Il est à noter que en RDC, contrairement à d’autres régions du monde, on apprécie moins le canard dans
des plats de type sucré-salé.
Les éleveurs doivent apprendre à découper et transformer correctement leurs produits pour mieux les
valoriser étant donné les faibles prix des canards vendus sur pied (5 à 7 $ en moyenne).
Ainsi, des canards ou canettes entiers, au naturel ou fumés, nettoyés, vidés, emballés ou en morceaux bien
présentés (magrets, cuisses, ailes, abats…) pour la vente au niveau de restaurants, de grandes surfaces ou
directement du producteur au consommateur, permettraient d’apporter une importante plus – value à la
production.
La préparation de plats préparés en portions à vendre sur les marchés (braisé, grillés, en sauce…), dans
les restaurants de rue, sont autant de voies de diversification à explorer pour l’avenir.
Le canard permet aussi de confectionner des charcuteries particulièrement appréciées par tous ceux qui
les ont goûtées : pain de viande, hamburgers, boulettes, saucisses fraîches, sèches, piquantes, saucisson de
Paris et « boudin », pâté, confits…et bien entendu foie gras.
Ainsi différents ateliers à Kinshasa et dans le Bas – Congo (d’une capacité de 1000 têtes de canard par
jour) pourraient produire des charcuteries mixtes (porcs/volaille) pour autant qu’une production locale
continue et de bonne qualité les approvisionne en matière première.
Le travail des éleveurs doit obligatoirement se professionnaliser et s’organiser en filière(6) avec l’amont et
l’aval afin de satisfaire, à prix compétitif, une clientèle soucieuse de qualité et de concurrencer les
importations de produits congelés bas de gamme.
Il ne fait aucun doute que dans un avenir proche cette spéculation prendra peu à peu son essor car des
débouchés réels existent à Kinshasa, un marché potentiel de plus de 7 millions d’habitants. Pour que ceux
qui ont choisi le canard comme moyen d’existence puissent en vivre dignement…
(6) Troupeaux et Cultures des Tropiques, numéro 2 spécial volailles, décembre 2003.
Pourquoi élever des canards ?
Son élevage est facile et séduit de plus en plus de ménages kinois car :
• C’est un oiseau rustique qui montre une bonne résistance aux maladies présentes chez les volailles
(notamment par rapport à la poule, régulièrement décimée au Congo en saison sèche notamment par la
maladie de Newcastle).
• Il valorise bien les fourrages locaux(7) , les déchets de culture ou de cuisine.
• Son élevage requiert moins de coûts en intrants que celui de la poule pondeuse, par exemple.
• Son rendement d’abattage est excellent : après quelques mois d’engraissement, un canard élevé dans de
bonnes conditions peut donner 1,5 à 1,8 kg de viande désossée, ce qui permet de nourrir une famille
nombreuse.
(7) Ali LUNTADILA, AMINEKIN / Volet zootechnique : « Les possibilités d’utilisation de certains fourrages locaux dans l’alimentation des canards » - Septembre 2006.
La viande de canard : enquêtes de perception à Kinshasa
Le canard, principalement de race Barbarie non amélioré, est très présent dans les communes de Kinshasa
sous forme de petits élevages familiaux et parcellaires(8).
Pourtant son élevage ne décolle pas(9). Une des raisons est liée à sa faible consommation par la population.
Des enquêtes de perception du canard et de sa viande ont été menées en 2006-2007 dans 16 des 24
communes de la ville par le projet AMINEKIN.
Elles avaient pour but de mieux cerner les raisons de l’image négative qu’ont un nombre important de
kinois vis-à-vis du canard et d’envisager les stratégies qui permettront de renverser la situation comme
cela a été fait naguère en ce qui concerne le porc.
Les premiers résultats(10) confirment que le canard reste encore l’objet de tabous et de préjugés. Ceux-ci
sont notamment liés à une image d’animal sale.