Place et rôle de la médiation phonologique dans l`acquisition

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Place et rôle de la médiation phonologique dans l’acquisition de
la lecture/écriture en français
Sprenger-Charolles Liliane, Bechennec Danielle, Lacert Pilippe. Place et rôle de la
médiation phonologique dans l’acquisition de la lecture/écriture en français. In : Revue
française de pédagogie. Volume 122, pp. 51-67.
I.
Résumé
Cet article présente une série d’études réalisées avec un public d’enfants francophones
ne présentant aucun trouble pouvant affecter l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture. Ces
enfants sont suivis de la fin de la grande section de maternelle jusqu’à la fin du CE1.
Les recherches précédant celle présentée ici attestent qu’il existe deux façons de
comprendre un texte, la procédure orthographique pour les experts et le « décodage », par
médiation phonologique, pour les novices.
L’objectif de la recherche que nous nous proposons de résumer est de rendre compte des
mécanismes spécifiques à la lecture et à l’écriture. La première hypothèse des auteurs est que
la médiation phonologique précède la procédure orthographique dans la lecture et l’écriture.
La seconde est que l’utilisation de la médiation phonologique permet la mise en place d’un
lexique orthographique, et, par conséquent, la mise en place de la procédure orthographique.
Afin de vérifier leurs hypothèses, les chercheurs ont développé trois études.
Dans la première, l’objectif principal est de déterminer comment se mettent en place les
mécanismes de lecture/écriture, et, pour répondre à leurs interrogations, les auteurs ont
examiné les différences, lors de lecture à haute voix, entre mots réguliers et irréguliers, entre
les items avec ou sans graphèmes complexes, entre les mots fréquents et rares et les
divergences entre mots et pseudomots.
Les résultats mettent en exergue le fait que les enfants sont très sensibles à la régularité
puisqu’ils écrivent et lisent mieux les mots réguliers que les irréguliers.
Cependant, la
fréquence des mots et leur régularité n’affecte en rien les performances des sujets. En effet,
les mots réguliers ne sont pas mieux traités que les mots rares et les mots réguliers ne sont ni
mieux lus, ni mieux écrits que les pseudomots.
Suite à ces résultats, les chercheurs affirment que l’existence de la procédure
orthographique n’existe pas encore.
La seconde étude porte sur la compréhension des mots en lecture silencieuse. Pour
évaluer cette compréhension, les chercheurs ont proposé une tâche de décision sémantique
aux sujets, en leur demandant de catégoriser des objets, parmi lesquels figuraient des intrus
phonologiques et visuels.
Les résultats leur permettent d’affirmer que la médiation phonologique est utilisée en
lecture silencieuse puisque les performances des enfants sont plus affectées par des intrus
phonologiques que visuels.
Lors de la troisième étude, les chercheurs ont comparé les premières performances des
enfants en lecture/écriture pour les items pouvant être traités par médiation phonologique et
les résultats, plus tardifs, des mots irréguliers, ne pouvant pas être totalement traités par cette
procédure. Ils ont également examiné les performances d’enfants « experts » et « faibles » en
orthographe.
Les résultats de l’étude montrent que les enfants « experts » en orthographe en fin de
CE1 sont ceux qui ont eu le plus tôt, et le plus fortement recours à la médiation phonologique,
et les chercheurs en concluent que les capacités métaphonologiques (travaillées dès la fin de
la grande section de maternelle) ont une incidence sur la mise en place de la médiation
phonologique. D’autre part, ils affirment que la sensibilité aux unités de la langue orale
facilite la compréhension du système d’écriture alphabétique puisque des associations entre
unités phonologiques et unités orthographiques se créent, permettant ainsi l’élaboration du
lexique orthographique personnel.
Cependant, le fait de connaitre un mot à l’oral ne facilite pas son écriture, notamment de
par la présence de digraphes. Les digraphes ont un rôle facilitateur en lecture mais pas en
écriture, à cause du passage d’une unité simple (phonème) à une unité complexe (digraphe).
Finalement, suite aux résultats des différentes études, les chercheurs attestent que « la
médiation phonologique joue un rôle central dans les premières étapes de l’acquisition de la
lecture et de l’écriture en permettant la mise en place du lexique orthographique ».
II.
Utilisation dans la recherche
Cet article était celui qui correspondait le plus à mon choix de recherche. En effet, je
souhaiterais travailler sur le rôle de la conscience phonologique des élèves dans l’amélioration
de leurs compétences orthographiques.
La médiation phonologique, selon cette étude, semble être au centre de l’acquisition de
la lecture et de l’écriture chez les novices, ce qui me pousse à explorer cet aspect dans ma
recherche.
D’autre part, les différentes expériences proposées par les chercheurs me permettront
sûrement de mettre en place, lors de mes stages, des situations visant à développer la
conscience phonologique des enfants. L’expérience de la catégorisation des objets dans
lesquels se trouvent des intrus phonologiques me paraît être pertinente pour faire se pencher
les élèves sur l’importance des phonèmes dans un mot.
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