Vache Folle : La Foire Aux Questions
En relation avec l’exposition “En période de vaches folles”
Sous la responsabilité de Science Actualités
Mise à jour : 31 mai 2001
Ce document se propose de passer en revue divers sujets liés à l'E.S.B. et aux conséquences de cette
maladie des bovins pour la santé publique humaine. Il est présenté sous la forme de réponses à 85
questions, regroupées selon dix thèmes :
En dix thèmes
1. L'E.S.B., maladie de la "vache folle"
2. L'E.S.B. à travers le monde
3. Les tests de dépistage de l'E.S.B.
4. Les voies de transmission
5. Les farines animales
6. La nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob
7. Les mesures de protection de la santé publique
8. Les prions
9. Le mouton et les autres espèces animales
10. Les enseignements (provisoires) de la crise
Dans cette version intégrale, les réponses aux questions posées ont été développées pour constituer
une base solide et fiable d’information.
Les termes écrits en caractères gras concernent des sujets qui renvoient à d'autres questions.
Conseil scientifique : Dominique Dormont
Rédaction : Philippe Dorison
Rédaction en chef : Alain Labouze
Pour approfondir : l’exposition “En période de vaches folles”
Le site Internet de la Cité des Sciences : www.cite-sciences/travail
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Cité des Sciences et de l'Industrie.
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1. L'E.S.B., maladie de la "vache folle"
Qu'est-ce que c'est ?
Ces initiales désignent l'Encéphalopathie Spongiforme Bovine, une maladie à évolution lente dont
les symptômes peuvent se développer sur une riode allant de quelques semaines à plusieurs mois.
Elle s'attaque au système nerveux central des bovins et leur est toujours fatale. Dans certaines
parties du cerveau des animaux atteints, on repère des trous, ou spongioses, qui tirent leur nom de la
ressemblance des tissus malades avec une éponge. Cette maladie appartient à la famille des
E.S.S.T. (Encéphalopathies Subaiguës Spongiformes Transmissibles), tout comme la tremblante
du mouton, apparue au milieu du 18ème siècle.
Comment reconnaître l'E.S.B. ?
Le diagnostic clinique établi par les vétérinaires tient compte de nombreux symptômes possibles,
notamment une certaine anxiété ou agressivité de l'animal, et souvent une sensibilité exacerbée aux
stimulations lumineuses et sonores. Des troubles locomoteurs peuvent aussi apparaître, comme par
exemple l'hypermétrie, l'animal ayant tendance à faire de très grands pas, ou encore à "marcher
comme un cheval". Mais dans certains cas, les symptômes peuvent régresser voire disparaître dans
la phase finale de la maladie. De manière générale, le diagnostic clinique de l'E.S.B. est difficile car
les symptômes et surtout leur enchaînement peuvent varier notablement d'un animal à l'autre. Pour
expliquer cette variabilité, on peut supposer que l'ordre dans lequel les zones cérébrales sont
touchées n'est pas toujours le même, mais ce n'est qu'une hypothèse.
Quoi qu'il en soit, le diagnostic formel ne peut être établi qu'après la mort de l'animal, par
observation de prélèvements réalisés dans le cerveau. La maladie apparaît en moyenne cinq ans
après l’infection, et la mort survient en quelques semaines.
Quelle est l'origine de l'E.S.B. ?
Il n'y a pas de certitude. Une hypothèse est que la tremblante du mouton aurait traversé la barrière
des espèces pour se transmettre aux bovins. C'est la théorie qui a été la plus largement retenue à la
fin des années 80, mais elle n'est pas prouvée. Une autre hypothèse est que l'E.S.B. aurait toujours
existé de façon sporadique et très rare, et qu'elle aurait dégénéré en épizootie par recyclage des
cadavres infectés (ou même d'une seule carcasse !) à travers les farines animales. En effet, des cas
ponctuels de maladies pouvant évoquer l'E.S.B. avaient déjà été observés dans le passé, notamment
un en Haute-Garonne qui avait donné lieu à une publication dans une revue vétérinaire en 1883.
Comment est-elle devenue une épizootie ?
Par l'utilisation des farines de viandes et d'os. Que l'origine vienne d'un mouton ou d'une vache ne
fait à ce sujet pas de différence. Le changement de mode de production de ces farines en Angleterre,
en 1980, a certainement joué un rôle dans ce processus. Conçu pour baisser les coûts de production
et améliorer la qualité des protéines produites, le nouveau procédé s'est accompagné d'un
abaissement des températures de traitement qui aurait permis à l'agent infectieux de se développer
plus largement. Mais en 1999, les conclusions du rapport Phillips laissaient entendre que même
sans ce changement de méthode de fabrication, la maladie aurait pu se diffuser.
Une autre cause importante de l'explosion de cette maladie tient dans le principe même de la
fabrication industrielle des farines animales, qui font intervenir un mélange à grande échelle, aussi
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appelé "poolage". C'est ainsi qu'une petite quantité de matière infectieuse parvient à se disséminer
dans de grands volumes.
Ces techniques de "poolage" avaient déjà été mises en cause lors des affaires du sang contaminé et
de l'hormone de croissance.
Comment s'est produite la contamination en France ?
Elle a eu lieu en deux temps.
Les premiers animaux français infectés avaient été très probablement contaminés par des farines
anglaises, ce qui correspond aux tout premiers cas apparus, entre 91 et 95. Cette contamination
aurait dû s'arrêter aux animaux nés fin 89, lorsque l'importation de farines anglaises a été interdite.
Mais on peut supposer que des importations illicites ont continué, prolongeant ainsi cette première
vague.
Ensuite, il est fort probable que les cadavres d'animaux français malades d'E.S.B. aient été recyclés
dans la fabrication de farines françaises, provoquant la deuxième vague de la maladie en France,
d'autant qu'à cette époque les matières à risque spécifié n'étaient pas retirées du circuit de
fabrication des farines.
Dans la première moitié des années 90, l'E.S.B. apparaissait comme un problème purement anglais,
qui ne touchait la France que de façon anecdotique. Malgré la création dès 1990 d'un réseau de
surveillance passive par les vétérinaires sanitaires, la maladie était en général peu connue et on ne
la prenait peut-être pas suffisamment au sérieux.
Des animaux malades ont donc pu passer inaperçus et participer à l'expansion de l'épizootie.
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2. L'E.S.B. à travers le monde
Quelle est son étendue en France ?
Les graphiques montrent qu'elle est en phase d'expansion et son maximum n'a peut-être pas encore
été atteint. En mai 2001, on recense 315 cas en tout, dont 74 ont été détectés par des tests réalisés
avant l'apparition des signes cliniques, et 19 par les tests systématiques sur les bovins de plus de 30
mois.
Toutefois, il est possible que certains cas soient passés inaperçus, surtout dans la première moitié
des années 90.
Quelle est l'étendue de l'E.S.B. en Europe ?
Le pays le plus touché est évidemment le Royaume-Uni qui, avec plus de 180 000 cas depuis 1985
recense plus de 99% des bovins atteints en Europe. La plupart des autres pays européens sont aussi
atteints, notamment la France, l’Irlande, la Suisse et le Portugal. Jusqu'à la fin de l'an 2000, les deux
seuls pays à avoir lancé des campagnes de dépistage actif par des tests rapides étaient la Suisse et la
France, ce qui a tendance à augmenter le nombre des cas qui y ont été repérés.
Mais début 2001, les tests se sont élargis à l'ensemble de l'Europe et on a vu apparaître des cas en
Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne et Italie. Il faudra donc un certain temps avant de savoir
quelle est l'incidence réelle de la maladie sur l'ensemble de l'Europe.
Seul l'extrême Nord de l'Europe (Suède et Norvège) semble épargné mais ici encore, rien ne peut
être affirmé avant de plus amples études.
Quelle est l'étendue de l'E.S.B. dans le monde ?
A priori, cette maladie semble pour le moment circonscrite à l'Europe, mais il serait imprudent de
l'affirmer avec certitude. En effet, des exportations de bovins et de farines anglaises, allemandes et
françaises ont eu lieu vers de nombreux pays. Mais aucun pays en dehors de l'Europe ne semble
s'être doté de moyens de surveillance comparables.
Y a-t-il des pays épargnés par l'E.S.B. ?
En Europe, probablement pas. Dans le reste du monde, peut-être certains pays comme la Nouvelle
Zélande... Mais il faut être prudent avant de l'affirmer. Par exemple aux États Unis, des encéphalopathies
sont en train d'apparaître chez des animaux sauvages, semble-t-il en assez grand nombre. En parallèle, les
autorités sanitaires américaines ont fait quelques tests pour prouver qu'il n'y avait pas d'E.S.B. sur leur
territoire. Mais la méthode qu'ils ont appliquée aurait probablement échoué à trouver des cas même en
Angleterre au milieu des années 80 !
Le risque de voir apparaître l'E.S.B. en Amérique du Nord n'est pourtant pas nul. En effet, il existe
de la tremblante aux Etats-Unis et le changement de procédé de fabrication des farines anglaises,
incriminée pour son rôle probable dans l'explosion de l'épizootie provenait d'un brevet américain.
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Pourquoi certains pays chercheraient-ils à cacher des cas d’E.S.B. ?
Il est évident que la présence de l'E.S.B. dans un pays est une très mauvaise nouvelle sur le plan
commercial, surtout pour des pays exportateurs de viande et de sous-produits bovins. Parmi ces
sous-produits, l'un d'entre eux a une importance particulière : le sérum de veau fœtal. Il est très
utilisé dans l'industrie pharmaceutique, notamment pour la préparation des vaccins et les
biotechnologies. L'infection de ce produit en cas de maladie d'une vache n'a pas été prouvée mais, à
titre de précaution, seuls les pays réputés exempts d'E.S.B. sont autorisés à en fournir. Il s'agit
notamment de la Nouvelle Zélande, l'Australie, le Canada et les États-Unis.
3. Les tests de dépistage de l'E.S.B.
Deux campagnes de tests s'appliquent en parallèle aux bovins. Elles ont des points communs mais
aussi des différences.
La campagne de tests lancée en 2000 en France
Dans quel but ?
Avant tout, il s'agit d'une démarche de recherche qui vise à mieux connaître l'ampleur de l'E.S.B. en
France. Elle crée un réseau de surveillance active qui vient compléter le réseau de surveillance
passive déjà en place depuis 1990. Ce réseau passif a pour but de rapporter tous les cas d'E.S.B.
repérés par un diagnostic clinique des symptômes de la maladie. Il s'appuie sur un réseau de
vétérinaires coordonnateurs qui, à raison de un par département, sont nommés pour centraliser et
valider toutes les suspicions émises par leurs confrères lors de leurs visites aux éleveurs.
Quelle cible ?
Ces tests s'appliquent aux bovins de plus de 24 mois dits risque", ce qui recouvre plusieurs cas de
figure :
- les animaux morts à la pâture ou à la ferme, que la cause de cette mort soit identifiée ou non.
- Les animaux euthanasiés ou abattus d'urgence pour cause de blessure ou de maladie.
Ces tests ne sont donc pas pratiqués de façon aléatoire mais dans les populations bovines les plus
susceptibles de présenter des cas d'E.S.B., de façon à en détecter le plus grand nombre possible.
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