Chapitre 1 : Evolution de la pensée économique Les théories économiques actuelles sont les héritières des grands courants de la pensée économique dont les plus importants datent du XVIIIème et XIXème siècles. I- Le Mercantilisme. Il s’est développé avec l’activité commerciale des grandes expéditions maritimes (XVème-XVIIème siècles.). Le fond commun de cette doctrine se résume aux notions suivantes : métalisme, productivisme, et nationalisme. A- Le métalisme. Les métaux précieux constituent la principale richesse indispensable développement de l’activité économique. Dès lors, l’argent est désiré pour lui-même. au B- Le productivisme. Il pose la question : Comment s’enrichir ? Par le développement de la production nationale : l’industrie est la réponse. En France, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) annonce d’autres temps par sa volonté de promouvoir le progrès industriel en y impliquant toutes les classes et les forces de la nation (hommes, techniques, capitaux). Il prôna le développement de l’Etat pour favoriser le développement de l’économie nationale. C- Le nationalisme. Obtenir une balance commerciale (différence entre les exportations et les importations) excédentaire en vue de constituer un trésor national représente une préoccupation majeure pour les mercantilistes. Pour cela, on privilige le protectionnisme. II- Le libéralisme. L’idée principale : L’économie doit-elle être affranchie du pouvoir politique ? A- Les fondateurs (deuxième moitié du XVIIème siècle) En France, on rencontre la physiocratie, essentiellement fondé sur l’économie agraire, et dont le chef de fils est le docteur Quesnay. La physiocratie est la philosophie de l’ordre naturelle, mais elle est aussi à l’origine du premier tableau chiffré permettant la représentation d’un circuit économique. La rupture avec les mercantilistes est complète. Leurs théories reposent sur le constat que seul la terre produit car elle multiplie. Ils en déduisent que seul l’agriculture permet de dégager un revenu net. François Quesnay fut précurseur des tableaux de l’économie nationale en représentant un tableau économique en 1756. (Il fit une analogie entre le circuit économique et le corps humain.). B- Les maîtres ou les classiques.(deux premiers tiers du XIXème siècle) Les principes fondamentaux de la pensée classique furent établis par Adam Smith en 1776 dans un livre intitulé « Recherche de la nature et des causes de la richesse des nations ». Il met en évidence la liberté individuelle d’entreprendre. Les classiques croient aux lois naturelles comme les physiocrates, c’est à dire au capitalisme auto-régulé par la concurrence. Il pense que l’Etat doit se contenter des fonctions régaliennes, et intervenir le moins possible dans l’économie. En Grande –Bretagne, on recense les « pessimistes » _David Ricardo (1772-1823) _Thomas Malthus (1766-1834) _John Stuart Mill (1806-1873) En France et aux Etats-Unis, nous avons les « optimistes » Jean-Baptiste Say (1767-1832) « Tout offre crée sa propre demande » est un auteur libéral, premier professeur d’économie politique en France. On lui doit la loi des débouchés suivant laquelle l’offre crée sa propre demande (il n’y a pas de surproduction.). Pour lui, la monnaie n’est qu’un voile. C- Les successeurs ou néo-classiques.(fin du XIXème siècle, début du Xxème). Le courant néo-classique se situe dans le prolongement direct de la pensée classique. Il repose sur un certain nombre de fondements qu’est le libéralisme, la libre fixation des prix par le jeu de l’offre et de la demande, et la neutralité de la monnaie. Cependant, il s’éloigne de la pensée classique par la théorie de la valeur d’échange. En effet, pour les néoclassiques, la valeur d’un bien n’est pas fondée sur le travail comme pour les classiques, mais sur la valeur utilité des biens. Le courant néo-classique donne naissance au courant marginaliste qui repose sur l’observation, et le calcul à la marge, c’est à dire sur l’étude des effets induis par des variations unitaires à partir d’une situation donnée. Cependant cette valeur est subjective car elle dépend du degré d’importance que l’acheteur accorde au bien qu’il désire acquérir. L’utilité marginale est donc l’utilité procurait par l’acquisition supplémentaire d’un bien. Ils montreront qu’elle décroît avec la quantité de biens consommée. Les fondateurs du courant néo-classique sont : _Stanley Ievons (Grande-Bretagne). _Carl Menger (Autriche). _Léon Walras (France). L’approche marginaliste s’est développée dans les années 1870. III- Le socialisme. Le développement du capitalisme a provoqué une grande misère des artisans et paysans. Face à cette tragique situation, les ouvriers n’avaient pas de moyens de défense. C’est dans ce contexte économique et social que s’est développé au début du XIXème siècle, le courant socialiste qui tendait à substituer la propriété collective à la propriété privé. Le socialisme éclate pendant la révolution de 1848, et de nouveau pendant la commune en 1871. A- Le socialisme utopique. 1°) Saint Simon et le saint-simonisme (1760-1825). Saint-Simon rêve d’un régime industriel dans lequel une meilleure organisation permettrait d’accroître la production et d’améliorer la condition de l’individu. A la place de l’Etat, il préconise l’installation d’un gouvernement de producteurs ayant pour mission d’organiser l’économie. 2°) Fourier et le socialisme associationniste (1772-1837). Pionnier du mouvement coopératif anti-libéraliste, il souhaite la constitution d’une communauté de phalanstère (sorte de communauté de 400 familles), afin d’organiser en commun la production et la consommation, et où chacun s’adonnerait à ses inclinations préférées. Il demande le garantisme de l’Etat. 3°) Louis Blanc et Proudhon (socialisme populaire). a) Louis Blanc (1811-1882) ; Il critique lui aussi la concurrence et préconise la mise en place d’ateliers sociaux où les ouvriers se grouperaient pour la production, et se partageraient le produit de leur travail. Ces ateliers, sorte de coopérative de production, seraient créés par l’Etat qui en réglementerait le fonctionnement. b) Proudhon (1811-1882) « La propriété, c’est le vol ». Hostile à toute forme d’autorité, il souhaiterait établir une société plus juste. Il critique la propriété capitaliste, et propose l’application du « mutualisme », avec la création banque d’échange qui pratiquerait le crédit gratuit. Hélas, Proudhon qui l’imagina en 1848 attendit en vain les souscripteurs. B- Marx ou le socialisme scientifique. Au milieu du XIXème siècle, Karl Marx (1818-1883), révolutionne la pensée économique par une approche théorique et scientifique. Il procède à une analyse critique du capitalisme, et étudie conjointement les structures sociales et économiques. Il remet en cause la propriété privée des moyens de production et le mode de production capitaliste. Le marxisme servira de fondement aux politiques économiques menées dans certains pays tel que l’URSS, ou la Chine. Ces ouvrages les plus connus sont « Le manifeste communiste »_(1848), « La critique de l’économie politique »_(1859), et « Le capital »_(1867). Dans « Le capital », Marx étudie les contradictions entre les forces productives et les modes de production dans le capitalisme. Il y décrit comment la combinaison des contradictions entre-elles fait évoluer le capitalisme, et peut l’amener à son effondrement. Un résumé de la pensée marxiste s’articulerait autour de trois thèmes : _ La valeur travail _ La plus-value _ La baisse tendancielle du taux de profit. La notion de valeur travail que Marx a emprunté à Ricardo et autres classiques est au centre des préoccupations dans la théorie marxiste. Sur le plan économique, il apparaît à Marx que la valeur d’échange des biens résulte du travail qui les a produit. De la théorie de la valeur travail découle celle de la plus-value. Marx distingue dans le travail salarié deux aspects : _la force de travail loué par l’ouvrier. _le produit du travail effectué par lui. Hors, la valeur de ces deux éléments n’est pas égale, entre les deux se glisse la plus-value. En s’appropriant cette plus-value, les capitalistes exploitent ses travailleurs. Cette exploitation induit un antagonisme irréductible entre les classes sociales. En outre, les capitalistes transforment la majeure partie de la plus-value en capital. Mais comme seul le travail humain engendre la plus-value, on assiste à une baisse tendancielle du taux de profit. Ceci constitue pour Marx la contradiction fondamentale qui produit lui-même les conditions de sa propre perte. En fait, Marx n’avait pas prévu que le capitalisme pour survivre, intégrerai l’Etat et subirait l’influence des syndicats avec pour conséquence l’instauration d’un salaire minimum, et un régime de protection social.