Concepts et description de la déficience mentale Chapitre 1 Déficience mentale : grave altération innée ou acquise des facultés cognitives neurologiques amenant le sujet à un déficit majeur de l'apprentissage et de la relation à autrui et à des conséquences notables dans sa vie personnelle le rendant « de facto » dépendant physiquement et psychiquement de son entourage familial et amical et/ou de structures sociales (= handicap). Le QI est souvent < 70. NB : la migration intra-cérébrale des neurones et de leur connexion entre la fin du stade fœtal et les premières années de la vie possède un rôle important (par ex : la myélinisation cérébrale s'achève à l’adolescence seulement). Facteurs pré-natals Ces facteurs sont assez bien connus, mais leurs rôles restent encore mal précisés. L'alcoolisation (≠ alcoolisme) maternelle (même occasionnellement au début du 2ème mois de grossesse) est la première cause exogène de déficience mentale. Le syndrome d'alcoolisme fœtal (SAF) constitue 1 à 2% des naissances dans les maternités du département du nord de la France, et jusqu’à 8% dans les réserves indiennes ou dans les ghettos urbains des USA. On en trouve beaucoup chez les enfants des orphelinats des pays de l'est et de Russie (attention aux adoptions !). L’exposition à d'autres toxiques (tabac, dioxines, émanations industrielles, produits domestiques employés sans protection, pollution diverse de l’air et de l’eau, métaux lourds (plomb)) est répandue ; elle est très mal connue avec des effets individuels parfois minimes mais d'incidence élevée sur une population tout-venant (= effet de grand sombre sur le QI). L’altération du génome : - Les altérations chromosomiques (trisomie 21, X fragile, monosomie 5p (= maladie du cri du chat), microdélétion 22q11) amènent classiquement un syndrome malformatif vélo-cardio-facial mais aussi une déficience mentale précoce ou plus tardive (incidence élevée dans les schizophrénies productives hallucinantes). - Les anomalies monogéniques (phénylcétonurie, chorée de Huntington (= démence vers 40-50 ans puis de plus en plus précoce à chaque génération) …). - La biologie multigénique constitue le concept moderne de vulnérabilité biologique acquis dès le stade fœtal. Les facteurs infectieux (virus (rubéole, CMV), bactéries (listeria, hérédo-syphilis), parasites (toxoplasmose) …). Les facteurs endocriniens à déterminisme génétique (hypothyroïdie, hypogonadisme, Page 1 sur 9 hyperplasie des surrénales, phénylcétonurie (ex-oligophrénie phénylpyruvique) …) : depuis les années 1960-70, il existe un dépistage périnatal pour ces causes curables, ce qui évite une proportion faible mais non négligeable de retards mentaux. Actuellement, les enfants dépistés ont grandi et ne connaissent pas toujours leur hérédité potentiellement transmissible. Les retards de croissance intra-utérine sont liés aux mauvaises conditions de vie sociale et de travail, au travail tardif des mères enceintes (problème politique des condés maternité), au tabac, à l’alcool et au niveau éducatif faible et provoquent des souffrances fœtales avec petits poids. Statistiquement, les retards mentaux sont plus important dans cette catégorie. La cryptogénétique rassemble l’ensemble des maladies d’origine inconnue ; « la faute à pas de chance » est en voie de défrichement, avec la mise en place d’une étiologie génique dans la majorité des cas. Facteurs péri-natals La dystocie (= travail d'accouchement long et difficile) anatomique et/ou fonctionnelle présente toujours une souffrance fœtale. La prématurité est une cause d'importance majeure, surtout si la naissance se produit avant le 7ème mois, avec un petit poids (< 750g) et des hémorragies cérébrales. Il existe des lésions cérébrales diffuses qui peuvent récupérer ou non, indépendamment de la souffrance et des lésions néo-natales initiales. Facteurs post-natals Les infections (méningites à streptocoques, hémophilus, BK …). Les expositions à des toxiques (métaux lourds, saturnisme (= logements insalubres et pollutions diverses comme les conduites d'eau en plomb)). Les accidents domestiques (noyades dans les piscines ou la baignoire (20 cm d’eau et 3 min suffisent !!), chutes diverses …). Le syndrome des enfants secoués : ce sont des hémorragies cérébrales diffuses chez le nourrisson de quelques semaines ou mois de vie. Il dort mal et épuise ses parents qui le secouent (par énervement ou par jeu parfois) ; son cerveau fragile va ballotter et se blesser contre la boite crânienne rigide. C’est une notion pédiatrique très récente qui pourrait expliquer certains déficits mentaux sans étiologie retrouvée. NB : il existe un programme d’information et de prévention dans les maternités scandinaves. Page 2 sur 9 Prévention des risques Importance du dépistage épidémiologique : il est important de faire un recueil des informations afin de décrire des groupes à risque, afin de focaliser les efforts de prévention ou thérapeutiques à l'attention de ceux-ci. Vaccination des enfants : tous les enfants doivent être vaccinés contre les hépatites, la rubéole, les oreillons, la rougeole, la TBK, l’hémophilus et les pneumocoques, même les jeunes garçons ou adolescents (réservoir de virus) et les jeunes femmes séronégatives. Connaissance du statut sérologique d'immunisation : le statut sérologique pour la rubéole et la toxoplasmose doit être connu, et en particuliers pour les jeunes femmes en age de concevoir (sérologie obligatoire avant le mariage, pour le certificat pré-nuptial). Le traitement antibiotique des méningites infantiles (TBK, hémophilus pneumocoques) est indispensable lors d’une contamination. et Connaissance de l’hérédité familiale : certains sujets doivent être abordés avec les groupes à risque : contraception rationnelle, IMG (interruption médicale de grossesse), essor du diagnostic pré-implantatoire (= tri des embryons au stage de 8 cellules), don de sperme et d'ovocytes, adoption … Education pour la santé : il faut apporter des informations sur les toxiques (tabac, alcool, ...) et les conduites à risque. « Traitement social et politique » : la prévention est basée sur plusieurs actions : - Eviter les accidents domestiques (alarmes autour des piscines domestiques). - Assurer un meilleur suivi des grossesses à risque de pré-maturité et de retard intrautérin. - Suivre les adolescentes et les femmes plus âgées en difficulté sociale (planning familial). - Prévenir les risques domestiques, industriels, de pollution de l'air et des eaux … Sémiologie Troubles de l'acquisition des habiletés fondamentales : marche, préhension et praxies, propreté, langage … Troubles de la coordination neuromusculaire : infirmité motrice cérébrale (IMC) avec troubles mentaux déficitaires associés. Troubles sensori-moteurs : paraplégies flasques ou spastiques. Epilepsie +++ : précoce, souvent grave et mal équilibrée (= multithérapique), elle est retrouvée chez plus de 80 % des autistes et des déficitaires tout-venant. Page 3 sur 9 Grabatisation : complications de décubitus (aujourd’hui évitées en grande majorité). Troubles du caractère : explosion comportementale aux frustrations. Trouble primaire de la communication (= autisme de Kanner) : souvent de bas niveau mental, certains modules cognitifs sont parfois sauvegardés et permettent une relative insertion sociale ou restent une curiosité comme le phénomène des « idiots savants ». Troubles psychologies et autistiques : hallucinations visuelles et auditives, repli sur soi, incommunicabilité, délires, difficultés de relation, conduites clastiques, troubles du schéma corporel, auto-mutilations … Evaluation du handicap C’est une question peu importante en pratique, sauf dans des circonstances particulières où une expertise médicale ou médico-légale est nécessaire afin de mieux cibler une approche de soins ou éducative. Il existe peu d’échelle pour évaluer le handicap : QI, Wais, échelles spécifiques (on ne mesure que certains éléments à chaque fois). On considère que la déficience mentale (vue comme un handicap avec des dépendances) commence avec un QI < 70-75. Aujourd'hui, le seuil remonterait plutôt à 80, avec le risque d'inclure des sujets suffisamment autonomes et non handicapés. En effet, le QI est fondé comme une course statistique en cloche (la courbe de Gauss) avec 95% des sujets d'une population « sous la cloche ». 2,5% des gens (soit environ 2 millions de Français) ont soit un QI supérieur à 135-140 (même en étant au RMI), soit un QI inférieur à 75-80 (même en travaillant et vivant seul). Le QI a été mis en place par le Dr BINET (neurologue au début du XXème siècle), mandé par le ministre de l'instruction publique, qui a inventé et utilisé ce test pour « trier » les enfants « inéducables » des éducables, afin de rentabiliser l'enseignement scolaire en enlevant les enfants qui coûteraient trop cher à instruire. Le QI avait donc une valeur d'exclusion dans le contexte de l'époque où l’on avait peur de la « dégénérescence » de la race humaine par les arriérés. Cela a conduit à des lois de stérilisation des « fous » (= ceux qui vivaient dans les asiles indépendamment de leur pathologie) d'abord aux Etats-Unis (Indiana, 1908) puis en Scandinavie sociale-démocrate et en Allemagne nazie. !! Ancienne catégorisation officielle !! (jusque dans les années 1960) Imbécile (= analphabète) 70 < QI <50. Idiot (= absence de langage construit) 50 < QI < 40. Page 4 sur 9 Crétin (= dépendance permanente) QI < 35-30. L'expression débile mental (léger, moyen, profond) a longtemps été médicale et même le titre de livres scientifiques jusque dans les années 1970. Prise en charge sanitaire Pédiatrique :: la prise en charge pédiatrique présente peu et souvent pas de difficultés majeures ; elle ne nécessite pas de précaution particulière : peu de ttt sont administrés hormis les soins pour des pathologies infantiles classiques (virus, asthme …). Rééducation fonctionnelle : surtout pour les IMC, elle est très importante en médecine d'accompagnement : pendant la croissance jusqu’à 20-25 ans, elle permet d’éviter un surhandicap par l’apparition d’attitudes vicieuses (scoliose), puis lors du suivi adulte, elle permet d’éviter les complications d'usure. Neurologique : elle con,siste principalement à traiter et suivre les épilepsies et les troubles moteurs (choréo-athétoses, spasticité). Autres spécialités : uniquement en cas de handicap ponctuel (ex : suivi en cardiologie pour des malformations cardiaques). Médecine générale, « lente », polyvalente et de prévention : elle permet d’éviter les aggravations, de réaliser les vaccinations et les dépistages divers classiques, de réaliser les EEG, de pratiquer les consultations ondotologiques et gynécologiques, d’avoir un suivi régulier de la population vieillissante ... Psychiatrie : le suivi psychiatrique a une importance historique et anthropologique (relégation des « anormaux » selon Michel FOUCAULT). - Peu de personnes ont en fait besoin de psychiatrie hormis les personnes asilaires (par habitude et « parce qu’ils sont là ! »). - Cette prise en charge est utile pour les relations avec les parents, les institutions, les administrations et pour obtenir les certificats divers … - Elle s’avère indispensable pour les expertises légales et pour la mise en place légale de mesure de tutelle … - Elle facilite la supervision des équipes éducative ou IDE. - Elle aide à l’accompagnement ponctuel lors du passage d'un cap de vie à passer. L'autisme de Kanner Le Dr KANNER (pédiatre américain) décrivit en 1941 une pathologie psychiatrique de l'enfant de 4 à 6 ans. Le Dr ASPERGER (pédiatre viennois) décrivit la même chose en 1944. Après un début de vie (avant 18 mois), sans grands soucis (mais l’enfant est déjà bien calme), la deuxième enfance devient difficile car l'enfant n'acquiert pas la propreté, ni le langage et encore moins les apprentissages sociaux et scolaires basiques. Page 5 sur 9 Il se balance, se frappe et s'agite parfois violemment et ne parvient pas à utiliser les ressources habituelles de la communication (langage, jeux, dessins, couleurs …). Il s'isole, présente des stéréotypies gestuelles ou de sons, ne s'intéresse pas à ses jeux, ni à ses petits camarades de maternelle … Plus tard, il sera écholalique, utilisant des mots et des expressions incongrues à leur contexte. Les artistes sont des « anthropologues de Mars », des « hyperréalistes dans un monde surréaliste ». Cela vent dire que quand quelque chose est défini, il l'est pour toujours, quelque que soit le nouveau contexte. Or, tout change, tout est allusions ; le sens des choses n'est valable que si certaines conditions sont réunies, sinon le sens se transforme comme dans certaines plaisanteries. Leurs pensées sont visuelles ; ils n'ont pas le « sens du temps qui passe », ni celui de l'ironie ou de la plaisanterie ; les artistes souhaitent vraiment se faire comprendre mais n'y arrivent pas !! Ils n'assimilent que des structures fixes. Le langage doit être pris au pied de la lettre. 80% des enfants autistes ont un QI < 80. Seulement 5% des autistes arrivent à une vie autonome suffisante. Il existe d'autres maladies dites autistiques proches de l'autisme de Kanner qui permettent d'utiliser les nouvelles approches éducatives et thérapeutiques. Le mot autisme permet aussi de raccrocher le « simple » retard mental à cette galaxie des troubles du développement et d'avoir une « vraie maladie » qui déculpabilise la famille du regard social. L'autisme peut être compatible avec une intelligence normale voire supérieure ! On parle de syndrome d'Asperger. Et ce n'est plus la même chose !! Pendant longtemps, notamment sons l'influence de Bruno BETTELHEIM, psychanalyste autrichien, on a cru que l'interaction mère-enfant était déficiente et que l'enfant en devenait psychotique. Et l'on a fini par accuser la mère d'être le fossoyeur de son enfant … à attendre « l’émergence de son désir » et l’on a fini par croire que l'enfant était « heureux dans sa bulle ». Depuis plus de 20 ans, l'hypothèse neurobiologique de l'autisme est acquise. Les méthodes de communication facilitées sont de plus en plus employées, surtout en Amérique du nord comme le programme TEACCH (Caroline du sud, 1965) qui assure, par le biais de l'usage de pictogrammes et d'un encadrement de la vie quotidienne (chaque 10 à 15 min), la diminution des angoisses du jeune et l'acquisition de savoirs et d'habiletés sociales voire professionnelles. Le handicap et les institutions L’institution est souvent nécessaire, au moins à temps partiel, pour soulager la famille (mais nonobligatoire !!). Il faut globalement éviter de garder le handicapé à la maison à l’âge adulte (= puer oeternus). « Peu » de problèmes en petite enfance : crèches, maternelles jusqu’à 6-7 ans (en petite section), hôpitaux de jour, SESSAD, garderie à domicile ... Page 6 sur 9 Ensuite, difficulté à l’âge scolaire : scolarisation en milieu normal (si handicap léger) ou adapté (rare), IME (= institut médico-éducatif), IMPRO. Adolescence : problème des lieux de vie, des IME et des IMPRO loin des parents, prolongation de séjour après 20 ans de personnes adultes en secteur infantile et adolescent. Age adulte : difficulté majeure d'hébergement à temps plein et d'autonomie en : - CAT (= centre d'aide par le travail) : les sujets peu handicapés son placés en situation de travail simple et répétitif. Les exigences deviennent de plus en plus productivistes. - Foyer Accueil Médicalisé (foyer à double tarification) : le financement est conjoint à la sécurité sociale et au département ; il accueille les sujets moyennement handicapés avec des activités occupationnelles. - MAS (= maison d'accueil spécialisée) : les sujets très handicapés nécessitant un nursing quotidien et des activités basiques d’éveil sont accueils. Certaines handicapés retournent chez leurs parents ou bien vont vivre à 500km de ceux-ci, parfois en Belgique (davantage à la pointe par rapport à la France). Les aides sociales peuvent monter à près de l.300€ par mois pour le maintien à domicile (AAH = 620€ + prestations complémentaires + indemnités de tierce personne). Vieillesse : (cas non réglé par la tutelle sanitaire) il n’existe pas encore aujourd’hui (sauf exception) de lieux spécifiquement dédiés à des déficients mentaux âgés. Bref, on se débrouille ! Le déficient mental âgé rejoint le tronc commun des vieux citoyens, la maison de retraite, soit en section adaptée (rare et « bricolée » par certains secteurs psychiatriques), soit la maison de retraite simple type MAPAD ou non. On constate parfois une bonne insertion qui masque le handicap pré-existant à la vieillesse : le sujet s’insère habilement et ne dénote pas au contact de personnes Alzheimer. Le handicap et la sexualité La sexualité est normale malgré l'anormalité. Les réactions sexuelles (séquence habituelle d'excitation tactile et fantasmatique puis de montée du plaisir avec la stimulation des organes génitaux s'achevant par un orgasme) sont les mêmes que pour un sujet valide. Paradoxe : un accidenté paraplégique intelligent normalement sera vivement aidé à retrouver une sexualité « normale » malgré des réactions sexuelles diminuées ou absentes du fait de son handicap neurologique alors qu’un handicapé mental sera souvent nié ou mal entendu en ce qui concerne sa sexualité avec un corps réactif normalement. La puberté est un cap difficile qui impose une épreuve de réalité pour l’entourage avec un corps qui se sexualise, se transforme et acquiert une dimension sexuée menaçante pour l’équilibre précaire qui prévalait jusqu’alors. Le fantasme du puer oeternus asexué est difficile à maintenir : la demande légitime et l’exercice de la satisfaction affective et sexuelle prend la forme alors d’une pathologie ou d’une déviation sociale ! Page 7 sur 9 Ex : la nudité hors toilette et la mise au lit devient juridiquement un exhibitionnisme ; or il est difficile en étant dépendant de se mettre nu seul ou avec un partenaire dans un coin tranquille quand tout est réglé dans une institution … Bien souvent, le sujet arriéré avec un faible niveau de fonctionnement global ne sait que faire de son érection du matin … Le maintien d’une sexualité infantile (« homosexualité, masturbation, exhibitionnisme ..) est davantage dû aux conditions d’hébergement et aux règles strictes de séjour qu’à une pure perversion de la conduite personnelle. Paradoxalement, l’accès ç une imagerie pornographique (vidéos et revues) exposant une sexualité mécanique est très facile et fait heurter l’handicapé à la quasi-impossibilité de la relation secrète. L’âge du 1er rapport sexuel est, selon les études, chez des handicapés légers autonomes, le même que chez les sujets normaux, soit environ 17 ans et demi, sans avoir eu l’accès à une information et un cadre souple et accompagnant d’éducation sexuelle. C'est donc un groupe vulnérable à risque particulier pour des grossesses non désirées, les MST, les abus sexuels, physiques et affectifs, voire pire … (cf l'affaire Emile LOUIS). Il se pose toujours le problème des incapables majeurs sous tutelle qui ne peuvent pas se marier sans l'accord du tuteur (souvent les parents qui n’approuvent pas). L'entourage familial et institutionnel projette toujours ses propres peurs ou fantasmes dans la vie intime des sujets handicapés et réagissant à leur place. Il existe également un problème par rapport à la stérilisation par ligature tubaire des filles handicapées mentales à leur insu, malgré les interdits légaux et éthiques (notamment pour entrer dans une institution pour adultes). Il existe cependant une possibilité légale, autorisée avec l’avis du conseil de famille, dans un délai de 2 mois, après consentement « éclairé » et information du juge des tutelles. Ce qui ne réglait pas la question des MST … Il existe de nombreux obstacles matériels, financiers, moraux, de toute sorte, pour répondre à l'évidence de tout le monde : où, quand, comment et avec qui soulager sa tension sexuelle ? Ainsi, pour pouvoir avoir un rapport sexuel avec une partenaire, il faut sortir en taxi ou grâce à un parent complaisant, payer une chambre d’hôtel, se faire aider … Tout cela coûte cher ; or les ressources de l’handicapé sont essentiellement l'AAH (620€ par mois), ce qui réduit le nombre d'occasion. Souvent, le recours à une prostituée est utilisé avec les risques d'abus (racket) que cela comporte. La venue d'une prostituée étant interdite dans les institutions sous peine d'accusation de proxénétisme pour le directeur … Il existe donc un retard majeur de notre société (un retard de plus de 35 ans) visible dans ses institutions et ses réponses juridiques et administratives face aux questions posées par l'exigence de la sexualité des handicapés. Page 8 sur 9 Mai 1968 n'est pas encore une évidence pour les handicapés. Jouir sans entraves, une réalité actuelle ? Page 9 sur 9