2. Immunopathologie de la polyarthrite rhumatoïde
La physiopathologie de la polyarthrite rhumatoïde reste à ce jour encore inconnue, même si
d'importants progrès ont été faits pour sa compréhension.
Il s'agit d'une maladie auto-immune qui survient à la suite d'une rupture de la tolérance, c'est
à dire d'un dérèglement de la reconnaissance du soi, avec activation de lymphocytes T et B auto-
réactifs et production d'auto-anticorps capables de reconnaître les constituants du soi.
Comme toute maladie auto-immune, la polyarthrite rhumatoïde est une maladie
multifactorielle, faisant intervenir des facteurs à la fois psychologiques, hormonaux, génétiques,
environnementaux et immunologiques.
Lorsque tous ces facteurs sont réunis, ils activent une réponse immunitaire innée et acquise
incontrôlée, se traduisant par une réaction inflammatoire exagérée, notamment au niveau de la
membrane synoviale des articulations.
Ce processus se divise en trois phases distinctes :
La phase de déclenchement impliquant surtout l'immunité innée
La phase d'inflammation de la membrane synoviale impliquant plutôt l'immunité
acquise
La phase de destruction articulaire secondaire à l'action des cytokines
2.1. Phase de déclenchement de la maladie
2.1.1. Facteurs psychologiques
L'apparition de la maladie ou des poussées inflammatoires peut survenir dans les semaines
ou les mois suivant un traumatisme affectif ou le plus souvent suivant un traumatisme physique tel
qu'un accident de voiture, un deuil brutal ou encore un accouchement. Ceci permet d'orienter le
diagnostic devant un rhumatisme inflammatoire débutant.
2.1.2. Facteurs hormonaux
La maladie est à prédominance féminine et survient le plus souvent en période pré-
ménopausique. Certaines études épidémiologiques se sont intéressées à l'influence de la grossesse,
de l'allaitement et de divers facteurs hormonaux endogènes et exogènes sur la survenue de la
maladie.
Elles ont ainsi montré que le risque de développer la polyarthrite rhumatoïde pendant la
grossesse est faible, alors qu'il est nettement plus élevé dans l'année qui suit l'accouchement
notamment si la mère allaite son enfant, le risque est alors multiplié par cinq. Une rémission
transitoire peut fréquemment être observée lors de la grossesse chez les femmes polyarthritiques.
Une hypoandrogénie relative chez les femmes mais aussi chez les hommes atteints de
polyarthrite rhumatoïde a également été démontrée, avec une baisse de la testostérone.
La pilule contraceptive ou les traitement hormonaux substitutifs ne semblent pas modifier
l'incidence de la maladie mais retarderaient son arrivée et sa sévérité.
Il existerait au cours de la polyarthrite rhumatoïde une dysrégulation de l'axe hypothalamo-
hypophyso-surrénalien qui régule le cycle du cortisol. Les taux de cortisol circulants seraient
normaux cependant, la réponse cortisonique à un stress serait abaissée et le rythme circadien du
cortisol serait altéré. Il en serait de même pour la prolactine. De plus, le système immunitaire serait
modulé par l'action de diverses hormones. Ainsi, la prolactine et les estrogènes l'activeraient, tandis
que la testostérone et l'axe corticotrope l'inhiberaient, d'où l'entretien de l'inflammation et la
destruction articulaire.