de
l’observation,
de
la
compréhension et d’un certain esprit critique, plaisir de verbaliser autour
de l’image, appropriation d’une méthode d’analyse de l’image qui favorise
l’expression verbale;

dimension comportementale : motivation et attention accrues, attitude plus
autonome et responsable, mise en valeur de la sociabilité des jeunes.
7 1
http://www.ac-creteil.fr/isl/educimage/welcome.html
18
2.3.3. La lecture de l’image
Les composants dans l’image
« Le processus qui se déclenche dans l’esprit du lecteur devant les
composants d’une photo est le même que celui que produit en lui la
lecture de lettres ou de signes écrits. (…) Ce qui dans l’écriture
alphabétique constitue un mot est désigné dans l’écriture
photographique par le terme composant. » (Almasy, 1990, p.33)
Les composants selon Almasy, se répartissent en trois groupes :

le vivant : les humains et les animaux constituent des composants vivants,

le mouvant (mobile) : certains objets qui peuvent se déplacer ou peuvent
être déplacés (en action) ainsi que certains phénomènes et éléments
naturels constituent des composants mobiles;

le statique (fixe) : le décor immuable dans lequel évoluent les sujets et les
objets;
La distinction entre les trois composants est fondamentale car il existe entre
ces trois catégories une relation hiérarchique : le composant vivant domine
toujours les autres composants, quelle que soit sa place dans l’image. Seule
l’intensité de sa suprématie émotionnelle peut varier. Les composants
mouvants dominent les composants statiques quelle que soit leur taille
respective.
Pour assurer une lecture facile, rapide et efficace de la photo, son concepteur
doit tenir compte de la hiérarchie de ces trois composants.
Les trois étapes de lecture
Contrairement à l’écriture alphabétique qui est une action linéaire, temporelle
et unidimensionnelle, la lecture d’une photographie est bidimensionnelle,
spatiale et « prospectrice ».
19
Pour Almasy (1990), la lecture photographique se décompose en trois phases :
la perception, l’identification et l’interprétation :

la perception est purement optique 8: les yeux perçoivent les formes et les
tonalités dominantes, sans toute fois les identifier. Elle est très rapide, elle
ne dépasse pas une demi-seconde.

l’identification est une action à la fois optique et mentale. Le lecteur
identifie les composantes de l’image et enregistre mentalement son
contenu, en identifiant le sujet de la photo.

l’interprétation du sujet est une action purement mentale et très
individuelle. Chaque lecteur interprète la photo en fonction de son âge, de
son sexe, de sa profession, de son idéologie.
L’identité et l’image photographique
«L’image est intrinsèquement identitaire, sa tendance a représenter
l’objet la situe du côté de l’identité : id est (c’est), tel est le début de
toute réponse à la consigne de s’exprimer sur une image» (La
Borderie, p. 95)
L’image a été le plus ancien moyen de communication inventé par l’homme,
mais elle est devenue à la portée de tous seulement par la mise en pratique du
procédé photographique.
Le mot ‘photographie’ vient du grec phos / photos (lumière) et graphein
(tracer, écrire) qui signifie « écrire avec de la lumière ». « Il s’agit d’un
procédé de reproduction sur un support plan de tout ce qui est visuellement
perceptible grâce à la transformation chimique de substances sensibles à la
lumière que le sujet de l’image reflète. » (Almasy, 1990, p.27) Ce procédé
technique qui a été mis en pratique le 19 juillet 1822 dans un petit laboratoire
8
La perception, pour les cognitivistes et spécialistes du développement (Piaget et Inhelder), est une
activité mentale assimilée à la fonction d’identification. Lire Geneviève Jacquinot dans
Communication Information, Vol VI, Nos 2-3, hiver 1984, Ed. Albert St Martin, Qc. Canada, pp.
232-234
20
en Bourgogne a pris très vite de l’importance. Aujourd’hui l’on peut utiliser
dans les buts les plus divers, tels que : œuvres artistiques, documents destinés
à la presse, enseignement, sciences, publicité ou simplement pour mémoriser
des faits.
La photographie s’est développée en deux branches : la photographie picturale
(artistique) et la photographie fonctionnelle (presse, publicité, documentation,
éducation, science et portrait).
Une photographie picturale est l’expression subjective d’une vision d’une
pensée, d’une émotion, tandis que la photographie fonctionnelle doit remplir
une fonction bien déterminée. Pour le photographe picturaliste l’esthétique est
essentielle, étant le but de la création. Pour le photographe publicitaire par
exemple, l’esthétique est uniquement un moyen pour capter le regard des
lecteurs et les attirer sur l’information cachée derrière l’image.
Une image particulière, le portrait
Le portrait est «[ …] une représentation réaliste d’un individu en buste ou en
pied, immobile ou animé, sur fond neutre, dans un intérieur ou dans un
paysage, le portrait peut aussi exposer au grand jour la psychologie du
personnage »1
Dans le passé, le portrait était considéré comme moyen d’idéaliser le sujet et
l’immortaliser, donc réservé à l’élite. La technique pour réaliser l’image
laissait une grande liberté d’exécution au portraitiste. À travers le temps, le
portrait a évolué aux niveaux des techniques de représentation des
personnages (de plus en plus réalistes), des cadrages qui se sont
progressivement élargis, laissant place au décor, à l’atmosphère pour informer
1
http://classes.bnf.fr/portrait
21
et agir sur le comportement des spectateurs (émouvoir, convaincre). Au début
du XIXe siècle le portrait devient accessible à la bourgeoisie qui veut afficher
sa réussite. Elle « acquiert vite une valeur marchande, devient une profession,
un commerce » (Fozza et al., 1990, p.162).
Le portrait, même en photographie, ne reproduit pas le réel, il n’en est qu’une
imitation codée, c’est une image en ‘je’ qui est éminemment sociale comme
signe.
Dès les premières décennies de son histoire, la photographie explore
déjà pour ainsi dire la totalité des sous-genres du portrait que nous
pratiquons encore actuellement : des portraits officiels commandés par
les puissants de ce monde au nu – qu’il soit académique, intime,
érotique, en passant par les images de célébrités artistiques ou
intellectuelles, le portrait social, le portrait documentaire, le portrait
« scientifique », le portrait familial – et notamment le portrait de
mariage et les portraits d’enfants, l’autoportrait, le portrait de groupe,
le portrait historisant, le portrait fictif. L’évolution ultérieure ne fera
que reconduire cette place importante du portrait : il sera de tout temps
un des usages sociaux majeurs de la photographie.2
Le visage, réservoir de signes codés
À partir d’une observation de photos de famille, Martin rapporte une question
posée par un enfant : comment se fait-il que l’on reconnaisse aussi vite une
personne sur une photo malgré les différences entre cette personne dans la
réalité et sur la photo?
Il y a des traits dits «pertinents», distinctifs, dit-il, qui permettent de
reconnaître, de discriminer quelqu’un, quelques choses parmi d’autres. Et
voilà le début d’un questionnement qui a fondé notre projet et alimenté notre
démarche.
2
http://classes.bnf.fr/portrait
22
Les traits pertinents sont des traits qui donnent une particularité à l’image.
Quand on peut changer un trait par un autre, sans changer le sens, le trait n’est
pas pertinent. Le trait pertinent est détecteur du sens.
Parmi les traits potentiels pertinents, à partir d’un portrait, d’un autoportrait,
d’une caricature, d’un portrait robot d’une personne, nous pouvons distinguer
dans un premier temps :
-
Le visage (la figure): ovale, carré, rond, triangle.
-
La mine : ridée, fanée, tirée, fripée, fraîche, épanouie, réjouie.
-
Le teint : mat, cuivré, bronzé, livide, terreux, cireux.
-
La peau : blanche, noire, jaune, grise, sèche, rugueuse, lisse,
satinée, grasse.
-
Les yeux : bleus, verts, marron, noisette, bridés, globuleux,
vitreux, en amandes, enfoncée, saillants.
-
Les paupières : lourdes, tombantes.
-
Les sourcils : épais, clairs, forme de l’arc..
-
Les cils : longs, fins, rares.
-
Le regard : vif, pénétrant, profond, fulgurant, éteint, vague,
louche, farouche, étonné, endormi.
-
Les joues : rebondies, roses, pâlottes, creuses, grosses,
pommettes saillantes.
-
Le nez : de profil : grec, droit, busqué, aquilin, tombant,
retroussé, crochu, en bec d’aigle. Le nez de face : camus,
camard, épaté.
-
La bouche, les lèvres : fines, minces, bien dessinées, charnues,
gourmandes, pendantes, vermeilles.
-
Les dents : blanches, jaunes, bien rangées, écartées.
-
Le menton : carré, saillant, en galoche.
-
Les cheveux : denses, fournis, touffus, rares, clairsemés.
23


-
d’aspect : ondulés, frisés, crépus, cotonnés.
coiffés : courts, longs, en rouleaux, en tresses, en
boucles.
 couleurs : bruns, blonds, auburns, teints.
Les oreilles : petits, ourlées, décollées.
-
Le front : haut, large, bas, étroit, plat, bombé, ridé, soucieux.
-
Les détails particuliers: moustaches, barbes, taches de
rousseur, fossettes, grains de beauté, verrues, cicatrices,
maquillage, lunettes, perruque.
Pour retracer les traits considérés comme pertinents, le regardeur devra tenir
compte des codes spécifiques de l’image. Le cadrage, l’angle de prise de vue,
la couleur, la lumière, sont autant de codes qui participent à créer des effets
dans l’image d’identité. Les codes participant à l’image en ’je ‘, c’est-à-dire à
l’image identitaire qui se veut objective (photo de passeport, de permis de
conduire, photo scolaire) sont : le cadrage de face, le plan épaule ou gros plan
et l’angle normal de vision. Le décor ne joue aucun rôle car le cadrage du
sujet photographié est serré (plan rapproché).
Le monde de la télévision et de la publicité jouent beaucoup avec ce type
d’images en ‘je ‘, qui a d’abord un pouvoir d’interpellation. Son contraire,
l’image en ‘il ‘ montre le sujet dans un espace présent et dont le regard n’est
pas dirigé vers l’objectif de la caméra, le regard est ailleurs (pouvoir
davantage narratif).
Les photos que nous avons utilisées pour notre projet d’intervention ont été
réalisées par un professionnel, qui a su mettre en valeur l’identité des
adolescentes. La mimique privilégiée sur ce type de photo fut évidemment le
sourire.
24
1.5.3
Articulation des codes de l’image et du texte
Le texte entretient avec l’image une relation complexe. Souvent
l’image a un statut d’illustration du texte […]. Le document, dessin,
photo, donne à voir ce que «dit» le texte. Redondante ou
complémentaire, l’image reste seconde au service du texte. (Fozza et
coll.p. 118)
Cet extrait nous renvoie à deux rôles clés rattachés au rapport texte-image : la
complémentarité et la redondance . Parce que l’image est polysémique, elle a
besoin d’être ancrée par un texte pour réduire ce foisonnement de sens, cette
incertitude face à sa signification. Alors, on parle du rôle du texte –légende,
titre ou slogan - qui vient compléter le message livré par l’image. Cependant,
on peut vouloir jouer sur une certaine ambiguïté dans l’image ou faire
découvrir le message de l’image et alors, cette dernière comme signe
dominera et même sera souveraine dans la communication. Explorons
davantage ces rapports entre image et texte.
Ancrage de l’image par le texte ou du texte par l’image

ancrage de l’image par le texte qui vient compléter le sens de l’image; le
texte ajoute de l’information telle la légende sous une photo de presse;

ancrage du texte par l’image ou redondance entre texte et image : cette
fois, l’image dit, à l’aide de codes autres, ce que dit le texte, l’image vient
confirmer la lecture : les abécédaires pour enfants présentent des objets
associés à leur nom.
Cette fonction d’ancrage, par complémentarité ou par redondance, guident le
lecteur, empêchent l’interprétation subjective. Donc, son rôle est d’informer,
décrire ou former.
25
Lorsque l’image est souveraine
L’image peut se retrouver sans ancrage verbal et c’est une intention du côté du
destinateur, de l’auteur du message que de maintenir une certaine ambiguïté
dans l’image. C’est le cas de notre jeu de la découverte où justement l’image
photo est révélée que progressivement, sans ancrage linguistique, pour
favoriser le travail de la découverte de l’identité. C’est aussi le cas, dans un
contexte non pédagogique, où certains peintres refusent de donner un titre à
leur toile afin que le regardeur puisse investir son propre sens dans l’image.
26
2
LE MULTIMÉDIA
« Les médias alimentent, animent et influencent sans arrêt la vie
intellectuelle, affective et sociale des jeunes. (..) L’expérience
quotidienne des jeunes avec les médias implique chez eux une activité
intelligente qui les introduit à une diversité d’informations, de
connaissances et d’expériences déterminantes; elle les oblige à choisir,
à faire des liens, à traiter l’information, à donner du sens.»9
Avant d’aborder les caractéristiques et fonctions du multimédia, il est
important de bien définir ce que ce mot veut dire.
2.1
Définitions
Dans l’ouvrage de vulgarisation sur le multimédia de Cedro (1995), on nous
précise au départ que les médias sont des moyens de communication utilisant
un intermédiaire technique pour coder et transmettre un message à un public
plus ou moins large. La presse, la radio, la télévision, le panneau publicitaire,
l’affiche, le téléphone, l’Internet sont autant de médias utilisant à la fois un
support pour matérialiser le message et un canal de diffusion pour rejoindre
un public-cible. Cependant, tous ces médias n’établissent pas nécessairement
une relation entre le contenu médiatisé et le destinataire ciblé. Francis Balle,
auteur bien connu de plusieurs ouvrages spécialisés sur les médias, dégage,
dans son Dictionnaire des médias (1998), trois familles de médias, définies en
fonction des usages et du public visé. Ce qui se traduit de la façon suivante :

Les médias autonomes, impliquant une réception individuelle, à sens
unique et sans raccordement ou réseau nécessaire pour la transmission du
message : la presse écrite, les disques, les magazines, etc.
91
Extrait du Programme des programmes, Ministère de l’Éducation du Québec, 2003
27

Les médias de diffusion, impliquant une réception collective, à sens
unique également et nécessitant un raccordement par ondes ou câbles : la
radio et la télévision;

Les médias de communication, impliquant une relation à distance, bidirectionnelle entre la machine et l’utilisateur ou entre deux ou plusieurs
personnes : les jeux interactifs (CD-Rom), les groupes de discussion, les
forums sur Internet, le courriel, le téléphone.
L’extension des médias à tous les domaines de l’écrit, du son et de l’image
ainsi que le recours au codage numérique des données, a favorisé l’émergence
du multimédia comme nouvelle réalité après les années 80. Selon Lebrun et
Berthelot (1996), le multimédia suppose la combinaison de différents médias
développés et/ou contrôlés par un ordinateur afin d’établir une communication
interactive dont le contenu est sous forme de texte, vidéo, son, image,
animation. La définition de Balle et Cohen-Tanugi, dans le Dictionnaire du
web (2001), distingue le contenu multimédia du secteur d’activité
multimédia :
« Il désigne aujourd'hui un contenu[…] combinant, grâce au codage
numérique, des éléments de nature différente : texte, son, images fixes
et animées, etc.
On qualifie enfin de multimédia le secteur d'activité tourné vers la
production de contenus multimédias et, plus généralement, les
entreprises se situant au confluent de l'informatique, de l'audiovisuel et
des télécommunications. »1
SCHÉMA, p.169
À venir
1
Dictionnaire du Web, p. 167 (http://www.dicoweb.dalloz.fr/)
28
Deux modes d'accès aux œuvres multimédias sont à considérer nous disent les
auteurs du dictionnaire:

-le multimédia off line - hors ligne - qui permet la consultation
d'informations contenues sur des supports autonomes : disques durs et
surtout disques compacts (CD-Rom, DVD) ;

-le multimédia on line - en ligne - qui permet la consultation sur un écran,
grâce à la connexion à un réseau.2
La frontière entre les deux notions tend cependant à s'estomper, car les
terminaux peuvent faire appel automatiquement à des réseaux, et en
particulier à Internet, pour rechercher de nouvelles données et les mélanger à
des informations off-line :
Ainsi, le multimédia est né de la convergence entre trois techniques : les
télécommunications, l’audiovisuel et l’informatique. Ce développement
spectaculaire est dû à plusieurs phénomènes tels que l’augmentation des
capacités techniques des machines à faire communiquer, les processeurs plus
puissants et plus rapides pouvant animer des programmes de plus en plus
élaborés, l’extension des mémoires de masse susceptibles de stocker des
fichiers de tailles plus importantes et enfin, la baisse des prix des matériels et
des logiciels.
Si «[…] le multimédia fait figure de média universel capable de naviguer
d’une forme d’expression à une autre » (Balle et Cohen-Tanugi, p. 168), ce
que nous retenons des définitions, ce sont trois caractéristiques marquant le
multimédia :

intégration de plusieurs formes d’expression et types de message sur un
même support (texte, image, film, vidéo …);
2
http://www.dicoweb.dalloz.fr/
29

numérisation ou codage numérique de l’écrit, du son et de l’image;

interactivité entre l'utilisateur et le système, permettant d’agir sur le
déroulement du contenu.
2.2 Usages du CD-Rom
« Apprendre avec le multimédia est devenu un enjeu non seulement
de l’école mais de la société en général. Apprendre avec le
multimédia demande cependant de comprendre l’usage des
technologies mises en œuvre et, surtout, comment elles peuvent
s’inscrire dans l’acte pédagogique et au cœur même de la
construction du savoir de chacun. » (Bruno Devauchelle, 1999.p.5)
Définition
En informatique, les supports sont des dispositifs qui permettent de
sauvegarder des données informatiques. Les plus anciens sont les disquettes
qui ont une capacité assez réduite. Les disques durs sont incontournables :
tous les ordinateurs en disposent. Dans les dernières années de nouveaux
supports ont vu le jour, c’est le cas du CD-Rom et du DVD.
Selon le Dictionnaire des Médias, le CD-Rom est «un disque compact
interactif, qui peut contenir des données de toute nature, conçu pour
l’informatique; il est consultable sur un ordinateur équipé d’un lecteur
adapté ». Utilisé à l'origine comme mémoire auxiliaire de l'ordinateur, le CDRom est devenu le premier support de l'édition multimédia hors ligne, tant
pour les professionnels que pour les particuliers. La capacité de stockage d'un
CD-Rom peut correspondre à celle de 400 ou 500 disquettes.1
Le CD-Rom est le premier vrai produit multimédia. Il reste le support
privilégié pour de nombreuses applications multimédias. (Cedro, 1995, p.14)
Le grand succès du CD-Rom a été d’abord dû aux jeux. L’interactivité du CD1
http://www.dicoweb.dalloz.fr/
30
Rom est adaptée aussi à l’enseignement : cours de langues, sciences ou autres,
agrémenté de musique, encyclopédie, etc. Le DVD est le dernier arrivé sur le
marché; sa capacité de stockage en fait le dispositif idéal pour la vidéo.
Baron (p. 28) rappelle trois types d’avantages à l’usage pédagogique du
multimédia sur CD-Rom ou autrement :

il permet de visualiser, d’animer, de simuler et de communiquer des
informations d’un domaine par des moyens variés : textuels, imagés
(statique et dynamique), sonore;

il est conçu pour que l’utilisateur découvre par association d’idées les
réponses aux questions posés;

il rend disponible, à tout moment, les informations selon le choix et besoin
de l’utilisateur.
Naviguer facilement et comprendre où se trouve l’information
La navigation
Naviguer, c’est se déplacer dans un programme grâce aux hyperliens proposés
par le texte, l'image ou tout autre signe codé à l'écran. L'utilisateur pourra
naviguer à son gré, à son rythme mais dans un programme fermé (didacticielb
sur CD-Rom), un certain ordre lui sera proposé et peut-être même imposé
selon le type de montage séquentiel choisi.
L'ergonomie et l'informatique
Au départ, l’ergonomie avait pour objectif le confort des
opérateurs en adaptant le matériel à leurs postures. Par la
suite, les ergonomes ont étudié les informations présentées à
l'écran : couleurs, contrastes, formes des icônes. A partir de
31
ces recherches ils se sont intéressés aux interactions homme
machine et ont mis en évidence que :

les difficultés rencontrées par les utilisateurs sont plutôt
liées à la structure interne du logiciel et non à l'apparence
des écrans,

les
comportements
et
les
habitudes
des
utilisateurs
doivent être pris en compte au début de la conception afin
d'optimiser l'utilisation d'un logiciel. C'est la raison pour
laquelle une majorité d'ergonomes sont des psychologues en
cognition.1
L'ergonomie intégrée dès les premières phases de conception
de l'interface assure une communication optimale entre
l'utilisateur et le système. Le travail de l'ergonome consiste à prévoir
les réactions de l'utilisateur et à concevoir une interface lisible et facilement
utilisable. Pour qu'un CD-ROM réponde à des critères ergonomiques, on
considère qu'il doit être à la fois utile, c'est-à-dire adapté aux besoins et aux
attentes des utilisateurs, et utilisable, c'est-à-dire facile à utiliser. Un
environnement ergonomique est celui qui conduit le visiteur le plus
rapidement vers l'information recherchée.
Donc, l'ergonomie d'une interface se mesure essentiellement
à partir de deux critères :

le critère d'utilité qui correspond au besoin de l'utilisateur;

le
critère
« d'utilisabilité »
d'utilisation.
1
http://www.lergonome.org/pages/accueil.php
qui
correspond
à
la
facilité
32
Avec l'ergonomie, l’utilisateur trouve l'information désirée et apprécie la
disposition des éléments des pages et des menus. Dans l'ergonomie d'une
page-écran, la structuration de l'information visuelle demeure un paramètre
important. En effet, chaque image, chaque mot, chaque titre, chaque lien est
une information visuelle que le visiteur devra percevoir, analyser, trier et
garder en mémoire pour naviguer dans le CD-Rom.
La page-écran devient littéralement l'interface entre les données du site et
l'utilisateur. Elle doit être claire, simple, précise et structurée de manière à
reproduire schématiquement la structure du CD-ROM dans son ensemble.
Elle doit s'adapter à sa cible première : l'œil humain
Selon Caro et Bétrancourt (1998) :
Le problème de l’ergonomie du texte sur l’écran est crucial, malgré la
tendance actuelle des développeurs à mettre en avant le multimédia sur toutes
ses formes. Les textes sur écran sont contraints par leur usage à l’utilisation
d’organisateurs para-linguistiques (couleurs, typographie, espace, dispositifs
dynamiques) pour faciliter le repérage dans le texte et l’accès à l’information.
(p.124).
L’organisation des informations
Le rôle des organisateurs para-linguistiques est « l’identification et la
caractérisation de certains types d’unités textuelles. Ceux-ci révèlent de ce
qu’on appelle la mise en forme matérielle. » (Caro et Bétrancourt, 1998,
p.124)
Selon les mêmes auteurs une unité de texte est « l’étendue de texte de taille
variable correspondant à une intention du rédacteur, donner un exemple, une
explication. »
33
« Au niveau cognitif, les organisateurs sont des indices qui activent des
représentations pertinentes par rapport au contenue des unités de texte. »
(Caro et Bétrancourt, 1998, p.124). Pour que les représentations soient
activées, les organisateurs doivent être présents dans le texte et identifiables.
« Le fonctionnement des organisateurs est double. D’une part, ils permettent
de distinguer les informations en fonction de leur importance. D’autre part, ils
permettent d’établir une différence entre les informations selon leur nature »
(Caro et Bétrancourt, 1998, p.124). Donc, le rédacteur fournit au lecteur une
structure d’accès qui lui permet de distinguer quelles sont les informations qui
l’intéressent.
Une synthèse recherché : la convivialité
La convivialité, selon le grand dictionnaire
10
est une qualité d'un matériel ou
d'un logiciel qui est facile et agréable à utiliser (navigation) et à comprendre,
(structuration/organisation des informations.
C'est un terme qui touche aussi à la nature et à l'intuitivité de l'interaction
entre la machine et son utilisateur, donc aux principes de la navigation. Tout
l’art réside dans la fluidité du raisonnement et du plaisir à parcourir un site
sans se demander constamment « et là, je fais quoi? ».
Format PDF
La compagnie Adobe s'est penchée sur le problème de diffusion des
documents et a développé une solution : le Portable Document File, mieux
connu sous le sigle PDF. Ce format permet de reproduire à la manière d'une
photographie tout document et de le diffuser sous la forme d'un fichier portant
10 http://www.granddictionnaire.ca/btml/fra/r_motclef/index800_1.asp
34
l'extension pdf. Le destinataire pourra consulter ce fichier grâce à un utilitaire
gratuit nommé Adobe Reader. Cet utilitaire est disponible pour plusieurs
plateformes notamment Windows, Mac et diverses variantes du système Unix.
Ce format de fichier est également consultable sur d'autres appareils comme
des organisateurs personnels (PDA). Au fil des ans, le format PDF s'est
bonifié de nouvelles fonctionnalités. Il est maintenant possible d'intégrer des
sons, des vidéos, des formulaires et même des annotations à un document.
Outre la portabilité des fichiers PDF, la gratuité du lecteur (Acrobat Reader) et
les facilités d'impression, ajouter du contenu multimédia pour une lecture plus
captivante(son, vidéo, animation) est un autre grand avantage des fichiers
PDF.
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