Ces mêmes observateurs optimistes soutiennent qu'une période de six années est une courte durée pour porter
un jugement définitif sur l'expérience tunisienne. Ils ajoutent que des progrès ont été réalisés: certes, ces
progrès sont parcellaires mais ils sont indéniablement réels.
La sécurité en Tunisie s'est nettement améliorée, depuis 2015, année où le pays a subi les coups terroristes les
plus durs. La consolidation de la coopération sécuritaire avec les Etats Unis, la France, l'Allemagne, le
Royaume Uni et l'Algérie a permis de rendre la violence terroriste un phénomène gérable et sous contrôle, en
2016. Durant les douze derniers mois, il n'y a pas eu d'attaque majeure, grâce notamment à la désignation de
professionnels compétents pour diriger l'appareil sécuritaire du pays, à la suite de l'attaque terroriste qui a pris
pour cible la garde présidentielle, en novembre 2015.
Le dialogue entre le gouvernement et la centrale syndicale demeure très difficile.
Quatre défis à relever de toute urgence
Plusieurs rapports d'organisations internationales pointent les activités des djihadistes tunisiens et l'éradication
de l'islamisme radical comme étant les menaces les plus sérieuses qui pèsent sur l'avenir du pays. Pourtant,
l'échec du gouvernement tunisien à mettre en œuvre les réformes économiques indispensables et la sourde
oreille des politiciens aux revendications sociales légitimes pourraient, en définitive, être l'épreuve la plus dure
à laquelle la jeune démocratie tunisienne sera soumise.
L'Etat consomme 65,5% du PIB – selon l'économiste tunisien Hechmi Alaya, dans une récente révélation faite
sur les perspectives économiques du pays. Les fonctionnaires et les employés des sociétés nationales
représentent près de 70% des 3,4 millions Tunisiens disposant d'un emploi stable. A l'instar des autres pays du
Moyen Orient et d'Afrique du nord, les Tunisiens, depuis l'Indépendance, ont toujours eu une préférence
marquée pour un fonctionnariat pour la vie, plutôt que de se risquer dans le secteur privé. Le déficit budgétaire
de l'Etat est monté en flèche de 0,6% du PIB en 2011 à 6,2% en 2013 pour être ramené à 4,8% en 2015.
Pourtant, selon une étude récente du Fonds monétaire international (FMI), le déficit global serait nettement
plus élevé si l'on y associait les budgets des trois fonds de protection sociale et la myriade d'institutions
contrôlées par l'Etat. Si l'on ajoute aussi le coût de la recapitalisation de deux banques nationales, l'an dernier,
et d'une autre qui est en voie, le déficit augmentera encore plus… En des termes crus, les statistiques officielles