(§ 24). Le pape souligne aussi le besoin d'une « participation de la société civile » au niveau national et
international.
L'homme, premier capital à sauvegarder
Le pape déplore « l'affaiblissement des réseaux de protection sociale » au nom de la compétitivité et il y discerne
« de graves menaces sur l es droits des travailleurs », sur « les droits fondamentaux de l'homme » et sur « la
solidarité » traditionnelle. Le pape rappelle aux décideurs « du monde, que l'homme, la personne, dans son
intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser » (§ 25).
Pour ce qui est du domaine de la culture, le pape constate un « éclectisme culturel assumé souvent de façon non-
critique », ce qui risque de produire un « nivellement culturel » et une « uniformisation des comportements et
des styles de vie ». « Réduire l'homme à un donné purement culturel » a pour conséquences « de nouveaux périls
d'asservissement et de manipulation » (§ 26).
Mais surtout, une nouve lle fois, le pape dénonce le « scandale de la faim » qui « risque de s'aggraver ». Il
souligne qu'elle doit au contraire être éliminée aussi pour « sauvegarder la paix et la stabilité de la planète ». Il
déplore « l'irresponsabilité » internationale et l'absence d'une « organisation des institutions économiques » en
mesure de « garantir un accès régulier et adapté » à la nourriture et à l'eau, de faire face « aux urgences des
véritables crises alimentaires, provoquées par des causes naturelles ou par l'irresponsabilité politique nationale
ou internationale ». Plus encore, « la voie de la solidarité pour le développement des pays pauvres peut constituer
un projet de solution de la crise mondiale » (§ 27).
Le respect du droit à la vie
Mais le pape ajoute, dans la ligne de Paul VI, que le respect du droit à la vie « ne peut en aucun cas être disjoint
des questions relatives au développement des peuples ». Il déplore que des « pratiques de contrôle
démographique » des gouvernements « souvent diffusent la contraception et vont jusqu'à imposer l'avortement »,
que la « mentalité antinataliste » soit présentée comme « un progrès culturel » et que des ONG fassent adopter
« dans les pays pauvres » « la pratique de la stérilisation, y compris à l'insu des femmes ». Au contraire, le pape
affirme que « l'ouverture à la vie est au centre du vrai développement » et rappelle « le respect du droit
fondamental de tout peuple et de toute personne à la vie » (§ 28).
Un autre droit rappelé par le pape parce qu'il a lui aussi une incidence sur le développement : le droit à la liberté
religieuse. En effet, affirme Benoît XVI « les violences freinent le développement authentique et empêchent la
marche des peuples vers un plus grand bien-être socio-économique et spirituel ». Et de citer le terrorisme mais
aussi l'athéisme qui offrent une « vision réductrice de la personne et de sa destinée », alors que « les conclusions
des sciences ne pourront pas, à elles seules, indiquer le chemin vers le développement intégral de l'homme » (§
29). Par conséquent, pour le pape, « les évaluations morales et la recherche scientifique doivent croître
ensemble » (§§ 30-31).
L'accès au travail pour tous
Le développement a besoin de l'interaction de différents niveaux du savoir, harmonisés par la charité et « les
choix économiques » doivent être guidés par le souci de « ne pas augmenter de façon excessive et moralement
inacceptable les écarts de richesse ». Benoît XVI fait en outre observer que « l'abaissement du niveau de
protection des droits des travailleurs et l'abandon des mécanismes de redistribution des revenus pour donner au
pays une plus grande compétitivité internationale gênent la consolidation d'un développement à long terme ».
Benoît XVI répète son appe l à favoriser « l'accès au travail » pour tous. Et parmi les corrections à apporter aux
dysfonctionnements, il recommande des mesures pour améliorer « le statut de santé écologique de la planète ».
Enfin, à propos de la mondialisation, qui est la « grande nouveauté » surgie depuis « Populorum progressio », le
pape indique une tâche « inédite et créatrice » : « Il s'agit d'élargir la raison et de la rendre capable de
comprendre et d'orienter ces nouvelles dynamiques de grande ampleur, en les animant dans la perspective de
cette « civilisation de l'amour » dont Dieu a semé le germe dans chaque peuple et dans chaque culture » (§§ 32-
33). Une « civilisation de l'amour » qui tenait tant à cœur à Paul VI.
La logique du don n'exclut pas la justice
Pour le pape, cette expérience est l'antidote à une vision « utilitariste » de l'existence. Il réfute l'argument de
« l'autonomie » absolue de l'économie par rapport aux autres dimensions de l'homme.
Pour Benoît XVI en effet, « la logique du don n'exclut pas la justice » et ne se « juxtapose pas à elle ». Mais, « si
le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, il doit prendre en
considération le principe de gratuité comme expression de fraternité » (§ 34).
Précisant de quelle justice on parle, le pape fait observer deux choses. D'une part, il constate que « le marché est
soumis aux principes de la justice dite commutative, qui règle justement les rapports du donner et du recevoir
entre sujets égaux ». Mais l'Église met aussi en évidence « l'importance de la justice distributive et de la justice