affirme que les projets en vue d’un développement humain intégral ne peuvent donc
ignorer les générations à venir, mais ils doivent se fonder sur la solidarité et sur la
justice intergénérationnelles, en tenant compte de multiples aspects: écologique,
juridique, économique, politique, culturel (48). Le message est renforcé un peu plus loin :
Nous devons cependant avoir conscience du grave devoir que nous avons de laisser la
terre aux nouvelles générations dans un état tel qu’elles puissent elles aussi l’habiter
décemment et continuer à la cultiver (51). Voilà encore une balise claire et à laquelle je
ne peux que souscrire.
Benoit XVI rappelle aussi que l’économie n’est pas tout : Il n’est pas suffisant de
progresser du seul point de vue économique et technologique (…) Sortir du retard
économique (…) ne résout pas la problématique complexe de la promotion de l’homme.
(23). De même, la technique considérée comme un absolu (…) l’agir technique centré sur
lui-même s’avère irrationnel, parce qu’il comporte un refus décisif du sens et de la
valeur (74). Il souligne que la créature humaine, qui est de nature spirituelle, se réalise
dans les relations interpersonnelles (54) et donc l’importance, comme on pouvait s’y
attendre, de la liberté religieuse (29).
Benoit XVI marque un point essentiel à mes yeux lorsqu’il insiste sur le fait que la
société doit reconsidérer son style de vie qui, en de nombreuses régions du monde, est
porté à l’hédonisme et au consumérisme, demeurant indifférente aux dommages qui en
découlent. Un véritable changement de mentalité est nécessaire qui nous mène à adopter
de nouveaux styles de vie, citant Jean-Paul II « dans lesquels les éléments qui
déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la
recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes
pour une croissance commune » (51). Ce point est crucial : comme le soulignent les Verts
et quantité de mouvements sociaux, il ne suffira pas de changer de technologie ou
d’adapter nos systèmes pour résoudre les défis de notre temps : le temps est venu d’un
véritable changement de civilisation. Voilà un message radical et rafraîchissant, auquel
j’adhère volontiers.
En contrepoint, certaines balises que pose Benoît XVI semblent singulièrement
prudentes, voire timorées. Ainsi, affirmer que la dignité de la personne et les exigences
de la justice demandent (…) que les choix économiques ne fassent pas augmenter de
façon excessive et moralement inacceptable les écarts de richesse (32), et ce alors même
que l’on s’indigne par ailleurs du scandale des disparités. L’heure est bien à la réduction
des inégalités, pas au ralentissement de leur croissance !
Au-delà des balises, quelques idées de solutions sont évoquées, comme par exemple que
les coûts économiques et sociaux dérivant de l’usage des ressources naturelles
communes soient établis de manière transparente et soient entièrement supportés par
ceux qui en jouissent et non par les autres populations ou les générations futures (50).
Faut-il lire ici un plaidoyer pour une taxe carbone, intégrée aux prix des biens et
services ? On trouvera aussi des lignes sur l’économie sociale (46), sur l’aide au
développement (58,60), sur l’éducation (61), autant de priorités que les Verts partagent.
Sur la problématique des migrations, on appréciera aussi le rappel net et courageux de