Article de psychologie cognitive Psychologie de la mémoire humaine : de nouvelles avancées théoriques et méthodologiques 1. Introduction : Mémoire = terme générique pour encodage, rétention et la restitution de l’information Deux façons de solliciter la mémoire verbale : 1. tests explicites impliquant une récupération délibérée 2. tests implicites d’amorçage impliquant une récupération non consciente et non intentionnelle. Mémoire = système unitaire ? À partir des études de dissociation expérimentales ou neuro-psychologiques : 1. systèmes indépendants de mémoires 2. processus différents dans un système unitaire les théories unitaires : Existence d’un seul type de stockage, constitué par enregistrement des stimulations primaires lors de chaque période d’apprentissage. Lorsqu’on évoque un item, il se recrée une partie d’épisode antérieur ayant mis en jeu cet item. Les théories multi-systèmes : Mémoire décomposée en système et sous-systèmes dépendant de structures cérébrales distinctes. Tulving : mémoire humaine en 5 systèmes : 1. Mémoire procédurale : Apprentissage des habiletés perceptivomotrices et cognitives et conditionnement. 2. Système de représentation perceptive : Acquisition et maintient informations sur la forme et structures des informations. 3. La mémoire sémantique : souvenir concepts et idées indépendants du contexte 4. Mémoire de travail : maintient temporaire de l’info et manipulation pendant taches diverses 5. Mémoire épisodique : souvenir d’évènements spécifiques propre à l’expérience personnelle. Ses systèmes se distinguent par leur capacité de rétention ainsi que par leur durée de stockage. Deux processus de récupération : 1. pour les taches de rappel, recherche active de l’information sans ou avec indices contextuels 2. Pour une tache de reconnaissance, identification de stimuli cibles parmi des stimuli distracteurs. Deux processus de reconnaissance : 1. Basé sur le sentiment de familiarité : accès automatique et direct à la trace mnésique et n’implique pas la conscience des détails épisodiques 2. Récupération consciente en mémoire : recherche contrôlée et consciente, permet la récupération de l’information mémorisée grâce à la reconstruction intentionnelle d’un événement antérieur. Objectif de la revue : faire le bilan sur les deux processus de récupération de l’information en mémoire. 2.Aspects théoriques : Kintsch : théorie fonctionnelle des deux processus : processus pour les tâches épisodiques de rappel et de reconnaissance sont différents. Depuis on a admis que les épreuves de reconnaissance dépendent des processus conscients de récupération et de familiarité. Différents modèles vont dans ce sens : 1. Théorie de l’activation ( Mandler) Mémoire = réseau de plusieurs unités élémentaires de représentation reliées entre elles. Deux voies d’accès à la trace mnésique basée soit sur la familiarité ( intégration des caractéristiques sensorielles et perceptives du stimulus) , soit sur la recherche en mémoire (élaboration reliant un événement à son contexte ou à un autre événement) Ceci correspond à deux types de traitements : l’un basé sur la réactivation automatique de la représentation du stimulus en mémoire, l’autre sur un traitement contrôlé, cognitif et attentionnel. Ces deux processus agiraient en parallèles, où le jugement de familiarité serait un processus initial de récupération. 2. Jacoby et Dallas : double processus Effet de facilitation perceptive dû à la présentation préalable du stimulus et deuxièmement, opérations de recherches du contexte d’apprentissage. Selon ce point de vue, d’autres chercheurs ont suggéré l’existence d’une relation entre facilitation due à l’amorçage et le processus de familiarité. Yonelinas et Jennings établissent que les processus contrôlés interviendraient en parallèle des processus automatiques et ces deux processus interviendraient aussi bien dans les tâches explicites qu’implicites. Mais à des degrés divers. 3. Etudes des états de consciences associés à la restitution de l’info mnésique. Relation entre mémoire et conscience : en dissociant mémoire procédurale, sémantique et épisodique, chaque système est caractérisé par un type différent de conscience : i. Anoétique ii. Noétique : conscience du savoir et permet appréhender les connaissances générales de notre environnement (familiarité) iii. Autonoétique : souvenir d’évènements passés ( recherche en mémoire) 4. théorie de la détection du signal : Deux types de réponses correspondent à des différences quantitatives ( force de la trace et critère de réponse) plutôt que qualitative ( processus). Recherche consciente = traces mnésiques fortes et critères de réponses conservateurs. Familiarité = trace plus superficielle et critères de réponses plus libérales. Ici, on parle de processus unique, les différentes réponses placées ur un continuum à deux seuils, l’un pour les réponses moins certaines, l’autre pour la recherche Critiques de ce modèle : Heinze et Tulving = deux modes de réponses associés à des régions cérébrales différentes Delà : nouveau modèle : modèle à deux processus concernant l’étude de la courbe de ROC qui représente la fonction qui relie la proportion de détection correcte à la proportion de fausses alarmes. La récupération consciente est un processus de tout ou rien ( réussite ou échec de la récupération) et celle basée sur la familiarité est plus relative et dépend du critère de décision fixé par le sujet( si présenté plusieurs fois, familiarité est supérieure) Ces différentes conceptions théoriques ont entraîné le développement de deux principaux paradigmes expérimentaux : Remember/ know, procédure de dissociation des processus ( un troisième : procédure RR/RS= reconnu rappelé et reconnu seulement) 3. Le paradigme R/K : Gardiner et al : cf Tulving : deux formes de réponses en reconnaissance par une approche de nature introspective : info qualitative sur la nature des opérations mentales effectuées lors de la reconnaissance. Reconnu= Remember quand la reconnaissance est accompagnée du souvenir conscient de la représentation élaborée lors de l’encodage et suppose recherche en mémoire Know : reconnaissance hors de tout accès conscient à l’info relative au contexte d’apprentissage et suppose un jugement de familiarité. La manipulation de certaines variables affecte la proportion de réponses de type R ou K 1. hausse réponses R : traitement profond vs superficiel génération vs lecture mots rares vs fréquents attention libre vs attention divisée à l’encodage réduction de l’intervalle de rétention avec un intervalle inférieure à un jour lecture à voix haute pour l’encodage vs silencieuse apprentissage intentionnel vs incident répétition élaborée vs simple présentation morceaux musiques célèbres vs peu connu mots distinctifs ( orthograhe) vs mots simples présentation anagrammes complexes vs simples mots à connotation émotionnelle vs neutres 2. hausse des réponses K modalité de présentation identique entre encodage et le test vs différent répétition masquée des items vs répétition d’autres items suppression de l’attention focale 3. hausse des réponse know et diminution des réponses R utilisation mots vs non-mots répétition massée vs espacée des listes d’apprentissage présentation graduelle vs en une seule fois encodage visage sur leurs similarités vs différences 4. hausse réponses R et diminution des réponses K allongement de l’intervalle de rétention (sup à un jour) répétition du nombre d’apprentissage pour musiques non familières Modification du temps pour fournir la réponse. Utilisation de variables liées à des caractéristiques des sujets : Différents facteurs influencent la diminution des réponses « Rembember » L’age : o Deux facteurs généraux liés à l’age : la vitesse de traitement et la mémoire de travail (s’altère avec l’age) et réponses K non dépendantes des ressources de traitement. La maladie La schizophrénie L’autisme L’amnésie influence les deux types de réponses mais les réponses Know sont d’avantages préservés. Ces résultats confirment que la mémoire déclarative fait intervenir deux états de conscience : Les réponses remember sont dépendantes de l’élaboration de traitement à l’encodage et nécessite des ressources attentionnelles. Elles représentent la conscience autonoétique et sont sensibles à l’âge et aux par les pathologies. Au contraire les réponses know reposent sur des facteurs perceptifs et varient peu en fonction de l’âge et des pathologies. Elles renvoient à la conscience noétique. Critiques : Du point de vue méthodologique, le fait de faire appel à l’introspection, peut influencer le mode de récupération utilisé. Le paradigme R/K implique des consignes complexes et les sujets peuvent avoir des difficultés à distinguer les concepts sous tendant les deux types de réponses. La distinction des deux réponses se fait sur le niveau de certitude Troisième type de réponses : Guess. Catégorie de réponses par défaut. Elles correspondent autant à des réponses correctes que fausses et sont liées au hasard et au degré de certitude. 4.La procédure de dissociation des processus : Proposée par Jacoby pour mesurer les processus automatiques et contrôlés. Comme pour réponses R et K, elle suppose l’indépendance des processus automatiques de familiarité et des processus contrôlés de récupération. Ils sous tendent deux conditions de tests : d’inclusion ( processus contrôlés et de contrôles facilitent les réponses) et d’exclusion ( les deux processus agissent en opposition) La probabilité de reconnaître un item cible en situation d’inclusion repose à la fois sur la familiarité (F) et sur contrôle de recherche (R) ( soit reconnaissance consciente ou non consciente mais influencée par F) = P (inclusion) = R + F(1-R) P (exclusion) = F(1-R) De là il est possible de calculer la par liée au processus de récupération : R = P (inclusion) – P (exclusion) Calcul de la contribution de la familiarité F : F= P (exclusion)/ (1-R) Les deux composantes peuvent être influencées par des variables expérimentales : Processus contrôlés de la récupération : division de l’attention, l’augmentation de la charge mnésique, la diminution des temps de réponses Familiarité : variation du lien entre des paires de mots. La familiarité et les processus de contrôle progressent pour des traitements conceptuels à l’encodage par rapport à des traitements superficiels. Effet d’altération de la récupération contrôlée : amnésie, vieillissement, maladie d’alzheimer. Les résultats confirment l’existence de deux types de processus de récupération de l’information en mémoire. Les processus automatiques de familiarité dépendent de facteurs perceptifs et conceptuels et les processus contrôlés ne dépendraient que des facteurs conceptuels. Critiques : La procédure de dissociation des processus repose sur deux postulats critiqués 1. Les processus de familiarité et de récupération contrôlée contribuent indépendamment à la performance : Certains auteurs suggèrent d’autres types de relation entre les deux processus : l’exclusivité et la redondance. Exclusivité : réponses soit par familiarité soit par processus contrôlés mais pas simultanéité. Redondance : intervention directe de familiarité et processus contrôlé peut s’y ajouter. 2. Influence des processus automatiques et contrôlés est identique dans les conditions d’exclusion et d’inclusion. ( Tests de mémoire différents peuvent modifier le processus utilisé. 5. La procédure RR/RS : Autre type d’opérationnalisation de la distinction entre les processus de familiarité et de recherche en mémoire. Basé sur le paradigme d’échec de la reconnaissance (Tulving et Thomson) : La phase encodage suivie d’une tache de rappel libre ou indicé portant sur les même items cibles. On a donc 4 catégories de réponses : 1. remémorés : reconnu et rappelé RR 2.reconnus seulement RS 3.rappelé seulement 4.oubliés Horton et al s’intéressent au succès de reconnaissance accompagné ou non par la réussite en rappel RR et RS( familiarité) Résultats : 1. Pour RR augmentant : augmentation du degré d’association entre les mots traitement sémantique pour RR diminuant : le vieillissement ( ralentissement cognitif et diminution capacité de mémoire de travail) 2. Pour RS augmentant : Baisse force d’association Traitement structural Age Conclusion : Deux modes de réponses en reconnaissance : recherche en mémoire et familiarité Critiques : Premier postulat de recherche en mémoire pas confirmé, ils se sont intéressés à la dissociation entre les deux types de réponses. Cette dissociation peut aussi s’expliquer par la modification du rapport entre le niveau de performance en rappel et en reconnaissance en fonction des manipulations expérimentales. Comme les consignes en tache de rappel en reconnaissance sont différentes, elles peuvent faire appel à d’autres processus. Pour cela on peut procéder pat le calcul des temps de réponses dans l’épreuve de reconnaissance ( plus important pour items RR que pour RS) 6. Discussions et perspectives : Il existe deux modes d’accès à l’information pour un même tâche mnésique et au sein de la reconnaissance. Avec le paradigme R/K : deux états de conscience autonoétique( permet de revivre un évènement vécu) et noétique ( connaissances générales) Et Guess ( plus pures et sensibles au degré de certitude de la réponses) Avec la procédure de dissociation des processus : les deux types de réponses mnésiques correspondant à des processus distincts de récupération contrôlée de l’info et de récupération automatique, reposant sur la familiarité. Avec la méthode RR/RS toujours en recherche. 7. Le lien entre les différentes recherches : Horton et al : lien entre procédure RR/RS et paradigme R/K : Proportion de réponses K dans réponses RS (basées toute 2 sur familiarité) supérieur à 42% à la proportion de réponses K dans réponses RR Relation significative entre les deux modes d’opérationnalisation. Jacoby, Jenning et Hay : utilisation procédure de dissociation des processus et le paradigme R/K : Deux types de mesures apportent une estimation comparable de la familiarité et de la récupération consciente et contrôlée Corrélation entre réponses R et l’estimation du processus contrôlé de recherche obtenue avec la PDP est tr ès élevée : les sujets sont conscient d’effectuer une recherche contrôlée en mémoire. Wagner et al : réponses K diffère familiarité évaluée par la PDP : PDP : évalue des processus mnésiques R/K :états de conscience associés à ces processus de récupération de l’information en mémoire. Contrôlé = autonoétique et Familiarité = conscience noétique. Mais le lien entre les processus mnésiques et les états de conscience ne seraient pas systématiques d’où la divergence entre les deux procédures. 8. Nouvelles recherches : Hypothèse : contribution de la familiarité à l’épreuve de la reconnaissance reflète la fluence perceptive, laquelle est responsable de l’effet d’amorçage dans les tâches implicites perceptives. Cherche à savoir si l’influence de la familiarité des tests explicites correspond aux influences implicites dans les tâches d’amorçage. Pour le paradigme R/K : la manipulation de la profondeur de traitement influence les réponses R mais pas les réponses K ni sur l’amorçage perceptif. Certaines manipulations perceptives influencent l’amorçage et la familiarité alors qu’elles ne modifient pas les réponses R. Résultats à l’encontre : manipulation de la fréquence d’usage des mots influence les réponses R pas K. Pour PDP : dissociation entre familiarité dans la reconnaissance et dans l’amorçage perceptif. En effet, la familiarité dans la reconnaissance ne dépend pas entièrement de facteurs perceptifs mais sensibles aux traitements conceptuels. L’effet d’amorçage représente une influence inconsciente de la mémoire, alors que la familiarité reflète une influence consciente mais sans la récupération des éléments épisodique qui accompagne la situation d’apprentissage. Données neuro-anatomiques : contre une identité entre processus de familiarité et l’amorçage perceptif : Patient MS : déficit amorçage dû à une lésion du cortex occipital droit Performance en reconnaissance et sur la familiarité intacte. La familiarité dans la reconnaissance reposerait sur les même processus qui médiatisent l’amorçage conceptuel : ces tâches sont sensibles aux manipulations d’ordre conceptuel plutôt que perceptif. Il existe donc deux formes de familiarité : conceptuel (reconnaissance et dans les épreuves de perception) et perceptive ( performance pour amorçage perceptif) Conclusion : Distinction entre deux processus de récupération de l’information en mémoire qui permet de rendre compte de nombreuses dissociations expérimentales ( liées aussi à des particularités de certains groupes de sujets) Les tâches de reconnaissances font intervenir des processus contrôlés ou conscients de recherche en mémoire et des processus automatiques Table des matières : 1.Introduction : -Mémoire -Deux façons de solliciter la mémoire verbale -Mémoire = système unitaire -Les théories unitaires -Les théories multi-systèmes Deux processus de récupération Deux processus de reconnaissance -Objectif de la revue 2.Aspects théoriques : -Théorie de l’activation ( Mandler) -Jacoby et Dallas : double processus -Etudes des états de consciences associés à la restitution de l’info mnésique. i. Anoétique ii. Noétique : iii. Autonoétique 3.théorie de la détection du signal : Critiques de ce modèle 4.Le paradigme R/K : - La manipulation de certaines variables affecte la proportion de réponses de type R ou K hausse réponses R : hausse des réponses K hausse des réponses know et diminution des réponses R hausse réponses R et diminution des réponses K - Différents facteurs influencent la diminution des réponses « Rembember » Critiques : - Troisième type de réponses : Guess. 5.La procédure de dissociation des processus : critiques 5. La procédure RR/RS : Résultats : Pour RR augmentant : Pour RS augmentant : Conclusion : Critiques : 6. Discussions et perspectives : 7. Le lien entre les différentes recherches : Horton et al Jacoby, Jenning et Hay Wagner et al 8. Nouvelles recherches : Hypothèse -Pour le paradigme R/K -Pour PDP : 9.Données neuro-anatomiques : 10.Conclusion :