
neutralisation dans les sociétés « civilisées » par le marché, mécanisme de gouvernement qui
fait que cette opposition fondamentale entraîne le progrès général de tous.
Cette forme de pensée se focalise sur les rapports de l’individu avec le reste de la société, et sur
l’importance de l’Etat, mais uniquement parce qu’il établit des lois, des règles de comportement
destinées à éviter le déchirement du corps social. Cette philosophie libérale reste une vision
désespérée du monde.
Dans ce modèle, l’homme est séparé de ses semblables par ses propres attributs, par ses propres
intérêts, mais surtout, il n’existe que par ses fonctions. L’homme devient un être seulement matériel
qui peut être considéré comme la somme de ses nécessités. Cette philosophie, profondément
matérialiste, réduit l’être humain à tout ce qui est hors de la spiritualité et de la psychologie. C’est une
philosophie qu’on peut qualifier d’atomiste.
A partir du XIXème siècle, on va voir apparaître une segmentation entre l’économie et la sociologie :
l’économie va se centraliser sur l’individualisme et la sociologie sur l’aspect holiste.
Ex : la valeur : pour l’économiste, la valeur d’une chose dépend de sa fonction dans la société. Pour la
sociologie, on ne peut penser un objet seulement en fonction du besoin auquel il répond, et
indépendamment de sa fonction sociale (ex Baudrillard : l’objet est profondément un signe).
Hayek refuse complètement l’interventionnisme de l’Etat qui, selon lui, ne représente que des intérêts
catégoriels qui créent des distorsions par rapport à la vie économique. Hayek rejette le planisme.
Il n’existe donc pas une seule forme de libéralisme.
La séparation entre l’économique et le politique fait partie du raisonnement des philosophes libéraux
pour concilier la satisfaction de l’intérêt individuel et l’intérêt de tous. Ils vont tenter de montrer
comment l’individu peut cohabiter avec la société sans compromettre ses buts propres.
En fait, le libéralisme est fondé sur l’idée qu’il y a de bonnes et de mauvaises passions. Certaines
peuvent mettre en péril la société civile.
A Smith va avancer que le seul contrepoids naturel pour l’ensemble des passions, c’est toujours
l’avarice. Ce vice, cette soif illimitée de possessions va être la piste pour trouver par quel moyen les
individus vont pouvoir coexister. Si l’Etat intervient, il ne représentera qu’une seule catégorie
d’individus. Il ne pourra donc neutraliser qu’une certaine partie des mauvaises passions.
De manière paradoxale, si la solution ne peut venir de l’Etat, il faut laisser libre-cours à l’avarice, dans
une société ouverte, parce qu’ainsi, l’individu se trouve naturellement limité par les mêmes appétits
que les autres individus.
Finalement, l’individu canalise sa soif illimitée dans l’activité de travail, et dans la pratique de
l’échange monétaire, le marché. Pour comprendre la neutralisation de la soif illimitée, il faut réinsérer
le calcul rationnel. C’est parce que l’individu est rationnel et qu’il cherche à maximiser son intérêt, qui
est pécuniaire, et en participant à l’échange, qu’il s’aperçoit que le gain est supérieur à ce qu’il aurait
pu obtenir si le marché n’existait pas.
La recherche du gain monétaire passe par le fonctionnement des mécanismes de marché. Le marché
devient le mécanisme universel qui fonde le rapport social.
Les libéraux fondent la société sur ce principe universel qu’est l’avarice, et sur le mécanisme universel
de marché. On peut donc trouver un mode de régulation des conflits par le mécanisme des marchés.
Il faut prendre en compte deux éléments pour expliquer comment évacuer ou limiter les conflits :
- L’avarice est une passion universelle qui agit en tous temps, en tous lieux et sur tout le
monde. De ce point de vue, tous les individus sont égaux et peuvent être comparés.
- Puisque cette passion est universelle, le gouvernement des hommes peut être prévisible.