De Jacques FG Olivier Reboul « La philosophie de l’éducation » PUF 1989/2006 - Olivier Reboul était professeur à l’Université des Sciences humaines de Strasbourg. - Ce livre consiste en une réflexion sur l’éducation, du point de vue de sa finalité et de ses institutions. Il pose aussi une interrogation concernant les valeurs transmises par la pédagogie. Il pose ensuite la question philosophique d’un ou des critères nécessaires à une « éducation réussie » pour devenir un homme, lui-même en constante évolution. - Qu’est ce que l’éducation ? Comment éduquer ? Les institutions et la pédagogie face aux valeurs à enseigner. - - - Plan détaillé - - 1) Intro à la philo de l’éducation L’hist. de la Philo La réflexion sur les sciences L’analuyse logique L’argument à contrario La dialectique 2) Qu’est ce que l’éducation ? Elever, enseigner, former L’éducation entre la nature et la culture Les fins de l’éducation : pour la société ou pour l’enfant 3) Les institutions éducatives Qu’est ce qu’une institution ? Peut on éviter la finalité ? La famille L’école L’université 4) La pédagogie et ses antinomies Le sophiste et les savoirs La contrainte et le désir La transmission et la spontanéité L’incertitude et la technicité La rupture et la continuité 5) L’autorité Les figures de l’autorité Le débat sur l’autorité en éducation Education et démocratie 6) La rigueur Ambivalence et ambigüité La rigueur en éducation La rigueur et son « autre » 7) Les valeurs et l’éducation La tentation du positivisme La tentation du relativisme La tentation de l’indifférence Qu’est ce qui vaut la peine d’être enseigné ? Le sacré En guise de conclusion… En guise de plat principal, voici qqes extraits bruts - comme le « No Comment » d’Euronews qui m’ont semblé dignes d’intérêt…Le livre est très intéressant et ne fait que 120 pages. Emile plus de 600 (et 400 de plus avec les notes…) Je positionne les qqes citations de ce petit bouquin qui se (nous) pose des questions pertinentes et réfléchies sur l’éducation telle que décidée et dispensée, avec leur position dans le plan, pour vous situiez bien où se déroule l’action… « La philosophie de l’éducation » - extraits « L’homme n’est ce qu’il est que par l’éducation. » E. Kant 2) Qu’est ce que l’éducation ? Les fins de l’éducation : pour la société ou pour l’enfant L’éducation est l’ensemble des processus et des procédés qui permettent à tout enfant humain d’accéder progressivement à la culture, l’accès à la culture étant ce qui distingue l’homme de l’animal. p. 25 3) Les institutions éducatives Qu’est ce qu’une institution ? Une réalité sociale, relativement autonome, stable ou régulière, contraignante selon des règles, et qui se spécifie par sa fonction sociale. p28 L’école D’abord un établissement destiné à donner un enseignement collectif. Ensuite, l’institution, nationale ou privée, dont l’établissement n’est en somme qu’un organe. Enfin, l’institution, partie de la précédente, qui dispense l’enseignement fondamental, identique pour tous les enfants et sans finalité professionnelle…p37 L’école n’est pas une simple garderie, destinée à relayer la famille dans sa fonction protectrice. Si elle protège, c’est pour enseigner… p39 Qu’est ce qui caractérise le savoir scolaire ? - Un savoir à long terme, qui servira toujours et dans les circonstances les plus diverses. p39 - Des savoirs organisés, qui s’enchaînent de façon logique. p 40 - Des savoirs adaptés, mis par la didactique, à la portée des élèves… C’est un savoir épuré, simplifié, et d’autant plus que le niveau des élèves est moins élevé. p 40 - Des savoirs argumentés : des savoirs qui se présentent avec leur justification et sont toujours susceptibles d’être critiqués, ces deux activités, de justifier et de critiquer, étant sans doute plus importantes que les savoirs eux-mêmes. p 40 - Des savoirs désintéressés, c-à-d sans finalité professionnelle ou autre, du moins dans l’immédiat… A l’école l’élève est traité comme une fin, c’est pour lui qu’il travaille, c’est sa propre autonomie qu’il apprend. p 41 L’école assure une formation morale spécifique, elle enseigne des valeurs qu’on ne trouve pas dans la famille, ni sans doute dans le monde du travail : l’égalité, la justice, l’effort, l’esprit critique… Si l’école « enseigne » ces valeurs, ce n’est pas en donnant des cours de morale, c’est en étant elle-même. Si l’école est ce qu’elle doit être, le fait même de la fréquenter constitue une éducation morale aussi bien qu’intellectuelle. p 41/42 4) La pédagogie et ses antinomies La pédagogie possède au moins deux sens : - Posséder l’art d’enseigner et d’éduquer, un savoir-faire qui s’apprend surtout par la pratique … - « Une théorie pratique » selon Durkeim, qui se soucie d’appliquer les sciences humaines à l’art d’éduquer. p 51 Le sophiste et les savoirs La pédagogie est un art raisonné qui donne à ceux qu’on éduque les moyens et l’envie d’apprendre ce qu’ils ne savent pas... p 53 Les théories pédagogiques peuvent se regrouper en trois grands courants : le courant classique, attachés aux modèles et moins soucieux de la manière de transmettre de ce qu’il faut transmettre (l’enfant doit être soumis à une stricte discipline et s’imposer à lui-même des efforts de tous les instants). p 53 - Le courant novateur, qui part de l’enfant, avec ses expériences et ses désirs propres (l’effort imposé ne peut que tuer le désir d’apprendre, au lieu de contraindre ; il faut d’abord découvrir « la demande », « la motivation », le « désir de l’enfant »…). p 53 - Le courant fonctionnel ou techniciste (dans le genre contraire au courant novateur), qui tend à faire de la pédagogie une science exacte, ou du moins une technique efficace et garantie. p 53 La contrainte et le désir Le problème de l’école n’est pas qu’on s’intéresse, mais qu’on s’intéresse à ce qu’on a besoin d’apprendre. p55 La rupture et la continuité L’auteur insiste sur la nécessité des ruptures en éducation. Celle-ci fait passer l’enfant, l’ado, l’adulte à un autre stade où elle l’a pris ; apprendre devient une mutation intérieure. p 64 Son but est de former le libre jugement… Il insiste également sur la continuité : toute progression éducative est l’épanouissement de ce qui la précède. p 64 …Apprendre n’est pas seulement faire ce qui intéresse, mais s’intéresser à ce qui, au départ, ne vous concerne pas ; parce que l’enfant n’est pas à l’école pour recevoir la solution de ses problèmes, mais pour apprendre à s’en poser d’autres, des problèmes d’homme. p 65 …Lui faire tourner le regard vers ce qui vaut la peine d’être vu ; non de transmettre un savoir, mais de tourner l’esprit vers ce qu’il mérite de savoir… voir « la Caverne » de Platon (remember this ?). Le maître est celui qui interroge et contraint, par ses questions, à chercher… p66 5) L’autorité Le débat sur l’autorité en éducation Dans l’éducation classique le maître est le représentant des modèles (savoirs et valeurs ne dépendent pas de sa subjectivité. p 79) ; il a autorité d’expert (ses compétences) et d’arbitre (exercer la disciple, évaluer, redresser). Au nom de ces modèles, il a pour mission de sanctionner tout écart, depuis la faute d’orthographe jusqu’à la faute morale. p74 Kant lève le doigt et clame : « On doit prouver à l’enfant qu’on exerce sur lui une contrainte qui le conduit à l’usage de sa propre liberté ». p 76 Le but de l’éducation n’est pas d’arriver à un stade où l’éduqué n’aurait plus à apprendre, car on a toute sa vie besoin d’apprendre ; il est de permettre à chacun d’apprendre par lui-même en se passant de maître, d’aller de la contrainte à l’autocontrainte, d’être majeur. Plus tôt et plus concrètement on le « prouve » à l’enfant, mieux c’est. p77 Education et démocratie La démocratie exige que les élèves acquièrent dès que possible l’auto-discipline, le sens de la coopération, le respect de l’autre qui sont au principe même de son fonctionnement… Il faut que tous reçoivent une culture de base aussi complète que possible, donc aussi longue qu’il faut… Si l’on admet que les enfants, pour être égaux, ne sont pas pareils, on conclura qu’ils ne peuvent recevoir le même enseignement sans devenir réellement inégaux… reste à savoir si la « pédagogie différenciée » supprime les inégalités qu’elle avait trouvées au départ, ou si au contraire elle les consacre... C’est un grave problème, à la fois politique et pédagogique, qu’une démocratie ne peut se résigner à laisser sans solution. p 79 6) La rigueur La rigueur en éducation Notre éducation pervertit l’enfant par ses deux excès, contraires et complémentaires : la rigueur, qui commande, réprime, châtie, et l’indulgence, qui laisse l’enfant commander et s’imposer. Par la rigueur, on lui apprend à être esclave, par l’indulgence à être tyran : jamais à être libre. p 86 7) Les valeurs et l’éducation Qu’est ce qui vaut la peine d’être enseigné ? Enseigner, ce n’est pas faire savoir, c’est faire apprendre. p 109