UNE NOUVELLE VISION POUR CONSTRUIRE LE FUTUR : QUEL SENEGAL POUR DEMAIN. ? Par Professeur Moustapha KASSE Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va Sénéque L’Avenir appartient à ceux qu ont la mémoire la plus longue Nieztch Le temps que nous vivons des incertitude et de risques planent sur le continent africain à savoir: d’abord l’offre de production n’augmente pas proportionnellement au croît démographique posant ainsi la question des déséquilibres notamment alimentaires avec le lourd tribut que constitue la malnutrition et la famine ; ensuite, la baisse de la productivité du travail qui atténue toutes les capacités concurrentielles et donc l’exclusion du marché mondial darwiniste et de haute compétition ; en outre la massification de la pauvreté et le non accès des acteurs de plus en plus nombreux aux biens de base enfin l’omniprésence de la triade « jeunes-villes-emploi » et la préservation de l’environnement pour les générations futures. La mondialisation va jouer comme facteur aggravant non seulement par les crises qu’elle engendre mais aussi par la perte d’efficacité des institutions de régulation et de gouvernance mondiale comme la BM , le FMI et l’OMC. Désormais, les pays vont se développer à des rythmes différents avec cependant un fait nouveau et grave : les pays lents et les pays rapides n’avancent plus dans la même direction, mais au contraire divergent. La mondialisation évolue fortement vers un caractère dual : pénurie des uns, surconsommations des autres, minorité trop riche et écrasante majorité en voie d’appauvrissement, creusement du gap numérique et infrastructurel. Pendant ce temps, la capacité d’intervention des Etats va se trouver affaiblie et les politiques économiques et financières s’élaborent de plus en plus au niveau supranational. En scrutant l’horizon politique et économique, quelles sont les chances pour modifier le cours actuel des choses. L’exploration des avenirs possibles économiques consiste à construire un nombre limité d’images du futur et de cheminements possibles et à élaborer des scénarios contrastés qui reposent sur une hiérarchisation des facteurs d ‘évolution, sur une différenciation spatiale et temporelle. Les variables sont traitées comme étant certaines, ou incertaine , 1 probables ou aléatoires, possibles ou plausibles. Certaines variables seront environnementales et d’autres renvoient à des stratégie comprises comme l’ensemble des choix réalisés par les acteurs sociaux permettant de se rapprocher d’un futur désiré. Est-il possible d’aller au-delà de ces images contrastés pour dessiner les configurations possibles, les trajectoires multiples, pour définir les séries concrètes d’avenir différents et un cheminement reliant le court, le moyen et le long terme et définissant les futurs possibles? I/ Pourquoi des analyse prospectives Les besoins d’analyses prospectives procèdent de trois séris de raisons conjuguées qui nous imposent de nouvelles visions stratégiques : la montée des déséquilibres et l’accentuation des incertitudes. Il s’agit d’abord de la détérioration du cadre macroéconomique, ensuite de la mondialisation et de ses nouvelles exigences la coexistence de plusieurs systèmes de pilotage et de régulation souvent antinomiques : Plan, Marché et PAS l’échec des processus planifiés des économies pour quatre raisons : Pour cela, il est souvent admis que les formulations contenues dans les plans ne sont que des vœux pieux, totalement irréalistes et donc irréalisables. Cependant, si l’on peut concéder à cette critique une part de vérité, il importe plutôt de noter qu’à l’analyse, l’échec de la planification dans le Tiers- Monde tient moins à la formulation de vœux pieux ou à l’insuffisance de moyens qu’à l’impossibilité, sur la base des ressources disponibles, de définir des objectifscibles clairs et précis ainsi que les moyens les plus judicieux de leur mise en œuvre. Lles causes véritables de leur échec sont de quatre ordres : - D’abord, les plans sont trop formalistes, prétendent embrasser à la fois tous les secteurs d’activité économique, alors même que les données statistiques disponibles sont très peu faibles et que les ressources naturelles sont dans certains cas très peu importantes, toutes choses qui ont pour conséquence la fragilisation de l’économie due à la trop grande dispersion des moyens et donc une très faible résistance face aux chocs extérieurs. - Ensuite, l’inexistence d’un arsenal statistique fiable rend impossible l’élaboration de modèles macro-économiques prospectifs t la définition de sentiers de croissance équilibrés et optimaux pour l’économie 2 nationale. Dans ces conditions, les plans nationaux se réduisent à une simple agrégation de projets initiés de l’intérieur et de l’extérieur avec des sources de financement totalement aléatoires puisque majoritairement provenant de l’extérieur, ce dernier ne manquant pas du reste d’imposer ses « exigences, orientant ainsi le projet en fonction de ses intérêts propres. - En outre, on pourrait relever le hiatus, généralement observé dans l’application du plan, entre gestion courante à court terme et programmation à moyen et long termes. E effet, l’inexistence de passerelles entre budgets et Plan engendre dans l’exécution de ce dernier, des frictions énormes qui souvent ont pour conséquence d’annihiler largement les résultats escomptés. - Par ailleurs, on notera que les Plans mobilisent peu les acteurs sociaux. Se réduisant la plupart du temps à de simples projets agrégés, ils sont exécutés de façon discontinue, par à coups, sans coordination et en fonction de l’obtention ou non de financements extérieurs escomptés. - Enfin, il convient de mentionner le caractère constamment changeant du plan. En effet, la nécessité de rechercher en permanence des consensus politiques ou sociaux conjoncturels amène fréquemment les autorités à bouleverser complètement l’exécution du plan avec toutes les conséquences déstabilisatrices qu’une telle pratique suppose au plan prévisionnel. II/ Les lignes directrices d’une programmation prospective stratégique. La prospective est la recherche systématique des connaissances et des méthodes permettant à l’homme d’acquérir ou du moins d’accroître la maîtrise de son venir. Nikolon La prospective n’est ni une doctrine, ni un système. Elle est une réflexion sur l’avenir, qui s’applique à en décrire les structures les plus générales, et qui voudrait dégager les éléments d’une méthode applicable à notre monde en accélération. G. Berger Préparer l’avenir ce n’est pas y rêver. C’est choisir, dans le présent, ce qui est capable d’avenir. 3 1°) Les orientations pour une nouvelle instrumentation des stratégies et des politiques économiques. La prospective ainsi comprise entraîne la réflexion sur les questions qui suivent : Quelles sont es tendances lourdes qui vont façonner l’avenir du Sénégal ? Quelles sont les opportunité productives et quelles sont les spécialisations possibles ? Quels sont les agents les plus potentiellement dynamiques ? 2°) Les innovations dans le domaine des techniques de programmation innovation dans les techniques de prévision Permanence du travail de programmation Innovation dans les systèmes d’information 3°) Le choix d’un nouveau dispositif institutionnel coexistence de plusieurs systèmes de pilotage et de régulation souvent antinomiques interférence des systèmes de décision le choix d’un nouveau dispositif 4