-- le protectionnisme peut également être très agressif -- c'est le cas lorsqu'il prend la forme de subventions
aux productions nationales voire même de subventions aux exportations pour combler le manque de productivité
des entreprises nationales. La bataille est très féroce entre les USA et l'Europe sur ce sujet -- les USA accusent
les Européens de verser des subventions trop importantes aux agriculteurs et les Européens accusent les USA
de pratiques équivalentes. Nous détaillerons cette question lorsque nous étudierons le fonctionnement de la
Politique agricole commune.
Le protectionnisme tend aujourd'hui à se régionaliser -- l'Union Européenne apparaît aux yeux de beaucoup
d'observateurs comme un gigantesque instrument de protectionnisme mais à l'intérieur duquel (paradoxalement
?!) la liberté des échanges est assurée.
En bref, le protectionnisme reste très « à la mode » malgré tous les discours prônant le libre-échangisme.
D'une manière générale, il est courant de justifier les pratiques protectionnistes de la manière suivante :
-- tout d'abord, les mesures protectionnistes peuvent améliorer le niveau de l'emploi. À court terme,
l'adoption de mesures protectionnistes peut se traduire par une multiplication de revenus au niveau national
(multiplicateur keynésien) donc se traduire par des créations d'emplois. Cet argument a été, bien entendu, très
critiquée par les économistes du courant monétariste.
-- le protectionnisme aide les industries naissantes ou les secteurs en restructuration à s'appuyer sur le
marché national pour atteindre dans un second temps un niveau de compétitivité suffisamment significatif pour
pouvoir « se placer » sur les marchés à l'export. Adam Smith lui-même n'excluait pas tout recours au
protectionnisme dès lors qu'il s'agissait de protéger des industries dans l'enfance.
-- le protectionnisme peut assurer la sécurité nationale dans la mesure où la trop grande spécialisation d'un
pays dans des productions limitées risque de nuire à son indépendance en cas de conflit.
B. -- le libre-échange.
Les partisans du libre-échange adressent de nombreuses critiques aux protectionnistes.
Nous avons déjà évoqué dans les chapitres précédents( fondements du commerce international) les théories de
Smith, Ricardo, Hecksher, Ohlin et Samuelson. Nous avions également évoqué les observations paradoxales
relatives à la configuration des échanges internationaux. Le 1er argument en faveur du libre-échange est
donc d'ordre purement théorique. Les théories classiques du commerce international servent encore de
référence même si, depuis les années 80 de nouvelles théories les contredisent quelque peu. Les nouvelles
théories du commerce international tiennent davantage compte de l'exacerbation de la concurrence sur certains
marchés mondiaux et des rivalités entre grandes entreprises, pays ou régions -- d'après ces nouvelles théories, la
nature du commerce international s'explique plus par des logiques d'affrontements que par des logiques
d'avantages comparatifs.
Le deuxième argument consiste à dire que toute mesure protectionniste entraîne de la part des autres pays des
mesures de rétorsion. De ce fait, la réduction des importations risque d'entraîner une chute des exportations
donc un ralentissement global de la croissance.
Les partisans du libre-échange évoquent également le fait que le protectionnisme entraîne une baisse de la
qualité des produits en empêchant une confrontation stimulante avec les entreprises étrangères. Par ailleurs, le
protectionnisme, en évitant aux producteurs nationaux d'aligner leurs prix sur le niveau mondial, est facteur de
hausse des prix.
En bref, pour certains, l'abus de mesures protectionnistes risque de ralentir la croissance et d'accentuer les
phénomènes inflationnistes.
Quelles sont les enseignements que nous pouvons finalement tirer de ce débat ?
Remarquons tout d'abord que les biens de bien-être résultant d'une libéralisation des échanges sont globalement
peu significatifs dans la majeure partie des cas.
Les consommateurs bénéficient-ils réellement d'une augmentation de pouvoir d'achat grâce au développement
du libre-échange ? Cette controverse a opposé en France, Maurice Allais et les économistes de l'OECE. Pour
l'union européenne, le Japon, et les États-Unis, les gains associés au libre-échange sont peu importants -- en
revanche, pour certains pays en voie de développement, le développement du libre-échange est un échec total. Il
est donc loin d'être prouvé que la libéralisation commerciale peut profiter à tous. Certains pays restent
durablement exclus des échanges mondiaux.