Service de presse de Travail.Suisse n° 16 10 novembre 2008 Marché du travail
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Crise financière
Soutenir l’économie réelle – ôter les œillères idéologiques
Les signes annonciateurs d’une récession se multiplient. Les carnets de com-
mandes des entreprises diminuent. Les premiers licenciements ont déjà lieu.
Dans cette situation, les politiques ne sauraient se contenter d’un rôle de
simples spectateurs, ils doivent au contraire prendre des mesures pour prévenir
une récession économique. Ce ne sera possible que si les partis bourgeois et les
associations économiques prennent enfin leurs distances par rapport à la doc-
trine pure et dure d’une idéologie néolibérale qui a montré ses limites.
Au cours de la session d’hiver, le Parlement pourra se prononcer sur l’action de sauvetage
de l’UBS. La modifier, voire la refuser, n’est guère possible en réalité. La Confédération et
la Banque nationale ont déjà pris des engagements. Du point de vue de la démocratie, ce
n’est pas correct. Mais pour Travail.Suisse, l’important est que le Parlement prenne ses
responsabilités et ne se limite pas à sauver une banque moyennant beaucoup d’argent,
mais arrête aussi des mesures au bénéfice de l’économie réelle.
Programme d’incitation en faveur de l’économie
Travail.Suisse demande au Parlement d’assortir l’ensemble des mesures de sauvetage de
l’UBS d’un programme d’incitation immédiat, portant sur l’assainissement des bâtiments
et la technologie énergétique. Son financement étant assuré par la taxe sur le CO2, ce pro-
gramme peut déployer ses effets en 2009 déjà. Il n’arrive donc pas trop tard, comme on
l’entend dire très souvent. En outre, un programme d’assainissement des bâtiments pro-
fite à d’importantes branches de l’économie suisse, qui sont porteuses de promesses pour
l’avenir, comme la branche MEM, l’industrie du bâtiment, l’industrie solaire. Avec les 200
à 400 millions de francs immédiatement disponibles, il est possible de procéder à des in-
vestissements d’environ 2 milliards de francs.
Par ailleurs, la Confédération et les cantons doivent mettre en route immédiatement les
projets d’infrastructure déjà planifiés. Même si l’argent ne coule pas d’entrée de jeu, beau-
coup d’entreprises verront entrer des commandes et éviteront de débaucher. En effet, si
elles savent que ces projets seront rapidement mis en œuvre, elles ne licencieront pas sur-
le-champ, comme elles le feraient en cas de contraction, les salariés dont elles ont besoin
pour exécuter ces commandes. En outre, pour ce qui est de la Confédération en tout cas,
l’argent est là aussi disponible, compte tenu de l’excédent prévisible pour l’année 2008,
qui devrait atteindre près de 5 milliards de francs.
Service de presse de Travail.Suisse n° 16 10 novembre 2008 Marché du travail
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Salaires des dirigeants: introduire, dans le droit des sociétés anonymes, des règles pour
empêcher les dérapages
En procédant à des enquêtes annuelles sur les salaires des dirigeants, Travail.Suisse agite
la sonnette depuis des années, pour montrer que l’explosion des salaires des dirigeants
constitue un réel problème et que, tôt ou tard, le monde politique devra intervenir. La
dernière « justification » de ces salaires étant partie à vau-l’eau en même temps que les
milliards des banques, cette approche a trouvé des partisans même au Conseil fédéral et
dans les partis bourgeois.
Les propositions avancées jusqu’ici par le Conseil fédéral, en relation avec la révision du
droit des sociétés anonymes et pour le compléter, sont cependant parfaitement insuffi-
santes. Le Conseil fédéral veut notamment ne soumettre à un vote de l’assemblée générale
des actionnaires que les rémunérations des membres du Conseil d’administration.
Comme le montrent les études de Travail.Suisse sur les salaires des dirigeants, les rému-
nérations hallucinantes et les incitations biaisées concernent avant tout la direction opéra-
tionnelle, et non pas le conseil d’administration.
Il faut donc adopter d’urgence des règles empêchant les dérapages, qui concernent aussi
les salaires des dirigeants. Pour Travail.Suisse, il importe surtout que les écarts salariaux
cessent de grandir dans les entreprises. Il faut donc faire en sorte que la direction ne re-
çoive des augmentations de salaire et des bonus que si tous les collaborateurs de
l’entreprise sont associés au succès.
Sans une réglementation sur le salaire des dirigeants, la révision du droit des sociétés
anonymes restera un tigre de papier édenté, qui ne représente pas une contre-proposition
valable à l’initiative sur les abus.
Ôter les œillères idéologiques
Jusqu’ici les partis bourgeois, mais aussi des associations économiques comme econo-
miesuisse, l’USAM ou l’Union patronale, ont refusé aussi bien le soutien à l’économie
réelle que des règles anti-dérapage à propos des salaires des dirigeants. Les arguments
qu’ils avancent pour défendre leur position relèvent tous de l’idéologie de l’économie de
marché. Maintenant que les recettes de cette idéologie se sont montrées à plusieurs re-
prises lamentablement contre-productives (débâcle des marchés financiers, explosion des
salaires des dirigeants, augmentation des prix de l’électricité), il serait temps d’ôter les
œillères idéologiques et de travailler à des solutions communes.
Martin Flügel, Président de Travail.Suisse
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, tél. 031 370 21 11, [email protected],
www.travailsuisse.ch
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