Ecole d’infirmière anesthésiste, IFSI Théodore Simon Centre Hospitalier de Montfermeil, 93370 Anesthésie pour coelioscopie Docteur Blot Pierre, Chef de service Service d’anesthésie réanimation, Centre Hospitalier de Montfermeil , 93370 La chirurgie vidéo-assistée, plus communément appelée coeliochirurgie, permet aujourd’hui la réalisation d’une multitude d’interventions chirurgicales de plus en plus complexes sur les organes péritonéaux et retropéritonéaux . Des avantages pour les patients sont classiquement associés à cette voie d’abord, principalement un retentissement respiratoire moins important, une reprise plus rapide du transit digestif et des douleurs postopératoires moins intenses. La plupart de ces avantages supposés n’ont pas été validés par des études prospectives aveugles prenant en compte de gros effectifs. Comme il est peu envisageable que ces études soient un jour conduites, les avantages associés à la coeliochirurgie doivent être considérés comme acquis par l’usage. Du point de vue de l’anesthésiste, si la coeliochirurgie fait partie de la pratique quotidienne, quelques problèmes spécifiques ne doivent pas être méconnus. Historique de la cœlioscopie L'inventeur de la méthode sur le chien était Kelling, de Dresde en 1901, qui l'appela koelioskopie. Le premier à l'appliquer chez l'homme fut Jacobaeus à Stockholm, en 1912; il l'appela laparoscopie. Elle fut largement utilisée par les laparoscopistes digestifs. En 1940, le français Raoul Palmer, réussit à matérialiser les tentatives anciennes d'endoscopie pelvienne d’avant guerre .Il inventa :le Trendelenburg libérant le pelvis des anses intestinales; la sonde intra-utérine (1943) permettant, en relevant l'utérus, de voir clairement et le cul-de-sac de Douglas et les annexes tombant derrière l'utérus.Les progrès technologiques ont dès 1952 permis le traitement des affections gynécologiques. Quels sont les enjeux actuels? Le développement des techniques et des instruments. Souvent les progrès chirurgicaux naissent d'une progression technologique ou d'un concept nouveau comme celui de la cavité abdomino-pelvienne conçue comme le bloc opératoire lui-même. L'inventivité des chirurgiens et des ingénieurs a permis de réaliser des instruments multifonctions automatiques assurant section, hémostase et suture. Le transport des fluides est assuré sans danger au travers des orifices peut-être aussi nombreux mais plus petits. Les énergies sont maîtrisées: certains lasers sont préférés, l'électrochirurgie est correctement utilisée. Et pourquoi ne pas espérer que des systèmes de reconnaissance dus à l'imagerie moderne (échographes, scanner. I.R.M.) puissent aider le chirurgien dans sa démarche opératoire. Statistiques : Les complications doivent être collectionnées rigoureusement Les résultats : Ils ne sont pas dus seulement à la reproduction exacte de ce que l'on faisait autrefois par laparotomie: ce n'est pas uniquement une autre façon de faire la même chose! La coelioscopie nous a appris : la potentialité de cicatrisation du péritoine pelvien, la possibilité de réparation spontanée de certains organes creux comme la trompe, la facilité de gérer certaines hémostases par la pression intrapéritonéale et par l'utilisation d'outils simples comme la coagulation bipolaire ou les clips portés. Les coûts :Ils sont l'objet de l'attention des économistes. Mais, si nous pouvons facilement évaluer les coûts directs (comparer une séquence opératoire en terme de durée. de demande d'instruments jetables et de personnel de la salle d'opération) il est beaucoup plus difficile d'évaluer les coûts indirects de cette même séquence opératoire intégrée dans les périodes de préhospitalisation qui mobilise un personnel différencié. De même le suivi à domicile de cette chirurgie complexe fait intervenir un personnel quelquefois non entraîné comme les médecins généralistes. La réduction du temps d'hospitalisation est évidente, le bénéfice global doit être estimé Physiopathologie Quelles sont les répercussions du pneumopéritoine et de la présence de CO2 et de la position Répercussions du pneumopéritoine Répercussions hémodynamiques du pneumopéritoine Débit cardiaque Dès que la pression intra-abdominale atteint une valeur supérieure à 8-10 mmHg, des modifications hémodynamiques significatives sont observées : - diminution du débit cardiaque de 25 à 35 %, proportionnelle à l'augmentation de la pression intra-abdominale. - une augmentation de la pression artérielle, une augmentation des résistances vasculaires systémiques et des résistances vasculaires pulmonaires Le débit cardiaque dépend du retour veineux, de l'inotropisme cardiaque et de la postcharge. La diminution du débit cardiaque pendant la coelioscopie est multifactorielle. -Diminution de la précharge : Le pneumopéritoine comprime la veine cave inférieure. Le sang s'accumule au niveau des membres inférieurs et le débit dans la VCI diminue. On observe donc une chute parallèle du retour veineux et du débit cardiaque. Paradoxalement, les pressions de remplissage cardiaque (pression auriculaire droite ou capillaire pulmonaire) augmentent au cours de l'insufflation péritonéale. Cette augmentation des pressions de remplissage cardiaque s'explique par une augmentation de la pression intrathoracique secondaire à l'insufflation intra-abdominale. Dès lors, il faut considérer non plus la pression hydrostatique, mais la pression transmurale auriculaire droite ou capillaire pulmonaire comme indicateur du retour veineux. Lors du pneumopéritoine, ces pressions transmurales diminuent. L'augmentation de la pression intrathoracique explique aussi l'augmentation des résistances vasculaires pulmonaires. -Augmentation de la postcharge : Dès le début de l'insufflation péritonéale, on observe une augmentation importante des résistances vasculaires systémiques. Par la suite les résistances vasculaires systémiques diminuent mais leurs valeurs restent plus élevées qu'en préopératoire. L'augmentation des résistances vasculaires systémiques constitue une cause plus qu'une conséquence de la chute du débit. En effet, la vasodilatation induite par l'isoflurane améliore le débit cardiaque, alors que la précharge n'est pas modifiée. Le myocarde sain tolère aisément un accroissement de la postcharge dans des conditions normales. Lorsqu'il est placé dans les conditions particulières du pneumopéritoine et de l'anesthésie générale, il semble devenir plus sensible aux modifications de postcharge et réagir un peu à la façon d'un coeur décompensé. L'augmentation des résistances vasculaires systémiques explique également l'à-coup hypertensif contemporain de la diminution du débit cardiaque. 1 Cependant, ces facteurs mécaniques ne sont pas les seuls responsables de l'augmentation des résistances vasculaires périphériques. En effet, les RVS restent élevées quelque temps après l'exsufflation. La libération de facteurs humoraux est dès lors probable. Les catécholamines, les prostaglandines, le système rénine-angiotensine et tout particulièrement la vasopressine, ont été évoquées comme médiateurs potentiels. Tolérance des répercussions hémodynamiques La réalité d’un retentissement circulatoire menaçant du pneumopéritoine est remise en cause aujourd’hui. Dans les rares cas où elles sont considérées comme préoccupantes, ces modifications circulatoires sont contrôlables par une expansion volémique modérée et un approfondissement de l’anesthésie générale. La chute de la précharge et l'augmentation de la postcharge secondaires à l'insufflation péritonéale peuvent induire des effets néfastes chez des patients présentant une fonction cardiaque altérée, une anémie ou une hypovolémie. En effet, la PaCO2 et le gradient entre la PaCO2 On sait maintenant que les conséquences hémodynamiques de l’insufflation péritonéale dépendent étroitement du niveau de remplissage vasculaire. En cas d’hypovolémie, la diminution du retour veineux est majeure, d’où une chute très importante du débit cardiaque. Ces hypovolémies peuvent se rencontrer dans un contexte d’urgence (laparoscopie exploratrice sur traumatisme abdominal, traumatisme splénique, grossesse extra-utérine...) ou après préparation colique. Par ailleurs, en cas d’hypovolémie, le risque d’embolie gazeuse est majoré. Les débits sanguins hépatique, rénal et splanchnique Ils diminuent de 20 à 50 %. Pourtant, la défaillance rénale, hépatique ou l’ischémie mésentérique n’apparaissent pas. Il est prudent de limiter la baisse de la volémie et de la pression artérielle systémique chez les patients dont le bilan préopératoire a révélé la dysfonction d’un de ces viscères. Une expansion volémique modérée le permet le plus souvent. La perfusion des organes intra-abdominaux semble particulièrement sensible à l'augmentation de la pression intra-abdominale mais sans conséquence. Répercussions respiratoires du pneumopéritoine L’espace mort Il y a augmentation minime de l'espace mort alvéolaire. Une ventilation mécanique efficace peut être conduite sans difficulté sur un poumon sain, même si la pression d’insufflation trachéale s’élève alors de 10 mmHg environ. Ventilation alvéolaire Sous AG en ventilation spontanée, du fait de la profonde dépression ventilatoire induite par les agents anesthésiques, et des charges mécaniques la commande ventilatoire ne s'adapte plus et la ventilation alvéolaire chute. Les hypercapnies sont donc parfois majeures, notamment en position de Trendelenburg et chez l’obèse. Le gradient alvéolo-artériel de C02 est augmenté. La surveillance de la PETCO, sous-estime la valeur réelle de PaCO, d'une valeur moyenne de 5 à 10 mmHg pouvant dépasser ces valeurs chez l'obèse ou l'insuffisant respiratoire chronique. Ceci doit être pris en compte pour adapter la ventilation mécanique. II est pourtant exceptionnel que l'augmentation de la ventilation mécanique, parfois à des valeurs importantes, ne parvienne pas à maîtriser l'hypercapnie observée lors de l'insufflation Oxygénation Elle est peu modifiée ,quelque soit la technique anesthésique chez le sujet normal. Les rares difficultés d'oxygénation ont été observées chez des patients obèses ou insuffisants respiratoires. Avant d'attribuer une hypoxémie à la laparoscopie, les autres causes d'hypoxémie pouvant survenir au cours de toute anesthésie devront être recherchées ( intubation séléctive). Lorsque I'hypoxémie est liée à la laparoscopie, elle est généralement induite par un shunt intra pulmonaire dû à la compression d'un territoire pulmonaire par la masse abdominale. Ceci s'observe plus généralement chez les patients obèses en position de Trendelenburg. Certains proposent dans ces situations une suspension de la paroi abdominale pour éviter que son poids constitue un obstacle à l'expansion inspiratoire. Par ailleurs des cas d'embolie gazeuse ont été rapportés. Le syndrome restrictif postopératoire Il est aussi fréquent dans les suites de la coeliochirurgie que de la laparotomie. En revanche, il semble moins important et de plus courte durée qu’après une laparotomie. Il est d’autant plus important que la chirurgie a été proche de la région sus-mésocolique comme après les laparotomies. Il existe donc une dysfonction diaphragmatique postopératoire. Néanmoins il est possible que la coeliochirurgie apporte un bénéfice aux insuffisants respiratoires chroniques, à cet égard. Si en peropératoire le retentissement de la laparoscopie est clairement plus important que celui d'une chirurgie identique à ventre ouvert, en postopératoire, l'un des avantages bien démontré est la diminution de la douleur postopératoire. Sur le plan respiratoire, la question de l'incidence des complications pulmonaires postopératoires après laparoscopie par rapport à la laparotomie mérite d'être soulevée. Il apparaît une nette tendance en faveur d'une moindre incidence de pneumopathies postopératoires après laparoscopie. Il y a des modifications de la mécanique thoraco-pulmonaire avec diminution de 20 % de la Capacité résiduelle fonctionnelle et une baisse de la compliance thoracopulmonaire Effets physiopathologiques du Co2 La première question que l'on est en droit de se poser, au moment de l'insufflation de CO2 dans la cavité péritonéale, n'est pas de savoir pourquoi il y a une hypercapnie, mais bien pourquoi celle-ci n'est pas plus importante. En effet, si l'on tient compte de la diffusibilité de ce gaz et des propriétés de réabsorption de la séreuse péritonéale, il devrait en toute logique y avoir des hypercapnies bien supérieures. A partir de la 20ème minute après le début de l'insufflation, la PETCO2 se stabilisent, traduisant l'installation d'un équilibre entre le CO2 insufflé et l'élimination pulmonaire. On peut donc considérer que la pression intra-abdominale, du fait de la compression de la circulation capillaire au niveau du péritoine, constitue un obstacle à la réabsorption du CO2. C’est pourquoi,parfois il y a une augmentation transitoire de la PETCO2 à l’exsufflation. L’augmentation de 15 à 25 % de la ventilation/minute (en pratique de la fréquence de la ventilation mécanique) permet alors de ramener la Pet CO2 à son niveau de départ. Une élévation ultérieure de la PetCO2 pourra résulter quelques fois d’un trouble ventilatoire, mais le plus souvent d’une fuite extrapéritonéale de CO2 permettant l’absorption systémique de ce gaz. Le passage extrapéritonéal du CO2 : La diffusion du CO2 dans les espaces extrapéritonéaux peut s'accompagner d'une élévation importante et parfois rapide de la concentration artérielle en CO2. Il se produit le plus souvent autour des orifices non étanches d’introduction des trocarts chirurgicaux. IL est souvent associé à un emphysème sous-cutané. Le CO2 peut également passer dans la plèvre et/ou dans le médiastin du fait de la reperméabilisation de communications péritonéopleurales ou péritonéomédiastinales embryonnaires, de l’incontinence de l’orifice hiatal, ou de la blessure chirurgicale du diaphragme ou de la plèvre cliché thoracique. 2 Les répercussions physiopathologiques d'une élévation de capnie sont extrêmement nombreuses et complexes. Les anesthésistes sont assez tolérants face à une hypercapnie. Néanmoins, il faut se rappeler que si elle survient brutalement avant toute adaptation physiologique, elle entraîne une acidose respiratoire. Toute élévation de 10 mm Hg de la PaCO2 provoque une chute de 0.1 unité pH. Effets de l'hypercapnie sur le système cardio-vasculaire Elle entraîne, chez un sujet normal, une hypertension, une augmentation de la fréquence cardiaque et de la force contractile du myocarde, ainsi qu'une augmentation du débit cardiaque. En fait, ces modifications hémodynamiques sont la résultante de deux phénomènes antagonistes : Un effet direct, vasodilatateur, cardiodépresseur et bradycardisant dont le mécanisme est relativement mal connu et qui est probablement lié à la diminution du pH intercellulaire. Un effet indirect stimulant le système sympathique, entraînant une vasoconstriction et une augmentation du rythme et de la force contractile du myocarde. L'exagération de l'acidose entraînée par l'élévation de PaCO, aboutit à une diminution de sensibilité des récepteurs β-adrénergiques: l'effet dépresseur myocardique devient alors prédominant. CO2 et arythmies Au début des années 70, une incidence élevée de troubles du rythme cardiaque était rapportée au cours d'anesthésies à l'halothane en respiration spontanée.A ce moment, l'attention s'est portée sur l'hypercapnie qui se développe au cours du pneumopéritoine puisque l'hypercapnie est arythmogène en présence d'halothane. Dès lors, la ventilation contrôlée associée à un certain degré d'hyperventilation a été recommandée pour la coelioscopie Cette responsabilité de l'hypercapnie est mise en doute. En effet, les arythmies ne sont pas corrélées avec la PaCO2 puisqu'elles apparaissent en général rapidement après le début de l'insufflation, alors qu'une hypercapnie importante est peu vraisemblable à ce moment. Une stimulation vagale réflexe peut s'installer lors d'un étirement trop soudain du péritoine : une bradycardie, des troubles du rythme. L'électrocoagulation des trompes de Fallope est une manoeuvre réflexogène qui peut induire également ces manifestations . L'hypertonie vagale peut être facilitée en cas d'anesthésie trop superficielle ou de traitement par beta-bloquants. Ces troubles du rythme sont facilement réversibles. Le traitement consiste en l'interruption de l'insufflation, l'administration d'atropine et l'approfondissement du plan d'anesthésie après récupération d'un rythme cardiaque normal. Les troubles du rythme cardiaque apparaissent surtout au début de l'insufflation, lorsque les modifications hémodynamiques sont les plus importantes. Dès lors, certaines de ces arythmies peuvent refléter une mauvaise tolérance de ces modifications hémodynamiques. Effets de l'hypercapnie sur l'appareil respiratoire Elle stimule les centres respiratoires essentiellement par diminution du pH du liquide céphalo-rachidien. Contrairement aux autres circulations, I'acidose a un effet vasoconstricteur pulmonaire. Cette vasoconstriction est très augmentée par la vasoconstriction pulmonaire hypoxique. Le CO2 a un effet bronchodilatateur direct alors qu'une élévation de capnie s'accompagne d'une stimulation parasympathique d'origine centrale, aboutissant à une bronchoconstriction. Enfin, les hypercapnies aiguës s'accompagnent d'une hypersécrétion bronchique. Une élévation importante de la capnie peut s'accompagner d'un phénomène d'hypoxie de dilution au niveau alvéolaire : en effet, le gaz carbonique, très diffusible passe rapidement des capillaires pulmonaires dans les alvéoles. Enfin, l'hypercapnie et l'acidose déplacent la courbe de dissociation de l'oxyhémoglobine vers la droite. Effets de l'hypercapnie sur le système nerveux central Il a des effets sédatifs lorsque la PaCO2 atteint 150 mmHg. Au-delà, apparaît une excitabilité avec des crises convulsives. Chez l'insuffisant respiratoire, le niveau de PaCO2 qui entraîne une sédation est beaucoup plus bas, aux alentours de 90-120 mm Hg, En fait, l'effet du CO2 semble une fois de plus lié à la diminution du pH intracellulaire. Il existe en effet une corrélation entre l'effet narcotique et la chute du pH du LCR. Effets de l'hypercapnie sur le rein Le débit sanguin rénal et la filtration glomérulaire sont peu modifiés pour de faibles augmentation. A des niveaux plus élevés (60 mmHg). il existe une constriction de l'artère afférente du glomérule qui peut évoluer vers une anurie. Effets de l'hypercapnie sur le foetus Le placenta est extrêmement perméable au gaz carbonique et l'acidose maternelle s'accompagne d'une acidose foetale en quelques minutes. L'hypercapnie augmente le débit sanguin utérin. Modifications induites par la position du patient La position de Trendelenburg Elle augmente la PVC et le débit cardiaque chez le patient normotendu. Suite à la stimulation des barorécepteurs, on observe une vaso-dilatation et une bradycardie réflexes. Lorsque le Trendelenburg ne dépasse pas 15°, le volume de sang déplacé vers le compartiment central reste faible et insuffisant pour induire des modifications hémodynamiques significatives en dehors de tout contexte chirurgical. Chez les patients coronariens dont la fraction d'éjection est diminuée l'augmentation de la pression et des volumes sanguins intrathoraciques est plus importante et peut avoir des conséquences dangereuses . Il perturbe également la circulation cérébrale et doit, donc, être proscrite en cas d'hypertension intracrânienne. Enfin tandis que la pression intrathoracique augmente dans cette position, la pression transmurale diminue au niveau des viscères pelviens. En conséquence, le saignement diminue, mais le risque d'embolie gazeuse augmente. La position proclive Elle diminue le retour veineux et secondairement le débit cardiaque et la pression artérielle moyenne. Elle accentue les modifications hémodynamiques induites par le pneumopéritoine et favorise la stase sanguine au niveau des membres inférieurs qui sera encore accentuée par la position gynécologique. Conclusion Retentissement global hémodynamique Les modifications hémodynamiques sont bien tolérées par les individus sains. Diminution du débit cardiaque, Augmentation de la pression artérielle. Augmentation des résistances vasculaires systémiques et pulmonaires, du à des facteurs mécaniques (compression des vaisseaux intra-abdominaux) mais aussi humoraux (vasopressine principalement). La libération de médiateurs explique que les résistances vasculaires systémiques restent élévées après l'exsufflation. 3 La chute du débit cardiaque est due à une diminution de la précharge secondaire à l'augmentation de la pression intra-abdominale et à l'augmentation des résistances vasculaires systémiques. La stase veineuse favorise la constitution de thrombus intravasculaires et expose au risque d'embolie pulmonaire. Les mêmes mesures de thromboprophylaxie doivent, dès lors, être prises pour une coelioscopie ou une laparotomie Retentissement global respiratoire L’ acidose respiratoire a comme mécanismes : - la dépression ventilatoire secondaire à l'anesthésie générale et au travail respiratoire augmenté lors de l'insufflation intrapéritonéale chez des patients ventilant spontanément. - modification des échanges gazeux entraînés par les changements de position - l'augmentation de la pression abdominale - la diffusion du CO2 à partir de la cavité péritonéale. La laparoscopie entraîne un retentissement respiratoire peropératoire plus important que la chirurgie à ventre ouvert. En revanche, l'incidence des pneumopathies postopératoires et la dysfonction respiratoire postopératoire semblent moindres après laparoscopie qu'après laparotomie. Ces données posent dans ces conditions le problème des indications de cette technique chirurgicale chez les patients les plus à risque de développer des complications respiratoires postopératoires. à savoir les patients ayant une bronchopathie chronique obstructive et les obèses. Sélection des Patients La simplicité des suites de la coeliochirurgie (douleur moindre, complications respiratoires moins sévères. hospitalisation plus courte) a été un argument décisif pour en élargir les indications y compris chez des patients ayant une pathologie associée. Les complications qui peuvent survenir sont à mettre en balance avec les avantages de la méthode dans l'évaluation du rapport bénéfice risque II est très difficile d'apporter des conclusions formelles sur la sélection des patients Les Cardiaques Insuffisance cardiaque :L'effet le plus net de l'insufflation de l'abdomen est une altération du retour veineux. Le système capacitif est en effet très sensible à une augmentation de la résistance à l'écoulement sanguin, responsable d'une réduction du débit cardiaque d'autant plus marquée que la pression d'insufflation est élevée. Sans conséquence majeure chez le patient à coeur sain et non hypovolémique, cette modification du retour veineux peut être problématique quand il existe une altération de la fonction diastolique du ventricule gauche ou du ventricule droit. Dans cette situation, le remplissage du coeur en diastole est très dépendant d'une variation du retour veineux. Sont concernés, les patients ayant une cardiopathie hypertrophique dont les exemples les plus fréquents sont la cardiopathie hypertensive, le rétrécissement aortique et la cardiomyopathie obstructive. D'autres cadres pathologiques au cours desquels une baisse de la précharge a un effet majeur sur le débit cardiaque comme le rétrécissement mitral serré doivent être inclus dans ces situations à risque. L'autre conséquence circulatoire principale de l'insufflation est une augmentation des résistances systémiques dont le mécanisme n'est pas univoque. Il n'y a pas de données précises permettant d'apprécier le retentissement de ce phénomène quand la réactivité du secteur résistif est exacerbée comme au cours de l'hypertension artérielle ou quand une élévation de la postcharge peut être délétère (insuffisance coronaire évoluée, insuffisance cardiaque congestive, valvulopathie évoluée).Les sujets valvulaires sont particulièrement sensible à toute diminution de précharge, comme le rétrécissement mitral Bien entendu, toutes ces conséquences potentiellement néfastes dépendent sans doute de l'importance de la pression d'insufflation et de la gravité de la pathologie cardio-vasculaire en cause. Par ailleurs, la position du patient a une influence déterminante en aggravant (proclive) ou en corrigeant plus ou moins les altérations du retour veineux (Trendelenburg). Il est donc impératif d’optimiser le remplissage vasculaire dans ces circonstances, notamment chez les patients âgés par ailleurs souvent déshydratés (traitement diurétiques, préparation colique préopératoire...). On préconise également une insufflation progressive lors de la réalisation du pneumopéritoine, avec une pression inférieure à 12 mmHg et un léger déclive. Il est important de bien connaître les réserves myocardiques du patient, particulièrement la contractilité myocardique et la fraction d’ejection Coronarien : L’augmentation des résistances vasculaires systémiques et de la demande en oxygène myocardique au cours du pneumopéritoine peut être à l’origine d’une mauvaise tolérance circulatoire chez les patients aux antécédents coronariens. Ce risque doit être cerné en préopératoire où on apprécie les réserves cardiaques, notamment la contractilité myocardique et la fraction d’éjection. C’est à partir des données de ce bilan que l’on pourra décider de l’intérêt ou non d’un monitorage spécifique en peropératoire. Un réveil progressif après réchauffement et normalisation de la capnie diminue le risque d’ischémie myocardique. Pathologie respiratoire L’augmentation des pressions dans les voies aériennes peut avoir des conséquences néfastes en cas de bronchopneumopathie chronique obstructive. Néanmoins, par comparaison à une laparotomie, le bénéfice postopératoire en terme de fonction ventilatoire est tel dans la chirurgie sus-mésocolique que cette modalité opératoire semble rester préférable. Pour régler les paramètres de ventilation contrôlée, on est confronté à des exigences contradictoires: les pressions d’insufflation doivent être les plus basses possibles mais la ventilation doit être suffisamment efficace pour maintenir une capnie proche des valeurs préopératoires. Il est parfois difficile de trouver un bon compromis, en raison des perturbations de la mécanique ventilatoire accompagnant la maladie sous-jacente, notamment s’il existe des bulles d’emphysème. Il faut cependant noter qu’à l’heure actuelle, aucune donnée de la littérature n’a fait état d’un «barotraumatisme» au cours de la chirurgie laparoscopique. Les complications respiratoires après chirurgie laparoscopique semblent considérablement diminuées par rapport à la chirurgie classique. Il y a une beaucoup plus grande rapidité de récupération de la fonction respiratoire dans la période postopératoire. Il semblerait qu'en 72 heures les paramètres spirométriques soient normalisés contre 8-10 jours après laparotomie. Cette rapidité de récupération est cependant beaucoup moins nette chez le sujet âgé et l’insuffisant respiratoire avec risques d’atélectasies La discussion d'un geste laparoscopique chez un insuffisant respiratoire doit donc faire particulièrement peser les importants avantages de la période postopératoire par rapport au risque encouru en peropératoire. Les patients porteurs d'une insuffisance respiratoire restrictive et en I'absence d'élévation importante des pressions à l'intérieur des voies respiratoires bénéficieront grandement de ces techniques. En cas d'emphysème bulleux et de broncho-pneumopathie chronique très obstructive,il faut discuter l'opportunité d'une ventilation contrôlée, de réduire au maximum les pressions d'insufflation intrapéritonéale (suspension pariétale, curarisation. modification des rapports 1/E. chirurgien entraîné... ). limiter le temps opératoire. surveiller de très près les pressions d'insufflation du respirateur. Toute complication ventilatoire brutale (pneumothorax) nécessitera l'exsufflation et l'arrêt du geste chirurgical. Le réveil sera calme minimisant autant que possible les facteurs d'augmentation de la consommation d'oxygène que sont 4 l'agitation et les frissons. L'anesthésie sera prolongée jusqu'à récupération d'une capnie acceptable (en fonction des valeurs préopératoires) et l'extubation réalisée avant toute manifestation irritative. Hypertension intracrânienne L’insufflation du pneumopéritoine et la position de Trendelenburg vont contribuer a augmenter la pression intracrânienne. Chez les patients porteurs d'une hypertension intracrânienne importante et aiguë (traumatique. tumorale. hydrocéphalie...) le geste laparoscopique sera donc contre-indiqué. La présence d’une dérivation ventriculo-péritonéale. à condition que le système de dérivation soit récent (postérieur à 1987) n’est pas une contre-indication Glaucome L’augmentation de la pression intrapéritonéale élève proportionnellement la pression intra-oculaire. En cas de glaucome, sous anesthésie générale, jusqu’à des pressions intrapéritonéales de 15 mm Hg, cette pression intra-oculaire reste inférieure à celle mesurée chez le patient éveillé. Dérivation ventriculo-péritonéale Ces shunts sont une contre-indication à discuter. Obésité Plusieurs interventions spécifiques à l’obèse sont réalisées par voie laparoscopique (gastroplasties, anneau gastrique). Malgré les conséquences respiratoires de l’obésité, le patient obèse semble supporter relativement bien l’insufflation du pneumopéritoine. Il y a une diminution de 31 % de la compliance respiratoire et une augmentation de 17 % à 32 % des pressions de pic et de plateau des voies respiratoires, pour un volume courant constant. Il apparaît une hypercapnie mais pas de modification de l’oxygénation. Les compliances pulmonaires et les pressions d’insufflation se normalisent après l’exsufflation du pneumopéritoine et la tolérance semble excellente. La position proclive paraît particulièrement bien tolérée chez l’obèse. Cependant, la ventilation peropératoire du patient obèse, peut imposer, d’autant qu’il existe un pneumopéritoine, un » recrutement alvéolaire » exigeant des niveau de pression positive de fin d’expiration de l’ordre de 20 mmHg. Les changements de position (Trendelenburg) sont mal tolérés sur ce terrain, que l’hypercapnie peut entraîner des troubles du rythme déjà fréquents chez ce type de patients et qu’une augmentation de la pression intrapéritonéale peut entraîner des instabilités hémodynamiques peropératoires . La pénétration de l'aiguille de Palmer et du trocart à l'intérieur de la cavité péritonéale sera rendu difficile, pouvant nécessiter l'introduction de l'optique sous contrôle de la vue (open laparoscopie). Les risques de diffusion du CO2 dans la paroi sont majorés. Enfin, le poids de la paroi abdominale constitue un élément important dans l'augmentation de pression intra-abdominale et ces patients peuvent grandement bénéficier d'une aide par suspension pariétale. Le grand bénéfice postopératoire que ces patients peuvent retirer d'un geste endoscopique (lever très précoce. diminution du risque thrombo-embolique.reprise d'une alimentation rapide...) sont des arguments très en faveur de l'utilisation de ces techniques en cas d'obésité. Insuffisance rénale L’augmentation de pression intrapéritonéale s’accompagne d’une diminution de la diurèse et de la fonction rénale, mais ces anomalies ne se pérennisent pas et le patient regagne son état de base dès le retour à des pressions intra-abdominales nulles. Cirrhose La cirrhose a longtemps été considérée comme une contre- indication. En fait, même si elle majore le nombre de complications, celles-ci semblent moindres. Grossesse La coelioscopie est l’une des interventions les plus fréquentes au cours de la grossesse. L’insufflation péritonéale pourrait s’accompagner d’une diminution de la Pa02 et du pH chez le foetus et la mère mais, si les pressions d’insufflation restent inférieures à 15 mmHg, il ne semble pas nécessaire d’envisager un monitorage particulier et la chirurgie laparoscopique semble au contraire particulièrement indiquée car le retentissement chirurgical est moindre . En raison de la taille de l’utérus, le geste chirurgical est rendu plus difficile au cours du 3’ trimestre. Au cours du 1 trimestre, période d’organogénèse où les interactions pharmacologiques ou métaboliques sont accrues, la coelioscopie doit être évitée. Il en résulte que la période idéale est plutôt située au cours du 2’ trimestre de la grossesse. Cependant, lorsque l’indication chirurgicale peut être différée, il reste légitime de réaliser tout acte opératoire après la grossesse. Les recommandations en cas de coelioscopie chez les femmes enceinte sont les suivantes : - L'opération doit être réalisée au cours du deuxième trimestre dans l'idéal avant la 23e semaine, pour minimiser le risque d'accouchement prématuré et permettre un espace de travail intra-abdominal adéquat. - Les tocolytiques peuvent interrompre des contractions, mais leur administration prophylactique systématique reste controversée. - une coelioscopie « open » est conseillée pour éviter le risque de traumatisme de l'utérus. Hypovolémie En cas d’hypovolémie, la baisse du retour veineux retentit sur le débit cardiaque avec chute jusqu’à 50 % contre 17 %. L’hypovolémie augmente le risque d’embolie gazeuse. Une coeliochirurgie pour grossesse extra-utérine rompue ne peut donc s'envisager qu'après restauration de la volémie de la patiente. Contre indications Ils sont les mêmes que pour les laparotomies, essentiellement l’insuffisance coronarienne instable, l’insuffisance rénale, et les cardiopathies avec bas débit cardiaque. Aucune donnée de la littérature ne permet de définir des critères circulatoires d’exclusion de la coeliochirurgie. Indications de la coeliochirurgie Cholécystectomie «gold standard» et s'est banalisée dans le monde entier. Ses indications se sont étendues à tous les cas de lithiase vésiculaire, compliquées ou non, et quel que soit le terrain. Cependant, comme pour toute intervention coelioscopique le malade doit être prévenu qu'une conversion en laparotomie peut être nécessaire et doit être adaptée car c'est le « parachute » de la coeliochirurgie. L'abord de la voie biliaire principale est possible mais avec risque d’anesthésies multiples chez des patienst fragiles (sphinctérotomie endoscopique) Mais une enquête de l’assurance maladie de l’Ile de France en 2003 montre que sur 18000 cholécystectomies 8 % sont en désaccord avec les recommandations ( 4 % en Hôpital , 12 % voire plus en clinique ). En sachant que 9 % de ces interventions ont une complication ! Appendicectomie Le traitement de l'appendicite aiguë par coelioscopie ne fait pas l'objet d'un consensus mais il s'agit de la seule pathologie avec la lithiase vésiculaire à avoir donner lieu à des études.Les résultats de ces études sont concordant sur deux points : l'augmentation de la durée opératoire en coelioscopie, et diminution des douleurs postopératoires. En revanche les conclusions sont discordantes sur la morbidité, la durée d'hospitalisation, l'interruption de l'activité professionnelle qui sont soit équivalentes soit légèrement moindres en chirurgie coelioscopique. Enfin, l'hypothétique bénéfice qui résulterait d'une diminution des adhérences postopératoires n'a jamais été 5 établi. Ainsi on peut dire qu'il n'y a pas d'avantage clair à réaliser une appendicectomie par voie coelioscopique pour une appendicite aiguë. Enfin le surcoût engendré par cette nouvelle technique est même difficile à évaluer compte tenu des procédures diverses employées par les auteurs.Aucune réponse n'est apportée sur des indications particulières comme l'appendicectomie chez l'obèse ou le doute diagnostique chez la femme en période d'activité génitale alors que la pratique quotidienne des chirurgiens laisse pressentir un avantage dans ces cas qui constituent peut-être le réel intérêt de la coelioscopie. Vagotomies sont réalisables : il y a un regain d'intérêt pour les vagotomies tronculaires bilatérales. faciles à réaliser par coelioscopie ou thoracoscopie, complétées si besoin, par une dilatation pylorique endoscopique secondaire. Hiatus oesophagien pour cure de reflux avec ou sans hernie hiatale permet de réaliser avec sécurité la plupart.Cette intervention, effectuée à proximité du diaphragme, est potentiellement dangereuse et nécessite une très grande expérience chirurgicale : risque deperforation de l’estomac ou de l’oesophage, qui peut être catastrophique si elle méconnue, se compliquant de péritonite voire de médiastinite. Hernie inguinale ou crurale est largement pratiquée. mais les procédés sont encore multiples et pas tous fiables. Ils font tous appel jusqu'à présent à la mise en place d'une prothèse non résorbable, mais celle-ci peut être placée soit par voie transpéritonéale, qui donne un très bon jour mais nécessite une suture péritonéale, soit par voie prépéritonéale un peu plus longue à réaliser mais évitant d'ouvrir le péritoine. Le CO, insufflé sous pression dissèque les tissus, notamment les tissus sous-cutanés. On retrouve régulièrement à la palpation un emphysème sous-cutané d'importance variable en fin d'intervention, au niveau de la paroi abdominale, voire du scrotum. La surface d'absorption du CO, augmente au fur et à mesure que le CO, sous pression dissèque les tissus extrapéritonéaux. De plus, les capillaires sanguins de ces tissus, moins comprimés par l'emphysème sous-cutané que les capillaires péritonéaux lors du pneumopéritoine, restent perméables. L'insufflation prépéritonéale de CO2 provoque donc une augmentation de la PaCO2, plus rapide et plus importante que l'insufflation intrapéritonéale et, de plus, on ne note pas de plateau. La PaCO2, atteint régulièrement des valeurs supérieures à 50 mmHg. Cette hypercapnie est partiellement contrôlée par l'hvperventilation du patient qui, même jusqu'à des volumes courants de 10-12 l/min, peut s'avérer insuffisante. On peut toutefois tolérer un certain degré d'hvpercapnie. pour autant qu'elle ne soit pas responsable d'hypertension artérielle ou de tachycardie, préjudiciables à certains patients à risque. Dans le cas contraire, l'insufflation devra être momentanément interrompue, puis être reprise après correction de l'hvpercapnie. Cette correction ne doit pas s'installer trop rapidement pour éviter une chute trop importante de la pression artérielle, comme lors du collapsus de ventilation. À la reprise de l'insufflation de CO,, il faut réduire la pression d'insufflation à 12 cm H20, voire 10 cml1,0, afin de limiter l'extension de l'emphysème sous-cutané. Coelioscopie diagnostique Il faut recourir facilement à la coelioscopie exploratrice dans les syndromes abdominaux aigus ou non, ce qui permet de découvrir ou de traiter certaines lésions : diverticule de Meckel. kystes du foie ou du mésentère. etc. Urgence dans les syndromes péritonéaux, occlusifs ou hémorragiques : une péritonite appendiculaire s'opère couramment par coelioscopie, ce qui permet une bonne toilette péritonéale, de même un ulcère duodénal perforé avec un bon lavage péritonéal améliorant l'ancienne méthode non opératoire de Taylor: - une occlusion intestinale nécessite quelques précautions pour créer le pneumo-péritoine qui n'est d'ailleurs pas toujours possible, mais lorsque l'on peut sectionner une bride unique ou libérer une anse incarcérée, le résultat est spectaculaire. Le traitement d'occlusions complexes est par contre plus difficile et dangereux: Antécédents de laparotomie ou de péritonite Ces patients qui constituaient des contre-indications chirurgicales à la réalisation de coelioscopies sont actuellement considérés comme des indications. Néanmoins, le risque majeur d'insufflation ectopique et d'effraction de viscères creux, incite à une surveillance extrêmement rigoureuse en per et en postopératoire. Là aussi les techniques d'open laparoscopy trouvent toute leur justification. Urologie prostatectomie radicale ,surrénalectomie, nephrectomie … Résections coliques La seule particularité de la chirurgie colique réside en fait bien souvent dans sa durée, dépendante du chirurgien et de son expérience. Splenectomies Par ex :purpura thrombopénique idiopathique. Risques liés aux chirurgiens Tout état pathologique susceptible d'être aggravé ou décompensé par la chirurgie laparoscopique ou de potentialiser ses retentissements doit faire examiner le triple rapport risque-bénéfice-adaptation du geste durant l'intervention et pendant les suites postopératoires. Cette réflexion trouve sa place lors de la consultation d'anesthésie qui doit comporter aussi une information loyale du patient. Elle doit se prolonger par une discussion sincère, sans passion ni faiblesse avec l'équipe chirurgicale. L’effort des chirurgiens pour apprendre une nouvelle technique chirurgicale modifiant radicalement leur façon d’opérer est tout à fait louable et respectable, mais la dextérité, la rapidité et l’expérience de l’opérateur revêtent une importance certaine chez un patient «fragile» risquant de ne pas supporter un pneumopéritoine prolongé avec de fortes pressions. Le chirurgien doit pouvoir opérer vite, avec des pressions d’insufflation inférieures à 12 mllg et utiliser au besoin la suspension pariétale, une faible inclinaison du patient; il doit de plus pouvoir reconnaître et traiter rapidement toute complication, voire la prévenir. Enfin, à tout moment, il doit pouvoir convertir sa technique et réaliser l’intervention par laparotomie. Plusieurs problèmes peuvent se poser au cours d'une coelioscopie prolongée, dont l'oligurie, les neuropathies liées à la position Installation de l’opéré En gynécologie et très fréquemment en chirurgie digestive, le patient est installé en décubitus dorsal. Les bras Afin de ménager un accès optimal et une visualisation aisée des écrans à l’opérateur et à ses aides, les deux bras peuvent être positionnés le long du corps, retenus par des champs ou des gouttières en plastique. On pose alors l’abord veineux au membre supérieur gauche, avec le capteur d’oxymétrie. Le brassard à tension est mis en place au bras droit, ce qui évite les artefacts tensionnels dus à l’appui de l’opérateur sur le brassard. Certaines équipes préfèrent garder le bras droit en abduction et il faut alors bien veiller à ne pas dépasser 70°, sous peine d’élongation du plexus brachial. Les jambes L'installation classique en position gynécologique où les cuisses de la patiente gênent l'introduction et la manipulation des instruments sus-pubiens et qui augmente les contraintes hémodynamiques, n'est pas adaptée à cc type de chirurgie. Les jambes sont légèrement écartées pour laisser de la place à une éventuelle aide. Il faut toujours vérifier qu’il n’y a pas de compression en regard du col du péroné. 6 Les fesses sont au bord de la table et donc le patient est souvent « glissé » vers le bas ( attention à la sonde d’intubation) ( intervention gynécologique ou rectale) Pour la réalisation d'hystérectomie, les jambes de la patiente sont demi-fléchies à 45. Quand le procubitus est important, l'utilisation de cale-pieds est nécessaire afin d'éviter le glissement du patient sans utiliser de contention qui peut être préjudiciable évitant les neuropathies par compression au niveau des sangles des membres inférieurs Les épaulières Il faut soigneusement vérifier qu’elles sont positionnées en regard des apophyses coracoïdes évitant toute compression vasculaire et nerveuse sus-claviculaire ou de la base du cou. Elles sont systématiquement mises en place en cas de réalisation d'une position de Trendelenburg Une inclinaison moyenne (10 à 20°) est souvent suffisante et rend le recours aux épaulières superflu. Plusieurs cas de rhabdomyolyses ont été décrits après des laparoscopies notamment chez des patients obèses Monitorage Il est important de respecter,encore plus qu’ailleurs, les conditions élémentaires de sécurité avec la présence permanente d'un médecin anesthésiste prêt à intervenir à la moindre modification des paramètres monitorés qui sont de façon systématique : un tracé électrocardioscopique. une mesure automatisée de la pression artérielle et une oxymétrie de pouls. Compte-tenu de l'insufflation intrapéritonéale de gaz carbonique et du risque potentiel de survenue d'embolie gazeuse le capnographe est indispensable . La surveillance clinique est importante, mais est souvent rendue difficile par la pénombre existant dans la pièce et parfais l'inclinaison importante. Le stéthoscope reste un instrument capital permettant la réauscultation des deux champs pulmonaires après toute modification de position et après insufflation du pneumopéritoine qui peut en refoulant le médiastin vers la région céphalique, occasionner une intubation sélective droite . Monitorage de la fonction cardio-circulatoire La surveillance électrocardioscopique permet de détecter rapidement les troubles du rythme qui peuvent survenir soit sous l'action de l'hypercapnie, soit par traction sur les mésos. L'apparition brutale d'un microvoltage peut traduire un emphysème sous-cutané ou un pneumomédiastin . L'analyse automatisée du segment ST reste encore à valider. En effet, les modifications d'axes entraînées par les changements de position et le pneumopéritoine rendent illusoires tout tracé de réfërence, et l'utilisation d'une coagulation monopolaire parasite le tracé de façon importante. Mesure par voie sanglante de la pression artérielle Elle permet de suivre en temps réel les variations. De plus. l'apparition de variations cycliques avec la ventilation est un excellent témoin des diminutions de précharge permettant soit d'imposer une diminution de la pression d'insufflation intrapéritonéale,soit d'augmenter la position de Trendelenburg quand ceci est possible. La mise en place d'une voie artérielle facilite de plus la mesure des gaz du sang. Mesure de la pression veineuse centrale Cette mesure qui peut renseigner sur les pressions de remplissage du coeur droit est rendue difficile, d'une part par les changements de position qui nécessitent des modifications permanentes du niveau de la cellule, mais surtout par l'augmentation de pression intrathoracique transmise à travers le diaphragme à partir du compartiment péritonéal. Dans I'absolu, il faudrait mesurer de façon concomitante la pression intrathoracique qui est reflétée par la pression oesophagienne et la retrancher à la pression veineuse centrale mesurée. Mesure des pressions droites Les mêmes remarques s’appliquent au cathétérisme droit par sonde de Swan-Ganz Si la fraction d'éjection est inférieure à 40-45 %, certains préconisent un monitorage invasif de la pression artérielle et des pressions artérielles pulmonaires. Sonde doppler Elle peut être placée sur le bord gauche du sternum pour détecter précocement une embolie gazeuse. Monitorage respiratoire Oxymètre : La surveillance est indispensable,d'autant que la pénombre et le port de lunettes en cas d'utilisation du laser empêche toute visualisation de cyanose qui de toute façon est un signe clinique tardif d'hypoxie. Des variations de la saturation d'oxygène ont peu de spécificité au cours de la chirurgie coelioscopique. Une désaturation est un signe retardé de complications qui peuvent survenir, notamment de l'embolie gazeuse. Outre les raisons habituelles de désaturation, au cours de la chirurgie laparoscopique. il faut avoir en mémoire la possibilité de survenue d'un pneumothorax, d'une intubation sélective ou l'apparition d'un effet shunt par une pression intrapéritonéale trop élevée. Capnographie :C’est un élément essentiel de la surveillance. Elle permet d'adapter la ventilation en fonction des contraintes ventilatoires , de diagnostiquer une hypercapnie liée à la réabsorption péritonéale ou à la diffusion extrapéritonéale du CO2 enfin, c'est un élément relativement précoce du diagnostic des embolies gazeuses. La courbe de capnographie est indispensable à l'interprétation des résultats : elle comprend une phase initiale correspondant à l'espace mort anatomique pendant laquelle la concentration en CO, est nulle,sauf en cas de réinhalation, puis une montée et un plateau correspondant à la vidange alvéolaire. La valeur la plus signifiante de ce cycle est la pression partielle de CO2 en fin d'expiration (PETCO,) qui se rapproche le plus de la pression partielle en CO2 dans l'alvéole elle-même, reflet de la PaCO2 Pour analyser les valeurs de PETCO2 il faut toujours avoir présent à l'esprit que ce chiffre est le témoin de la production de gaz carbonique par le métabolisme cellulaire ou de l'absorption de celui-ci à partir de la cavité péritonéale. Ce chiffre dépend aussi du transport du CO2 jusqu'à l'alvéole, de son transfert à travers la membrane alvéolaire et enfin de son élimination à travers l'arbre trachéo-bronchique et la sonde d'intubation. La production de gaz carbonique diminue dans des circonstances classiques : hypothermie, diminution du tonus musculaire (curarisation), anesthésie profonde. Elle augmente lors d'activités musculaires (convulsions...), d'injection de bicarbonate, d'acidose, ;de lâchée de garrot,d'hyperthermie maligne. Au cours de la coelioscopie, l'insufflation intrapéritonéale de CO2 s'accompagne en quelques dizaines de minutes d'une élévation de la PETCO, qui se stabilise rapidement en plateau. Une élévation rapide de quelques millimètres de mercure revenant à quelques minutes aux chiffres de base peut être le témoin de micro-embolies gazeuses de CO2 Une élévation plus progressive et durable dans le temps traduit une diffusion extra-péritonéale du CO2 (pré-péritonéale. souscutanée. rétropéritonéale. médiastinale...). Cet accroissement dure au-delà de l'exsufflation du pneumopéritoine plusieurs heures après le geste laparoscopique 7 Une baisse rapide de PETCO2 peut provenir d'une chute du débit cardiaque ou d'une diminution du retour veineux mais aussi d'une oblitération artérielle pulmonaire, c'est le cas des embolies gazeuses massives qui se traduisent par une chute de PeTCO2 proportionnelle en importance et en durée au volume de CO2 embolisé Pression intrapéritonéale C’est un paramètre fait partie intégrante du monitorage anesthésique. L'insufflateur doit être à régulation automatique même pour de forts débits. Il doit être fiable et régulièrement contrôlé. Une surpression intrapéritonéale doit déclencher une alarme et un arrêt immédiat de l'insufflation. Pression d’insufflation Il faut monitorer les pressions dans les voies aériennes de façon simple et visible avec une valve d'échappement en cas de surpression. Une augmentation rapide des pressions d'insufflation peut traduire un pneumopéritoine excessif, une intubation sélective, un pneumothorax ou un emphysème médiastinal. Monitorage de la curarisation Une curarisation stable permet une excellente visualisation chirurgicale,sans avoir recours à des pressions d'insufflation péritonéales élevées. De plus la grande variabilité des temps opératoires et la rapidité de fermeture imposent de savoir à tout moment où l'on se situe dans la curarisation. Du fait de la position des membres supérieurs, lorsque l'on ne dispose pas de moyens de recueil de l'activité musculaire, la stimulation la plus simple est un train de quatre sur une branche temporale du nerf facial avec visualisation de la contraction de l'orbiculaire de l'oeil. Monitorage de la temperature L'insufflation intrapéritonéale de gaz secs et non réchauffés, éventuellement accompagnée de lavages par des liquides froids s'accompagne d'une déperdition calorique au cours de la coeliochirurgie au moins égale à celle d'une laparotomie La surveillance de la température associée à des moyens de lutte contre la déperdition de chaleur est indispensable . Anesthésie Prémédication Elle comprend un tranquillisant per os la veille et le matin de l'intervention. L'association d'un antagoniste des récepteurs histaminiques, est justifiée pour certains par le risque de régurgitation peropératoire. L'administration intraveineuse d'un parasympathicolytique sur table est largement acceptée pour prévenir les réactions vagales d’une intervention réflexogène. La prévention de la maladie thrombo-embolique par une héparine de bas poids moléculaire est selon les équipes systématique ou instaurée seulement en présence de facteurs de risques particuliers. Le pneumopéritoine,même pour des pressions modérées de I'ordre de 14 mm Hg, provoque une stase veineuse.Ces éléments justifient, au minimum, la contention élastique des membres inférieurs. Une antibioprophylaxie est éventuellement pratiquée selon le consensus établi pour l'indication chirurgicale. Anesthésie loco-régionale Une anesthésie péridurale efficace doit être étendue jusqu’au métamère T4 pour qu’un pneumopéritoine soit toléré. Ce bloc de haut niveau est associé à une chute significative du débit cardiaque éventuellement aggravée par la position “tête haute”, qui peut nécessiter l’administration d’amines pressives. En outre, la coeliochirurgie entraîne une inhibition de la course diaphragmatique liée à l’hyperpression intrapéritonéale, et l’anesthésie péridurale haute entraîne une paralysie des muscles intercostaux inférieurs. Ces facteurs peuvent générer un haut niveau d’inconfort et d’angoisse. Pour la plupart,l’anesthésie péridurale ne nous paraît pas adaptée à conditions de la coelioscopie opératoire Agents anesthésiques Aucun agent de l’anesthésie générale n’est spécifiquement requis ou contre-indiqué. Narcotiques Le propofol administré en perfusion continue diminue le risque de vomissements postopératoires et accroît le confort des opérés durant les 6 à 8 heures postopératoires.Il est utile d’utiliser des produits à demi-courte L'anesthésiste utilisera des agents peu cardiodépresseurs. Analgésiques L'administration d'un analgésique est souhaitable Curares Son intérêt est de diminuer la pression intraabdominale, Il facilite l’introduction des trocarts chirurgicaux..,mais pour des actes brefs sa demi vie peut être trop courte Le N2O Contrairement à des craintes souvent exprimées, l’utilisation du N20 n’augmente pas le volume des organes intrapéritonéaux et n’affecte pas la fonction des ovocytes. Une dilatation embarrassante est susceptible de se produire lorsqu'un important volume d'air a été introduit clans le tube digestif (aérophagie ou ventilation au masque) et que l'intervention est prolongée. Mais il a été rendu responsable de l'incidence élevée des vomissements Remplissage : Un remplissage vasculaire avant le pneumopéritoine peut réduire la baisse de la précharge induite par l'augmentation de la pression intra-abdominale. mais au prix d'un risque de surcharge après l'exsufflation. Masque laryngé : Il permet la ventilation mécanique mais ne protège pas de l’inhalation bronchique. Des coelioscopies très brèves pour diagnostic ou stérilisation tubaire par exemple pourraient être pratiquées au masque ou masque laryngé chez le sujet ASA L’ hypoventilation est rapide et est prévenue par l'intubation et la ventilation contrôlée ! Intubation : Elle est d’autant plus indiquée que la procédure sera longue. Elle est généralement considérée connue indispensable. Elle est également justifiée par le risque de régurgitation lié à l'augmentation de pression intra-abdominale et à la posture. La bonne position de la sonde doit classiquement être vérifiée après chaque changement de position notamment lors du passage en Trendelenburg qui peut entraîner une ascension de la carène responsable d'une intubation sélective. L'intubation sélective de la bronche souche droite est possible sous le seul effet d'un pneumopéritoine de pression modérée (15 mmHg) et malgré une position proclive de 30°. Elle se traduit par une augmentation de la pression d'insufflation, de la PETCO, et une chute de la SpO, Ventilation contrôlée : Le respirateur utilisé se doit d'être performant avec possibilité de pouvoir régler le rapport 1/E pour minimiser les pressions de crêtes. Il doit en outre offrir la possibilité d'une pression positive en fin d'expiration et avoir une compliance du circuit fixe afin de permettre le maintien d'une ventilation efficace malgré des variations de pression dans les voies respiratoires Lorsque la pression intra-abdominale reste modérée (15 cm H2O), de limiter les perturbations cardio-circulatoires et respiratoires de la coelioscopie. La capnographie permet l'ajustement de la ventilation minute lorsque la PETCO, augmente en raison de l'absorption systémique de CO2 à partir du pneumopéritoine. L'augmentation de la ventilation minute permet d'éviter l'hypercapnie et l'acidose respiratoire 8 sévères à condition que les capacités d'échanges pulmonaires soient maintenues. Cette augmentation est de l'ordre de 30 à 50 % des besoins de base chez l'adulte et peut atteindre 70 % chez l'enfant. En cas d'emphysème sous-cutané ou d'insufflation extrapéritonéale, la résorption systémique de CO2 peut être massive, responsable d'augmentations considérables de la PETCO2 malgré une ventilation minute augmentée. Vacuité gastrique : La mise en place d'une sonde nasogastrique, après l'intubation et avant l'introduction de l'aiguille d'insufflation permet d'éliminer une distension gastrique provoquée par la ventilation au masque. Indépendamment d'une gêne pour l'opérateur,la distension gastrique favorise les accidents de ponction de l'estomac,cette complication est relativement fréquente. En revanche. la vidange gastrique par sonde n'est pas une mesure fiable de prévention des nausées et vomissements postopératoires. Vacuité vésicale : Elle est obtenue par miction avant une coelioscopie brève (diagnostique. stérilisation tubaire). Pour les coelioscopies opératoires, une sonde est mise en place et retirée immédiatement après l'intervention. Lorsque le sondage est évitable, une réduction significative des infections urinaires post-coelioscopiques est confirmée Pression intrapéritonéale : Elle ne doit pas dépasser 20 cm H20 c'est-à-dire environ 14 mmHg . L'insufflation doit être aussi lente que possible pour permettre une adaptation progressive du système cardio-vasculaire aux modifications induites par le pneumopéritoine. La pression intra-abdominale devra être aussi basse que possible. Complications per-opératoire Quand interrompre la coelio La transformation d'un abord coelio-chirurgical en une laparotomie définit la conversion. Ce terme est bien souvent dans l'esprit du patient comme du chirurgien synonyme d'échec technique. Pourtant la conversion est un élargissement de la voie d'abord au même titre qu'on pouvait le pratiquer en chirurgie ouverte du fait de difficultés ou d'incidents opératoires. De ce fait, la persistance acharnée dans la réalisation d'un geste coelioscopique peut être abusive si lès exigences de cet acte dépassent les possibilités de l'instrumentation, de la tolérance du patient ou de la compétence de l'opérateur. La nécessité d'une conversion est donc multifactorielle et on ne peut prétendre donner une liste exhaustive d'indications à interrompre une coelioscopie. En revanche il est possible d'émettre un certain nombre de recommandations. Il n'est jamais inutile de rappeler que le patient doit être clairement informé de cette éventualité en préopératoire. Trois circonstances peuvent conduire à une conversion : une intolérance au pneumopéritoine, un accident peropératoire ou des difficultés anatomiques ou techniques rendant les gestes irréalisables ou laborieux. Les difficultés opératoires Elle sont responsables de 70 à 80 % des conversions. Ceci en fait un problème majeur car contrairement aux accidents aigus déjà cités où la décision de conversion s'impose de fait, elle est dans ce cas moins évidente, conditionnée par l'expérience et la patience du chirurgien posant rapidement le problème de bénéfice attendu d'une coelioscopie prolongée et difficile par rapport à une laparotomie plus rapide. Embolie gazeuse Elle est rare et dramatique entraînant l'arrêt de tout acte chirurgical plutôt qu'une conversion. La grande solubilité du CO2 permet, souvent, son élimination rapide du courant sanguin par les voies respiratoires. Le diagnostic ne peut être évoqué qu’après l’élimination d’une autre cause. En effet, les signes d’alerte ne sont pas spécifiques : hypoxie, baisse de la PetCO2 per opératoire, arythmie, exceptionnelles insuffisance ventriculaire droite ou embolie paradoxale. Les formes frustes d'embolie gazeuses ne sont vraisemblablement pas rares au cours de la coeliochirurgie. Cependant cette technique a également le triste privilège d'être à l'origine d'insufflations intravasculaires massives mettant en jeu le pronostic vital à très brève échéance. Le mécanisme de ces accidents n'est pas univoque. Ils surviennent le plus souvent lors de l'insufflation péritonéale, en début d'intervention, du l'ait d'une position intravasculaire méconnue de l'aiguille de Palmer. Il arrive que la symptomatologie soit retardée, lorsque le CO,, injecté dans le système porte, reste piégé par celui-ci pour ne gagner les cavités cardiaques que lors de la mobilisation du patient. D'autres mécanismes sont possibles, comme le passage de CO, à travers les vaisseaux de la paroi au moment de la mise en place ou du retrait du trocart. La gravité et la symptomatologie d'une embolie gazeuse dépendent largement du volume de CO2 injecté. On considère habituellement que 0,09 à 0,15 ml/kg/min de cc gaz injectés par voie veineuse peuvent être excrétés par le poumon sans atteindre le coeur gauche. Au delà de ce débit des bulles de gaz vont passer dans la circulation systémique. Elles seront à l'origine des manifestations neurologiques (hémiplégie, cécité...). Enfin, dans les formes massives l'irruption de très grosses quantités de CO2 au niveau des cavités cardiaques droites va entraîner un désamorçage brutal, avec arrêt circulatoire, avant même que le gaz injecté ait pu passer au niveau de la circulation systémique. L'utilisation de protoxyde d'azote au moment où survient l'embolie gazeuse peut aggraver la symptomatologie en raison de la diffusion rapide de ce gaz dans les bulles intravasculaires. La symptomatologie clinique est assez univoque dans les formes massives : cyanose, désaturation à l'oxymètre de pouls, collapsus, puis arrêt circulatoire, souvent précédé de troubles du rythme. L'auscultation cardiaque retrouve le classique «bruit de rouet», dû à la présence d'air clans les cavités droites. Cet air est ramené par aspiration sur un cathéter central, ce qui confirme le diagnostic et constitue un des premiers temps du traitement. On peut aussi voir ces bulles d'air en surimpression sur l'ombre cardiaque lorsque l'on réalise une radiographie pulmonaire. Mais, compte tenu de l'urgence, cet examen n'a pas sa place dans l'élaboration du diagnostic. Le monitorage tient une place importante dans ce diagnostic. Le Doppler précordial est très sensible, au point de détecter des embolies minimes, qui n'ont pas de signification clinique. Dans la même optique, l'auscultation précordiale systématique durant l'insufflation a été proposée. Les renseignements fournis par le capnographe sont plus intéressants, mais leur interprétation n'est pas toujours univoque. En effet, en présence d'une embolie gazeuse d'importance faible ou moyenne, le signe pathognomonique est une élévation du CO, expiré. Si l'embolie est massive, entraînant une inefficacité circulatoire d'emblée et bloquant le lit capillaire pulmonaire, il ne faudra pas s'attendre à retrouver cette augmentation de CO, dans l'air expiré. Le traitement comporte des mesures d'urgence : arrêt immédiat de l'insufflation, ventilation en oxygène pur, installation du patient en décubitus latéral gauche, réaspiration du CO2 par un cathéter central, massage cardiaque en cas d'inefficacité circulatoire. Ce massage cardiaque comporte de plus l'avantage de morceler les bulles intravasculaires et donc d'en faciliter l'élimination dans le torrent circulatoire. Après ce premier temps de réanimation symptomatique le recours à une oxygénothérapie hyperbare, lorsqu'elle est disponible dans un délai bref, permet de réduire les risques de séquelles cérébrales. La mise en place d'une circulation extracorporelle a été proposée, mais cela suppose de pouvoir disposer immédiatement de l'installation et du personnel nécessaire. Pneumothorax Il est en rapport avec un passage de gaz transdiaphragmatique (malformation ou traumatisme) n'est pas en soi une indication de conversion. Le CO2 peut également passer dans la plèvre et/ou dans le médiastin du fait de la reperméabilisation de communications péritonéopleurales ou péritonéomédiastinales embryonnaires, de l’incontinence de l’orifice hiatal, ou de la blessure chirurgicale du diaphragme ou de la plèvre. 9 Il est évoqué devant un emphysème cervical, une élévation des pressions d’insufflation sous ventilation mécanique, une hypotension artérielle, une élévation de la Pet CO2, une hypoxie, le bombement dans le champ opératoire d’une coupole diaphragmatique sous tension, une asymétrie d’auscultation pulmonaire, ou la blessure chirurgicale per opératoire du diaphragme ou de la plèvre signalée par l’opérateur. Le pneumothorax est exceptionnellement suffocant dans ce contexte. On ne recourra pas d’emblée à l’exsufflation pleurale par ponction ou pose d’un drain. En effet, l’évacuation soigneuse du pneumopéritoine par le chirurgien associée à la ventilation mécanique sous pression positive permet l’évacuation du pneumothorax par l’abdomen. Il est possible qu’un pneumothorax soit diagnostiqué en postopératoire sur un cliché thoracique. S’il est bien toléré cliniquement, une surveillance simple est le plus souvent suffisante. Tout différents sont les pneumothorax liés à un barotraumatisme. En effet, l'insufflation abdominale s'accompagne d'une augmentation des pressions intrathoraciques qui peut avoir un effet délétère chez des patients présentant des bulles d'emphysème ou des antécédents de pneumothorax récidivant. Dans ces cas, le pneumothorax peut être suffocant et il devra être drainé sans délai , ce qui impose l'arrêt de la procédure coeliochirurgicale. Emphysème sous cutané Il se produit le plus souvent autour des orifices non étanches d’introduction des trocarts chirurgicaux. L’hypercapnie résultant du passage et de l’absorption extrapéritonéale du CO2 ne doit pas conduire à différer le réveil anesthésique et l’extubation. Les plaies vasculaires Les plaies des gros vaisseaux sont exceptionnelles (20 cas en 1994 ). Quelles soient artérielles ou veineuses, le principal risque est de les méconnaître (constitution progressive d'un hémorétropéritoine) cc qui est arrivé dans 40 % des cas avec, au décours de la réparation secondaire une mortalité de 37 %. La moindre suspicion d'atteinte vasculaire aorto-iliaque ou ilio-cave est donc une indication formelle à une conversion si une exploration parfaite n'est pas réalisable par coelioscopie. L'atteinte du pédicule épigastrique lors de la mise en place d'un trocart est moins grave car celui-ci peut être contrôlé par un point transpariétal, ce qui ne justifie pas de conversion dans la plupart des cas. Les hémorragies en cours de dissection sont plus fréquentes 1,8 % dans la cholécystectomie Elles sont toujours impressionnantes du fait de la magnification de l'image vidéo. La qualité du matériel (aspiration-lavage, coagulation bipolaire, pinces) est dans ces circonstances décisive. On peut être très gêné pour réaliser un geste simple d'hémostase, par la présence de sang sur l'optique, dans le champs de dissection, ou par défaut d'exposition. Toute hémorragie qui n'est pas interrompue dans les premières secondes par la mise en place d'une pince qui permet de choisir posément le moyen d'hémostase définitive doit entraîner la conversion rapide car les conditions de travail vont habituellement en se détériorant. Fin de la coelioscopie La stabilité hémodynamique n'est pas restaurée dès l'exsuflation et le retour à l'horizontale. L'exsufflation du pneumopéritoine est un moment crucial marqué par un afflux brutal de sang riche en métabolites vers la circulation centrale (effet de levée de garrot sur la circulation cave inférieure) réalisant un véritable embole acide. Une embolie gazeuse peut également se révéler à cet instant. Le retour à la position horizontale est progressif pour assurer graduellement une reperfusion homogène et prévenir les hypotensions sévères. La ventilation en oxygène pur est maintenue jusqu'au réveil complet et l'extubation est toujours précédée d'une aspiration pharyngée soigneuse et d'un contrôle de la fonction neuromusculaire. La réversion des curares est une règle pour la majorité des auteurs. Salle de réveil La surveillance, l'oxygénothérapie et le réchauffement soient poursuivis en salle de réveil. La période postopératoire peut être marquée par une hypercapnie avec acidose mixte. La PaCO2 peut s'accroître considérablement du fait de la résorption différée de CO2 persistant dans le péritoine. Ce phénomène ne doit pas être aggravé par une dépression ventilatoire résultant de l'effet résiduel de l'anesthésie. La surveillance capnométrique (au masque) est donc souhaitable en salle de réveil puisque des valeurs moyennes de PETCO2 de 50 mm Hg sont relevées durant 15 à 65 minutes chez 1/3 des patientes ayant subi un pneumopéritoine de plus d'une heure. Un choc hypovolémique peut s'installer progressivement et révéler une plaie vasculaire. Des cas de pneumothorax peuvent se démasquer. La phase de réveil d'une coelioscopie est également délicate chez les patients cardiaques. En effet, l'exsufflation va accentuer le retour veineux. Cependant. cette augmentation de la précharge se produit à un moment où la postcharge reste élévée (composante humorale) et favorise le développement d'une hypertension artérielle. Il faudra donc continuer à surveiller attentivement l'hémodynamique de ces patients, maintenir une vasodilatation, et réveiller le patient lentement. Une attention particulière doit être réservée au monitorage de la température corporelle pour éviter les frissons postopératoires particulièrement indésirables. En effet. la durée des coelioscopies opératoires et l'usage de gaz d'insufflation froid favorise l'hypothermie. Douleur postopératoire La coeliochirurgie s’accompagne d’une réduction de la taille des incisions de la paroi abdominale. Il faut néanmoins noter que des actes opératoires variés sont réalisés par laparoscopie et qu’il est illogique d’escompter décrire une technique d’analgésie postopératoire unique pour des gestes variés. La coeliochirurgie est classiquement poins douloureuse .Néanmoins, la douleur reste une plainte fréquente après la coeliochirurgie. De nombreux facteurs dépendant de l’opérateur et du patient contribuent aux phénomènes douloureux après coeliochirurgie. Ces facteurs incluent le volume résiduel de CO2 laissé dans l’abdomen après la chirurgie, la pression per opératoire du pneumopéritoine, la température du gaz insufflé, la vulnérabilité psychique individuelle de chaque patient et surtout l’expérience de l’équipe chirurgicale qui conditionne le traumatisme chirurgical tant au niveau intraabdominal que pariétal. Les douleurs sont pariétales, viscérales et scapulaires. Les douleurs pariétales sont superficielles, localisées au niveau des incisions. On peut “les toucher”. Les douleurs viscérales sont profondes, sourdes, décrites comme “à l’intérieur de l’abdomen”. Les douleurs scapulaires sont projetées, localisées au niveau de l’épaule. II n’est pas indifférent de déterminer le type de la douleur présentée par un patient. Les techniques d’infiltration pariétale ou intrapéritonéale par les anesthésiques locaux ont été le plus souvent jugées décevantes pour certain, intéressante pour d’autres…. La prise en charge de l’analgésie postopératoire après coeliochirurgie doit être une prescription réfléchie adaptée à chaque patient après examen des pratiques et des résultats de chaque centre en termes de douleur générée par un geste donné. L'infiltration péritonéale procure une analgésie de longue durée (> 24 heures) et les doses utilisées sont sans risque toxique. Nausées-vomissements 10 En l’absence de prophylaxie, 40 à 75 % des patients se plaignent de nausées et de vomissements dans les suites immédiates de la coeliochirurgie. Le traitement des nausées et vomissements associé à la coeliochirurgie n’a pas de spécificité. Une anesthésie intraveineuse continue au propofol, l’administration de dropéridol, d’ondansétron et/ou de dexaméthasone. 11