La théorie des conflits réels a été confirmée par Sherif et ses collaborateurs grâce à une
étude longitudinale, menée sur le terrain et comportant trois expériences.
Pour ce faire, ils ont organisé des camps de vacances d’été dans le domaine
de la Grotte aux valeurs avec une vingtaine d’enfants sélectionnés de façon très délicate.
Tout cela pour éviter toute inférence due aux caractéristiques personnelles (de personnalité) et
également afin d’éviter que les enfants ne se connaissent avant de se retrouver aux camps de
vacances pour l’expérience.
Les critères de sélection étaient donc les suivants : les enfants devaient être âgés entre
11 et 12 ans, être de race blanche, provenir de familles protestantes de classe moyenne et
ils devaient également avoir un bon équilibre psychologique.
A quelques variantes prés, le déroulement des camps était le même à chaque fois et
comportait quatre phases principales.
La première phase consistait en la formation de liens interpersonnels de connaissance
et d’amitié entre les jeunes adolescents. A ce moment, les jeunes interagissaient librement
entre eux. Cette phase n’était présente que dans les deux premières expériences.
Pendant la deuxième phase, on assistait en la constitution de deux groupes aux
activités indépendantes. Ici, les jeunes adolescents étaient donc divisés en deux groupes
distincts. De plus, cette division a été effectuée en veillant bien à ce que les couples d’amis
qui s’étaient déjà constitués lors de la première phase soient séparés. Il n’y a que dans les
deux premières expériences que les enfants connaissaient l’existence de l’autre groupe, ce
simple renseignement a suffit pour engendrer un climat d’hostilité vis-à-vis de l’autre groupe.
Les activités organisées lors de cette phase ont fait qu’une structure interne hiérarchiquement
organisée et réglée par une série de normes comportementales s’est développée dans les deux
groupes.
Ensuite, la troisième phase consistait en un conflit objectif d’intérêts entre les groupes.
En fait, on invitait les deux groupes à se comparer à travers des jeux compétitifs qui menaient
à un groupe gagnant et à un groupe perdant. C’est alors à partir de cette phase que commence
une période d’interdépendance négative, c’est-à-dire le fait que les gains d’un groupe
représentent les pertes de l’autre groupe. Ceci a engendré une série de comportements hostiles
envers l’exogroupe avec la manifestation de biais pro-endogroupe. De plus, les
expérimentateurs ont remarqué une augmentation de la cohésion à l’intérieur des groupes et
un changement au point de vue du leadership, à savoir que celui-ci était assuré par les jeunes
adolescents les plus décidés et les plus agressifs.